On ne doit oublier de rendre hommages à toutes ces dames, autrefois jeunes filles, qui ont accepté de mener le combat anticolonialiste aux côtés de leurs frères, les hommes.
Paysannes, citadines, lycéennes, étudiantes, mères de familles d’origines sociales diverses, les femmes algériennes n’ont pas raté le grand rendez – vous de l’histoire, le rendez – vous d’un Novembre aux bouleversements multiples.
A Tiaret, on aurait pensé que les jeunes filles de la localité n’attendaient que l’appel de Novembre pour rejoindre les maquis embrasés. Dans la ville du G’zoul et des escaliers, elles furent nombreuses toutes ces jeunes filles qui avaient combattu dans les rangs de LALN ou milité activement dans les réseaux urbains FLN. Les années 1956 et 1957 seront décisives pour plusieurs jeunes filles de la cité.
A peine adolescentes, elles n’hésiteront pas un seul instant à s’intégrer dans les premières unités de l’ALN. Elles ont pour noms Feghouli Nafissa, Feghouli Halima, Mokhtari Mériem dite Thaourya, Naïmi Fatima, Aït-Amrane Yamina, Challag Mimouna, Hamdani Malika, Benamara Fatima, Belalaâ Zohra, Belahrache Embarka, Hamyani Fatima, Hamadi Zaouia, Benomrane Fatima.
Nombreuses aussi étaient celles qui militèrent dans les cellules FLN de la ville. Le réseau féminin organisé par le chahid Hamdani Adda, rendait d’énormes services à la lutte armée. Il comprenait Hachemi Fatima-Zohra, Nourri Safia, Feghouli Kheira, Feghouli Ouda, Châabane Fatima, Kaili Fatma, Souidi Melouka, Boukhors Saâdia, Lucette Damardji, Moussa Fatima, Benahmed Ouda, Zouar Rahma, Mme Bouaziz….
La plupart de ces jeunes filles avaient à peine vingt ans. Elles venaient à peine d’entamer ce bel et irremplaçable âge qu’est l’adolescence. Elles abandonnèrent leurs études secondaires pour répondre à un appel. Celui de la liberté. Aït Amrane Yamina avait juste 16 ans quand elle regagna le maquis en juillet 1957. Elle n’aura pas 20 ans quand elle meurt les armes à la main en Avril 1959 dans l’Ouarsenis.
Naïmi Fatima, née en 1939, infirmière de profession, a rejoint ses frères dans le combat libérateur en 1959. En 1960 Fatima périt héroïquement. Arrêtée, elle tue un officier de l’armée française avant d’être criblée de balles.
Le corps de Naïmi Fatima fut ré inhumé le 8 Mars 1967 dans la région de Aïn Kermès. Elle repose aujourd’hui dans le carré des martyrs au cimetière de chouhada de Tiaret.Hamdani Malika, née le 8 Mai 1942 meurt le 16 Décembre 1961 alors qu’elle servait dans les rangs de l’ALN.
Elle n’avait que 19 ans quand elle a offert sa vie pour le triomphe de la liberté. Mokhtari Fatiha dite Thaourya, n’avait elle aussi que 17 ans quand elle deviendra dans la zone VI (wilaya V) l’une des principales assistantes du docteur Youcef Damardji. Aujourd’hui, elle nous conte avec beaucoup d’émotion la noble action du chahid Damardji, docteur et combattant infatigable.
Nous n’omettons pas de rendre hommage à Marie –Claire Boyet, fauchée par les balles des soldats français dans sa ferme à Tagdempt. Elle avait choisi, sans hésiter, de servir la cause des algériens, convaincue que sa patrie était l’Algérie. Enfin Challag Mimouna dite Souad devient fidayia à 16 ans avant de rejoindre les maquis en 1957. Nous fouinons dans la mémoire de cette Hadja qui vient tout juste de franchir la cinquantaine.
Qui ? à Tiaret, surtout les enfants de sa génération, ne connaît pas Mimouna Bent Challag. Fille de Tiaret, mais fille de Droj Edhalma – vieil escalier de la cité qui relie deux principales rues : Emir Abdelkader (ex – rue Bugeaud) et la Victoire (ex rue Cambon) – Mimouna est née dans ce quartier arabe le 11 Février 1940. Sa famille comptera 14 personnes (5 garçons et 9 filles).
Comme la grande majorité des Algériens, les Challag vivent modestement mais dignement. Mimouna grandira dans un esprit de fraternité et de camaraderie avec tous les garçons deDroj Edhalma et des quartiers limitrophes. Elle n’aimait pas la tyrannie, l’injustice.
Elle prenait la défense des plus petits et clouait le bec à tous les fanfarons du quartier. Sociable, Mimouna est une fille d’honneur et de parole. Elle était fort courageuse. Quand la guerre de libération nationale éclate, le FLN découvrira une jeune adolescente pleine de verve, de vigueur et de témérité. Elle jouit de cette réputation dans toute la cité.
Belarbi Mustapha, membre d’une cellule FLN du réseau urbain testera le courage de Mimouna par deux fois. Il l’a met à l’épreuve en lui confiant l’acheminement d’une « bombe » chez un autre militant de la cause nationale.
Deux fois de suite, elle accomplira cette mission avec un courage exemplaire. Mais en réalité, nous révèle Mustapha, les paquets qu’elle transporta ne contenaient point de bombe. C’était tout simplement pour mettre sa discrétion et son courage à l’épreuve.
Depuis, la belle et gracieuse adolescente fut intégrée dans une cellule urbaine FLN qui lui confiera plusieurs autres missions jusqu’au moment où elle fera partie d’un groupe de jeune fidayine. Ils préparaient alors l’exécution d’un fonctionnaire de la police coloniale. Il était fort difficile de tromper la vigilance du policier. Un plan fut élaboré pour l’attirer loin de la ville. Mimouna devait lui tendre l’appât en feignant de le courtiser.
Coquette, la charmante Mimouna, passait régulièrement devant le commissariat de police et ne tarda pas à se faire remarquer par l’agent de la PRG qui l’accosta plusieurs fois et qui acceptera un jour à l’accompagner dans les bois limitrophes de la cité. La veille du rendez- vous, Barki Laïd et Rahim Benaïssa sont au courant de l’heure du rendez-vous «galant». L’attentat eut lieu le 7 Décembre 1957 à 16 heures. L’homme est laissé pour mort.
Mimouna enfilera aussi l’uniforme de l’ALN. Dans les milieux algériens on parlera avec fierté de l’exploit de Bent Challag et ses compagnons. Plusieurs jeunes Tiarétis rejoindront le maquis si bien que plus tard, Yamouni Benahmed, maquisard, proclamera lors de son interrogatoire : «Quand nous avons appris que Mimouna avait rejoint les rangs de l’ALN. Il était fort indigne pour nous, garçons de la cité de na pas suivre son exemple».
A Tiaret, la police française est sur les dents. Les investigations vont bon train pour identifier les agresseurs.
En 1962, l’Algérie est victorieuse. Mimouna retrouve sa famille. Aujourd’hui, Mimouna est toujours aussi expansive, aussi attentionnée, pétillante de chaleur humaine et d’affection.
Elle aime passionnément sa ville natale malgré sa longue adoption par la ville de Sidi Abderrahmane Ethaâlibi qui avait autrefois conquis le cœur et inspiré le luth de Ali Maâchi qui l’a joliment chantée dans «Angham El Djazaïr».
DKNEWS-DZ.COM
Publié par Amar Belkhodja
Paysannes, citadines, lycéennes, étudiantes, mères de familles d’origines sociales diverses, les femmes algériennes n’ont pas raté le grand rendez – vous de l’histoire, le rendez – vous d’un Novembre aux bouleversements multiples.
A Tiaret, on aurait pensé que les jeunes filles de la localité n’attendaient que l’appel de Novembre pour rejoindre les maquis embrasés. Dans la ville du G’zoul et des escaliers, elles furent nombreuses toutes ces jeunes filles qui avaient combattu dans les rangs de LALN ou milité activement dans les réseaux urbains FLN. Les années 1956 et 1957 seront décisives pour plusieurs jeunes filles de la cité.
A peine adolescentes, elles n’hésiteront pas un seul instant à s’intégrer dans les premières unités de l’ALN. Elles ont pour noms Feghouli Nafissa, Feghouli Halima, Mokhtari Mériem dite Thaourya, Naïmi Fatima, Aït-Amrane Yamina, Challag Mimouna, Hamdani Malika, Benamara Fatima, Belalaâ Zohra, Belahrache Embarka, Hamyani Fatima, Hamadi Zaouia, Benomrane Fatima.
Nombreuses aussi étaient celles qui militèrent dans les cellules FLN de la ville. Le réseau féminin organisé par le chahid Hamdani Adda, rendait d’énormes services à la lutte armée. Il comprenait Hachemi Fatima-Zohra, Nourri Safia, Feghouli Kheira, Feghouli Ouda, Châabane Fatima, Kaili Fatma, Souidi Melouka, Boukhors Saâdia, Lucette Damardji, Moussa Fatima, Benahmed Ouda, Zouar Rahma, Mme Bouaziz….
La plupart de ces jeunes filles avaient à peine vingt ans. Elles venaient à peine d’entamer ce bel et irremplaçable âge qu’est l’adolescence. Elles abandonnèrent leurs études secondaires pour répondre à un appel. Celui de la liberté. Aït Amrane Yamina avait juste 16 ans quand elle regagna le maquis en juillet 1957. Elle n’aura pas 20 ans quand elle meurt les armes à la main en Avril 1959 dans l’Ouarsenis.
Naïmi Fatima, née en 1939, infirmière de profession, a rejoint ses frères dans le combat libérateur en 1959. En 1960 Fatima périt héroïquement. Arrêtée, elle tue un officier de l’armée française avant d’être criblée de balles.
Le corps de Naïmi Fatima fut ré inhumé le 8 Mars 1967 dans la région de Aïn Kermès. Elle repose aujourd’hui dans le carré des martyrs au cimetière de chouhada de Tiaret.Hamdani Malika, née le 8 Mai 1942 meurt le 16 Décembre 1961 alors qu’elle servait dans les rangs de l’ALN.
Elle n’avait que 19 ans quand elle a offert sa vie pour le triomphe de la liberté. Mokhtari Fatiha dite Thaourya, n’avait elle aussi que 17 ans quand elle deviendra dans la zone VI (wilaya V) l’une des principales assistantes du docteur Youcef Damardji. Aujourd’hui, elle nous conte avec beaucoup d’émotion la noble action du chahid Damardji, docteur et combattant infatigable.
Nous n’omettons pas de rendre hommage à Marie –Claire Boyet, fauchée par les balles des soldats français dans sa ferme à Tagdempt. Elle avait choisi, sans hésiter, de servir la cause des algériens, convaincue que sa patrie était l’Algérie. Enfin Challag Mimouna dite Souad devient fidayia à 16 ans avant de rejoindre les maquis en 1957. Nous fouinons dans la mémoire de cette Hadja qui vient tout juste de franchir la cinquantaine.
Qui ? à Tiaret, surtout les enfants de sa génération, ne connaît pas Mimouna Bent Challag. Fille de Tiaret, mais fille de Droj Edhalma – vieil escalier de la cité qui relie deux principales rues : Emir Abdelkader (ex – rue Bugeaud) et la Victoire (ex rue Cambon) – Mimouna est née dans ce quartier arabe le 11 Février 1940. Sa famille comptera 14 personnes (5 garçons et 9 filles).
Comme la grande majorité des Algériens, les Challag vivent modestement mais dignement. Mimouna grandira dans un esprit de fraternité et de camaraderie avec tous les garçons deDroj Edhalma et des quartiers limitrophes. Elle n’aimait pas la tyrannie, l’injustice.
Elle prenait la défense des plus petits et clouait le bec à tous les fanfarons du quartier. Sociable, Mimouna est une fille d’honneur et de parole. Elle était fort courageuse. Quand la guerre de libération nationale éclate, le FLN découvrira une jeune adolescente pleine de verve, de vigueur et de témérité. Elle jouit de cette réputation dans toute la cité.
Belarbi Mustapha, membre d’une cellule FLN du réseau urbain testera le courage de Mimouna par deux fois. Il l’a met à l’épreuve en lui confiant l’acheminement d’une « bombe » chez un autre militant de la cause nationale.
Deux fois de suite, elle accomplira cette mission avec un courage exemplaire. Mais en réalité, nous révèle Mustapha, les paquets qu’elle transporta ne contenaient point de bombe. C’était tout simplement pour mettre sa discrétion et son courage à l’épreuve.
Depuis, la belle et gracieuse adolescente fut intégrée dans une cellule urbaine FLN qui lui confiera plusieurs autres missions jusqu’au moment où elle fera partie d’un groupe de jeune fidayine. Ils préparaient alors l’exécution d’un fonctionnaire de la police coloniale. Il était fort difficile de tromper la vigilance du policier. Un plan fut élaboré pour l’attirer loin de la ville. Mimouna devait lui tendre l’appât en feignant de le courtiser.
Coquette, la charmante Mimouna, passait régulièrement devant le commissariat de police et ne tarda pas à se faire remarquer par l’agent de la PRG qui l’accosta plusieurs fois et qui acceptera un jour à l’accompagner dans les bois limitrophes de la cité. La veille du rendez- vous, Barki Laïd et Rahim Benaïssa sont au courant de l’heure du rendez-vous «galant». L’attentat eut lieu le 7 Décembre 1957 à 16 heures. L’homme est laissé pour mort.
Mimouna enfilera aussi l’uniforme de l’ALN. Dans les milieux algériens on parlera avec fierté de l’exploit de Bent Challag et ses compagnons. Plusieurs jeunes Tiarétis rejoindront le maquis si bien que plus tard, Yamouni Benahmed, maquisard, proclamera lors de son interrogatoire : «Quand nous avons appris que Mimouna avait rejoint les rangs de l’ALN. Il était fort indigne pour nous, garçons de la cité de na pas suivre son exemple».
A Tiaret, la police française est sur les dents. Les investigations vont bon train pour identifier les agresseurs.
En 1962, l’Algérie est victorieuse. Mimouna retrouve sa famille. Aujourd’hui, Mimouna est toujours aussi expansive, aussi attentionnée, pétillante de chaleur humaine et d’affection.
Elle aime passionnément sa ville natale malgré sa longue adoption par la ville de Sidi Abderrahmane Ethaâlibi qui avait autrefois conquis le cœur et inspiré le luth de Ali Maâchi qui l’a joliment chantée dans «Angham El Djazaïr».
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