Patrimoine. Mohamed Bencheneb est né en 1869 à Médéa Après une formation à l'Ecole normale de Bouzaréah, il exerça comme instituteur dans la région de Aïn Defla, avant d'accomplir des études supérieures bilingues, en arabe et en français, qui l'amènent au poste de professeur à la medersa d'Alger, puis à l'université où il
succédera à son maître Réné Basset.
Passionné des lettres, il produira de nombreuses œuvres en littératures et histoire, publiées notamment dans la Revue africaine, et parmi ses écrits ses célèbres dictionnaires en version bilingue français-arabe sur les proverbes et dictons populaires; Cet érudit, mourra dans l'oubli comme beaucoup d'autres écrivains algériens, laissant derrière lui son inestimable legs de plus de 3000 proverbes de tous les temps qui ont fort heureusement vu récemment leur réédition tant attendue. ( aux éditions françaises Maisonneuve et Larose) A plus forte raison quand on sait que le proverbe fait partie du genre littéraire populaire oral local très prisé, et qui présente ce trait particulier d'être rapidement mémorisé grâce à sa structure esthético- poétique rythmique véhiculant essentiellement un enseignement moralisateur, ainsi répercuté à travers les ages, par delà les différentes périodes historiques. Sans que leur signification de fond soit généralement affectée, surtout lorsque ces proverbes ont trait à des généralités valables en tous temps. Comme le fait d'énoncer ce dicton ironique de Sidi Abderrahman El Medjdoub de Fès: " Men djawer saboun djab n'qah, ou men djawer guedra entt'la be'hhoum'ha" (quiconque jouxte un savon acquerra sa propreté et quiconque jouxte une marmite se colorera de sa noirceur": naturellement allusion est faite ici aux gens restant propres du fait de leurs bonnes fréquentations et aux gens portant atteinte à leurs réputations du fait de leurs mauvaises fréquentations).
Avec sa maîtrise de l'arabe et du français, il était aisé pour Bencheneb dans son œuvre de traduction de situer l'origine de chaque proverbe, ses équivalents dans d'autres contrées du Maghreb ou ailleurs, allant parfois jusqu'à donner la valeur sémantique de chaque élément lexical entrant dans la composition de l'ensemble. Et ce qui est en outre appréciable c'est toute cette extraordinaire richesse accumulée des récits, légendes, anecdotes populaires jointes en commentaires de nombre de proverbes,ainsi situés dans leurs contextes , mais non sans d'étranges consonances avec certaines situations similaires qu'on rencontre en d'autres lieux et d'autres temps. Esprit perspicace, Mohamed Bencheneb s'est fait un devoir de dresser une magistrale classification de la masse de proverbes et dictons qu'il a inventoriés, en tenant tout particulièrement compte de la grande diversité des thèmes qui les caractérisent. C'est ainsi qu'effectuant un travail minutieux d'arrache pied, il présenta dans un ordre alphabétique ces proverbes recueillis et transcrits dans la langue et l'écriture d'origine pour être ensuite traduits en respectant aussi fidèlement que possible leur sens exact. Et bien entendu, certains proverbes aux sens particulièrement ambigus en raison de leur valeur métaphorique et symbolique, ou ancienneté, etc., ne répondant plus au contexte socioculturel contemporain, sont là comme éléments signifiants renvoyant aux contextes traditionnels. Le volumineux ouvrage de Bencheneb est enrichi par une intéressante annexe e 25 pages reprenant des adages populaires algériens, publiés auparavant dans un recueil gnomique ( entre 1907 et 1910), et qui sont d'après l'auteur, "des distiques et quatrains employés exclusivement à Boghari, Laghouat, Teniet El Had, Boussâada". Distiques qui sont dans leur grande majorité, attribués à des hommes vénérables comme Sidi El Hadj Isâ d'Alger ou Sidi Benyoucef de Miliana, et qui présentent tous un caractère poétique, satirique, moralisateur, exposant dans une construction complexe en plusieurs vers, tantôt des méprises, critiques des fastes voilant les misères et les hypocrisies sociales, tantôt des sentences, dictons, maximes, etc., relevant du genre poétique.
En plus de ces joyaux du patrimoine oral, Mohamed Bencheneb compte également une série de biographies consacrées à nombre de savants illustres, tels que les savants de l'Ifriqiya, le Bustan d'El Ghobrini , les saints de Bejaia...
Chargé de conférences d'enseignement supérieur, en son temps, puis désigné aux raffermissements des relations culturelles avec les plus grands orientalistes de son temps; Mohamed Bencheneb soutiendra,par la suite avec succès, deux doctorats : la thèse du premier portant sur Abou Dolama, poète bouffon; la seconde portant sur les mots turcs et persans conservés dans le parler d'Alger.
Le 5 février 1929, l'érudit tire sa révérence, disparu un peu prématurément, à un âge où il pouvait encore être utile, mais comme le dit l'adage " la mort frappe aveuglement, quiconque elle touche passera à trépas, et quiconque elle rate, vivra de vieux jours jusqu'à en être las!"…
Par Mohamed Ghriss
succédera à son maître Réné Basset.
Passionné des lettres, il produira de nombreuses œuvres en littératures et histoire, publiées notamment dans la Revue africaine, et parmi ses écrits ses célèbres dictionnaires en version bilingue français-arabe sur les proverbes et dictons populaires; Cet érudit, mourra dans l'oubli comme beaucoup d'autres écrivains algériens, laissant derrière lui son inestimable legs de plus de 3000 proverbes de tous les temps qui ont fort heureusement vu récemment leur réédition tant attendue. ( aux éditions françaises Maisonneuve et Larose) A plus forte raison quand on sait que le proverbe fait partie du genre littéraire populaire oral local très prisé, et qui présente ce trait particulier d'être rapidement mémorisé grâce à sa structure esthético- poétique rythmique véhiculant essentiellement un enseignement moralisateur, ainsi répercuté à travers les ages, par delà les différentes périodes historiques. Sans que leur signification de fond soit généralement affectée, surtout lorsque ces proverbes ont trait à des généralités valables en tous temps. Comme le fait d'énoncer ce dicton ironique de Sidi Abderrahman El Medjdoub de Fès: " Men djawer saboun djab n'qah, ou men djawer guedra entt'la be'hhoum'ha" (quiconque jouxte un savon acquerra sa propreté et quiconque jouxte une marmite se colorera de sa noirceur": naturellement allusion est faite ici aux gens restant propres du fait de leurs bonnes fréquentations et aux gens portant atteinte à leurs réputations du fait de leurs mauvaises fréquentations).
Avec sa maîtrise de l'arabe et du français, il était aisé pour Bencheneb dans son œuvre de traduction de situer l'origine de chaque proverbe, ses équivalents dans d'autres contrées du Maghreb ou ailleurs, allant parfois jusqu'à donner la valeur sémantique de chaque élément lexical entrant dans la composition de l'ensemble. Et ce qui est en outre appréciable c'est toute cette extraordinaire richesse accumulée des récits, légendes, anecdotes populaires jointes en commentaires de nombre de proverbes,ainsi situés dans leurs contextes , mais non sans d'étranges consonances avec certaines situations similaires qu'on rencontre en d'autres lieux et d'autres temps. Esprit perspicace, Mohamed Bencheneb s'est fait un devoir de dresser une magistrale classification de la masse de proverbes et dictons qu'il a inventoriés, en tenant tout particulièrement compte de la grande diversité des thèmes qui les caractérisent. C'est ainsi qu'effectuant un travail minutieux d'arrache pied, il présenta dans un ordre alphabétique ces proverbes recueillis et transcrits dans la langue et l'écriture d'origine pour être ensuite traduits en respectant aussi fidèlement que possible leur sens exact. Et bien entendu, certains proverbes aux sens particulièrement ambigus en raison de leur valeur métaphorique et symbolique, ou ancienneté, etc., ne répondant plus au contexte socioculturel contemporain, sont là comme éléments signifiants renvoyant aux contextes traditionnels. Le volumineux ouvrage de Bencheneb est enrichi par une intéressante annexe e 25 pages reprenant des adages populaires algériens, publiés auparavant dans un recueil gnomique ( entre 1907 et 1910), et qui sont d'après l'auteur, "des distiques et quatrains employés exclusivement à Boghari, Laghouat, Teniet El Had, Boussâada". Distiques qui sont dans leur grande majorité, attribués à des hommes vénérables comme Sidi El Hadj Isâ d'Alger ou Sidi Benyoucef de Miliana, et qui présentent tous un caractère poétique, satirique, moralisateur, exposant dans une construction complexe en plusieurs vers, tantôt des méprises, critiques des fastes voilant les misères et les hypocrisies sociales, tantôt des sentences, dictons, maximes, etc., relevant du genre poétique.
En plus de ces joyaux du patrimoine oral, Mohamed Bencheneb compte également une série de biographies consacrées à nombre de savants illustres, tels que les savants de l'Ifriqiya, le Bustan d'El Ghobrini , les saints de Bejaia...
Chargé de conférences d'enseignement supérieur, en son temps, puis désigné aux raffermissements des relations culturelles avec les plus grands orientalistes de son temps; Mohamed Bencheneb soutiendra,par la suite avec succès, deux doctorats : la thèse du premier portant sur Abou Dolama, poète bouffon; la seconde portant sur les mots turcs et persans conservés dans le parler d'Alger.
Le 5 février 1929, l'érudit tire sa révérence, disparu un peu prématurément, à un âge où il pouvait encore être utile, mais comme le dit l'adage " la mort frappe aveuglement, quiconque elle touche passera à trépas, et quiconque elle rate, vivra de vieux jours jusqu'à en être las!"…
Par Mohamed Ghriss
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire