Les jeunes générations ont "le droit et le devoir civique" de connaître l'histoire du 1er Novembre 1954, a déclaré l'historien Fouad Soufi dans un entretien à l'APS à la veille de la commémoration du 65ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale.
Ces générations qui n’ont pas vécu la période coloniale, ont "le droit et le devoir civique de connaître l’histoire du 1er Novembre et de la Guerre de libération nationale", a estimé l'historien Soufi, chercheur auprès du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).
Partant du fait que la jeunesse compose l’immense majorité de la population, "on comprend bien que tous les moyens intellectuels et matériels doivent être mobilisés pour alimenter la flamme du sentiment national et patriotique", a soutenu l'historien qui était également sous-directeur à la Direction générale des Archives nationales.
Pour mieux faire connaître la dimension historique du 1er Novembre, Fouad Soufi met notamment l'accent sur le rôle des historiens à travers la recherche documentaire, la multiplication des revues scientifiques, la publication des thèses, l'organisation des colloques, mais aussi les débats publics.
Et de suggérer, à l'intention des jeunes chercheurs, de diversifier les sources historiques, observant que "si beaucoup de moudjahidine et moudjahidate ont écrit leurs mémoires, plus nombreux encore sont ceux et celles qui n’ont jamais été sollicités".
"Depuis longtemps, les recherches se sont notamment ouvertes à l’histoire locale, orale et à la biographie", a-t-il relevé, notant que "tous les sentiers n'ont pas encore été battus".
L'historien Fouad Soufi a également mis en relief la contribution du cinéma dans la circulation de l'information historique pour intéresser les jeunes générations.
Interrogé sur l'impact des réseaux sociaux qui font parfois écho à des déclarations autour de l'histoire de la lutte de libération nationale, il a estimé qu'ils "doivent être pris pour ce qu’ils sont", à savoir "un moyen de communication et d’échange, même si souvent ils se présentent comme des défouloirs".
"Il faut se réjouir que les réseaux sociaux nous transmettent des déclarations sur tel ou tel événement de la Guerre et la méfiance doit être de mise, c’est ce qu’on appelle l’esprit critique", a-t-il préconisé.
"Nul ne peut s’arroger le droit de réfléchir à la place du citoyen et imposer sa vision du monde", a souligné l'historien avant d'insister sur la nécessité "d'un débat ouvert où chacun prenne ses responsabilités en défendant ou en présentant son point de vue", a-t-il poursuivi.
Toutefois, Fouad Soufi met en garde contre "deux dangers", dont celui qui a pris naissance dans les années 1980 et dont beaucoup ont usé pour "tout sacraliser au point d’oublier ou d’interdire tout esprit critique dans le discours historique".
Il a rappelé, à ce propos, qu’en 1982, des jeunes candidats au baccalauréat avaient manifesté à cor et à cri "l’histoire à la poubelle !", alors que beaucoup d’entre eux aujourd’hui doivent être des cadres qui défendent le pays et son histoire.
Le second danger évoqué par l'historien est "plus insidieux, plus sournois", alimenté par les conseils de "bons amis" appelant à "la rupture avec ce passé pour nous installer dans la modernité".
D'où l'intérêt d'oeuvrer à mieux faire connaître l'histoire nationale auprès des jeunes afin qu'ils ne succombent pas aux "chants des sirènes", a-t-il dit soutenu, faisant allusion à ceux qui prônent la rupture avec le passé historique du pays.
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