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11/10/2015

Les Meknassas de l'Ouarsenis : Présentée par Dr. Noureddine BENAMARA



DATE : 20/07/2013 
LIEU : Domicile Slimane AMIRAT 


Madame Zoubida AMIRAT en sa qualité de présidente de la Fondation, a ouvert la séance et a donné la parole à M. Mohamed BENAMMOUR, secrétaire général de la Fondation, pour présenter le conférencier. 

Présentation du conférencier : 
M. Noureddine BENAMARA est Docteur d’Etat en droit de l’Université Paris X. Il a entamé sa carrière professionnelle, en tant que magistrat de cours et tribunaux. Il est ensuite appelé ensuite au Ministère de la Justice, comme directeur central chargé des relations avec les institutions publiques nationales et internationales dans le domaine des lois et conventions internationales. Il termine sa carrière comme président de chambre à la Cour Suprême. Suite à cela, il entame une nouvelle carrière, notamment comme avocat d’affaires, et intègre, à ce titre, le cabinet Haroun avec lequel il collabore jusqu’à ce jour. Il est en outre, l’un des membres fondateurs du Centre d’Arbitrage de la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie, centre dont il est aujourd’hui, membre du Comité Directeur. En même temps que ses carrières publique et privée, M. Noureddine BENAMARA a assumé et assume toujours des taches d’enseignant universitaire, en dispensant notamment des cours sur le droit du commerce international. Dans le domaine de l’écriture, M. Noureddine BENAMARA a déjà publié un ouvrage portant sur la protection pénale du patrimoine des entreprises publiques. A côté de sa carrière de juriste, il faut noter que sa pratique du droit a toujours été irriguée par la culture en général, et par l’histoire en particulier, ce qui nous vaut aujourd’hui cet ouvrage sur l’aventure humaine « Des Meknassas de l’Ouarsenis ». 

Sollicité par la Fondation Slimane AMIRAT, pour animer un entretien autour de cet ouvrage, M. Noureddine BENAMARA a accepté avec amitié cette invitation. 

Résumé de la conférence: 
La conférence s’articulera en 5 points : 
1. Pourquoi cet essai ? 
2. Comment a-t-il procédé pour la mener à bien ? 
3. Quel en est le contenu ? 
4. Qu’en a-t-il retenu comme vérité nouvelle ? 
5. Quelle leçon peut-on tirer pour le présent et l’avenir ? 

I. Pourquoi cet essai ? 
C’est un questionnement sur notre identité ? 

II. Comment ? 
L’auteur a exploité plus de 80 ouvrages et plus de 80 articles. Les ouvrages exploités vont de Charles André Julien à Charles Robert Ageron pour les « occidentaux » et d’Abderrahmane Ibn Khaldoun à Mostefa Lacheraf pour les « Orientaux ».Il a exploité plus de 600 références. 

III. Contenu : 15 chapitres 

Chap I : Les Origines 
Apparition de l’homme il ya 2 millions d’années, notamment dans l’Ouarsenis. Les Meknassas descendent selon Ibn Khaldoun de BERR. Ils ont peuplé l’ensemble de l’Afrique du Nord et ont constitué dès l’origine un ensemble homogène avec des valeurs culturelles et civilisationnelles propres. 

Chap2 : Parties d’un tout 
Se développant sur l’ensemble de l’Afrique du Nord la culture berbère constitue un même monde. Au début du premier millénaire avant J.C. émerge dans cet espace trois entités distinctes : 
• Le royaume des Maures (actuel Maroc) 
• Le royaume de Carthage (actuelle Tunisie) 
• Les Numides au centre 

L’Ouarsenis par sa position géographique constitue un enjeu stratégique entre Massyles et Massaessyles. Dès son unité constituée, la Numidie fait l’objet dans sa partie nord de vents violents venant d’occident. 

Chap3 : Vents d’Occident 
L’agression romaine en Afrique du Nord donnera lieu à de nombreuses résistances, notamment celle de Firmus en l’an 370 avant J.C. et verra la mobilisation de nombreuses tribus de l’Ouarsenis dont celle des Meknassas. L’affaiblissement et l’effondrement de la puissance romaine en Numidie favoriseront la naissance de royaumes berbères dont celui de l’Ouarsenis. 

Chap 4 : le Royaume de l’Ouarsenis 
En l’an 430 les tribus de l’Ouarsenis constitueront le royaume et lui donneront comme capitale la ville romaine de Timgarta qu’ils dénommeront Tihert (aujourd’hui Tiaret). Le royaume s’étend par la suite sur l’Oranie actuelle, sur le Dahra, sur le Hodna et se trouvera en contact direct avec l’autre royaume numide (Aurès). Cependant la reconstitution de l’unité numide sera contrariée par des vents puissants venant cette fois ci d’orient. 

Chap5 : Vents d’orient 
Suite à la menace Omeyade à l’est, l’aguellid du royaume de l’Aurès (Kosseyla), proposera au prince de Tihert d’unir le royaume avec à sa tête Kosseyla. Après une farouche résistance qui durera plus de trente ans, les tribus numides s’étant progressivement saisies du message de l’Islam, finirent par se mettre à son service, lui ouvrant par la suite le pays des Maures et celui des Ibères (Espagne). L’injustice des Omeyades envers les Berbères finit par entrainer leur révolte, leur permettant d’être maitres chez soi. 

Chap6 : Maitres chez soi 
Pour s’opposer aux Omeyades sunnites, les Berbères adoptèrent la doctrine du Kharidjisme et menèrent contre eux de nombreuses batailles dont la bataille dite « bataille des nobles » qui eut lieu au Nord de l’Ouarsenis en 740. Puis suivit, la création du royaume se Sijilmassa par les Maures qui devint le royaume d’Ibn Rostoum avec Tihert comme capitale. Marginalisés les Meknassas firent alliance avec les Ketamas de l’est et les Sanhadja du centre, ce qui va permettre aux Berbères de gouverner ensemble la totalité du Maghreb. 

Chap7 : le Gouvernement du Maghreb 
La coalition Sanhadja, Ketamas et Meknassas a opté pour le schisme et se donne le nom de Fatimides (du nom de la fille du Prophète Fatima, épouse de Ali). Les Fatimides se lancent à la conquête du royaume Aghlabide en Ifriqiya (Tunis) puis des deux royaumes de Sijilmassa et de Tihert ; le Mehdi confie alors aux Meknassas la conquête de l’ensemble du Maghreb. Cette domination fatimide fut alors contestée par la tribu des Zenâta ; ce qui va conduire à la nécessaire coexistence. 

Chap8 : la nécessaire coexistence 
Les Zenata exercent une pression sur le territoire gouverné par les Meknassas (région de la Moulouya). Les Zenata finissent par imposer leur autorité sur l’Oranie coupant les Meknassas de leurs cousins de Meknès et de Fès. Les Sanhadja Hammadides finirent par accepter la domination des Zenata sur l’ouest du Maghreb Central. L’alliance des Zenâta et des Meknassas dans l’ouest du Maghreb va se trouver confrontée à des forces menaçantes venues du Sud-Ouest mues par un puritanisme sans concession. 

Chap9 : le puritanisme en marche 
Sanhadja Lentounas (Sahara Occidental) puis les Masmoudas (Sud du Maghreb) vont constituer un mouvement guerrier puritain : Mourabitoune (Almoravides) et Mouwahidoune (Almohades). Après avoir écrasé les Meknassas Maghrawa dans le nord du Maghreb et l’ouest algérien, les Sanhadja occupèrent le centre algérien. Le mouvement des Almohades pris en main par Abdelmoumene le Zénète mit fin à l’emprise des Mourabitoune et domina l’ensemble du Maghreb en s’appuyant sur les tribus Zénètes. Abdelmoumene leur permet de se répandre dans le centre et l’est algérien. Enfin à l’affaiblissement de l’empire almohade, se constituent trois royaumes berbères qui vécurent constamment dans la discorde. 

Chap10 : La discorde intime 
Les trois royaumes : 
• Le royaume hafside en Ifriqiya 
• Le royaume Zénète du Maghreb central 
• Le royaume du Maghreb Extrême. 

Ils se disputent âprement l’Ouarsenis, finissant par s’affaiblir et se fragmenter participant ainsi à leur isolement. 

Chap11 : L’isolement 
Isolés les uns des autres, ces principautés vont constituer une proie facile pour la puissance montante : l’Espagne soucieuse de prendre enfin sa revanche sur les musulmans. Les principautés côtières au Maghreb Central harcelées par les espagnols vont faire appel aux Turcs musulmans. En s’installant à Alger, les turcs unifièrent le Maghreb Central. Orientés vers la course, ils en tirèrent de grands profits. Cependant, face à la montée en puissance des puissances maritimes situées sur la face nord de la méditerranée ; les profits de la course finiront par diminuer. Pour compenser ces pertes de revenus, les turcs vont imposer aux algériens des impôts de plus en plus élevés, ce qui va engendrer des révoltes de plus en plus fréquentes. Les tribus de l’Ouarsenis vont infliger aux turcs une sévère défaite en juillet 1805 au nord-ouest de Tihert. Affaiblis, les turcs ne résisteront pas à l’agression française de 1830. 

Chap12 : L’écrasement 
Les tribus de l’Ouarsenis (les Meknassas) contribuèrent fortement à la résistance d’Abdel Kader et Boumaza. Elles payèrent le prix fort par : 
• L’expropriation de leurs terres; 
• L’émigration vers les villes (reconstitution de leur douar – douar Meknassas à Tiaret). 

C’est de ces médinas qu’allait s’éveiller une nouvelle forme de lutte. 

Chap13 : L’éveil 
Les populations algériennes vont s’ouvrir de plus en plus à la politique. Dans l’Ouarsenis, la conspiration du silence s’organise dans la masse musulmane par rapport aux autorités françaises. Les autorités françaises n’ont pas eu l’audace de faire les nécessaires réformes, la population algérienne désespérant d’une solution juste à l’intérieur du cadre français. Elles vont passer à l’action pour exister de nouveau. 

Chap14 : Pour exister de nouveau 
Pendant la guerre de libération nationale, l’Ouarsenis sera le bastion de la Wilaya IV et l’Ouarsenis occidental (région des Meknassas) celui de la Wilaya V. La résistance acharnée des algériens a fini par contraindre les autorités françaises à ouvrir des négociations, prélude à la renaissance de la nouvelle Algérie.
Chap15 : la renaissance 
Après un coup d’essai (Melun 1960), de véritables négociations vont reprendre en Mai 1961. Les négociations allaient buter sur deux points importants : 
• Proposition française de création d’enclaves autour d’Alger et d’Oran pour y regrouper les »pieds noirs »; 
• Garder sous sa souveraineté le Sahara au motif qu’il ne faisait pas partie de l’Algérie; 

Instruit par l’Histoire, le FLN refusa les deux propositions, obligeant la partie française à y renoncer. Enfin les Accords d’Evian furent signés. L’Algérie recouvrait sa place parmi les nations. 

IV.Qu’en ais-je tiré comme vérité nouvelle ? 
1.Les Berbères ne viennent pas nécessairement d’ailleurs. Ils sont bien originaires d’Afrique du Nord, l’un des berceaux de l’humanité; 
2.Le peuple algérien appartient à une vieille nation qui s’est constituée sur de nombreux siècles; 
3.Le Sahara fait bien partie de l’Algérie. Les numides algériens y avaient pris place depuis le 4eme millénaire avant J.C; 
4.Le peuple numide algérien est jaloux de son indépendance. 

V.Quelle leçon peut-on en tirer pour le présent et l’avenir ? 
L’histoire a un impact sur le présent et l’avenir. 

Quelle leçon ? : 
1.Prendre sérieusement en charge la dimension berbère de notre Histoire; 
2.Association réelle des populations à la gestion de leur terroir, vu l’immensité et la variété de nos régions; 
3.Mettre en place et sans tarder une économie de production; 
4.Travailler sans relâche pour un monde multipolaire. 

Source : Fondation Slimane Amirat






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