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4/22/2013

Paléolithique



Paléolithique :
- Site de l’Aïn Hanech -Homo habilis (ou pré-erectus)
- Atlanthrope de Ternifine ou Tighennif (proche de Mascara) -Homo erectus
- Culture atérienne -Homo sapiens (proche de l’Homme de Néanderthal)
Fin du paléolithique à mésolithique :
- Homme de Mechta el-Arbi -Homo sapiens-sapiens
- Culture ibéromaurusienne
- Culture capsienne
Pour la localistion des sites, sur la carte de l’Algérie cliquer ici
Repères chronologiques :
Préhistoire-chronologie-dates
Préhistoire-chronologie-détail
Tableau agrandi dans la page « Généralités sur la préhistoire » (cliquer sur l’image)
Spéroïdes du site d'Olduvai (Tanzanie)
Lorsque nous parlons des origines de l’homme moderne, Homo sapiens-sapiens, nous évoquons le genre Australopithecus, apparu en Afrique australe il y a plus de 4 millions d’années. Mais l’australopithèque, bien qu’hominidé (ou hominien), n’est pas du genre Homo. De plus, il n’y a jamais eu d’Algériens australopithèques.
Le premier Algérien est Homo habilis
Crâne d'Homo habilis (Tanzanie)
L’Homme apparaît donc avec le premier du genre (Homo), vieux d’environs 1,7 millions d’années pour celui qui a fréquenté l’Afrique du nord… il s’agit d’Homo habilis (l’homme habile de ses mains) ou, selon d’autres paléo-anthropologues. d’un Homo erectus très primitif. Le premier algérien était donc habile et a laissé ses traces -plutôt discrètes puisque nous n’avons aucuns restse de squelettes(*)- dans les hautes plaines de Sétif, à Aïn Hanech (Nord de l’Algérie) mais aussi à Rheggane et près d’Illizi, à Bordg Tan Kena (sud algérien). Ces deux derniers lieux sont de découvertes récentes.
(*) Les illustrations de tous les crânes sont là seulement à titres indicatif et comparatif




Les outils sont rudimentaires -on parle de pebble-culture- comme les galets aménagés retrouvé dans le Tassili. A Aïn Hanech, on a retrouvé des boules de pierre grossièrement rondes (voir photo ci-dessus de sphéroïdes d‘âge villafranchien tanzaniens) faisant penser aux premiers essais de taille effectués par la main de l’homme. Leurs homologues sont ougandais et tanzaniens (photo ci-dessus, à droite). Peu d’endroits témoignent dans le monde des premiers balbutiements du travail d’êtres humains. Les fouilles, quasiment interrompues pendant les années de sang, ont repris ; de nouvelles découvertes ont lieu.

Les outils sont rudimentaires -on parle de pebble-culture- comme les galets aménagés retrouvé dans le Tassili. A Aïn Hanech, on a retrouvé des boules de pierre grossièrement rondes (voir photo ci-dessus de sphéroïdes d‘âge villafranchien tanzaniens) faisant penser aux premiers essais de taille effectués par la main de l’homme. Leurs homologues sont ougandais et tanzaniens (photo ci-dessus, à droite). Peu d’endroits témoignent dans le monde des premiers balbutiements du travail d’êtres humains. Les fouilles, quasiment interrompues pendant les années de sang, ont repris ; de nouvelles découvertes ont lieu.





Crâne de l'Homme de Cro-Magnon-40000 ans (France)
Audébut du XXème siècle, les paléontologues admettaient pour cette génération d’hommes préhistoriques une lignée ibéro-maurusienne (mélange entre des ibères venus de la future Hispanie et les autochtones Nord-Africains). Cette conception est dépassée aujourd’hui sans pour autant certifier d’une descendance berbère de ces hommes robustes rappelant notre Cro-Magnon à nous. Comme il était difficile de leur atribuer un nom, on a conservé l’appellation d’origine en retirant le tiret séparateur ; ibéromaurusiens donc. En Europe, c’est l’Âge du Rennes, en Algérie, on pourrait parler de celui du mouflon tant il y est consommé. Les techniques de la taille de la pierre ou de l‘os, déjà bien évoluées, sont proches bien que le Maghreb ait de l’avance sur l’utilisation du micro-burin : aiguilles et poinçons en os, lames denticulées de silex, couteaux, haches. Les premières représentations de formes ont lieu : triangles, trapèzes, formes animales. L’habitat principal est l’abri sous roches, les grottes. Le nomadisme commence à se restreindre et l’homme de cette époque (semi-sédentaire depuis H. erectus) préfère vivre près de la mer ou des lacs. Il pratique encore la pêche, la chasse (hommes) et la cueillette (femmes, enfants et invalides). L’alimentation est constituée de mouflons, d’antilopes, de gazelles mais aussi de chat et de chacal.


C’est de Bir el-Ater que sera tiré le nom donné à la culture de ces Nord-Africains : la culture atérienne. Ces hominiens atériens devaient chasser antilopes, buffles, gazelles et chevaux. La chasse des grands animaux devait se faire en groupe, ce qui nécessitait des liens sociaux de plus en plus serrés, allant de paire avec l’évolution du cerveau. On a Biface acheuléen (Tihodaïne)
retrouvé des outils perfectionnés comme des grattoirs, des racloirs, des poinçons et un genre de pointes de pierres pour ancêtre de la  flèche ou pointes à soie. Le climat est plus sec et moins chaud ; la végétation est une steppe au sud alors que celle de la zone septentrionale est proche de celle de l’actuel Var.


Grattoir à pédoncule de la période atérienne (Oued Djebboua
C’est à el Guettar, dans le sud tunisien et près de la frontière algérienne, qu’on a trouvé la plus ancienne marque de culte religieux en Afrique du Nord : un amas de grosses boules de pierres déposées près Lame denticulée de la période atérienne (Oued Asziouel)

d’une source. Croyance en un génie des eaux peut-être ?




Crâne d'Homo erectus ou Homme de Tautavel (France)
Un million d’années plus tard, un autre type d’homme apparaît (venant de la corne africaine sans doute) qui vivait -on a retrouvé des restes de mandibules dans une sablière à Ternifine (Tighennife)- tout proche de l’actuelle Mascara. Cet homme a eu pour première appellation Atlanthropus mauritanicus mais il s’agit en fait d’un Homo erectus Biface acheuléen époque Antlanthrope

Crâne de l'Homme de Néanderthal (Allemagne)
L’équivalent Nord-Africain de notre Homme de Néanderthal ne laissent pas de restes osseux en Algérie et il est possible que l’Homme de Rabat, découvert Trièdre (Illizi)dans les mêmes horizons paléontologiques, serait de cette espèce d’hominidé. On sait qu’avant l’homme moderne (Homo sapiens-sapiens), la vie sociale était déjà organisée et que des cultes religieux étaient pratiqués.


Usage d'ocres (actuel)Culture ibéromaurusienne :


Pendeloque en os poli du Capsien supérieur (Mechta el-Arbi)

C’est dans l’art de l’ornement que se distinguent les Capsiens qui inventent une véritable stylistique décorative : coquillages perforés, coquilles d’œufs d’autruches (utilisées jusqu’aux puniques !), coquilles d’oursins, vertèbres perforées, dents, pierres, carapaces de tortues, perles naturelles ou en os… mais aussi des outils comme des fines lamelles de silex. Les Capsiens utilisent leurs déchêts industriels comme Gravure sur pierre fin paléolithique capsienbijoux (colliers et bracelets de perles en poteries cassées). La gravure sur pierre (Khanghet el-Mouhaad) annonce l’art pariétal ; la sculpture sur pierre apparaît un peu plus tardivement (El-Mekta). Vers la fin du Capsien et à l’orée du néolithique, les ocres seront utilisées pour souligner les contours de ces gravures pariétales.


Le premier Algérien est Homo habilis
Crâne d'Homo habilis (Tanzanie)
L’Homme apparaît donc avec le premier du genre (Homo), vieux d’environs 1,7 millions d’années pour celui qui a fréquenté l’Afrique du nord… il s’agit d’Homo habilis (l’homme habile de ses mains) ou, selon d’autres paléo-anthropologues. d’un Homo erectus très primitif. Le premier algérien était donc habile et a laissé ses traces -plutôt discrètes puisque nous n’avons aucuns restse de squelettes(*)- dans les hautes plaines de Sétif, à Aïn Hanech (Nord de l’Algérie) mais aussi à Rheggane et près d’Illizi, à Bordg Tan Kena (sud algérien). Ces deux derniers lieux sont de découvertes récentes.
(*) Les illustrations de tous les crânes sont là seulement à titres indicatif et comparatif
L’Atlanthrope ou Homo erectus
assez classique (homme qui se tient debout). La taille de la pierre a évolué, certes, mais elle reste grossière : bifaces primitifs et hachereaux caractéristiques de l’Acheuléen africain. La chasse, par piégeage ou acculement, devait être pratiquée contre des éléphants, des hippopotames, des girafes mais aussi des cerfs et surtout des sangliers. La végétation est encore de type savane tropicale mais va s’aridifier et se refroidir peu à peu. Notons qu’on ne trouve pas trace d’utilisation du feu en Algérie remontant à cette époque, les intempéries ayant certainement lessivé toutes traces de foyers hors abris sous roche. L’homme de cette époque, certainement charognard aux débuts se spécialisera de plus en plus pour la chasse.
La culture atérienne ou l’Homo sapiens
Bir el-Pointe à soie atérienne (Beni Abbès)
Ater
Il y a 100000 ans, Homo sapiens (homme qui sait) apparaît dans le Nord de l’Afrique. On ne le sait pas mais il y a peu de chances pour qu’il soit apparenté à l’Algérien érectus précédent. On trouve des traces vieilles de 60000 ans au sud de Tebessa, dans le gisement de l’oued Djebena près de (dans les Nememchas). Également à Karouba, près de Mostaganem et dans le Sahel d’Alger.
La civilisation atérienne s’éteindra vers – 25000 ans (Falaise de Sidi Saïd près de Tipasa), remplacée peu à peu vers -22000 ans par celle de l’homme de Mechta el-Arbi dit aussi Mechta Afalou.
Falaises rouges (Tipasa)
L’Homme de Mechta el-Arbi ou Homo sapiens-sapiens
Les choses s’accélèrent et nous voilà au IXème millénaire. Homo sapiens (type néanderthal) a encore évolué et s’appelle désormais Homo sapiens-sapiens (l’homme conscient de son savoir). On retrouve ses restes fossilisés à Mechta el-Arbi, tout près de Chelghoum Laïd, à l’Ouest de Constantine ; à Afalou Bou R’mel, non loin de Béjaïa ; à La Mouillah, près de Maghnia, dans l’Ouest algérien. On reconnait chez cet homme du paléolithique moyen les traits caractéristiques de l’espèce Cro-Magnon. L’Homme de Mechta connaît son apogée -10000 ans av. J.-C.
Tardivement, l’usage d’ocres (jaunes et rouges) pour le badigeonnage des corps, des cadavres et des outils est démontré. L’homme est fondamentalement religieux et commence à prêter des vertus aux objets, aux plantes, aux animaux et… à lui-même. Si l’Homme de Mechta n’est pas un artiste accompli, on a retrouvé quelques parures peu sophistiquées et à usage présumé religieux (pierres, coquillages, os, plumes d’autruche). A Afalou Bou R’mel ou à Columnata en Oranie, la présence de sépultures remonte à 22 – 24000 ans (archaïques) et vers -9000 elles sont plus élaborées (dépôts d’offrandes), annonçant surtout les futurs monuments funéraires (amoncellement de pierres, d’ossements, et premières nécropoles). Il est possible que l’Homme de Mechta el-Arbi ait pu subsister jusqu’au néolithique et que leurs descendants aient pu peupler les Canaries, donnant le peuple des Guanches.
Site ibéro-maurusien de Columnata (Sidi Hosni en Oranie)
La culture capsienne
Les Capsiens (fin paléolithique)

Les Capsiens ne gagnent la zone littorale que très tardivement, débordant sur l’aire ibéro-maurusienne
C’est au VIIIème millénaire que la future culture méditerranéenne trouve vraiment sa source première. En effet, une autre vague civilisationnelle, dont les traces ont été découvertes à Gafsa (Capsa romaine) en Tunisie, s’installe sur les ruines du monde atérien sans le supplanter totalement puisqu‘il perdurera très longtemps encore. Comme Ginette Aumassip l’a écrit : Le substrat reste ce probable descendant de l‘Atlanthrope qu‘est l‘homme de Mechta el-Arbi . Les Capsiens, de grande taille, moins robustes donc plus graciles, plus élancés et plus fins que les prédécesseurs atériens, provenaient peut-être du Proche-Orient via la Basse -Egypte.
Pelorovis antiquus ou bubale
On ne retrouve leurs traces en Algérie qu’à l’intérieur et dans la partie orientale du pays à El-Outeb, à Relilaï, à Dra Mta el Ma el Abiod ; ces sites montrent la présence d’escargotières et de cendrières, ou ramâdiyyât, avec déchêts de cuisine. On peut y lire l’alimentation de l’époque : énormément de mollusques, du cheval, du mouflon, du sanglier, du zèbre et une espèce d’antilope à grosse tête ou antilope bubale (Alcelaphus buselaphus).
N.B. : Ne pas confondre la bubale et le bubale, grand bovin (Pelorovis antiquus) tellement représenté dans les gravures rupestres qu’on qualifiera cette période de période bubaline.
Les sépultures profitent de l’art ornemental (tapisserie de végétaux, de vanneries, enduits au kaolin). La céramique a fait ses premières apparitions dans le Tassili n’Ajjer dès le VIIIème siècle (av. J.C.). Beaucoup plus tard, on en relève la présence sur le littoral mais elle est encore lourde et grossière, peu décorée (Tiaret).
Le religieux se développe autant que le culturel, sans pour autant avoir la preuve d’une religion à proprement parler. On remarque la pratique de l’ablation des incisives supérieures, mais aussi parfois inférieures, dès l’adolescence. On peut penser que le sacrifice d’une partie du corps aussi précieuse -l’heure de la médecine n’ayant pas encore sonné- reste de l’ordre du sacré et ces rites de passage de l’enfance à l’âge adulte restent encore aujourd’hui imprégnés dans nos esprits et dans nos mœurs.
Nous sommes au mésolithique transitoire ; ce mélange entre cultures ibéromaurusienne et capsienne, qui représente déjà le fond du peuplement maghrébin algérien, annonce la révolution néolithique marquée par l’art rupestre au Tassili n’Ajjer. A la question que nous pouvons légitimement nous poser : les Ibéromaurusiens et les Capsiens ont-ils eu des liens serrés au point d’instituer des mariages communs ? L’historien ne peut encore le dire mais rien ne nous empêche d’y croire avec une certaine force de conviction.

Art rupestre période des têtes rondes (Tassili)

Résistances à l’envahisseur de l’Afrique du nord

Résistances à l’envahisseur

Ptolémée de Maurétanie aurait donc été éliminé (cela demeure assez flou) sous l’ordre de l’empereur Caligula, en 40 ap. J.-C.. A partir de cette période, Rome annexe purement et simplement la Maurétanie et entame sa conquête de l’Est algérien (puis celle de l’Ouest) depuis la province occupée de l’Afrique proconsulaire. Claude découpe alors la Maurétanie en deux parties : à l’Ouest, la Tingitane et, à l’Est, flanquée entre la première et la Numidie, la Césaréenne.
La IIIème légion, basée à Ammaedara (Haïdra, ville frontière algéro-tunisienne) sous Hadrien, glissera peu à peu vers l’Ouest : installée dans un second temps à Theveste (Tebessa) sous Vespasien, elle est déplacée à Lambaesis (Lambèse-Tazoult) fin Ier – début IIème siècle (Points rouges sur la carte ci-dessous). Le IIIème siècle verra se produire encore beaucoup de soulèvements de la part des populations rurales, bien plus nombreuses que celles des villes par ailleurs. On ne dompte pas facilement les fiers Berbères.
On se souvient de la fameuse révolte de Tacfarinas qui avait duré de 17 à 24, sous Tibère. La raison en était légitime puisque Rome, dépourvue de scrupules, venait de couper le chemin des transhumances cinithiennes Nord-Sud, en construisant une première grande route pour ses déplacements militaires, allant d’Ouest en Est, du Sud tunisien à la Petite Syrte, plus précisément d’Ammaedara à Tacapae (Gabès) en passant par Capsa (Gafsa).
Le règne de Domitien (fin du Ier siècle) sera relativement calme du côté de l’Afrique du Nord. Quelques échauffourées tout au plus, sans gravité ni menace pour l’ambitieuse Rome. Mais, dès le IIème siècle,  des troubles sévères vont avoir lieu, calmés partiellement après qu’Hadrien se soit déplacé en personne sur le sol africain, au moins pour soutenir ses troupes. Bien que commençant en 118, et non immédiatement après cet assassinat, les historiens y voient un lien avec l’élimination ordonnée par le prince, en 117, d’un grand général maure, Lusius Quietus, qui, avec Marcius Turbo (autre général qui le remplacera par la suite), avait maté une révolte des juifs en Judée (Révolte de Kitos ). Comme trop souvent, Rome inflige sa Pax romana au monde méditerranéen, toujours après avoir semé le désordre dans les pays qu’elle juge «pas assez soumis».
Sous Antonin le Pieux, l’insurrection reprend de plus belle, si bien qu’il faut faire intervenir des contingents venus de Syrie, d’Espagne et de Pannonie (au Nord de la Dalmatie). C’est à partir de la moitié du IIème siècle que Tipasa, transformée pour la cause en camp retranché, connaîtra un formidable essor qui en fera rapidement une vraie citadelle romaine. Des stèles y représentent des cavaliers auxiliaires de l’armée romaine, armés de lances, d’arcs ou d’épées, chevauchant vaillamment, on s’en doute, vers les troupes ennemies qu’ils désorganisaient en les éparpillant. Ces légions étrangères ont également stationné dans d’autres cités déjà occupées par Rome ; c’est le cas de Portus Magnus (Saint-Leu/Bettioua), de Cartennae (Ténès), d’Albulae (Aïn Temouchent) et de Caesarea (Cherchell), dans lesquelles les inscriptions concernant ses moments ne manquent pas (Points jaunes sur la carte ci-dessus). Notons au passage que Portus divini, située à l’emplacement de l’actuelle ville d’Oran, n’était alors qu’une vaste plage, sans doute habitée par des quelques pêcheurs.
Vers la fin du IIème siècle, c’est à dire sous Marc-Aurèle, des Maures de Tingitane (les Baquates) vont jusqu’à commettre des incursions en Bétique, de façon à attaquer directement les légions romaines installées dans le Sud de l’Espagne.
Un peu plus tard, passée une période plus calme au début du IIIème siècle (sous les règnes de Septime Sévère et de son fils Carcalla, des Berbères romanisés), la confédération tribale des Bavares, Maures installés sur une grande région allant de la rive gauche de l’oued Cheliff à la région de Cirta (Constantine), se soulève en Numidie puis en Maurétanie orientale, ce, pendant le règne d’Alexandre Sévère. Là aussi, il faut mettre bien plus de moyens que d’habitude pour en venir à bout ; à Auzia (Aumale/Sour el Ghozlane) ; à el Mahdia (willaya de Sétif) ; à Teniet Mesken, plus au Nord. Ces troubles insurrectionnels dureront cependant plus de soixante ans et, à la fin du siècle, le tétrarque d’Occident Maximien Hercule n’en avait pas encore terminé avec la résistance maure.
Cette mosaïque, trouvée dans l’abside de la basilique judiciaire de Tipasa, doit être vue comme de la propagande, c’est à dire comme une affiche servant d’avertissement aux populations qui tenteraient à nouveau de se heurter à la puissance romaine que, dès lors, nul ne saurait endiguer. Cette superbe mosaïque (par l’état de conservation) montre un couple d’autochtones et leur enfant. De toute évidence, ce sont des captifs. Les personnages de sexe masculin sont dévêtus, contrairement à la femme. Celle-ci porte-t-elle des bracelets ou bien est-elle menottée ? L’homme, lui, a très certainement les mains liées dans le dos. Tout autour de ce carré sont disposés des médaillons en losange portant des visages d’hommes et de femmes dont on pense, trahis par le teint mat dont l’artiste les a affublés, qu’ils sont les familiers du couple à l’enfant. On ne doute pas non plus du sort réservé à cette famille de résistants à l’occupant : ils ont forcément dû être vendus sur le marché des esclaves, chose plutôt courante à l’époque.

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Les limes d’Afrique du Nord

De même qu’une ligne frontière (limes, limite(s)) séparait les indisciplinés Germains des Romains, plus civilisés qu’eux, des limites bien surveillées (Le Fossatum Africæ) existaient aussi en Afrique du Nord. Certes, ces dernières ont mis plus longtemps à se stabiliser -on se souvient d’un premier fossé (Fossa Regia) protégeant l’Africa vetus. La conquête romaine sera entravée, comme je l’ai dit plus haut, par les interminables insurrections des différentes tribus, aussi bien numides et maures que gétules. Aussi, la première préoccupation de Rome fut-elle de renforcer les territoires les mieux armés : la Numidie pour commencer, le Maurétanie septentrionale pour finir. A la fin, les Gétules et les Garamantes, seuls, seront considérés comme des barbares, à dire : des exclus du monde dit civilisé. Je propose une carte, élaborée par A.J. Garcia, que j’illustre en deux temps : la première concerne l’extrême Est algérien ; la deuxième, les deux tiers restants, c’est à dire le centre et l’Ouest du pays. Je néglige volontairement l’histoire qui se déroula du côté marocain. On peut également avoir recours à la carte des villes et sites du Maghreb antique.
◊ Les Limes de Numidie :

 
Depuis la rébellion menée par le défunt Tacfarinas, sous le règne de Tibère, Rome tenait à l’œil le territoire (assez restreint) de la Numidie ; elle avait fait construire une première rocade entre Cirta et Leptis, probablement Leptis Minor, sur la côte est tunisienne. A la fin du Ier siècle, Madaura est une ville déjà fortifiée (Point vert sur la carte ci-dessous), dans laquelle est vite  implantée une colonie de vétérans. Toujours sous les Flaviens, plus tard les Antonins, les lignes de démarcation, qui n’ont cessé de bouger, vont enfin prendre corps : on dispose des postes de garde (Vazaivi/Zoui, Aquæ Flavianæ…) jalonnant la rocade Nord des Aurès (Zone en jaune sur la carte ci-dessus), entre Theveste (Tebessa) et Mascula (Khenchela). Nerva, le premier des Antonins, fait bâtir Cuicul (Djemila, point rouge), à l’Ouest de l’ancienne zone léguée jadis à Sittius (allié à Bocchus le Jeune en soutien à Jules César), représentée par les quatre villes septentrionales : Cirta (Constantine), Rusicade (Skikda), Chullu (Collo) et Milev (Mila); Sitifis (Sétif, point bleu foncé), plus tard Thamugadi (Timgad, point orange) sont dues à son successeur, Trajan. Des villes naissent à l’emplacement de camps retranchés, installés bien avant. Rome glisse inéluctablement à la fois vers l’Ouest et en direction du Sud : la jonction est faite entre Theveste et Lambæsis (Lambèse).
Mais c’est au Sud des Aurès que l’on trouvera le plus grand nombre de vestiges des limes romains datant de cette période : ruines des forts d’Ad Maiores (Besseriani), à l’Est, de Badias (Badis) ou de Thabudeos (Thouda) en allant vers l’Ouest, tous construits sous Trajan. Les princes antonins (Hadrien, Antonin le Pieux) poursuivront l’œuvre d’annexion réelle, et plus seulement administrative, de l’Afrique du Nord. Tout un réseau de routes, véritable anastomose, sera mis en place pour faciliter le transport, vers la capitale  (Rome), de biens marchands produits localement, mais surtout le déplacement des légions «pacificatrices». Les limes sont désormais matérialisés par des fossés, des levées de terre, des fortins, des postes de gardes, des palissades, des check-points où l’on doit s’acquitter de taxes douanières si l’on veut entrer… Pour une plus grande protection du territoire acquis ainsi que pour mieux contrôler les ressources, en eau notamment, les limes s’enfoncent aux confins du désert saharien (camp de Gemellæ/Henchir Kasbat sous Hadrien, Castellum Dimmidi/Messâd sous Septime Sévère, points bleu clair). La dynastie des Sévères achèvera la mise en démarcation de la province numide par rapport au monde resté barbare (La Gétulie, repoussée plus au Sud, à l’arrière de l’actuelle Laghouat). En 238, l’avancée vers le Sahara est stoppée volontairement mais Rome contrôle parfaitement l’axe principal du réseau mis en place, «celui qui défendait les accès Sud des Aurès-Nementcha et remontait vers le Nord-Ouest à partir de Gemellæ en direction de Thubunæ (Tobna) : le limes badensis (Badia) veillait sur les débouchés Sud des transversales des Nementcha et de l’Aurès oriental ; celui du limes gemellensis avait ses quartiers à Gemellæ et défendait les approches des piémonts Ouest de l’Aurès ; enfin, celui du limes Thubunensis contrôlait la frontière proche du Hodna», cette région montagneuse qui restera en dehors du territoire contrôlé par Rome. -son armée est incompétente sous les couverts forestiers et dans les montagnes. Une seule légion (la Legio Tertia Augustus), assistée de quelques troupes d’auxiliaires gaulois, espagnols, Thraces, pannoniens, ou carrément berbères, tiendra le limes qui va de la Grande Syrte à l’Hodna, ce, jusqu’à l’arrivée des Vandales en 429.
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◊ Les Limes de Maurétanie :

 
Les tribus de Maurétanie posèrent plus de problèmes à la romanisation (commencée au Ier siècle av. J.-C. en Afrique du Nord, sous César, puis sous Octave-Auguste) que les tribus Numidie. Le Ier siècle de notre ère débutait par la célèbre révolte des Musulames, menée sous l’égide de Tacfarinas ; si les hostilités commencèrent avec des Numides, la contagion gagna rapidement tout l’Hodna, jusqu’à la vallée du Chélif, en territoires maures. De façon à protéger les villes côtières déjà investies par Rome (Points rouges sur la carte ci-dessus), au moins administrativement, sinon militairement, mais aussi celles bâties à l’intérieur des terres, il fallait installer de nombreux postes militaires sur des rocades anastomosées qui restaient à construire dans les terres. Une rocade Nord (Points bleus foncés) fut décidée, laquelle serait, comme en Numidie, jalonnée de postes de garde ou de camps retranchés. De même pour contenir les Gétules du Sud, une rocade méridionale (Points bleus clairs) sera matérialisée comme la première (Zones en jaunes).
Ainsi, le même processus que celui conduit pour conquérir la Numidie et son Sud, sera mis en œuvre pour pénétrer le vaste territoire de Maurétanie césaréenne. A une différence près, l’Est algérien vaut, dès le début et pour des raisons stratégiques, plus cher aux yeux de Rome que tout l’ensemble maurétanien. La légion avance donc, cependant que les terrassiers posent la «route» ; des camps retranchés mais aussi des postes de guet par dizaines ponctuent la rocade :
♦ au Nord, protégeant la côte d’éventuels assauts telliens, c’est à dire le littoral allant de Saldæ (Béjaïa/Bougie, Est algérien) jusqu’à Portus Magnus (Bethioua/Saint-Leu, proche d’Arzew à l’Ouest), en passant par Icosium (Alger), Tipasa et Cæsarea (Cherchell), cette rocade court en leur Nord ; on renforce également les accès et la protection de cités déjà mises en place à l’intérieur des terres, sous Auguste dans la vallée du Cheliff (Zucchabar/Miliana, Tigava/El Attaf), ou sous Hadrien (Forteresses de Rapidum/Sour Djouab et de Thanaramusa Castra/Berrouaghia) ; de nouvelles citadelles voient le jour (Sufascar/Oued Chorfa, Castellum Tingitanum/Chlef, Mina, Castra Nova/Perregaux/Mohammadia, Tasaccura, Regiæ, Albulæ/Aïn Temouchent; Rome pratique ici encore la colonisation par peuplement des cités, qu’elle dote de grands territoires agricoles de façon à satisfaire les vieux soldats qui s’y installent comme colons. Ceux-ci deviennent rapidement des Romano-berbères puis se mélangent aux Berbères qui, eux, se romanisent.
♦ au Sud, commencée peu après la première, à cheval entre le IIème et le IIIème siècle, cette rocade ira de l’Hodna (au Sud-Ouest de Sétif/Sitifis) jusqu’à la vallée de la Siga, aujourd’hui Oued Tafna (à l’Est du Maroc). Elle traverse la région du Titteri (au Sud d’Alger), celle de l’Ouarsenis (à sa gauche), puis atteint les Monts de Frenda et de Saïda (Toutes parties en jaune). Notons les camps comme Boghar/Castellum Mauritanum, en surveillance du Titteri et de l’Ouarsenis ; plus à l’Ouest, ceux d’Altava (Ouled Mimoun), de Pomaria (Tlemcen) et, pour finir, de Numerus Syrorum (Maghnia). Au-delà, nous sommes en Tingitane mais cela ne concerne plus l’histoire de l’Algérie.
Camp de Rapidum construit en 122 ap. J. -C. pour le cantonnement de la 2ème cohorte des Sardes

Que ce soit en Maurétanie césaréenne ou dans la Tingitane, les manières de refuser l’intégration forcée à l’Empire en pleine hégémonie étaient nombreuses : les tribus ne reconnaissaient aucune autorité autre que celle que leur conféraient leurs us et coutumes ; les échauffourées, les soulèvements, tout pouvait prendre l’allure de l’insurrection ; la rébellion, larvée ou réelle, ne cessera pas. Jamais l’empreinte de Rome ne marquera les Maurétanie (côté Ouest) autant qu’elle l’a fait en Africa/Numidie (côté Est). Les différences sont notoires. A l’Est, outre le nombre de ruines plus important qu’à l’Ouest du pays, en Tunisie aussi, la romanisation est relativement acceptée -les grandes villes cherchant de préférence le statut de citoyenneté romaine- voire désirée, quand, dans les deux Maurétanie, on le refuse plus catégoriquement. Nombreuses sont les bourgades ou villes de l’Est maghrébin devenues municipes, bourgs-garnisons ou encore colonies de vétérans (romains et auxiliaires des légions étrangères), les autres ont préféré conserver leur statut de villes libres (ou cités pérégrines). Preuve est faite que les risques de guerres entre tribus numides et armée romaine étaient limités du côté Est : contrairement à l’Ouest qui présente des villes systématiquement fortifiées par les Romains, on n’en trouve pas en Africa proconsularis/Numidie. Les remparts des villes fortifiées de l’Ouest (Maurétanie) seront l’œuvre des Byzantins, donc bien plus tardifs.

ANNEXE :

La tournée d’inspection en Numidie de l’empereur Hadrien
«Le voyage d’Afrique s’acheva en plein soleil de juillet dans les quartiers tout neufs de Lambèse ; mon compagnon adossa avec une joie puérile la cuirasse et la tunique militaire ; je fus pour quelques jours le Mars nu et casqué participant aux exercices du camp, l’Hercule athlétique grisé du sentiment de sa vigueur encore jeune. En dépit de la chaleur et des longs travaux de terrassement effectués avant mon arrivée, l’armée fonctionna comme tout le reste avec une facilité divine : il eût été impossible d’obliger ce coureur à un saut d’obstacle de plus, d’imposer à ce cavalier une voltige nouvelle sans nuire à l’efficacité de ces manœuvres elles-mêmes, sans rompre quelque part ce juste équilibre de forces qui en constitue la beauté.» Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, Plon, Paris, 1951.

Le Lion de Barbarie ou Lion de l'Atlas (algerien)

             Le Lion de Barbarie ou Lion de l'Atlas


 
Lion de l'Atlas (Panthera leo leo) au Parc zoologique de Lunaret, Montpellier



Synonymes
Lion de Barbarie ou Lion de l’Atlas. En latin: Panthera leo berberisca.
Caractéristiques
Malgré l’existence de très peu de spécimens (crânes et peaux), de photographies et de peintures de lions de Barbarie, les probables caractéristiques extérieures du lion de Barbarie seraient les suivantes :
- pelage gris,
- femelles et jeunes mâles possédant des poils longs autour du cou/gorge sur les pattes avant et le long du ventre,
- mâles possédant une énorme crinière couvrant non seulement la tête, le cou et les épaules, mais aussi s’étendant jusqu’en arrière des épaules et sur le ventre,
- couleur de la crinière variable entre les différentes parties du corps mais de plus en plus sombre vers la partie postérieure,
- queue touffe bien développée,
- création d'une ligne droite entre la pointe du nez et l'arrière de la tête (occiput) avec une couronne plus pointue,
- museau étroit,  pattes courtes, poitrine profonde
- iris clair
- constriction étroite postorbitale du crâne.
On pense que les lions de Barbarie possèdent le même ventre que celui des lions d’Asie. C’est le lion le plus imposant avec un poids compris entre 230 à 270 kg pour les mâles et 140 à 160 kg pour les femelles.
Taxonomie
Sept sous-espèces sont communément admises pour le lion d'Afrique. Les lions d'Asie (Panthera leo persica) sont génétiquement distincts des lions d'Afrique subsaharienne, bien que la différence ne soit pas grande (il s’agit d’une différence plus petite que la distance génétique entre les différents groupes raciaux chez l'homme). Le lion de Barbarie est probablement plus lié à la sous-espèce asiatique qu’aux autres sous-espèces africaines.
Autrefois, la morphologie externe des lions de Barbarie, à savoir une énorme crinière jusque derrière les épaules et couvrant le ventre chez le mâle, a été utilisée comme distinction pour identifier cette catégorie. Toutefois, il est maintenant connu que la couleur et la taille de la crinière d’un lion sont influencés par différents facteurs extrinsèques, dont notamment la température ambiante.
Le lion de Barbarie est considéré comme «disparu dans la nature».
Des lions de Barbarie sont aujourd'hui élevés en captivité; d’autres sont issus de race croisée avec des lions capturés en Afrique. Par conséquent, seules des empreintes ADN peuvent permettre d'identifier de manière définitive un lion de Barbarie. En 2006, les résultats de recherche sur l'ADN mitochondrial ont montré un haplotype ADNmt qui est unique au lion de Barbarie qui pourrait être ainsi un bon marqueur moléculaire pour l'identification des lions de Barbarie.
Cette sous-espèce est éteinte et on ne reconnaît donc pas l'existence d'un spécimen vivant du lion de Barbarie génétiquement pur tant que des tests génétiques identifiés ne l’ont pas confirmé.
Style de vie
Ces lions étaient solitaires ou vivaient parfois par paires car la nourriture n'était pas abondante. Les femelles élevaient leurs petits jusqu'à environ 2 ans, puis se séparaient d'eux.
Habitat
À en juger par les documents historiques, une population proche de ce lion était distribuée de l’Afrique du Nord jusqu’au Moyen-Orient et en Inde ; il s’agissait certainement de la sous-espèce sahraouie de l’Egypte, du Soudan et de l’Ethiopie actuels. Les lions répartis dans l'ensemble de l'Afrique au nord du Sahara étaient appelés Lions de Barbarie (Panthera leo leo).
Zone bleue: répartition du lion de Barbarie.
Zone jaune : répartition des lions d’Asie (Panthera leo persica).
Au début du 18ème siècle au plus tard, les lions ont disparu de cette partie de l'Afrique du Nord (littoral méditerranéen, actuelles Egypte et Libye).
Il en est resté une population isolée dans la partie occidentale de l'Afrique du Nord (actuels Maroc, Algérie et Tunisie). Contrairement à la plupart des lions d'Afrique, le Lion de Barbarie est un prédateur de montagne, préférant les terres boisées.
Un lion photographié par avion sur la ligne Casablanca-Dakar
Nourriture
Les proies du lion de Barbarie étaient principalement des moutons de Barbarie (Ammotragus lervia), des sangliers, des gazelles de Cuvier (Gazella cuvieri) et des cerfs de Barbarie (Cervus elaphus barbarus), mais aussi des troupeaux de vaches et de moutons, et même parfois un cheval.
"Lions à l'affût" (1926), Tableau de Georges Frédéric RÖTIG
La méthode de la chasse n'a jamais été documentée, mais on pense qu'ils utilisaient la même mort par strangulation que les autres grands félins du monde.
Reproduction
Les mâles et les femelles se réunissaient au cours de la saison de reproduction (probablement en janvier). Le record de gestation en captivité est d'environ 110 jours, après quoi jusqu’à 6 lionceaux peuvent naître avec toutefois des portées plus courantes de 3-4 petits.
Les lionceaux sont généralement de couleur très sombre avec des rosettes et pèsent environ 1,75 kg à la naissance. Ils ouvrent leurs yeux autour du 6ème jour et commencent à marcher à 13 jours. Les mâles montrent un intérêt pour les femmes autour de 24-30 mois, mais ne se reproduisent avant l'âge de 3 ans et plus.
Histoire et population
Le premier ancêtre connu du lion est l’espèce Panthera gombaszoegensis du début du Pléistocène (environ 1,5 millions d'années) retrouvée à Gorge d'Olduvai en Afrique de l'Est. Il possède à la fois des caractéristiques du lion et du tigre.
Panthera gombaszoegensis
Les lions des cavernes primitifs étaient dispersés dans l'Ancien-Monde sur une période de 500’000 ans, en harmonie avec les changements climatiques et la propagation des steppes de type de terrain.
Le Panthera youngi est parue dans le nord de la Chine (Choukoutien) il y a 350’000 ans voire moins. Il était probablement lié au Lion des cavernes primitif (groupe "spelaea" regroupant les lions de l'Eurasie et d'Amérique).
Panthera leo spelaela ou Lion des cavernes
L'autre catégorie était le "leo" comprenant le groupe des lions actuels de l'Asie du Sud et de l’Afrique.
Des études de phylogénétique moléculaire suggèrent que les lions modernes partagent un ancêtre commun issu d’un passé très récent, entre 55’000 et 200’000 ans. La distance génétique entre le lion d'Afrique du Nord et le lion d'Asie est estimée à plus de 100’000 ans.
Les Egyptiens furent les premiers à chasser les lions de Barbarie avec des lances et des flèches. Les Berbères, qui se trouvaient dans de petits villages dans les montagnes d'Afrique du Nord il y a environ 3’000 ans, ont défendu leurs foyers contre les lions mais ne constituaient pas vraiment une menace pour la population des lions de Barbarie.
C’est dans l'Empire romain que la population des lions de Barbarie s’est réduite à un petit nombre pour la première fois.
Les empereurs romains ont cherché à divertir les gens et à les rassurer sur le fait que leur civilisation avait le contrôle sur la nature. Les anciens Romains importaient des lions d'Afrique du Nord pour les utiliser dans les jeux du Colisée à Rome et d'autres arènes.
Des milliers de lions ont ainsi été emmenés dans d'autres parties de l'empire romain pour servir de rivaux aux gladiateurs.
Le carnage a pris fin après six siècles, mais les problèmes des Lions de Barbarie n'étaient pas terminés. Avec l’arrivée des Arabes et l’augmentation de leur présence, les lions se sont progressivement retirés. Ils représentaient une nuisance et une récompense était offerte pour chaque lion détruit.
Avec l'avènement du chasseur européen au cours du dernier siècle, le nombre restant de lions de Barbarie a chuté. Des guides locaux dans les montagnes de la Tunisie et du Maroc ont permis aux Européens de chasser les lions pour le sport et les collections des musées ou de les capturer vivants pour les zoos.
Les Lions de Barbarie ont disparu de la Tripolitaine (ouest de la Libye) dès 1700. Le dernier lion de Barbarie connu en Tunisie a été tué en 1891 près de Babouch, entre Tabarka et Aïn-Draham. Le dernier connu lion en Algérie a été tué en 1893 près de Batna, à 97 km au sud de Constantine.
Les Turcs ont encouragé la mise à mort des lions en payant à bon prix leurs peaux. Après l'occupation française, leur valeur a baissé (seulement 50.- FF pour une peau). De nombreux Français en Afrique du Nord sont devenus des chasseurs de lions sans relâche. En Algérie, plus de 200 Lions de Barbarie ont été tués entre 1873 et 1883. Les lions ont disparu de la côte marocaine au milieu des années 1800. Au Maroc, certains lions ont survécu jusqu’au 20ème siècle puis ont finalement cessé d'exister dans les années 1940.
Le dernier animal tué a été enregistrée en 1942 sur le côté nord du Tizi-n-Tichka à proximité de la route entre Marrakech et Ouarzazate.
Il est dit que des lions ont été présentés aux sultans et rois du Maroc comme signe d’obéissance par les nobles et par le peuple berbère qui faisait partie de l’Atlas comme le dernier des lions de Barbarie.
En 1953, lorsque le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef (plus tard le Roi Mohammed V) a été contraint d'abdiquer et a été mis en exil, les lions royaux (21 au total) ont perdu leur domicile au palais dans la fauverie royale. Trois d'entre eux ont été envoyés au zoo de Casablanca et le reste a été envoyé au zoo de Meknès.
Lorsque le sultan est revenu au palais en 1955, les lions de Meknès sont revenus à Rabat. Pendant ce temps, le reste du monde a continué de croire le lion de Barbarie éteint ; cette conviction prématurée est devenue presque un fait lorsque les maladies respiratoires ont frappé le roi des lions à la fin des années 1960. Le Roi Hassan II, alors propriétaire, a décidé de réduire le risque de mortalité et d’améliorer la vie des lions. Une nouvelle enceinte a été achevée à Temara, près de Rabat, à la maison royale des lions, et en 1973, sous l'administration du Ministère de l'Agriculture, ce fut au zoo de Rabat.
Causes de l’extinction
La chasse a sans aucun doute contribué à l'extinction du Lion de Barbarie, mais les changements écologiques induits par la culture semblent avoir été la principale cause. Les forêts ont été dégradées par le bétail dans les pâturages. De plus, certaines sources de nourriture de ces lions, comme les cerfs et les gazelles.
Zoos et parcs animaliers qui prétendent avoir des lions de Barbarie ou des descendants
- Zoo de Temara (Rabat, Maroc) qui en compte un peu plus d'une vingtaine,
- Port Lympne Wild Animal Park (Kent, Angleterre, Royaume-Uni),
- Longleat Safari Park (Wiltshire, Angleterre, Royaume-Uni),
- Belfast zoo (Belfast, Irlande du Nord, Royaume-Uni),
- le zoo de Madrid (Madrid, Espagne ),
- Big Cat Rescue (Tampa, Floride, États-Unis),
- Tiger Safari (Tuttle, Oklahoma, Etats-Unis),
- GW Exotic Animal Memorial Park (Wynnewood, Oklahoma, Etats-Unis),
- Parc de la Tête d'Or (Lyon, France),
-  Zoo Neuwied (Neuwied, Allemagne),
- Sion Wildlife Gardens (Kamo, la Nouvelle-Zélande).

Projet de réintroduction du Lion de l’Atlas au Maroc
Adaptation d'un texte du Groupe d’Etude et de Recherches des Ecologistes Sahariens (GERES) en 2004.
Le dernier spécimen a été abattu en 1922 au Maroc près de Taddert (versant nord de Tizi n'Tichka) en 1942, trophée fort recherché et victime d'un braconnage intensif, alors qu'il s'était déjà éteint en Tunisie et en Algérie quelques années auparavant.
Nettement plus gros que son cousin africain, le lion de l'Atlas vivait principalement dans les massifs montagneux. Des spécimens ont cependant pu être sauvegardés grâce à la fauverie royale de Hassan II et on trouve actuellement une cinquantaine de lions répartis dans divers zoos, dont un peu plus de la moitié vivent dans le parc zoologique de Témara, dans la banlieue de Rabat.
Cette opération est élaborée dans le cadre d'un partenariat entre les gouvernements marocain et britannique, car le zoo de Témara est appuyé par une ONG anglaise et des scientifiques d'Oxford.
Cette réintroduction va a priori s'étaler sur une dizaine d'années et comportera plusieurs phases de travail. Une zone protégée d'une superficie de 10’000 hectares a été délimitée dans une région très peu peuplée et sera clôturée. Le gibier de prédilection du grand fauve (cerfs, mouflons, sangliers, singes et gazelles) devra y être réacclimaté. Parallèlement, les scientifiques d'Oxford auront la tâche de sélectionner les géniteurs les plus purs afin de démarrer un programme de reproduction en captivité. Enfin, un couple ou deux de lions seront relâchés dans la zone protégée et feront l'objet d'un suivi par les scientifiques.
L'un des buts avoués du gouvernement marocain est de profiter des retombées économiques de ce projet. Il est fort probable en outre qu'il bénéficie de subventions européennes. En effet, le programme de réintroduction de cet animal mythique devrait susciter l'engouement des adeptes du tourisme écologique. Le gouvernement espère bien créer des emplois et booster le secteur de l'hôtellerie et de la restauration.
Cependant, plusieurs facteurs sont à prendre en compte:
- La population locale ne semble guère enthousiaste vis-à-vis du projet, la réputation de férocité du lion de l'Atlas suscitant des inquiétudes. Il est à craindre que le braconnage ne reprenne, à moins que la réserve naturelle ne soit extrêmement bien surveillée. Par ailleurs, on ne connaît pas encore la nature du système qui sera mis en place pour réguler la population des fauves, surtout s'ils sont destinés à vivre sur une surface délimitée, ni si les naissances seront contrôlées ou, à l'instar de certains parcs africains, si le tir sélectif ou les permis de chasse feront partie des solutions proposées.
- Du côté du gibier réintroduit, on ne sait pas quelles seront les conséquences sur leur environnement. Aucune indication n'est donnée quant au nombre de bêtes à réintroduire et à leur impact sur l'écosystème de la réserve.
- Le Maroc ne jouit pas d'une bonne réputation en matière de protection de l'environnement. En l'espace d'un siècle, plusieurs espèces animales et végétales ont disparu dans l'indifférence la plus totale. A titre d'exemple, le crocodile du Nil s'est éteint dans les années 1930, tandis que les années 50 ont sonné le glas pour l'autruche, l'oryx et l'addax.
Autruche
Addax

Oryx
Crocodile du Nil
Actuellement, la panthère devrait être inscrite sur la liste des espèces disparues puisqu'aucune preuve tangible de sa présence n'a pu être rapportée, la hyène et le guépard sont en sursis, de même que le lynx caracal, le chat des sables, le chat ganté, le fennec et le chacal.
Chacal
Chat ganté
Fennec
Chat des sables
Guépard
Hyène
Panthère
Lynx caracal
"Jardin d'Eden au Maroc"
Animaux qui ont existé au XXème siècle au Maroc ou existent encore dans ce pays
De plus, le milieu naturel est également en péril. Le désert avance et le bétail s'aventure dans les forêts, causant des dommages irréparables aux écosystèmes. Alors que le pays souffre régulièrement de la sécheresse, le cheptel ovin, lui, est en surnombre.
La disparition du lion de l'Atlas (extinction totale prévue dans une vingtaine d'années si rien n'est fait) constituerait une tragédie supplémentaire pour la biodiversité et la conservation des espèces, mais les conditions de réintroduction de l'animal au Maroc ne paraissent pas idylliques.
Découvertes actuelles de lions de Barbarie dans le monde
En 1999 au Mozambique... Un lion de Barbarie retrouvé par hasard !!!
Ce félin mythique était exhibé dans un cirque.
Le lion de Barbarie. Une légende. C'est ce félin disparu qui a croqué les chrétiens au Colisée, rugi sur les écrans de la Metro Goldwin Meyer ou rodé en seigneur dans la cour éthiopienne de Hailé Sélassié. L'un de ces lions mythiques vient d'être découvert et sauvé au Mozambique par une association de défense de la faune. Il a trouvé refuge en Afrique du Sud, dans un centre de recherche sur les animaux en voie de disparition. Giepie, grand mâle couvert du ventre à l'aine de la crinière touffue qui fait le "look" du lion de Barbarie., est l'un des rescapés de la faillite d'un cirque africain. Il représente une espèce qui ne survit plus en principe que sous forme de bribes d'ADN chez d'autres lions. Est-il vraiment le dernier ? La nouvelle de son origine s'étant répandue, d'autres cirques et zoos dans le monde revendiquent à leur tour la présence d'un lion de Barbarie et négocient les retrouvailles de ces survivants. Une femelle venant d'un zoo italien pourrait rejoindre bientôt Giepie et tenter l'aventure du couple.
En mars 2008 en Grande-Bretagne... Les squelettes de deux lions de l’Atlas retrouvés à Londres !!!
L'étude génétique, effectuée sur les deux squelettes, qui remontent au Moyen-Age, a montré qu'ils appartiennent à deux lions de l'Atlas, plus connus comme "les Lions de Barbarie". Les monarques anglais gardaient jalousement dans les jardins de la tour de Londres, actuellement consigne des joyaux des souverains britanniques, plusieurs lions, symboles emblématiques de la monarchie anglaise. Les chercheurs, qui ont publié les résultats de leurs études dans le journal "Contributions in Zoology", ont pu établir, à l'aide d'examens d'ADN, que les deux lions ont vécu dans l'enceinte de la "tour blanche", fondée en 1078 par Guillaume le Conquérant, durant le 14ème et le 15ème siècles dans le zoo créé il y a près de huit siècles par le Roi John (1199-1216). Les deux lions de l'Atlas, qui faisaient partie de cadeaux offerts aux souverains anglais, avaient fait l'objet de plusieurs études au musée de l'histoire naturelle de Londres et à l'université d'Oxford. L'étude réalisée sur les deux lions a montré que ces animaux partageaient les mêmes gènes uniques qui distinguent les lions de l'Atlas. "Les résultats de notre étude offrent la première preuve génétique qui confirme sans équivoque que les squelettes découverts à l'intérieur de la Tour de Londres sont ceux de lions de l'Atlas marocains", indique Richard Sabin, conservateur du musée britannique des mammifères. Pour sa part, Nobuyuki Yamaguchi, chercheur à l'université d'Oxford, souligne que toutes les preuves disponibles montrent que les deux lions viennent du Maroc, où d'importants groupes de lions de cette race unique vivaient jusqu'au début du 20ème siècle. D'après le chercheur, le dernier lion de l'Atlas libre a été tué 1942 près de Tizi-n-Tichka, entre Marrakech et Ouarzazate.
Le lion d'Ifrane
Ifrane est une ville du Maroc comptant 30'000 habitants et située dans le Moyen-Atlas, à 1'713 mètres d'altitude. En tamazight (berbère), Ifrane signifie grottes (au singulier: ifri). La région est en effet connue pour ses grottes, qui s'étendent jusqu'à El Hajeb: ce sont elles qui ont donné leur nom à la ville.
Une des grottes d'Ifrane
Retiré dans un îlot de verdure de ce parc naturel, taillé à même la roche, un lion se repose, méditatif, semblant plongé dans une profonde introspection. Il ne cesse d’intriguer les visiteurs depuis de longues décennies.
Puissant, impassible, aux dimensions impressionnantes: 7 m. de long, 2 m. de haut et 1,50 m de large.
Inscrites dans la légende, les rumeurs les plus diverses courent depuis très longtemps selon lesquelles il serait l’œuvre de prisonniers, de légionnaires, d’individus aux nationalités diverses. Depuis quand est-il là, qui en est le sculpteur?
Un premier courrier du Conservateur du Patrimoine des archives diplomatiques de Nantes (France) confirme «qu’aucune date, ni indication sur l’auteur n’apparaît. Une certitude: la statue figure sur le plan d’Ifrane daté du 12 août 1932.» Le lion d'Ifrane est d'ailleurs présent comme ornement sur les armoiries de la ville.
Dans le N°14 de la revue «Maroc» du 15 août 1930, dans un article intitulé «Ifrane, la perle de l’Atlas», Henri Moreau, professeur de dessin, pose devant sa statue. Légende: « Le lion d’Ifrane sculpté entièrement dans le roc. M. Moreau, de Rabat, que la photo nous montre placé devant son oeuvre a eu le mérite de l’exécution de cette sculpture à la fois originale et imposante.»
Historique
La situation géographique d’Ifrane, la topographie et son climat privilégié, déterminent le choix du Gouvernement marocain à l’édification d’une station estivale dans un espace vierge de toute construction. Une partie de la main d’œuvre sera constituée de prisonniers. Le 9 juillet 1929 arrive le premier camion de matériaux. Le 15 août 1929 voit l’inauguration des hôtels, du Casino, de chalets, ainsi que le Centre d’estivage et de la place du lion. E. Labonne,  Secrétaire Général du Protectorat, avise M. Tournan, Chef du Centre d’Ifrane de "l’arrivée du sculpteur pour travailler au rocher du lion par une note de service N° 63 du 2 mars 1930. L’œuvre devra être terminée le 20 avril prochain, 2 ou 3 prisonniers seront mis à sa disposition pour accomplir ce travail". Selon les relevés du Budget dressé le 15 juillet 1930, la réalisation du projet ne prendra que 15 jours.
Vues sur l'Hôtel Balima et le lion
Le sculpteur
Henri Jean Moreau est né à Libourne (France) où la municipalité lui commande le monument aux morts de la guerre 1914/1918. Il n’obtient qu’un succès d’estime. Sur la recommandation du Général DAMADE, il s’installe à Rabat au poste d’inspecteur aux Monuments Historiques et celui de professeur de dessin au lycée Gouraud, tout en continuant sa carrière de sculpteur. Malade, il rentrera définitivement en France, en 1954 pour mourir dans l’indifférence, oublié, en 1956. Le sculpteur et son oeuvre restent ignorés des Libournais. A longueur de jour de nombreuses personnes passent devant le monument aux morts du lycée Hassan II à Rabat, celui de Libourne et la statue d'Ifrane en méconnaissant le nom de l’artiste.

 

Source des informations et des photos: www.petermaas.nl; www.care2.com; www.leszoosdanslemonde.com; felinsdetoujours.oldiblog.com; www.kidadoweb.com: francoisquinqua.skynetblogs.be; dafina.net; www.leguide.ma; www.manimalworld.net; www.marocantan.com; geres-asso.org/article_reintroduction1.html; www.dinosoria.com; forum.doctissimo.fr; www.marietta.edu; commons.wikimedia.org; coolpixels.free.fr; www.sports-sante.com; germigny.creteil.iufm.fr; daudia.free.fr; manimal.oldiblog.com; www.edunet.tn; nationalzoo.si.edu; www.achetudoeregiao.com.br; pagesperso-orange.fr (dépêche issue de "Terres sauvages", N°143, 1999; www.yabiladi.com; les.anciens.de.casa.free.fr; www.casafree.com; fr.wikipedia.org; picasaweb.google.com; www.lyceefr.org; www.bladi.net; flickr.com; www.levieuxmaroc.com
Première photo: ©Photo Michel Aymerich
"Jardin d'Eden au Maroc": Dessin tiré de la revue "Ein Herz für Tiere" et reproduit dans le le livre de E. Därr,  "Agadir, Marrakesch und Südmarokko", Ed. Reise Know-How, 2005.
Carte de Peter Maas (Creative Commons Attribution-Non commerciale No Derivatives 3,0).