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8/20/2016

Investissements agricoles : La nécessité de dépasser la vision traditionnelle



Prévu depuis plus de quatre ans, à la faveur de la circulaire interministérielle du 23 février 2011, émanant des ministères de l’Agriculture et du développement rural, des Ressources en eau et de l’Intérieur et des collectivités locales, le programme de création de nouvelles exploitations agricoles par le biais de la mise en valeur vient d’entrer dans sa phase opérationnelle. 


A présent, c’est dans la wilaya de Tiaret que l’opération est entamée où plus de 10 000 hectares viennent d’être attribués, en juin, à de jeunes agriculteurs avec la formule de la concession. Les parcelles en question relèvent de la propriété domaniale identifiée ces dernières années et classée dans la catégorie des terres ayant des potentialités agricoles plus ou moins importantes dans les régions semi arides et steppiques. Ils sont ainsi quelque 1 100 jeunes porteurs de projets agricoles qui viennent de bénéficier de nouvelles exploitations de 10 hectares chacune dans cette wilaya du versant ouest des Hauts Plateaux.
Toutefois, comme il fallait s’y attendre, compte tenu de l’ampleur des enjeux des ressources foncières et leur convoitise, le nombre des demandes pour l’adhésion au dispositif d’attribution de nouvelles exploitations agricoles est de loin supérieur aux disponibilités dégagées qui, dans la seule wilaya de Tiaret, totalisent 50 000 hectares. Les catégories de professionnels ciblées par ledit dispositif sont, entre autres, les jeunes diplômés dans les métiers de l’agriculture, les universitaires issus des écoles d’agronomie ou les enfants d’agriculteurs dont les familles ne disposent pas de propriétés foncières susceptibles d’accueillir des activités agricoles ou d’élevage. Au-delà de Tiaret, dans d’autres wilayas, les excédents en terres agricoles dont la redistribution dans le cadre de ce dispositif, sont encore plus importants, fait-on savoir auprès des administrations sous tutelle du ministère de l’agriculture et du développement rural. C’est le cas de Biskra ou Ghardaïa où, respectivement, plus de 180 000 hectares et 100 000 hectares ont été identifiés.
En revanche, si les procédures administratives pour la distribution de ces nouveaux périmètres agricoles sont préalablement définies, c’est l’orientation à donner aux nouvelles activités agricoles appelées à être développées à l’avenir sur ces terres, qui reste à prendre en charge sérieusement. D’ores et déjà, des premiers échos parvenus des bénéficiaires de la wilaya de Tiaret, le choix est porté dans la majeure partie des cas sur l’élevage ovin ou la céréaliculture qui sont des activités exercées traditionnellement dans ces régions. Or, avec les mutations qu’observent les filières agricoles ces dernières années et l’évolution du marché des produits agroalimentaires, le secteur est appelé à faire sa mue en diminuant le surinvestissement dans les activités anciennement connues, comme l’élevage ovin et l’orientation des nouveaux porteurs de projets vers des créneaux où le marché national exprime davantage de besoins.
Des spécialistes du secteur agricole suggèrent à cet égard l’implication de l’administration sectorielle au niveau local (DSA, chambre d’agriculture, les banques, etc.), pour orienter, à titre d’exemple, les nouveaux agriculteurs dans les régions des hauts plateaux vers les cultures fourragères. De nombreux arguments justifient ces choix en tout cas. D’un côté, avec un effectif de 26 millions têtes à l’échelle nationale, la filière ovine observe une tendance à la saturation à tel point que la croissance tentaculaire du cheptel amenuise la valeur ajoutée qui y est créée. Ceci au moment où le déficit structurel en aliments de bétail nécessite davantage d’investissements dans les cultures fourragères pour réduire les importations massives d’intrants comme le maïs ou le soja, qui dépassent annuellement le volume de 30 millions de quintaux.

Mourad Allal 

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