L’historique de sa création fut rapporté par la société géographique d’archéologie de la province d’ORAN fondée en 1878, dans son édition de 1902, tome XXII.
1. Temps Préhistoriques
Strabon désignait sous le nom de Massésyliens (Mασσαίσμλοι) ou Numides (Les Nomades) les peuplades qui occupaient, avant l’occupation romaine, les provinces d’Alger et d’Oran[1].
Selon Ptolémée, à l’orient des Téladusiens (Tελαόουσιοι) occupant le pays de Rio-Salado, se trouvaient les Machussiens (Mαχσμσιοι) au dessous desquels s’élevait le mont Zalacus[2]. Ce peuple occupait tout le pays comprenant Arzeu, la plaine de Sirat et tout le territoire de Mostaganem et de Cartenne (Ténes) jusqu’à Cherchell, c'est-à-dire entre autres régions celle qui nous occupe ici, la commune Mixte de la Mina. Sa situation qui embrasse des plaines fertiles et arrosées a dû l’appeler de bonne heure à être fréquentée, parcourue et habitée par les populations aborigènes. Naturellement ne nous dit rien de ces premiers habitants, ancêtres des berbères, tous agriculteurs et pasteurs, et dont les luttes de Çofs, auraient elles été réalisées par une chronologie quelconque, n’eurent rien qui puisse nous intéresser.
2. Période Romaine
Les romains connurent la fertilité des plaines basses de la Mina, de l’Hillil et de l’Habra. Ils créèrent auprès de l’emplacement de Relizane, sur la pente occidentale d’une colline dominant la plaine alentour, un établissement dont il reste quelques vestiges et près duquel on a trouvé des sous d’or du Bas Empire. Ces ruines sont situées à 4 kilomètres au Sud de Relizane. Dans un site magnifique, on croit que ce sont celles de la ville romaine Mina relatée par l’itinéraire d’Antonin. Cette conjecture corroborée par la comparaison des distances réelles avec celles que donne le routier romain se confirme surtout par le voisinage de la rivière Mina, qui a pris son nom de la ville antique si, ce qui est probable, elle ne lui a pas donné le sien. Peut être quelques recherches faites sur le terrain pourraient-elles trancher la question en amenant des découvertes épigraphiques décisives. On y trouve plus aujourd’hui d’autres traces de l’occupation romaine que les boursouflures du sol produites par l’amoncellement des décombres et une multitude de fragments de poterie fine qui ne laissent aucun doute sur leur origine.
Mina figure dans l’Africa Christiania de Morcelli sous la forme Minensis, comme un des 133 évêchés de la Maurétanie Césarienne. Ses évêques connus sont :
1. CŒCILLIUS, inscrit le 49e sur la liste des évêques de la Maurétanie Césarienne exilés, en 484, par le roi Humérie.
2. SECUNDINIUS, qui assista au consul de Carthage en 525, sous Boniface et auquel il souscrivit le premier en ces termes, après les députés de provinces : Secundinius, évêque du peuple de Mina, de la province de Maurétanie.
A l’Ouest de la Mina, Ballene Præsidium et Castra Nova constituaient les centres les plus importants du pays. Ces villes grâce à leur position sur la grande route de l’intérieur paraissaient avoir joui d’une longue prospérité. On retrouve leur nom dans la liste de Victor de Vite, où il y un épiscopus Balianensis et un episcopus Castranobensis. Ballene Præsidium doit, selon M. Cat, être cherché près de l’Hillil où l’on a constaté la présence des ruines antiques d’une certaine importance. [M. Mac Carthy, dans la revue Africaine, tome XXX, page 353, estimait que Ballene Præsidium pourrait être EL BORDJ, à 8 kilomètres au Sud-Ouest de KALAA. D’autres préfèrent KALAA (cf. Bull Soc. Géogr. D’Oran, 1882, P. 6).
M.DEMÆGHT admet la synonymie de l’Hillil (cf. Bull Soc. Géogr. D’Oran, P. 265). Un des partisans de la synonymie de Kalâa est M. CHAMPLEINS.] L’itinéraire d’Antonin donne comme distance de Mina à Ballene Præsidium XVI milles romains, c'est-à-dire 23 kilomètres 5, ce qui est à peu près la longueur du chemin entre l’Hillil et les ruines de Relizane. Il est dit dans le bulletin Archéologique du comité de travaux historiques (année 1885, p. 339) : Dans les fouilles nécessitées « par divers travaux, dit le colonel Mercier, on a acquis la preuve que la ville avait été brûlée trois fois et réédifiée chaque fois sur ses ruines. On a découvert des restes de murs et de portes depuis 1 mètre jusqu’à 6 mètres de profondeur, en 3 assises, entre chacune desquelles on remarque des lits de cendres et de débris d’une épaisseur variant de 1 mètre à 1 mètre 50 ; on a trouvé dans les fouilles beaucoup de jarres, et dans quelques unes des provisions de blé. Un colon de Bouguirat possède une sorte mortier à pilon en bronze trouvé dans les fouilles à l’Hillil. Une croix latine gravée sur cet ustensile fait présumer qu’il date de l’époque romaine chrétienne. (On peut voir au musée d’Oran, dans la section céramique, sous le n° 186, « un dolium » trouvé à l’Hillil, haut de 0 mètre 84, et mesurant 0 mètre 77 de diamètre : c’est un don de M. Genty ; et dans la section des bijoux en métal, sous le n° 436, un cœur en bronze, long de 0 mètre 3 : don de M. Raoul Varnier.) Des fouilles ont également permis de découvrir une citerne de 6 mètres de longueur sur 3 mètres de profondeur en parfait état de conservation. M. Astier, le regretté pasteur protestant de Mostaganem, y a vu plusieurs inscriptions qui ont été employées plus tard dans les constructions de l’Hillil. On y remarque encore, sur un montant de porte, un bas relief représentant un personnage qui tient les bras levés, et surmonté d’une inscription entièrement fruste. Outre les « doliums » cités plus-haut comme appartenant au musé d’Oran, il en a été découvert plusieurs autres, parmi lesquels celui que possède M. Pochard, ex-sous-préfet de Mostaganem et qui porte des marques de fabrique. Au moulin Petit, à 2 kilomètres de l’Hillil, sur la route de Kalâa, on peut voir sur une pierre de grès de 0m50 sur 0m50, encastrée dans le mur du moulin, et trouvé autrefois au village de l’Hillil, dans la propriété Marqués, l’inscription suivante :
D . M . S
M A R C V S T A N N O N I V S
M I L L E G III AVG Q TANNO
N I O M I N E N S I P A T R I C A
R I S S I M O A N L I M P E N
D I N V M M I S M E I S F E C I
V I X A N N I S L X X V
D (is) M (anibus) S (accrum) MARCUS TANNONIUS
Mil (es) LEG (ionis) III AUG (ustæ) Q (uinto) TANNONIO
MINENSI, PATRI GARISSIMO, AN (imo) L (ibenti),
IMPENDINUMMIS MEIS FECI – VIX (it) ANNIS 75
Traduction : Marcus Tannonius, soldat de la 111° légion Augustienne, à mon père chéri, Quintus Tannonius, originaire de Mina, ai élevé ce mausolée de mes propres deniers et de cœur libre. Il vécu 75 années.
On voit que le père de Q. Marcius Tannonius était originaire de Mina. C’est la première fois que cette ethnique figure dans une inscription.
A l’époque chrétienne, Ballene Præsidium eut un évêque : Cæcilius, il figure le 91e parmi les évêques de la Maurétanie Césarienne , qui s’étend rendu à Carthage en 484, pour l’assemblée générale des évêques, furent exilés loin de leurs églises.
Deux voies romaines devaient partir de Mina : La première se dirigeant sur l’Hillil et Perrégaux, la seconde sur Tires (Mascara) directement par Kalâa. La première était la route de Mina (Relizane) à Tasacorra (sur la Mekerra ) ; après Ballene Præsidium, on trouvait à XX milles le centre de Castra Nova, qui est sans nul doute l’emplacement actuel de Perrégaux ou du moins le lieu situé à 2 kilomètres Est de cette ville où l’on peut voir les ruines d’un petit poste militaire, sans doute Castra Nova. On y remarque les substructions d’un mur d’enceinte, celles de quelques maisons et une grande citerne.
Près de ces ruines se trouvait un cimetière romain, dans lequel on a trouvé les deux inscriptions chrétiennes (portant les numéros 47 et 48 du bulletin des antiquités africaines, t. I, p. 139 et 140)
Vitalis, évêque de Castra Nova est inscrit le 76e sur la liste des évêques exilés en 484 par le roi Hunéric.
Les Romains étaient ainsi maitres de la basse Mina et de la Macta. Une des branches de cette dernière, l’Oued-el-Hammam, s’appelait alors Sira, (c’est peut être ce qui a donné le nom de Sirat appliqué à une plaine fertile voisine, dans lequel les arabes ont voulu voir le mot Cirat qui chez eux signifie spécialement le sentier ou pont menant au Paradis. Le peuple arabe est d’ailleurs très porté à unifier deux analogies linguistiques en donnant un sens de sa langue propre à une expression étrangère).
Ballene Præsidium et Castra Nova étaient des villes de garnison, bien qu’on n’ait pas trouvé d’inscription en ce sens.
Les Romains introduisent l’irrigation avec barrages de dérivation et canaux(2). Ils suspendent leurs arrosages lorsque les forts orages éclatent en amont, là où se trouvent des terrains et des sources salées, néfastes aux cultures. Cette utilisation de l’eau permet de corriger la sécheresse pour pratiquer la culture des céréales et des arbres fruitiers (oliviers et grenadiers).
Voies de communication
Au commencement du 1ér siècle, la Maurétanie était divisée en trois grandes zones parallèles à la cote. La première comprenait les villes du littoral et le pays entièrement romain ; la seconde était formée par les colonies de l’intérieur et s’étendait jusqu’aux limites des hauts- Plateaux, la troisième enfin englobait le sud, vaste étendue habitée exclusivement par des tribus barbares.
Chaque zone était traversée on limitée par une voie également parallèle à la cote. L’itinéraire d’Antoine nous indique les stations d’une roule qui longeait le littoral et qui conduirait de Tanger à Carthage et d’une seconde voie qui passait à environ 50 kilomètres de la cote et reliait les colonies les plus importantes du Tell. Le regretté commandant Demaëght a enfin établi l’existence d’une troisième voie parallèle à la mer qui reliait les postes avancés et limitait ainsi le territoire romain du pays abandonné aux Maures. En dehors de cette dernière ligne, nous ne trouvons plus que quelques camps, mais aucun établissement définitif des Romains.
Les voies romaines se divisaient en trois catégories :
1- Voies impériales construites et entretenues aux frais de l’état.
2- Voies de communication ordinaires dont la construction et l’entretien incombaient aux habitants des cités qu’elles desservaient.
3- Les pistes militaires, ouvertes et entretenues par les troupes des postes avancés.
La partie de la Maurétanie Césarienne qui nous occupe n’avait aucune voie impériale. Elle a été de tout temps fort délaissée par les gouverneurs (Procuratores Augusti). C’est ce qui nous explique l’absence presque totale des vestiges d’ouvrages d’art.
Les Praeses de Bas Empires ne se sont plus occupés de l’ouverture et de l’entretien des routes. Nous pensons donc que les voies de communication de notre région n’ont jamais été autre chose que des pistes, franchissant à gué les nombreuses rivières et ne présentant des travaux d’entretien que dans le voisinage immédiat des cités.
Vouloir rétablir le tracé exact de ces chemins serait une entreprise trop prétentieuse. Mais nous pensons que les voies romaines étaient encore suivies par les peuples du moyen âge et quelques-unes ne sont pas complètement effacées de nos jours. Nous pouvons donc fixer, sinon d’une manière exacte, du moins fort approximativement les points principaux du vaste réseau routier en nous basant sur les documents historiques que nous possédons et en faisant une étude minutieuse du sol.
1° ROUTE DE TANGER A CARTHAGE
L’itinéraire d’Antonin nous indique les distances suivantes :
De Portus Magnus à Quiza municipium. 40 milles romains.
De Quiza municipium à Arsenaria ……. 40
Cette partie de la voie de Tanger à Carthage était encore marquée sur le sol au moyen âge ; le compte d’Aleaudete, gouverneur d’Oran, la suivit des ruines de Portus Magnus jusqu’à Mazagran. Plus tard, le Général Desmichels débarqua à Port-aux-Poules et marcha sur Mostaganem en se servant également du chemin que nous avaient tracé les Romains. A l’Est de Mostaganem, nous avons suivi le tracé de la voie romaine pour l’ouverture de la nouvelle route du littoral.
Après le passage du Chélif jusqu’au phare de Cap Ivi, la nouvelle route suit encore l’ancienne voie romaine, aujourd’hui transformée en sentier arabe. A partir de ce point, la première monte vers Ouillis, mais la seconde continue à longer le rivage et passe en arrière de la pointe d’Ouillis qui portait un établissement romain. Le passage de cette voie sur l’Oued Ouillis est marqué par un massif de maçonnerie qui semple être la culée d’un pont emporté.
Plus loin, le tracé de l’ancienne voie se perd dans les sables mouvants. Au tronçon qui nous reste, Les Arabes donnent encore le nom de chemin d’Alger, et, une ancienne habitude, ils s’abstiennent de la labourer.
La garnison Turque de Ténès, en se portant au secours de la place de Mostaganem, assiégée par les Espagnols, devait suivre l’ancienne voie romaine du littoral.
Nous pensons cependant que cette voie n’a jamais été entretenue régulièrement. Les communications entre Portus Magnus, Quiza et Arsenaria devaient se faire de préférences par mer.
Trois bornes militaires ont bien été relevées entre Portus Magnus et la Macta, mais elles marquaient probablement la voie qui montait vers Perrégaux (Castra Nova).
2° ROUTE DE CALAMA A RUSUCCURU
Suivant l’itinéraire d’Antonin, la route de Calama à Rusuccuru passait à Castra Nova, Ballene Præsidium, Mina et Guadanin Castra. Elle suivait donc à peu près le tracé du chemin de fer entre Perrégaux et Inkerman.
Entre Castra Nova et Ballene Præsidium, le tracé de l’ancienne voie est facile à rétablir, il est indiqué par un poste intermédiaire qui se trouve sur la rive droite de l’Oued-Malah, à 1000 mètres en aval du pont du chemin de fer.
Ce poste, n’a jamais été décrit, il a été rasé durant la construction du chemin de fer et il n’en reste aujourd’hui que quelques substructions et une cave voûtée. Nous pensons qu’il formait un simple camp militaire ; il n’existe aucune trace de colonisation dans le voisinage.
De ce poste, la voie romaine ne suivait pas le tracé du chemin de fer comme Demaëght le supposait. Elle continuait, dans la plaine, au lieu de s’engager immédiatement dans les montagnes boisées. Du village de Nouvion, elle se dirigeait sur l’Oued-Mekalouf et suivait d’ici le chemin vicinal qui conduit à l’Hillil
De Ballene Præsidium à Mina la voie suivait le pied des collines jusqu’à Clinchant, où, près des ruines de l’ancienne ville El-Reghda, il existait également un petit poste romain. De ce point, elle passait à droite de la route nationale, touchait l’emplacement de la Gouba « Sidi Abdelkader Nouna », franchissait la rivière à gué et se dirigeait en ligne droite sur Mina.
Au moment de la colonisation française, il existait encore une route carrossable qui franchissait la Mina en aval et près du barrage actuel, traversait la plaine enligne droite en suivant à peu près le tracé du chemin de fer et coupait la Jdiouia près du confluent avec le Chélif. Cette route s’est probablement formée après l’époque romaine ; il n’est pas admissible que Mina et le poste de Ferry n’aient pas été desservis directement.
Nous croyons donc que la grande voie romaine, après avoir traversé le faubourg de la Mina, longeait sur une certaine distance la conduite d’eau de l’oued-el-Ançeur, se dirigeait vers Ferry et reprenait ensuite à peu près le tracé de la route nationale d’Oran à Alger.
Le poste romain de Ferry se trouvait à 800 mètres du village, sur la rive droite de l’Oued-el-Djemaa. La Gouba qui marque aujourd’hui son emplacement est construite avec des matériaux romains. La pierre de taille de grand appareil que nous avons encore vu sur place en 1883 démontre qu’il y avait ici une construction importante, probablement un latifonitium fortifié comme celui qu’on a relevé à 9 kilomètres au S-E, près des sources basses de l’oued-el-Ançeur.
Un barrage qui se trouve à 1 kilomètre 500 en amont prouve que ce poste était surtout agricole, autour de la grande ferme, véritable résidence seigneuriale, devaient se grouper des bâtiments plus modestes dont les fondations sont aujourd’hui recouvertes.
On a identifié Gadaum Castra avec le village d’Inkerman. On a en effet trouvé ici, près de la gare du chemin de fer, un grand tombeau romain avec des colonnes grossières et tout un matériel funéraire. Mais ceci n’est pas suffisant pour conclure que le camp indiqué par l’itinéraire d’Antonin se trouvait sur le Rhiou.
L’application des distances de l’itinéraire cité nous fait arrêter sur le Jdiouia. Nous trouvons ici, à droite de la route nationale, un grand barrage romain. Les eaux ont contourné cet ouvrage et ont creusé un nouveau lit jusqu’au Chélif. Entre l’ancien lit et la route nationale, à la côte 85 de la carte de l’Etat Major, s’élève un monticule qui portait autrefois un camp ou une petite ville.
Pendant la construction de la route et du chemin de fer, cet établissement a été rasé, la pierre des fondations même a été employée aux ouvrages modernes. La charrue passe aujourd’hui sur l’emplacement de l’antique cité, mais non sans mettre à jour des décombres de toute sorte, parsemés de débris de poterie romaine. Suivant la voie que nous admettons. Il y a exactement 25 milles romains (37 kilomètres) de Mina à ce point.
Nous plaçons donc Gadaum Castra non à Inkerman, mais à Saint Aimé.
3° LES VOIES DES POSTES AVANCEES
Des bornes militaires ont été relevées à l’Est de Tagremaret ; elles indiquent qu’il existait ici un chemin qui reliait Kaputurbs à un autre poste dont nous trouvons les ruines à Aïn-Sbiba. Nous pensons que ce chemin n’a jamais été achevé et qu’il n’est resté, sauf quelques tronçons, dans le voisinage des postes, qu’à l’état des pistes à peine praticable.
Pour se frayer un chemin à travers les forets, les Romains eurent presque toujours recours au feu. Ils éloignaient ainsi les bêtes féroces et détruisaient les embuscades de l’ennemi. Les troupeaux empêchaient les forets de repousser et c’est encore aujourd’hui le passage des voies romaines.
Le réseau routier du sud n’a pas encore été étudié d’une manière sérieuse. Ce n’est qu’à la suite d’un long séjour dans un pays et de nombreuses observations que l’on peut passer des hypothèses aux certitudes.
4° VOIES DE PENETRATION
Il est évident que chaque colonie de l’intérieur était directement reliée à une ville maritime. Le port de l’Habra et du Sig était Portus Magnus, celui de la Mina et du Bas-Chélif était Quiza.
Les voies parallèles à la cote pouvaient avoir un intérêt stratégique, mais les véritables voies commerciales étaient celles qui partaient de la mer et s dirigeaient vers l’intérieur, en remontant les cours d’eau jusqu’aux postes avancés.
Le temps nous a conservés, sur une longue distance, les traces de la voie qui remontait de Quiza vers le confluent de la Mina. Elle longeait le pied des collines, ou coupait en ligne droite les plaines s’ouvrant devant elle.
Elle est aujourd’hui remplacée par le chemin du l’ont-du Chélif à la mer et par la nouvelle route de Cassaigne, pour ce qui concerne le tronçon jusqu’à l’Oued-Derdousse. Sur cette rivière il existait, d’après ce que l’on affirme, un pont romain, mais nous n’y avons trouvé aucune trace de maçonnerie.
La voie touchait ensuite au burgum d’Ain sal, franchissant l’Oued Keradda à gué, traversait en ligne droite la belle plaine des Hachasta et allait se confondre avec le tracé de la rote de grande communication d’Aïn Tédelès à Inkerman.
Au confluent de la Mina, nous trouvons l’embranchement d’une voie qui monte vers Bel-Hacel, se divise ici en deux tronçons dont le premier suit la rive gauche de l’Oued Hillil et se dirige sur Ballene Præsidium tandis que le second franchit la Mina à gué, coupe la plaine en ligne droite, traverse Relizane et se dirige sur la Haute Mina.
Mous avons encore suivi à cheval son tracé depuis Sidi Mohamed ben-Aouda jusqu’à Fortassa. Elle passe ici souvent d’une rive à l’autre, se maintient presque toujours dans la plaine et ne franchit les contreforts des montagnes que pour éviter de trop grands détours.
A Fortassa s’embranche la piste militaire de Tagremaret. Nous en avons longuement parlé au chapitre V de cette étudier et nous n’y reviendrons pas.
De Fortassa jusqu’à Tiaret, la voie romaine est devenue voie militaire française. Elle fut suivie une première fois par le général Bugeaud quand il descendait de Tagdempt pour se dirigeait vers Mascara (26 mai 1941), il amenait avec lui un fort convoi et de la grosse artillerie. La voie romaine était donc encore carrossable.
Au-dessus de Djilali Ben Amar venant s’embrancher un chemin qui remontait la Medroussa et qui conduisait à Aïn-Sbiba.
Les ruines importantes de Medroussa ont déjà été signalées en 1846 par le capitaine d’artillerie Azéma de Montgravier, mais elles n’ont jamais fixé l’attention des savants et sont restées inexplorées.
3. Période Arabo-Berbère
Au moment de la première invasion arabe, la province d’Oran était peuplé d’Autochtones comme les Maxyes (ou bien les Maziques), ancêtres des berbères, laboureurs et sédentaires dans le Tell, d’anciens habitants comme les Libo-Phéniciens, et de colons et de soldats romains. Toutes ces populations fondues ensemble furent d’abord refoulées vers le Sud à l’arrivée de l’élément musulman, mais peu à peu, elles quittèrent le désert pour revenir au Nord, de là, l’envahissement des provinces Ouest de l’Afrique par les tribus berbères venant de Tunisie et de Tripolitaine.
Il est difficile de bien définir quelles peuplades occupaient exactement le bassin de la basse-Mina et la plaine de l’Habra, les deux régions importantes comprises en partie dans la commune Mixte de la Mina. Nous savons seulement qu’avant l’invasion arabe, on rencontrait des Senhadja jusqu’à l’embouchure du Chélif ; les Béni-Faten faisaient suite aux Senhadja, à l’Ouest jusqu’à Moulouïa, couvrant le littoral et le centre de la province d’Oran. Parmi eux, on peut citer : les Mar’ila, sur la rive droite du Chélif, et les Azdadja ou Ouzdaga aux environs d’Oran. Le pays enclavé entre Mostaganem, Perrégaux, Mascara et Relizane était donc sous la domination des Médiouna (Fraction des Béni-Faten).
On sait que Okba ben Nafâ défit les Berbères à Tiaret en se rendant dans le Maghreb-el-Akça vers 708. Haçane revint à Kaïrouan après son expédition jusqu’à Océan. Dès lors, la religion musulmane supplantait la religion chrétienne en Berbérie : »Toutes les anciennes églises des chrétiens furent transformées en mosquées », dit l’auteur du Baïan.
Lors de l’établissement des Béni-Roustem sur le territoire de Tahart (Tiaret), Abou-el-Khattab avait amené avec lui diverses tribus du Sud-est du Maghreb, entre autres, les Houara du Sahara Tripolitain et de l’Aurès ; Les Zenata de l’Aurès et des environs de Tripoli ; les Matmata de la partie du Sahara comprise entre Gabès et Nifzaoua.
En 740, les Berbères de la région prirent part à la révolte générale qui coïncidait à la chute de la dynastie des Omeyades et à l’avènement des Abbassides. La partie méridionale et occidentale du Maghreb central obéissait vers 760 à Abou Kora des Béni-Ifren, chef des Zenata à Tlemcen.
Cette tribu s’allia vers 792 avec les berbères d’origine commune, Les Maghraoua, venus des environs de Biskra, Ils furent cependant soumis par Edris 1ier alors que celui-ci venu d’être promu Calife, révoltés en 814, ils durent faire une nouvelle soumission à Edris II qui fit parcourir à ses troupes la région avoisinant le bas-Chélif et la Mina. Son fils Daoud eut en partage cette contrée à la mort de son père.
En 910 le pays tombait sous la domination des Fatimides qui s’étaient assuré l’alliance des Yala, chef des Béni-Ifren, à Tlemcen. Cependant, après la mort d’El-Mansour cette tribu reconnut la suprématie Omeyade.
Signalons rapidement l’expédition de Djohar, affranchi d’El-Moëzz, qui écrasa les Béni-Ifren en 958, puis la courte durée du pouvoir sur l’Oranie exercé par les Maghraoua. C’est à ce moment que les Ouamemnou et les Houmi, parents des même Maghraoua s’établirent sur tout le pays avoisinant la basse-Mina et le Bas-Chélif. Vers 1050, Les Ouamemnou demandèrent contre les Houmi des secours au chef des Almohades Abd-el-Moumen ; celui-ci prêta son appui à ses solliciteurs. Les Houmi furent d’abord défaits ; mais après un combat sur les rives de la Mina près du plateau de Mindas, les Almohades durent se réfugier avec leurs alliés les Ouamemnou dans la région de Sirat. Abd-el-Moumen vint à leur secours et les vengea de leur échec en soumettant les Abd-el-Oued, alliés des Houmi.
Peut après, alors qu’Abd el Moumen revenait de Tunisie vers Tlemcen, un cheïkh Almohade ayant connaissance d’un complot tramé contre son maître, pris ses dispositions pour passer la nuit dans la tente de son chef, et fut tué à sa place. Abd el Moumen le fit enterrer en grande pompe au lieu dit El Batha (rive droite de la Mina, à 4 lieues du Chélif) et fonda une ville dans cette localité.
En 1218 la domination du pays se partageait entre les Abd el Oued (descendants des Béni Ouacin) et les Arabes Zor’ba, leurs alliés, venant de l’Est.
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