Ecrivaine et intellectuelle, Hédia Bensahli, notamment connue du grand public pour son roman intitulé « Orages », un texte distingué en janvier dernier par le « prix Yamina-Mechakra », était présente au premier jour du Sila 2019 pour une vente-dédicaces organisée au stand des éditions Frantz-Fanon. L’occasion, entre deux signatures, d’échanger avec un public très présent tout au long de la journée, sur la dernière contribution de l’écrivaine à l’ouvrage collectif « La révolution du sourire ».
Figurant parmi les textes les plus attendus et les plus commentés sur le «Hirak», mouvement de contestation populaire, sous la forme de la fiction, cet ouvrage, publié à l’initiative du directeur des éditions Frantz-Fanon, Amar Ingrachen, réunit les contributions de dix auteurs et écrivains et a été axé sur une vision «brute » des premiers jours de la contestation populaire.
La romancière Hédia Bensahli souligne à cet égard avoir été contactée par l’éditeur, lui demandant de mettre par écrit une vision romanesque, une fiction, inspirée par le « réveil » de tout un peuple. «C’est l’éditeur qui m’avait proposé de contribuer à l’ouvrage, l’objectif étant que des écrivains partagent leurs premières impressions sur la situation. Pour ma part, j’ai été contactée au tout début des manifestations, dès le mois de février», nous précise l’écrivaine, ajoutant qu’elle avait « hésité » avant de donner son accord. Elle explique à propos de son hésitation : « Au départ, j’ai hésité à collaborer à l’ouvrage car je n’avais qu’une semaine pour remettre le texte, et j’ai estimé que c’était trop peu. Puis je me suis finalement décidée.
L’inspiration est venue d’un seul coup, j’ai écrit en une matinée. Toute l’idée de mon texte est de partager trois «cris» qui arrivèrent malheureusement trop tard.» En ce sens, la « fiction tragique » que propose Hédia Bensahli aborde le sort de trois personnages. Tout d’abord, celui d’une femme que la justice « a broyée» et qui se retrouve à la rue et qui y meurt «et c’est le jour où son âme s’élève au ciel qu’elle perçoit les cris des manifestants qui scandent système dégage».
A travers le second personnage, c’est la situation catastrophique des hôpitaux qui est abordée « où les gens souffrent et meurent, où les médecins, même ceux de bonne volonté, sont démunis» et, enfin, la situation qui a certainement été un déclencheur de tout le mouvement, celle des harraga, à travers l’histoire d’un jeune «qui se noie» le jour où tout commence.
La romancière nous explique que « ce sont trois histoires tragiques, trois histoires qui ne doivent plus se produire». «En écrivant je me disais ‘plus jamais ça’», ajoute l’écrivaine.
Quant au choix de la fiction à la place de l’essai, c’est aussi la volonté de l’éditeur pour une vision «brute» d’une situation sociale et politique encore à ses premiers jours. Hédia Bensahli explique que « l’imaginaire dans une situation telle que celle de l’Algérie s’apparente à un regard différent, plus global, sur la réalité ».
Elle ajoute qu’« on est forcément imprégné par la réalité. Mais la fiction reste également essentielle, elle est ‘l’art’ d’aborder une situation par le symbole».
Quant aux projets de l’écrivaine, elle nous confie sans donner néanmoins trop de détails qu’elle travaille à l’écriture d’un nouveau roman, un texte qui apparaît également inspiré de la situation actuelle. « Je suis sur le projet d’un livre qui parlera des Algériens.
Ce n’est pas politique, mais la société algérienne et ses souffrances seront présentes en filigrane. »
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