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8/02/2016

Maurétanie ancienne


  • Grâce à Denise Valero-Boulet nous sommes entrés en contact avec la famille Dechavanne, à l ’origine de la construction de la villa, habitée à notre époque par la famille Faivre. C’est la première maison à droite en venant d ’Alger avant l ’Ile de France. Sous cette habitation, des vestiges de termes antiques ont été découverts pendant la construction. Ce sont eux qui seraient à l ’origine du nom " Bains Romains ".
La présence Romaine en Algérie selon Charles -André Julien "Histoire de l'Afrique du Nord - Des origines à 1830" :
….La Maurétanie au temps d'Octave
Au lendemain de l'assassinat du dictateur, le fils de Masinissa, Arabion, qui avait suivi les pompéiens en Espagne, reconquit le royaume de son père sur Sittius, dont il se débarrassa, et sur Bocchus. Mais il fut assassiné par le gouverneur romain Sextius qui, victorieux grâce à son concours, redoutait son influence, et Bocchus II put récupérer ses possessions. Il les agrandit même des territoires de Bogud, qui avait pris le parti d'Antoine contre Octave. Dès lors, la Maurétanie s'étendit de l'Atlantique à l'Ampsaga (Rhummel).
À la mort de Bocchus II (33) qui ne laissait pas d'héritier, Octave, sans annexer officiellement la Maurétanie, la gouverna, peut-être par l'intermédiaire de deux préfets. Il en profita pour fonder, dans la Maurétanie de Bocchus, six colonies près d'anciens ports, à Igilgili (Djidjelli), Saldae (Bougie), Rusazus (Azeffoun ou Port-Gueydon, sur le littoral de la Grande Kabylie), Rusguniae au cap Matifou, près d'Alger), Gunugu (Koubba de Sidi brahim, près de Gouraya, à 28 km à l'ouest de Cherchel), Cartennae (Ténès), et trois à l'intérieur, à Tubusuptu (Tiklat, à 29 km au sud-ouest de Bougie), Aquae Calidae (Hammam Righa), Zucchabar (Miliana). Il créa dans la Maurétanie de Bogud les colonies Zulil (ou Zilis ?, Arzila, entre Tanger et Larache), Babba Campestris (site inconnu, près d'Ouezzan) et Valentia Banasa (sidi Ali bou Djenoun, sur l'oued Sebou, entre Port Lyautey et El-Ksar El-Kebir). ( Pages 150-151)
Les Gordiens, empereurs africains
… Avec la proclamation des Gordiens commença une ère de désordre qui dura jusqu'à l'arrivée des Vandales. Ce sont donc les deux premiers siècles de l'occupation romaine (40-244) qui représentent la période la plus prospère qu'ait traversée l'Afrique, celle où se développa le plus librement la colonisation, dans les cadres de l'organisation impériale…. (Page 161)
La frontière du 1er siècle et son limes
Au 1er siècle, l'occupation en Libye actuelle se bornait aux ports et à une étroite bande littorale. À l'ouest de Gabès, elle s'arrêtait au nord du chott el-fedjedj. Puis la frontière remontait vers le nord, par Capsa (Gafsa), Thelepte (Fériana), Theveste (Tébessa), contournait au nord le massif de l'Aurès, se dirigeait au nord-ouest par les plaines de Sétif et de la Medjana, peut-être jusqu'à Auzia (Aumale), piquait à l'ouest pour atteindre Berrouaghia, suivait la vallée du Chélif par Oppidum Novum (Duperré) et Castellum Tingitanum (Orléansville), franchissait la Mina non loin de Relizane, l'Habra à Castra Nova (perrégaux), le Sig à tasaccora (Saint-Denis-du-Sig) et, après s'être rapprochée de la côte, traversait la Moulouya presque à son embouchure et aboutissait à la mer à Rusaddir (Melilla). Au-delà du Rif, qui échappait à l'emprise impériale, le territoire romain reprenait à Tingi (Tanger) et se prolongeait jusqu'à Sala (Chella)…(Page 162)
Les routes
Un des facteurs du développement économique de l'Afrique romaine fut l'extension de son réseau routier, dont on retrouve encore les tronçons. Plusieurs voies furent aménagées par la main-d'œuvre militaire, entre autres celles d'Ammaedara (Haïdra) à Tacapae (Gabès) (14 après J.-C) ; de Theveste (Tébessa) à Hippo Regius (Bône) sous les Flaviens ; de Théveste à Thamugadi (Timgad) sous Trajan ; de Lambaesis (Lambèse) à Gemellae sous Trajan (?) ; de Carthage à Theveste et Lambèse sous Hadrien ; de Sitifis (Sétif) à Auzia (Aumale et aux portes de la vallée du Chélif, voie commencée sous Hadrien; de Gadaum ou Cadaum Casta (Saint-Aimé ?) à Tasaccora (Saint-Denis-du-Sig) et Albulae (Aïn Témouchent), voie construite aussitôt après la conquête de la Maurétanie (40) ; de Cohors Breucorum (près de Tagremaret) à Numerus Syrorum (Lalla Maghnia) sous Septime Sévère; de Tingi (Tanger) à la Sala (Chella) et de Tingi à Volubilis (Ksar Pharaoun), Tocolosida (Akbet el-Arabi, 23 km de Meknès) et peut-être, à Anosseur (à 50 km au sud de Fès). ( Page 187)
Les débuts de la colonisation impériale
… Auguste donna une impulsion vigoureuse à la colonisation de l'Afrique. Ses créations furent inspirées par le besoin soit de surveiller les indigènes, comme en Maurétanie où les colonies militaires de Cartennae (Ténès), Gunugu (près de Gouraya), Saldae (Bougie), Tubusuptu (Tiklat) et Rasazus (Azeffoun) guettèrent le royaume de Juba encore indépendant, soit d'installer ses vétérans ou des colons de la péninsule italique qu'il avait expropriés. (Page 189)
… On ne sait exactement à quelle époque, antérieure à Trajan, furent constituées les colonies Minervia Chullu (Collo), Veneria Rusicade (Philippeville) et Sarnia Milev qui formèrent, avec Cirta, la confédération des quatre colonies (res publica IIII coloniarum Cirtensium). Celle dont le vieux marché berbère de Sicca (Le Kef) était le centre, devenue Cirta nova, comprenait également plusieurs bourgs. (Page 190)
Les villes de Maurétanie césarienne
En Maurétanie césarienne se succédaient de nombreux petits ports, Igilgili (Djidjelli), Saldae (Bougie), Iomnium (Tigzirt), Rusuccuru (Dellys), Rusguniae (Matifou), Icosium (Alger), Tipasa (Tipasa), qui conserve dans un admirable paysage les reste d'un forum, d'une basilique judiciaire, d'un théâtre et d'édifices chrétiens, Gunugu (Kouba de Sidi Brahim, à 4 km de Gouraya), Cartennae (Thénès), Portus Magnus (Saint-Leu), Ad Frates (Nemours). La principale ville littorale était évidemment la capitale, Caesarea (Cherchel), où les monuments abondaient, mais sont pour la plupart recouverts par la ville actuelle, à l'exception d'un théâtre transformé en amphithéâtre et de thermes.
Sur le plateau numide s'élevait Sitifis (Sétif), colonie de vétérans établie par Nerva à la fin du 1er siècle, et qui devint plus tard une ville importante. Dans la direction du sud-ouest, Horrae (Aïn Roua) était une grosse cité agricole, et Thamallula (Tocqueville) gardait l'entrée méridionale d'une vaste plaine. Vers l'ouest, Sertei (Kherbet Guidra) s'étendait sur une aire de 55 ha, Auzia (Aumale), municipe puis colonie sous Septime Sévère, était un centre militaire important établi sur un plateau élevé entre deux oueds, d'où l'on pouvait gagner facilement l'ouest et le sud, Rapidum (Sour Djouab) suivait un terrain en pente à l'extrémité de la grande plaine des Beni Sliman.
Thanaramusa occupait l'emplacement où l'on a bâti par la suite le pénitencier agricole de Berrouaghia, Lambdia celui de Médéa.
Dans la vallée du Chélif se dressait sur un plateau le chef-lieu d'une commune romaine, Sufasar (Dollfusville). Malliana (Affreville) occupait les terres fertiles arrosées par l'oued Boutane. Oppidum Novum (à 1 500 m au nord-est de Duperré), colonie de Claude, était perché sur un mamelon non loin d'un d'un étranglement de la vallée. Zucchabar (Miliana) surveillait la vallée du haut d'un plateau escarpé en saillie sur les pentes du Zaccar.
Outre le littoral, la colonisation romaine avait suivi deux lignes militaires, l'une proche de la mer, établie sans doute dès la conquête, par Albulae (Aïn Temouchent), Dracones (Hammam bou Hadjar), Regiae (Arbal), Tasaccora (Saint-denis-du-Sig), Castra Nova (près de Perrégaux), Ballene Praesidium (L'Hillil), Mina (près de Relizane), Gadum - ou Cadum-Castra (sans doute Saint-Aimé), l'autre organisée plus au sud, au temps de Septime Sévère, par Numérus Syrorum (Lalla Maghnia), Pomaria (Tlemcen), Altava (Lamoricière), Caputtasaccora (Chanzy), Lucu (Timziouine), Ala Miliaria (Benian), Cohors Breucorum (Tagremaret). Des centres avaient été créés en arrière, à Tiaret et Columnata (Waldeck-Rousseau). Autour de ces établissements, des vétérans avaient reçu des terres, et des bourgs ou des villes s'étaient développés. (Pages 206 et 207)
Les thermes
On sait quelle place tenaient les bains dans la vie des Romains et, par extension, dans celle des indigènes romanisés. Le bain complet impliquait une série d'opérations : sudation dans une atmosphère surchauffée, nettoyage à l'eau chaude, séjour dans une température modérée, passage dans l'eau froide, massage et frictions à l'huile.
À ces obligations correspondait l'aménagement des thermes : salle chaude avec étuve (laconicum), salle chaude et baignoire (caldarium), chambre tiède (tepidarium), pièce froide et piscine (frigidarium), local réservé aux onctions (elaeothesium). On déposait, à l'entrée, ses vêtements au vestiaire (apodyterium), on se livrait après le bain à des exercices dans les palestres (ephebeum), puis l'on musardait dans les salles de conversation (xysti, exedrae).
Les villes, mêmes modestes, tenaient à l'honneur de posséder un ou plusieurs bains publics. Ils abondaient en Afrique. On a mis au jour, à Lebda, des termes du IIe siècle embellis par Septime Sévère, dont la pièce centrale possédait huit colonnes énormes de cipolin hautes de 8 m, qui soutenaient la voûte et, sur le pourtour, des niches garnies de statues de marbre grec. Le sable a conservé intacts les pavements des chambres, les plaques de marbre des murs, et en bon état une trentaine de statues de dieux, parfois de grand style. À Timgad existaient de nombreux bains. Dans les grands thermes du nord et du sud, on peut encore voir les chambres de chauffe presque intactes, les supports des pavements, les amorces de poterie qui conduisait l'air chaud le long des murs de l'étuve, et une partie des enduits des piscines. Aux grands thermes sud de Djemila, orientés d'est en ouest, l'entrée principale s'ouvrait sous un portique à douze travées. On pénétrait dans un vestibule qui donnait accès à unephebeum voûté, de 12,83m sur 31,20m; par un des deuxapodyteria, on gagnait ainsi le frigidarium, grande salle voûtée en arêtes, richement dallée de mosaïque et plaquée de marbre, avec deux petites piscines et une grande de 12,66m sur 5,22m précédée de colonnes de marbre rose ; plus loin venait le caldarium avec, sur ses deux flancs, des dégagements conduisant au tepidarium et à une petite baignoire chauffée, puis l'étuve. Sur le tepidarium s'ouvrait un elaeothesium. Cette disposition se reproduisait symétriquement au nord et au sud; elle était copmplétée, comme à Timgad, par des latrines.
Les thermes africains parfois couvraient de vastes surfaces :
2 600m2 à Djemila, 3 000m2 à Lambèse et près de 4 000m2 à Timgad. Quant à ceux de leptis Magna, les plus grandioses, ils occupaient, avec leurs annexes, environ 3 ha. (Page 212 et 213)

  

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