Comment construire des villes écologiques compatibles avec le développement durable en ayant comme objectifs l’éradication de la pauvreté et de la marginalisation, la promotion des espaces verts et la diversification des formules d’accès au logement ? C’est à toutes ces questions que des experts algériens et internationaux ont tenté de répondre au cours des travaux du séminaire sur "la ville algérienne face aux enjeux et défis du développement durable" qui s’est tenu mardi, à Alger, à l’occasion de la journée nationale de la Ville.
Les défis sont incommensurables, d’autant que plus de 70% de la population algérienne vit dans des villes dont une grande partie a connu une urbanisation anarchique.
«Les axes principaux de la politique de la ville aspirent à fournir davantage d’efforts pour le développement urbain durable, en étroite collaboration avec les élus locaux, les partenaires sociaux et la société civile », a souligné le ministre de l’Habitat de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar pour qui le logement reste une priorité. « Nous avons pour défi de fournir aux algériens un logement décent, conformément aux recommandations des Nations Unis », a-t-il précisé.
Pour Temmar, les nombreux experts et acteurs du secteur, « devront arrêter une démarche commune pour travailler ensemble sur la ville du futur et s’inscrire dans la vision mondiale avec des spécificités algériennes, à horizon 2030 ». Pour y arriver, il faut tenir compte, selon lui, de plusieurs facteur, notamment les limites administratives, l’éradication de la pauvreté et de la marginalisation et diversifier les formules d’accès au logement, selon les attentes et les capacités de chaque individu de la société. « Il est également question de prendre soin des personnes aux besoins spécifiques, promouvoir les espaces verts, exploiter le patrimoine culturel des villes et encourager les villes intelligentes », a-t-il ajouté.
Il est également important, a ajouté le ministre, de doter la politique de la ville d'un plan d'action permettant de prévoir la croissance démographique rapide avec tout ce qu'elle implique comme besoins du citoyen en termes de sécurité et de protection ainsi que ses besoins fondamentaux en matières de santé, d'habitat, d'enseignement et de moyens de loisirs.
La vision prospective de la ville, poursuit Temmar, nécessite l'implication de l'ensemble des acteurs à commencer par l'administration locale, représentée par les walis et les élus, les intellectuels, les professionnels, les experts et les opérateurs en charge de la gestion de la ville, outre la société civile et les associations activant dans le domaine, qui doivent jouer -a-t-il dit- un rôle efficace et complémentaire dans ce sens.
Quatre ateliers portant sur les thématiques: "Politique de la ville: le cadre juridique face aux nouveaux enjeux et défis", "Gestion intégrée de la ville: vers une bonne gouvernance urbaine", "Ville intelligente, écologique et résiliente: concepts et faisabilité" et "Economie urbaine: management et mécanismes de financement pour le développement durable des villes", ont proposé, lors de cette journée, des recommandations sur lesquels le ministère va arrêter une feuille de route avec les différents départements ministériels.
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire , Noureddine Bedoui,a, pour sa part, rappelé l’engagement du président de la République dans la concrétisation du Plan d’action du Gouvernement, qui comprend la réforme du cadre légal et réglementaire de la politique de la ville, l’amélioration du tissu urbain à travers la restructuration architecturale des villes, la réhabilitation urbaine et l’encouragement de l’investissement privé dans la construction des nouvelles infrastructures et pôles urbains.
Noureddine Bedoui a, dans ce sens, annoncé que 10 communes administratives ont été élevées au rang de wilayas déléguées pour créer une dynamique économique, culturelle et sociale. « Nous comptons également revoir les disfonctionnements en milieu urbain et répondre aux attentes des habitants et aux exigences de la croissance économique », a-t-il ajouté. Il est alors primordial, a souligné Bedoui, de persévérer dans la réforme urbaine et la réhabilitation des villes, d’autant que la population vivant dans un milieu urbain atteindra 80% à horizon 2030.
«Nous devons améliorer le système financier et fiscal pour que les collectivités locales puissent effectivement assurer leur rôle économique et créer de la richesse pour le développement économique », a-t-il indiqué, ajoutant qu’il faut passer par la réforme de l’ingénierie urbaine et dispenser des formations qualifiantes dans les nouveaux métiers de la ville et du marketing local. «Ces formations seront désormais dispensées à l’Ecole Nationale d’Architecture de la Ville, qui sera inauguré en septembre prochain, à Alger », a-t-il annoncé.
Intégrer la composante humaine dans le modèle de développement
Lors des séances plénières, Christian De Portzamparc a présenté ses deux projets pour la réalisation des nouvelles infrastructures du parlement et du Palais de la Présidence. Il a également mis l’accent sur l’importance de la restructuration urbaine et la réhabilitation des villes.
Aziz Belkhatir, expert-consultant dans l’urbanisme (environnement et risques), a par la suite exposé la stratégie des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et l’intégration des composantes socio-environnementales et humaine dans le modèle de développement.
Le professeur émérite à l’Ecole Polytechnique d’Alger, Chems Eddine Chitour, a plaidé pour une transition multidimensionnelle vers le développement humain durable, qui « pourvoit l’utilisation d’énergies propres et renouvelables en faveur de la santé sociale et le développement économique ».
La journée nationale de la Ville a été décrétée par la loi 06-06 sur l’urbanisme et la ville. Elle entre dans le cadre du programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), visant l’évaluation des progrès réalisés par les Etats membres , depuis la tenue de la conférence internationale sur le logement et le développement urbain durable à Quito en octobre 2016.
Walid Souahi
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