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10/30/2019

Les jeunes générations ont le droit et le devoir de connaître l'histoire du 1er Novembre


Les jeunes générations ont "le droit et le devoir civique" de connaître l'histoire du 1er Novembre 1954, a déclaré l'historien Fouad Soufi dans un entretien à l'APS à la veille de la commémoration du 65ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale.
Ces générations qui n’ont pas vécu la période coloniale, ont "le droit et le devoir civique de connaître l’histoire du 1er Novembre et de la Guerre de libération nationale", a estimé l'historien Soufi, chercheur auprès du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).
Partant du fait que la jeunesse compose l’immense majorité de la population, "on comprend bien que tous les moyens intellectuels et matériels doivent être mobilisés pour alimenter la flamme du sentiment national et patriotique", a soutenu l'historien qui était également sous-directeur à la Direction générale des Archives nationales.
Pour mieux faire connaître la dimension historique du 1er Novembre, Fouad Soufi met notamment l'accent sur le rôle des historiens à travers la recherche  documentaire, la multiplication des revues scientifiques, la publication des thèses, l'organisation des colloques, mais aussi les débats publics.
Et de suggérer, à l'intention des jeunes chercheurs, de diversifier les sources historiques, observant que "si beaucoup de moudjahidine et moudjahidate ont écrit leurs mémoires, plus nombreux encore sont ceux et celles qui n’ont jamais été sollicités".
"Depuis longtemps, les recherches se sont notamment ouvertes à l’histoire locale, orale et à la biographie", a-t-il relevé, notant que "tous les sentiers n'ont pas encore été battus".
L'historien Fouad Soufi a également mis en relief la contribution du cinéma dans la circulation de l'information historique pour intéresser les jeunes générations.
Interrogé sur l'impact des réseaux sociaux qui font parfois écho à des déclarations autour de l'histoire de la lutte de libération nationale, il a estimé qu'ils "doivent être pris pour ce qu’ils sont", à savoir "un moyen de communication et d’échange, même si souvent ils se présentent comme des défouloirs".
"Il faut se réjouir que les réseaux sociaux nous transmettent des déclarations sur tel ou tel événement de la Guerre et la méfiance doit être de mise, c’est ce qu’on appelle l’esprit critique", a-t-il préconisé.
"Nul ne peut s’arroger le droit de réfléchir à la place du citoyen et imposer sa vision du monde", a souligné l'historien avant d'insister sur la nécessité "d'un débat ouvert où chacun prenne ses responsabilités en défendant ou en présentant son point de vue", a-t-il poursuivi.
Toutefois, Fouad Soufi met en garde contre "deux dangers", dont celui qui a pris naissance dans les années 1980 et dont beaucoup ont usé pour "tout sacraliser au point d’oublier ou d’interdire tout esprit critique dans le discours historique".
Il a rappelé, à ce propos, qu’en 1982, des jeunes candidats au baccalauréat avaient manifesté à cor et à cri "l’histoire à la poubelle !", alors que beaucoup d’entre eux aujourd’hui doivent être des cadres qui défendent le pays et son histoire.
Le second danger évoqué par l'historien est "plus insidieux, plus sournois", alimenté par les conseils de "bons amis" appelant à "la rupture avec ce passé pour nous installer dans la modernité".
D'où l'intérêt d'oeuvrer à mieux faire connaître l'histoire nationale auprès des jeunes afin qu'ils ne succombent pas aux "chants des sirènes", a-t-il dit soutenu, faisant allusion à ceux qui prônent la rupture avec le passé historique du pays.

Tayeb Bougasmi, précurseur des noyaux des cellules combattantes de l’ALN à Médéa


Le premier noyau des cellules combattantes, qui formeront, juste après le déclenchement de la glorieuse Révolution de novembre 54, l’ossature de l’Armée de Libration nationale (ALN) au niveau de la région de Médéa, fut mis sur pied par le chahid Tayeb Bougasmi, connu sous le nom de Tayeb Djoughlali, tombé au champ d’honneur à "Dar-Chyoukh" (Djelfa), en 1959.
Formées essentiellement de quelques éléments, affiliés au Parti du Peuple algérien (PPA), et d’autres au sein de l’Organisation secrète (OS), ces cellules combattantes menaient des opérations militaires sporadiques, à partir des maquis où ils s’étaient refugiés, pour échapper aux représailles de l’armée coloniale, note Mourad Hamzaoui, directeur du musée régional d’histoire de la wilaya de Médéa, dans un opuscule édité à l’occasion du 65è anniversaire du déclenchement de la révolution.
Désigné par le chahid, Boudjemaa Souidani, alors chef de la wilaya IV historique, dont faisait partie Médéa et ses alentours (Zone II), Tayeb Djoughlali s’employa, avec l’aide de Benyoucef Kritli et de Rachid Ben Sid-Oumou, a structurer et organiser ces cellules de façon à les préparer à des missions plus complexes.
Des abris et refuges furent aménagés dans les maquis de la région, des armes sont collectées, et une opération de recrutement fut entamée auprès de gens de confiance. Cette délicate mission de recrutement est confiée, selon l’auteur de cet opuscule, au chahid Rabah Saoudi, dit "Eldjebass", qui réussira à recruter plusieurs personnes, parmi lesquelles Adda Bensouna, Ahmed El-ouadjouadj, Benissa Bendamerdji et Mahmoud Bachène.
Ce noyau va grossir, au fil des jours, avec l’arrivée de plus en plus de recrues, et va se traduire par une meilleure organisation de l’insurrection armée, à travers la mise en place de trois structures, une chargée de l’enrôlement et l’organisation des unités combattantes, l’autre avait pour mission la collecte d’armes et de munitions, alors qu’une troisième structure s’occupait des finances, souligne le même auteur.
Des groupes de recrues étaient envoyées, à partir de février 1956, dans les camps d’entrainement installés dans les maquis de "Zbarbar" (Bouira), et, une fois, leur stage terminé, ces derniers furent dispatchés au sein des unités opérationnelles au niveau de "Djebel Zeccar", "Mouzaia", "Ouarsenis" et à travers les différentes zones de combats de Médéa et ses environs, a-t-il rapporté.
D’autres noyaux font, en même temps, leurs apparition à Tablat, sous la conduite du chahid Rabah Mokrani, puis à Berrouaghia, dirigé par Ibrahim El-Aid, et Ain-Boucif, au sud de la wilaya, dont la direction était assurée par Mohamed El-Kerarchi.
Malgré la supériorité militaire de l’ennemi, ces cellules combattantes ont réussi à mener, avec succès, des dizaines d’opérations militaires, entre juin 1955 et la fin 1956, précise l’auteur qui évoque un nombre de 17 attaques ou accrochages, pendant cette période, 61 actes menés par des "fidaies", 71 opérations de sabotage et 19 embuscades.
Edité à l’occasion du 65è anniversaire de révolution, l’ouvrage est "une contribution à l’écriture de l’histoire des valeureux combattants de la liberté, notamment le rôle joué par une poignée d’hommes pour la réussite de l’insurrection armée de novembre 54", a expliqué l’auteur de l’ouvrage, Mourad Hamzaoui.
Se basant essentiellement sur des témoignes écrits et sonores recueillis auprès d’acteurs directes de cette période, ainsi que des documents réalisés par l’organisation nationale des moudjahidine et de la fondation de la wilaya IV, l’opuscule "tente de lever le voile sur des aspects méconnus des débuts de la révolution dans la zone II de la wilaya IV historique, qui englobait Médéa et les communes alentours", a-t-il noté en substance.

10/29/2019

Le moudjahid Khedad Belgacemi un riche parcours au cœur de la wilaya IV Historique

L’année 1956 restera pour ce moudjahid une date mémorable, celle de son incorporation dans les rangs de l’ALN. "J’ai rejoint l’ALN en 1956 au centre +Boulouha+ au Djebel Amrouna, dans la région de Theniet El Had. Je l’avais fait en compagnie de Abdelkader Khedaoui", explique-t-il, dans un entretien à l’APS.
"Ali Ennahia" reconnaît que c’est grâce à l’engagement, à la conviction inébranlable et à l’action de mobilisation du moudjahid Si Benkhedda Mabdoue que de nombreux jeunes de la région avaient pris le chemin des maquis pour rejoindre les rangs de l’ALN dans la wilaya IV historique.
Agé de 87 ans aujourd'hui, le moudjahid a expliqué que durant ses premiers mois au sein de l’ALN, il activait dans la région comprise entre Aïn Defla et Theniet El Had et particulièrement dans la région de "Zeccar" (Tipaza) où une attaque a été menée contre un poste militaire de l’armée coloniale française portant le nom de "Tizi Franco".
"Nous avons infligé des pertes matériels à l’ennemi dont la destruction de deux blindés et d’un camion de transport de troupes. Nous avons également récupéré des armes légères et lourdes", se souvient-il, ajoutant que lors de cette attaque, conduite par le lieutenant Si Hamdane, un capitaine et deux soldats français avaient été tués.
Khedad se souvient également que les régions de Cherchell et Aïn Defla, dans lesquelles il activait, avaient enregistré de dizaines offensives de l’ALN contre les forces d’occupation françaises.
"Ces actions militaires étaient œuvre de la katiba +Hamdania+ dirigée par d’illustres responsables à l’image de Si Hamdane, Si Othmane et Si Moussa", précise-t-il.
 Par ailleurs, le moudjahid Khedad, grâce à sa bravoure, sa perspicacité et ses qualités de meneur d’hommes, s’est vu confier, en 1961, le commandement de la Nahiya III de la 3è région relevant de la wilaya IV historique.
Ce front de Tissemsilt englobait Khemisti, Ouled Bessam, le chef-lieu de
wilaya, Sidi Abed et Ammari. Khedad a été promu durant cette période, au grade de lieutenant après avoir assumé diverses responsabilités militaires : de chef de groupe au sein de la Katiba "Hamdania" au chef de la région de Cherchell.
Malgré le poids des années et des signes de fatigue extrême, "Ali Ennahia" se remémore des différentes régions où il avait activé dont Tissemsilt, Khemisti, Dhaya, Hamadia, Mahdia (Tiaret) et Ouled Bessam, le long de l’Ouarsenis ainsi que Sidi Slimane et Bordj Bounâama.
Parmi les hauts faits d’armes enregistrés dans la wilaya IV historique, le moudjahid a cité, avec une touche de fierté, l’attaque menée contre le poste militaire de Chouaïmia (Khemisti), à la fin de l’année 1961, qui a permis l’élimination de 15 soldats et la destruction de divers engins de guerre alors que trois soldats de l’armée française ont été faits prisonniers.
Le moudjahid Khedad a dirigé et pris part à plus de 30 opérations militaires contre l’ennemi dans la région, notamment l'attaque du principal poste d’Ouled Bassam, faisant 20 soldats français tués et la destruction totale de matériels lourds de guerre ainsi que la récupération d'une grandequantité d'armes légères et de munitions.
Abordant ses missions militaires, le moudjahid a souligné qu’il avait été chargé par le Commandement de la Wilaya IV historique "d’organiser les actions des commissaires politiques et des contacts secrets entre les postes de l’ALN dans l’Ouarsenis, à l’instar de Bordj Bounâama, Sidi Slimane, Theniet El Had, Khemisti, Tissemsilt et Ouled Bessam".
Parallèlement, "Ali Ennahiya", surnom par lequel le désignait jusqu’à présent la population de la région, n’a pas oublié d’évoquer l’attaque entreprise avec 20 de ses compagnons d’armes contre une école de formation opérationnelle de l’armée française de Tissemsilt.
"Cette action militaire a été accomplie avec l’aide d’un algérien, un certain Hamid Henni, qui dirigeait ce poste. Il avait fait part de son désir de rejoindre les rangs de l’ALN en refusant tous les avantages octroyés par l’administration coloniale", indique le vieux moudjahid.
Pour lui, l’un des meilleurs jours de sa vie est celui du 5 juillet 1962, avec la proclamation de l’indépendance nationale. "A Tissemsilt, les festivités et les liesses populaires ont duré deux longs mois, marqués par des spectacles de fantasia, des jeux de cavalerie, des chants folkloriques et patriotiques avec la participation des femmes et des hommes", se rappelle-t-il, avec une certaine émotion, les larmes aux yeux.
Le moudjahid Khedad Belgacemi est né le 2 septembre 1932 au douar Lirah, à Djemâa Ouled Cheikh, dans la wilaya d’Aïn Defla. Il a adhéré, à Theniet El had, au MTLD, en compagnie des figures marquantes de ce parti nationaliste, à l’instar de Bentoualbi Rabah, Mouloud Guessoum, Mebdoua Bekhada. Membre de l’ALN de 1956 à l’indépendance, il réside actuellement à Tissemsilt.
APS - date : 29-10-2019

10/26/2019

La femme durant la guerre de libération en débat



Le  rôle de la femme durant la guerre de libération nationale et sa place dans l’écriture féminine a été au coeur d’un colloque national organisé dimanche à Tizi-Ouzou par la faculté des Lettres et des Langues de l’Université Mouloud Mammeri (UMMTO). 

Des enseignants d’universités du pays ont pris part à cette rencontre dont l’objectif, selon les organisateurs, est de « mettre en valeur le rôle militant de la femme, sa souffrance et ses sacrifices durant cette guerre au même titre que ses compatriotes masculins ». 
Les participants à la première journée du colloque ont relevé que le rôle de la femme a été « évacué au second plan et confiné dans le silence malgré l’Histoire marquée par ses faits d’armes aux côté de l’homme, au maquis, dans les batailles, les prisons et face à la torture et à la barbarie exercée par le colonialisme ». « L’écriture sur le rôle de la femme durant la guerre de libération nationale diffère selon que l’écrivain soit un homme ou une femme », a estimé Ziouèche Nabila, de l’Université Mouloud Mammeri. « La femme, dans l’écriture masculine, a toujours été confinée dans le rôle d’un personnage plat qui évolue dans l’ombre de l’homme, soit infirmière, cuisinière, guetteuse et autres métiers traditionnellement féminin ». 

Dans l’écriture féminine, par contre, a-t-elle renchéri, « elle a eu plus de considération et a été portée au devant (de la scène) en campant les rôles masculins », citant les héroïnes d’Assia Djebar dans « La femme sans sépulture » et d’Amina Mechakra dans « La grotte éclatée ». Pour sa part, Wafa Bertima, de l’Université Hadj Lakhdar de Batna, a considéré que le rôle de la femme durant la guerre d’Algérie contre le colonialisme a été mis « en sourdine », non seulement dans la littérature masculine mais aussi féminine. « Les écrivains, hommes comme femmes, ont évacué son rôle de leurs écrits à cause de l’image traditionnelle de la place de la femme dans la société et du silence qui l’entoure », a-t-elle soutenu. 

L’universitaire de Batna a souligné, à ce propos, que les écrits de Simone de Beauvoir, qui a rendu compte des tortures et sévices subis par Djamila Boupacha pour le journal Le Monde dans lequel elle travaillait « étaient précurseurs dans la vulgarisation de ce rôle important ». Ces écrits, a-t-elle dit, avaient également « le mérité d’avoir abordé certains aspects jusque- là considérés tabous par les écrivains locaux ».

Trente ans après la disparition de Kateb Yacine, « Nedjma » brille toujours


Il y a trente ans disparaissait celui qui a révélé le potentiel littéraire algérien au monde et renouvelé le théâtre populaire. Le romancier, dramaturge et metteur en scène Kateb Yacine s'est éteint un 28 octobre 1989 à l'âge de soixante ans et repose à El Alia. Né en 1929 à Constantine, il aura laissé une œuvre littéraire universelle, "Nedjma", publié en 1956 aux éditions "Le seuil". Ce roman qui va se propager en fragments sur toute l'œuvre théâtrale de son auteur, a fait l'objet de nombreuses thèses universitaires en Algérie et en France, jusqu'aux Etats-Unis et le Japon. C`est à la prison de Sétif, où il s`est retrouvé après les manifestations du 8 mai 1945, que le jeune Kateb Yacine a découvert l`oppression, la mort, le vrai visage de la colonisation et surtout son peuple, comme il le confiera lui-même.

Suite à cette expérience, traumatisante pour un adolescent de 16 ans, Kateb entame en 1946 l’écriture de son premier recueil de poésie "Soliloques". Au lendemain de l'indépendance, Kateb se tourne vers le théâtre populaire, soucieux de s'adresser au peuple dans sa langue. "L`homme aux sandales de caoutchouc" est jouée, pour la première en 1971, au Théâtre national d`Alger. La pièce est le fruit d'une collaboration entre l'auteur, l'homme de théâtre Mustapha Kateb, et la troupe du "Théâtre de la mer" dirigée par Kaddour Naïmi. Cette expérience donnera ensuite naissance à l'Action culturelle des travailleurs (Act). Sous la direction de l’écrivain, la troupe sillonnera pendant près de dix ans villages et places publiques dans la région de Sidi Bel Abbés où elle a élu domicile
Définitivement focalisé sur l'écriture dramaturgique, traduite vers l’arabe dialectal et la mise en scène, Kateb Yacine produira "La Guerre de deux mille ans", inspirée du théâtre grec et qui a valu à la troupe une tournée de trois ans en France.

Se réapproprier Kateb Yacine.

 Au théâtre comme dans la littérature et la poésie, l'œuvre de Kateb Yacine est "faite pour que la jeune génération se l'approprie, la revisite et la retravaille", estime l'historien de l'art et romancier Benamar Mediene, auteur de "Kateb Yacine, le cœur entre les dents". Le dramaturge est "réfractaire" à la sacralisation de son œuvre, appuie ce compagnon de langue date de l'écrivain.
Depuis la disparition de Kateb, elle n'a jamais cessé d'alimenter les planches. Des pièces ont été traduites vers Tamazight et l'Arabe littéraire, d'autres ont été montées en fragments. Cependant, en dehors de "Le cadavre encerclé" ou de "Les ancêtres redoublent de férocité", d’autres pièces restent méconnues du public et rares sont les troupes qui consentent à s'attaquer à un texte de Kateb Yacine.   Au-delà de la recherche universitaire, le roman "Nedjma" a été adapté au théâtre par le metteur en scène et comédien Ahmed Benaïssa qui souhaitait "désacralisé ce roman, réputé inaccessible", alors qu'un collectif d'artistes, étudiants et universitaire ont entamé la traduction du roman vers l'arabe dialectal et son enregistrement en livre audio.   L'auteur de "Nedjma" a également laissé des interviews et des écrits où il expose sa vision d’une Algérie progressiste qu'il a toujours souhaité «défendre contre toutes les formes d'intégrisme ».
APS

115e ANNIVERSAIRE DE LA MORT D’ISABELLE EBERHARDT À AÏN SEFRA L’autre pays, l’autre amour


Isabelle Eberhardt, L’autre pays, l’autre amour, est un nouvel ouvrage du Dr Kinzi Kaddour, docteur-enseignant en sciences de l’information et de la communication, à l’Université de Bordeaux qui a été présenté au public, à l’occasion du 115e anniversaire de la disparition tragique d’Isabelle Eberhardt, commémorée, notons-le, par l’association culturelle Safia-Ketou dans l’enceinte de l’annexe de la maison de la culture Beghdadi-Belkacem de Aïn-Sefra.
Isabelle Wilhelmine Marie Eberhardt est née le 17 février 1877 à Genève, d’origine russe et suisse. Elle vint dans la région de Aïn-Sefra, en tant que journaliste d’El-Akhbar la dépêche algérienne, quelques jours seulement avant le Maréchal de France, 


Louis Hubert Lyautey, dépêché en 1903 pour commander la subdivision de Aïn-Sefra et superviser les troupes coloniales, à la suite des évènements sur les razzias de Ksar Sfissifa, le siège de Taghit, et la bataille d’El-Moungar (insurrection de Cheikh Bouamama). 
Appelée communément Si-Mahmoud pour son uniforme masculin en cavalier arabe, elle est un de ces personnages à la fois universels et uniques, dont le mode de vie, les amitiés et les habits masculins avaient étonné plus d’un sur les rives du Léman. 


Elle étonna bien davantage les Français d’Algérie, qui l’observèrent avec méfiance, jugeant son comportement répréhensible. «N’est-ce pas la terre qui fait les peuples ? 
Que sera l’empire européen d’Afrique dans quelques siècles, quand le soleil aura accompli dans le sang des races nouvelles ? 
A quel moment nos races du nord pourront-elles se dire indigènes comme les Kabyles roux et les Ksouriennes aux yeux pâles ? 
Ce sont là des questions qui me préoccupent souvent…», disait Isabelle.
Son regard n’allait se poser, ni sur l’Orient des richesses ni sur celui des mirages, il n’allait qu’à l’Orient des réalités quotidiennes à «… ceux qui n’ont rien et à qui on refuse jusqu’à la tranquillité de ce rien....».
Par sa plume précise et acerbe, elle s’est insurgée contre les comportements inhumains des troupes coloniales et a dénoncé leurs agissements. 


Elle ne racontait de l’Algérie «rien de ce qui aurait pu plaire au colonialisme». 

Elle meurt à l’âge de 27 ans, lors de la crue subite et catastrophique de Oued Sefra, le 21 octobre 1904. Elle repose au cimetière musulman Sidi-Boudjemaâ à Aïn-Sefra, sur ce désert d’Algérie qu’elle a tant chéri… comme elle le suggère dans ses écrits : Aïn-Sefra, été 1904, … «maintenant que j’y vis, en un petit logis provisoire, je commence à l’aimer. D’ailleurs, je ne la quitterai plus».
B. Henine

10/21/2019

Histoire du football à Oran : Deux nouveaux ouvrages de Lahcène Belahoucine

Déjà auteur de la «Saga du football algérien», une fresque gigantesque sur le sport roi en Afrique du Nord depuis sa naissance en 1897, Lahcène Belahoucine s'est attaché cette fois à restituer, dans les détails, ce que ce fut le football dans notre belle ville d'Oran, le premier berceau du jeu à onze en Afrique du Nord et, selon de sérieuses recherches, le second en Afrique après l'Egypte. 

Cette particularité ne pouvait échapper à la sagacité de Lahcène Belahoucine qui, en digne enfant d'El-Bahia, s'est engagé dans une ingrate mais exaltante mission : restituer l'immense histoire du football oranais et de sa banlieue. 

On y découvre de très nombreux clubs, preuve d'une vitalité jamais démentie de pionniers convaincus et passionnés, des dirigeants, des entraîneurs et des arbitres dont les noms, grâce à lui, ne tomberont jamais dans l'oubli. En véritable spécialistes des «Sagas», l'auteur nous propose un très beau voyage à travers ce temps, si proche et si loin à la fois. 

Dans le premier tome, Didier Rey, l'illustre historien et sociologue français, soulignera «que Lahcène Belahoucine restitue le football oranais dans toutes ses composantes et sa diversité. Il redonne vie à ces hommes -et à ces quelques femmes- qui ont fait le football à Oran, au-delà de l'Oranie et de l'Algérie. 

Ces hommes méritent qu'on se souvienne d'eux». Sous forme succincte et facile à lire, ce tome est très riche comme informations sur les principaux clubs, les circulaires imposées durant la période coloniale, les statistiques, les structures, les compétitions, le boycott des clubs musulmans en 1956, les tournois FLN, les grands joueurs ainsi que les «Chioukhs» qui ont pris en mains les clubs oranais. 


Le tome II comporte également une table des matières très riche consacrée à Oran, concernant la relance du football en 1962, le critérium régional, les différents paliers les nationales 1 et 2, la Réforme du MJS 1977, les clubs de l'élite oranaise, les concours des jeunes footballeurs. Pelé à Oran et de croustillants souvenirs. Aussi, nous ne féliciterons jamais assez Lahcène Belahoucine pour ce beau voyage dans le passé, où on découvre des hommes dignes de respect, résolument engagés pour la reprise du football à Oran. 

De ce fait, son unique ambition est de leur rendre justice avec ce coup de projecteur. Le mérite revient à ces hommes dont la passion a soulevé des montagnes de problèmes. Aussi, ces ouvrages sont appelés à connaitre un grand succès auprès de tous les sportifs, des nostalgiques de l'histoire et des descendants des pionniers. 

Les deux ouvrages sont illustrés par des photos inédites. A noter que la vente-dédicace aura lieu le 9 novembre dans la salle de conférences du Journal El-Djoumhouria, en début d'après-midi. 

10/05/2019

Fête de la figue de béni-maouche (Béjaïa) : la 17e édition


Une centaine d’exposants ont pris part mardi à l’ouverture de la 17ème fête de la figue de Beni-Maouche, inscrite cette saison sous le thème générique de «Tous ensemble pour la promotion de la figuiculture».
Cette nouvelle édition a été marquée par une production à peine supérieur à 10.000 quintaux, contre 18.000 antérieurement. La baisse de production a impacté le prix de la figue séchée qui a atteint les 1500 dinars le kg. «La qualité est là, mais le prix reste quasiment hors de portée pour les petites voire même les moyennes bourses», a déclaré Mustapha, un acheteur potentiel habitué à profiter de cet évènement pour faire un achat groupé de plusieurs mois. «Je vais acheter juste de quoi tenir l’hiver. Et à l’épuisement du stock, je me rabattrai sur les dattes», tranche-t-il plutôt amusé. Cette tendance à la baisse n’est pas caractéristique seulement de Beni-Maouche, elle est générale à toute la wilaya qui n’a produit, selon la direction des Services agricoles, environ 250.000 quintaux contre plus de 300.000 en 2018, alors que la superficie du verger est restée invariable avec une superficie estimée à quelques 10.000 hectares.
La baisse de production est principalement due selon les techniciens aux conditions climatiques «très défavorables», a expliqué Tayeb, un producteur de la région voisine de Seddouk, qui a mis en cause particulièrement les chaleurs des mois de mai et juin. «La récolte s’annonçait sous les meilleurs auspices avec des arbres chargés de fruits. Et à l’arrivée, avec la chaleur ponctuée de pluie à l’entrée de l’été, tout a basculé», a-t-il déploré. Le constat est partagé, mais n’est pas exclusif pour autant. De son côté, Zahir Saibi, professeur à l’ITAF de Sidi-Aich, tient pour responsable, le vieillissement et le manque d’entretien des vergers, dont les carences en apport d’eau (irrigation), le manque d’engraissement et de fraisage, qui en se combinant affecte l’arbre.«C’est comme l’organisme humain, lorsqu’il est mal entretenu ou ne reçoit pas les apports qui lui sont nécessaires en terme de vitamine et d’énergie, il se fragilise», a-t-il expliqué. Pour M.Aissat, des services agricoles, le redressement de la production tient fondamentalement dans l’augmentation des vergers et des superficies dédiées à la figue. «Il faut impérativement les doubler, atteindre par les plantations au moins 20.000 hectares», a-t-il estimé, évoquant les incendies de fôrets qui chaque été consument des milliers d’arbres qu’il faut absolument remplacer.La fête de la figue, organisée essentiellement par l’association des producteurs de figue de Beni-Maouche et de la municipalité locale, offre une opportunité aux professionnels, au-delà de son caractère commercial, de débattre et de discuter des voies et moyens à mêmes de redresser l’état de la filière. Son animation est ponctuée en effet par la tenue d’un séminaire national mis sur pied en coordination avec les universités de Béjaïa et qui se propose d’en examiner les contraintes et les solutions aptes à appliquer sur le terrain.

Zones pastorales : Dégradation de près de 71% des espaces au niveau national


Près de 71% des espaces pastoraux, à travers le  territoire national se dégradent ce qui requiert davantage d’efforts pour  leur mise en valeur, a indiqué, M. Khaled Ben Mohamed, responsable au  Bureau national d’études pour le développement rural (BNEDER).

Intervenant en marge de la journée d’information sur «Le Barrage vert face  aux changements climatiques», M. Ben Mohamed a  fait savoir que «les zones  pastorales souffrent d’une grande dégradation ce qui a impacté cette  activité». S’agissant de l’espèce forestier, le même responsable a souligné qu’une  seule espèce d’arbre était utilisé auparavant à savoir, le pin d’Alep» vu  le manque, à l’époque, des capacités scientifiques, ajoutant que grâce aux  nouveaux moyens et aux efforts conjugués «il est désormais possible de  diversifier les arbustes». L’Institut national des recherches forestières (INRF) avait effectué,  a-t-il souligné, des expérimentations en matière de développement des  techniques de plantation en faveur des cadres des Forêts pour valoriser et  diversifier la couverture forestière ce qui permet la création d’activités  économiques à valeur ajoutée élevée.Evoquant les bienfaits économiques du barrage vert, M. Ben Mohamed a fait  savoir que ce dernier constituait une source pour l’aliment de bétail mais  adoucissait également le climat ce qui augmente le taux de pluies et  préserve le sol de la  désertification. Par ailleurs, le même responsable a rappelé que le BNEDER avait déjà  effectué une étude de diagnostique sur les réalisations accomplies dans le  cadre du barrage vert, affirmant que les résultats de cette étude  permettront une exploitation optimale des données dans l’avenir.  Les participants à cette journée ont mis l’accent sur la nécessité de  relancer ce couvert forestier vital en se basant sur des capacités  scientifiques dont regorge l’Algérie. Pour rappel, le barrage vert est un programme de reboisement lancé dans  les années 70.