À beau séjours, à El-Achour, au climat de France à Bouzareah et sûrement un peu partout dans les vieux quartiers d’Alger, les moutons dédiés au sacrifice de l’Aïd sont forcés à se combattre. Des béliers sont opposés dans des combats parfois sanglants, mais toujours douloureux pour ces bêtes que des humains obligent à s’affronter pour le plaisir de quelques ahuris et l’intérêt de quelques écervelés attirés par la violence et l’odeur du gain C’est une activité possédant ses adeptes et ses champions. Les béliers utilisés dans les compétitions organisées spécialement pour ces joutes particulières sont des bêtes maltraités d’une façon inhumaine.
Ce combat de moutons cornus, probablement organisés par quelques spéculateurs qui ont senti la bonne affaire dans ce jeu, qui semble réunir les deux carburants pour faire mouvoir les esprits malsains de notre société, l’argent et la violence. Ainsi, des foules de jeunes se réunissent, chaque soir, sur des terrains retirés dans la banlieue d’Alger afin de suivre des duels de bêtes, encourageant leur favori, hurlant de ravissement et vociférant de colère.
Les sabots bien taillés, la toison bien tendu, on leur injecte même des vitamines pour être puissant et robuste. Ils seront ainsi prêts à remporter des combats et figurer longtemps sur le podium. C’est pour jouer, miser et satisfaire une barbarie intérieure sous le regard complaisant d’une société et d’autorités que ces moutons sont sacrifiés avant le grand sacrifice. N’est-ce pas un scandale étouffé. Des maux sociaux qui reviennent chaque fois et qui touchent à notre santé morale. Ce sport par ovins interposés a donné lieu à des paris où sont parfois investies de fortes sommes d’argent .
Des championnats de quartier sont organisés, des rudes éliminatoires au rythme de combats et des épreuves durs afin de désigner les deux finalistes qui se rencontreront dans des finales sanglantes célébrées dans une liesse. Zorna et cortège sont au rendez-vous.
Algérie Network a eu la hardiesse ou peut être la témérité de mettre en valeur la férocité d’une certaine frange de la société qui n’a pas hésité à monter des arènes pour se distraire et même parier sur la souffrance des bêtes. On pourrait même se poser la question, que est la bête dans tout ça.
Contacté, le Dr Ait Kaci Mohand-arabe, sociologue, actuellement sur une étude des normes de la déviance dans la société Algérienne de 1992 à nos jours .A bien voulu répondre à nos questions sur le sujet.
Algérie Network : Dr Ait Kaci, Je trouve légitime que des tigres, des lions, et toutes les bêtes carnassières se livrent des combats. Mais tirer satisfaction à voir des moutons se cogner, c’est quelque part pervers et violent. Qu’elle est votre impression sur ces combats qui font fureur ces derniers temps?
Dr Ait Kaci : Animés par des intérêts divergents la violence est bien là, je suis bien d’accord avec vous. On peut même définir ces pratiques comme une tentative d’extérioriser une bestialité cachée. Mais je trouve que pervers est un mot un peu trop fort
Algérie Network : Ce n’est pas à Didouche mourad, à Elbiar, ou encore moins à Sidi yahya qu’on va rencontrer ce genre de spectacle. C’est à Bab el Oued à la Cité Diar el Kef et à Diar el Mahcoul à Salembier que les arènes de combats sont situées. Est-ce qu’on peut dire que dans ces quartiers, les jeunes sont capables du pire comme du meilleur mais on voit souvent le pire?
Dr Ait Kaci : Nous vivons aujourd’hui dans un monde où la violence fait partie intégrante de la société. Ces combats relatent le mal être que vivent les jeunes au quotidien. C’est un phénomène qui nous interpelle à remplir notre rôle de moralisateur et de dénonciateur. Les combats des moutons portent une dimension que seul les habitants des quartiers populaires peuvent comprendre et expliquez. Je pourrais dire que ces pratiques violentes sont un cri de détresse d’une jeunesse violentée.
Algérie Network : Vous avez dit dans une précédente interview qu’un combat de moutons porte une odieuse satisfaction intérieure qui pousse organisateurs et spectateurs à monter ces spectacles. Est-ce qu’n pourrait croire qu’il y’a une incitation au culte de l’arène? Qui dit arène, dis combats, et qui dis combats dis violence? N’est-ce pas ?
Dr Ait Kaci : les moutons gladiateurs font partie des moyens que certains jeunes utilisent pour exprimer leurs tendances nuisibles. C’est l’un des plus sûr indices d’un problème qui existe et qu’il faut traiter. On doit penser immédiatement à développer tous les germes de bonté dans l’esprit de ces jeunes. Je ne me suis toujours pas remis d’apprendre que des combats, heureusement rares sont maintenant organisés avec des jeunes sdf dans des quartiers reculés d’Alger. Je ne peux même pas vous dire ce que j’en pense, car mon vocabulaire dépasserait ce qui sera admis, tellement ma colère et ma révolte sont grandes envers des autorités font la sourde oreille .
Algérie Network : l’article 449 du code pénal stipule que sont punis d’une amende de 100 à 500 DA et peuvent l’être, en outre, de l’emprisonnement pendant dix jours au plus, ceux qui exercent sans nécessité, publiquement ou non, de mauvais traitements envers un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité. Mais ce genre ce genre d’événements est souvent organisé certes clandestinement mais sous l’œil volontairement fermé des autorités on remarque bien la tolérance vis-à-vis des combats de moutons. C’est peut-être est une reconnaissance tacite qu’il faut des exutoires pour réfréner la pulsions agressives d’une jeunesse de plus en plus violente. Qu’est-ce que vous en pensez Dr Ait Kaci?
Dr Ait Kaci : En réalité pour caractériser toutes ces conduites multiformes indignes des autorités envers les jeunes, il faut trouver d’autres mots comme négligence ou insouciance. Gouverner c’est prévoir et avoir la capacité de prendre des mesures sensées visant à réduire l’excès dans toutes ces formes dans la société cela demande une intelligence politique une aptitude à jouer sur toutes les nuances .
Algérie Network : Dr Ait Kaci, Le quotidien britannique The Guardian, a parlé des combats de moutons en Algérie. Il décrit ça comme une pratique symptomatique d’une jeunesse algérienne à la dérive. Le journal a présenté la société algérienne comme une génération avide de sang et de violence. Ne trouvez-vous pas que de tels propos sont enfonçant?
Dr Ait Kaci : Les jeunes qui dressent les moutons ne sont ni déboussolés ni déphasées Ils portent certes les séquelles psychologiques de plus d’une décennie de violence mais cela ne va pas faire d’eux des monstres.
Algérie Network : Un dernier mot pour notre journal.
Dr Ait Kaci : J’apprécie beaucoup l’information véhiculée et transmise dans Algérie Network, au sens où la posture de neutralité associée à la compétence professionnelle et à l’honnêteté est omni présente dans tous les sujets traités.
Sofia Bendali
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