Les tarifs pratiqués par les médecins spécialistes à Oran font l’objet de critiques de la part de la grande majorité de patients estimant que débourser entre 1 500 et 3 000 DA pour une consultation était «exagéré» au moment où des médecins jugent ces tarifs «raisonnables» et même «en dessous» de ce que dépensent des malades dans d’autres pays.
En plus de l’argent de la consultation, d’autres frais comme ceux de l’imagerie radiologique, les analyses médicales et autres prestations en cas de maladie grave, la facture devient ainsi «lourde» aux yeux des patients. Selon les connaisseurs, cette tarification est appliquée sur la base de plusieurs critères comme le niveau scientifique du spécialiste, la qualité des équipements utilisés en consultation, l’emplacement du cabinet ou de la clinique par rapport au centre-ville ou sa proximité des hôpitaux publics. Les mêmes observateurs estiment que la tarification appliquée actuellement par les spécialistes est «exorbitante» comparée à la durée d’examen qui ne dure que sept minutes, dix minutes au plus chez certains spécialistes, alors que cette durée devait être de 15 à 30 minutes en moyenne, pour permettre un meilleur dialogue et échange entre le praticien et le malade. On estime qu’il est inconcevable de fixer le coût d’une consultation en fonction du prix d’achat des équipements médicaux adaptés à certaines maladies comme la cardiologie, la gynécologie et la neurologie, l’ophtalmologie, l’ORL et autres. Plusieurs malades, interrogés par l’APS, étaient catégoriques à estimer que les prix des consultations médicales sont excessifs. Il s’agit surtout de patients souffrant de maladies chroniques et lourdes nécessitant des consultations et des contrôles périodiques. «Certes, la santé n’a pas de prix mais avec ma pension de retraité, je ne peux pas me permettre des consultations médicales chez les spécialistes privés. Heureusement, je possède une carte «Chiffa» qui me permet d’obtenir gratuitement des médicaments», déplore Hadj Baghdad, un retraité diabétique et souffrant d’une insuffisance rénale. Djamila, femme au foyer et mère de quatre enfants, souffre, elle, d’asthme et d’allergies. Son état de santé nécessite également une surveillance médicale périodique, mais elle préfère recourir aux praticiens du secteur public. «Je me sens rassurée dans un hôpital public malgré le manque et l’insuffisance de ses moyens», assure Mme Djamila. Dans certaines cliniques privées, on a l’impression, poursuit-elle, que seul l’argent compte. «On doit payer à l’avance une prestation médicale et attendre longtemps avant que le médecin daigne vous consulter. Nous n’avons pas la possibilité de discuter, de s’informer sur la gravité de la maladie, demander des conseils. Il faut faire vite car, d’autres malades attendent».
Nomenclature des tarifs à revoir
Un médecin, ayant requis l’anonymat activant au sein de l’Association de prise en charge des malades d’Oran, a estimé que les tarifs appliqués actuellement sont «non-réglementaires». Dans une déclaration à l’APS, le directeur de la santé et la population d’Oran, Abdennacer Bouda, a signalé que sa direction n’interfère pas dans le contrôle des prix de consultations ou d’actes médicaux du secteur privé. «Notre travail se limite au contrôle des aspects liés au fonctionnement des cliniques, à l’hygiène, à la conformité des structures sanitaires avec le cahier de charges et l’agrément délivré au concerné par notre ministère», a-t-il expliqué. Pour sa part, le président régional du Conseil de la déontologie médicale d’Oran a rappelé que le prix appliqué actuellement varie entre 1 500 et 2 000 DA, selon les normes en vigueur à travers différentes wilayas du pays. Il a estimé que «les tarifs sont même en dessous du raisonnable au vu des mutations socio-économiques et des évolutions imposées par les exigences de la vie professionnelle». Le praticien Bekada Mohammed Bachir a considéré que la nomenclature des tarifs fixes depuis trente ans, à 100 DA pour une consultation chez un spécialiste et à 50 DA chez un généraliste, est «dépassée et ne correspond plus aux réalités actuelles».
«Je ne défends pas le médecin mais la pratique médicale», a-t-il mis en garde, estimant que «cette tarification ne couvre pas les dépenses d’achat de matériels sophistiqués, ceux de la formation pour mettre à jour ses connaissances, les frais découlant de la participation aux congrès internationaux et rencontres professionnelles». Pour ce même médecin, la nomenclature des remboursements de ces tarifs est très faible. Il propose, dans ce contexte, la mise en place d’une commission, composée de secteurs de la santé, des finances, de la Cnas, des associations de prise en charge des malades, du Conseil de déontologie de la profession de médecine, afin de réviser ces taux de remboursements de l’argent des consultations selon les nouvelles données et suivant la conjoncture actuelle. Pour sa part, le directeur de l’agence Cnas d’Oran, Mesli Lotfi, a indiqué que son organisme «n’est pas concerné par ces prix adoptés par les spécialistes car le secteur privé fixe les tarifs selon ses compétences. Ceci n’est pas du ressort de la Cnas». Le même responsable a ajouté que la Cnas rembourse les consultations et autres prestations médicales selon une nomenclature fixée par le ministère de la santé depuis longtemps. Il a également signalé que l’argent remboursée, dans le cadre d’une convention contractuelle entre praticiens et la Cnas, est à l’ordre de 600 DA pour un généraliste et jusqu’à 1200 DA pour un spécialiste.
(APS)
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