INTRODUCTION
Au cours de mes passages dans l'unique Cybercafé de notre village, j'ai constaté à maintes fois l'intérêt que portent nos enfants à connaître l'histoire de notre cité.
Étant retraité et cela suppose avoir beaucoup de temps libre, je me suis dis autant me consacrer et présenter à nos enfants un humble travail, la monographie d’El-Matmar. Me basant sur le document, écris par M. RENE LECLERC, « la Monographie Géographique & Historique de la Commune Mixte de la Mina » de la société géographique de la province d’Oran, tome XXII de l’année 1902, j’essaye d’enchainer le passé lointain, le passé proche et le présent de cette cité qu’est EL MATMAR.
Sachant qu’elle fut dans le passé, le centre administratif de l’ex-commune mixte de la Mina, qui couvrait quatre régions marquées, par l’intérêt historique que présente l’occupation successive de son territoire par des populations variées, par le souvenir des luttes de l’émir Abdelkader contre les français.
Dans cet ouvrage, mon but est celui de relater l’histoire d’EL MATMAR (ex-Clinchant), et, pour que les futurs lecteurs de ce document aient connaissances du rôle qu’elle a joué en tant que centre administratif de la commune mixte.
Ne possédant pas une histoire propre à elle, mais liée à celle des parties du territoire dont elle fut le centre. Je n’ai pu m’empêcher l’en ayant lu, d’exprimer les sensations que j’ai eues. De toute ma vie, j’entendais que le peuple algérien est un peuple brave ; et voilà que cette monographie, écrite des mains du colonisateur lui-même, nous apprend que le peuple algérien n’a jamais abdiqué devant l’oppresseur. Depuis 1830 à 1962, il ne lui a jamais laissé de temps de répits, insurrections après insurrections jusqu’à l’aube du 1ier novembre 1954.
Ce travail constitue une monographie parfaitement détaillée qui donne une idée sur la constitution et l'activité de la commune d'EL MATMAR. Il s'agit là de s'intéresser au présent qui deviendra aussi demain, l'histoire du village.
Je souhaite avoir réussi dans ma tâche. Elle a consisté à réunir tout ce que j’ai crû devoir intéresser à la fois les personnes désireuses de se renseigner sur cette région dans un but scientifique, et éducatifs.
Peut être n’ai-je pas pu, dans mon travail, avoir répondu exactement à l’idée de ceux qui le consulteront plus tard pour y puiser quelques renseignements ; mais néanmoins l’intention y était.
PARTIE GEOGRAPHIQUE
I. Limites de la commune mixte de Clinchant
Englobant presqu’entièrement la plaine de l’Habra, et celle de Sirat, une partie des territoires baignés par le Bas-Chélif (rive gauche), toute la vallée de la basse-Mina, celle de l’Hillil [Yellel] et les premiers contreforts des Béni-Chougrane, la commune mixte de la Mina est limitée, au Nord-Ouest par le territoire des Ouled Malef et le Djebel Trik Touires c'est-à-dire les communes de plein exercice de Blad-Touahria, Aïn-Sidi-Chérif, Rivoli [Mamêche], Noisy-les-Bains[Nouissy]), au Nord-est par le Dahra (communes mixtes de Cassaigne [Sidi Ali] et de Renault [Sidi M’hamed Bénali]), à l’Est par les premiers contreforts de l’Ouarsenis (sur lesquels s’étend la commune mixte de Zemmora), au Sud, par la plaine de l’Eghris et les Béni-Chougrane (c'est-à-dire l’arrondissement de Mascara), à l’Ouest, par le territoire de Perrégaux [Mohammedia] et la plaine de la Macta.
La région qui nous occupe s’étend donc à la fois sur les territoires de Mostaganem et de Mascara et sur la vallée du Chélif.
« Le plateau de Mostaganem, dit M. Pomel, s’étend depuis la dépression du Chélif au Nord, jusqu’à la Macta au Sud, entre la Mina et la mer. C’est une vaste région gréseuse, monotone et triste, bordée par une côte escarpée, ne présentant aucune végétation arborescente, si ce n’est aux environs de Bel Hacel où un sol un peu accidenté donne lieu à une végétation broussailleuse qui contraste vivement avec la nudité de l’ensemble. En nombre de points, et principalement au Nord d’Aboukir, la nature sablonneuse du sol donne lieu à la formation de dunes qui paralysent beaucoup les cultures de cette région. » Telle est la caractéristique de cette région qui rappelle d’ailleurs la partie Est et Sud de Relizane. Là, de même que dans le territoire situé entre le Chélif, la Mina et l’Hillil, le système pliocène domine, ainsi qu’a pu constater M. Ficheur, directeur du laboratoire de l’Algérie. Mais, à l’Est de la Mina, les alluvions anciennes coudoient le terrain pliocène.
La plaine de la Mina proprement dite, c'est-à-dire la partie comprise à l’Est du confluent du Chélif et de la Mina, est exclusivement formées d’alluvions limoneuses.
Entre l’Hillil, Blad Touahria, Aboukir et le Chélif, le pliocène est semé par places de couches sahéliennes (miocène supérieur), mais le sahélien se développe surtout dans l’Ouest à partir d’une ligne Cassaigne-Perrégaux. Vers l’Ouest, les couches de Mostaganem se continuent vers Perrégaux et Saint-Denis-du-Sig où elles forment au pourtour de l’Habra, une bande étroite reliant le plateau de Mostaganem aux couches des environs d’Oran. Sur toute la partie comprise entre Duperré et Relizane, la plaine du Chélif est bornée au Sud par une ligne continue de collines peu élevées, dont la composition lithologique est variable, mais qui représente des « facies » différents d’un même âge.
De l’Hillil à Relizane, au Sud de ces deux localités, on remarque une bande de terrains formés d’alluvions anciennes, c'est-à-dire de même nature que ceux qui se trouvent au Nord-est de Relizane. Après quoi, la majeure partie du sol montagneux situé au Sud de l’Hillil appartient au miocène moyen (helvétien). Il forme une bande large d’environ 10 kilomètres de Perrégaux à l’Hillil ; cette bande fait ensuite un coude au Sud-est et va s’épanouir vers Kalâa, s’étendant à l’Est de cette ville et au Sud, atteignant El Bordj et effleurant Aïn Farés, Mascara et Palikao ; au Nord-est de Kalâa, l’helvétien fait un coude au Sud et va s’élargissant dans la direction des Flitta. Le crétacé inférieur est représenté au Sud de Kalâa et de Perrégaux, à 14 kilomètres Est environ de Kalâa, et sur la rive droite de la Mina à une trentaine de kilomètres Sud de Relizane. Le miocène inférieur (cartennien) a sa place dans la partie Est de Kalâa et au Nord de cette localité, entre l’helvétien et le crétacé » inférieur, sur une bande qui se prolonge jusqu’à Perrégaux. L’éocène inférieur s’étend largement du côté de la commune mixte de Palikao. Quant au gypse, il s’en trouve seulement quelques tâches à l’Est et au Sud-est de Kalâa. En résumé, la constitution géologique de la commune mixte de la Mina est surtout composée d’alluvions limoneuses sur la rive droite de la Mina et dans la plaine de Sirat, de pliocène sur les rives gauches de la Mina et de l’Hillil, d’helvétien dans la partie montagneuse Sud. Ces données géologiques sont le résultat des recherches de cet ordre les plus récentes faites par MM. Pomel et Ficheur.
L’étage helvétien est donc la caractéristique de toute la partie méridionale de la commune mixte, entre l’Oued Mallah, l’Hillil, Relizane, Tliouanet et Kalâa. Il est fort né soit de calcaires à mélobésies couverts de broussailles, soit de marnes argileuses aux sommets desquelles on trouve des couches gréseuses des accumulations crassissima qui en est le fossile caractéristique. Cette région offre donc aux yeux du voyageur des collines à crêtes blanchâtres ou plutôt gris pâle ; tel est l’aspect des mamelons de Kalâa, Tliouanet, El Ghomri, (communes de Kalâa, Douaïr, Guerboussa, Sidi Saada et El Ghomri). Au Nord de Relizane, la plaine est recouverte de terres fortes brunes ou de récents dépôts argileux jaunâtres. La partie montagneuse composée de pliocène et de miocène sahélien (aux Zgaïr et chez les Aïn-el-Guettar) est surtout gréseuse et recouverte de végétation forestière ou plutôt broussailleuse.
Remarquons enfin que la région montagneuse Sud, entre Relizane et Kalâa, est assez souvent ébranlée par des tremblements de terre et l’aspect si pittoresque de Kalâa lui-même où les roches qui s’élèvent en amphithéâtre sont disposés dans le plus parfait désordre et contre toutes les règles de formations géologiques prouve que le pays dut être autrefois témoin d’éruptions volcaniques ou tout au moins de bouleversements fréquents occasionnés par les mouvements séismiques.
Les collines de la commune Mixte de la Mina peuvent se diviser en deux catégories :
1° celles qui appartiennent au massif des Béni-Chougrane. Et
2° Celles qui constituent les derniers retranchements du système du Dahra.
Dans la partie méridionale, au Sud de Relizane, Clinchant, l’Hillil, Oued Mallah et Perrégaux, s’étendent jusqu’à El Bordj. Les montagnes basses que l’on aperçoit de la voie du chemin de fer Alger-Oran font partie du massif des Béni-Chougrane.
Les sites les plus importants sont, dans la région de Kalâa ; le Djebel Berbère (814 mètres ), le Djebel Tartar ou Ettartar (400 mètres ) qui dominent la plaine du Semmar dont l’altitude est 300 mètres , très fertile et facilement irrigable ; le Djebel El-Bab (montagne de la porte) (414 mètres) le Djebel Ghar- Triki (438 mètres ). Dans la même région, on remarque, chez les Messabhia, au Sud de Clinchant, la plaine de Kaouara (203 mètres d’altitude) et chez les Ouled bou Ali la plaine de Touilla (137 mètres d’altitude en moyenne), entourées de mamelons sans importance pittoresque ou géographique. Les derniers contreforts de ce massif s’étendent jusqu’aux Béni-Ghaddou et Ghoualize (entre l’Hillil, Bouguirat et El-Ghomri). Au-dessus d’El-Ghomri s’élève le Djebel El-Djir (la montagne de chaux) qui se partage entre quatre monticules de hauteur décroissante, formés de plâtre brut, d’un aspect assez curieux vu de la plaine, d’autant plus qu’en haut de chaque sommet est bâtie une koubba où reposent les restes d’un marabout dont la sainteté doit correspondre à la hauteur du site où il est enterré (le premier Piton, le plus élevé, est surmonté du marabout de Sidi Abdelkader, saint très vénéré, également connu sous le nom de Sidi-Medjahed ; auprès se trouvent les ruines du poste géodésique utilisé pour la triangulation du pays). La crête se continue en s’abaissant par le Djebel Grabes (255 mètres ), et le Djebel Mehariga (la montagne desséchée ou incendiée) (254 mètres ) qui domine Bouguirat à gauche, et la petite plaine d’El-Merouane à droite, chez les Ghoualize.
La tribu des Béni-Ghaddou (qui fit partie de l’aghalik d’El-Bordj), occupe la petite chaine de montagnes isolées connues sous le nom de Djebel El-Djir vues plus haut et une partie de la plaine de Negma que le chemin de fer traverse entre Oued-el-Mallah et l’Hillil.
Du sommet du Djebel-el-Djir on aperçoit, à l’Est les plaines de l’Hillil et de la Mina, à l’Ouest se déroule la plaine d’El-Ghomri ou plaine de Kerkacha, derrière laquelle s’étend l’immense plaine de l’Habra où campe la tribu des Bordjia. Au loin apparait la mer (golf d’Arzeu) et les jours sereins on peut voir se détacher à l’horizon le profil caractéristique de la Montagne des Lions qui domine Oran et dont la forme rappelle la dent du Midi.
Le Djebel Trek et Touires (339 mètres ) qui s’étend parallèlement à la mer au Sud de Mostaganem à partir d’Aboukir jusqu’à Aïn-Nouissy où il se termine par le Djebel Chegga (257 mètres ) comme un gigantesque éperon au-dessus de la plaine, se prolonge à l’Est d’Aboukir en collines dont la hauteur varie de 100 à 280 mètres . Elles forment des mamelons sans nom chez les Ouled Sidi Abdallah au Nord de Blad-Touahria, ou se dessinent en sites assez nettement marqués tels que le Djebel Mouzaïa (265 mètres ), le Djebel Brahl (260 mètres ) qui séparent les plaines de Blad-Touahria et de Bouguirat, le Djebel Milar (152 mètres ) entre la plaine de Sirat et celle de Bouguirat.
Les derniers contreforts du Dahra s’étendent jusque dans cette région, c'est-à-dire au Nord de Relizane, Bel-Hacel, l’Hillil, Bouguirat et Blad-Touahria. Ils se divisent en trois branches principales parallèles se dirigeant toutes dans la direction Sud-ouest, Nord-est. La première ligne de collines se trouve au Nord-ouest de Bel-Hacel au bas de laquelle s’étend à droite la plaine de la Mina ; on y remarque le Djebel Mekahlia, (450mètres à l’Aïn Djilali) et la montagne de Bel-Hacel dont les points culminants sont le poste géodésique de la Koudiat Azerka (la colline bleue) (501 mètres ) et le poste géodésique du Keloub-Tsour (516 mètres ) ; un marabout occupe le sommet de ce mamelon ; la route militaire de Mostaganem à Relizane par Sidi-bel-Hacel passe au col d’Aoud el Talf, non loin et au sud de Keloub-Tsour.
Parallèlement au Djebel Mekahlia, et séparés de la forêt domaniale par la vallée de la soif, s’étend le Djebel Fernen (montagne de liège) (442 mètres ) et le Djebel Kharrouba (montagne du caroubier) (465 mètres ).
La deuxième chaine de collines commence au Djebel Yazzira (376 mètres ), se continue par la longue arête de la forêt domaniale de l’Akboube dont la hauteur est en moyenne de 400 mètres . Séparée de la montagne de Bel-Hacel par l’Outha (plaine) de Sidi Abida et se termine par le Djebel Bou-Assas (315 mètres ) et le Djebel Zegnoun qui surplombent la rive gauche du Chélif non loin de son confluent avec la Mina.
Quant à la troisième chaine, elle comprend, du Sud au Nord : le Djebel Bioud (montagne blanche) (382 mètres ) et le Djebel Zaïmia (393 mètres ) recouverts par la forêt domaniale d’Ennaro ; le Djebel Djezzar (314 mètres ) qui comporte également une végétation forestière, et le Djebel Slimane (341 mètres ) à gauche du Djebel Bou-Assas. Tel est dans ses grandes lignes le système orographique de la commune mixte de la Mina, qui n’offre d’ailleurs rien de particulier.
Hydrographie
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