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11/01/2017

Mazouna, capitale du Dahra et berceau du savoir

Mazouna a été la première capitale du beylik de l'Ouest pendant la régence d'Alger et cela de 1565 à 1701, puis à cette dernière date, le siège de la capitale fut transféré à Mascara. 

Elle fut également le berceau des Senoussiya, une confrérie musulmane très hostile aux chrétiens et spécialement aux Français, et qui a farouchement défendu l’Islam et ses valeurs nobles.


Plusieurs versions expliquent la nomination de Mazouna, certains historiens lui prêtent son nom d’une ville romaine appelée Messen. D’autres affirment que son nom est tirée d’une source d'eau attribuée à une femme nommée ZOUNA (maa Zouna qui signifie eau précieuse); 

En dernier, et selon d’autres documents, elle porte le nom d'une tribu Zénète appelée Massoune ;  ou d’un  trésor appelé (mawzouna) d'une reine  qui vit en ce lieu. Durant la période islamique, datant d'avant les Ottomans, Mazouna fut la capitale de la confédération des Maghraoua, grande peuplade berbère dont l'histoire commence dès le début de notre ère dans l'Algérie actuelle. 
Le voyageur Espagnol Luis del Marmol Carvajal dit que Mazouna fut fondée à la période romaine, soit av. J.-C. car il a trouvé des pièces et des monuments romains mais Ibn Khaldoun suppose que la ville est fondée par Mendil Ibn Abdelrahmane de la tribu Maghraoua en 1170. Al Idrissi décrit bien la ville et ses marchés, mais ne fait pas allusion à son ancienneté. 
Elle est la première capitale du beylik de l'Ouest pendant la régence d'Alger et cela de 1565 à 1701, puis à cette dernière date, le siège de la capitale fut transféré à Mascara. Bordé par l’immense plaine du Chelif (Orleansville), .lequel Chelif constitue sa limite Ouest en se jetant dans la méditerranée, tout près de Mostaganem. 
Le massif s’étire, pour sa plus grande partie, dans le département d’Alger, et déborde, dans sa partie occidentale, sur le département d’Oran : le Haut Dahra. Luis del Marmol Carvajal (1520/1600)  et Ibn Khaldoun (1332/1406) citent tous les deux que  Mazouna est une ville historique maintes fois mentionnée dans leurs  publications, elle  fût reconstruite au milieu du 12ème siècle pour répondre à son propre vœu.  
Au cours de la présence française  de 1830 à 1962, le Dahra et l’Ouarsenis, moins longtemps rebelles à la domination française que la Kabylie, ont été, cependant, moins entamés jusqu’alors par la colonisation européenne ; aussi bien l’absence de riches vallées comme celle du Sebaou, de riches bassins comme celui de Mila, n’a-t-elle pu que retarder la pénétration de l’élément colonisateur. Durant la conquête d’Algérie, notamment en 1846/1847, le haut Dahra fut le théâtre de nombreux affrontements, entre le Colonel de Saint Arnaud et Boumaza, un marabout pugnace venu du Maroc. 
Plus près de la vallée du Chelif, Renault, en Oranie, fut créé en 1874 avec 80 concessions et devint  le siège de la Commune Mixte en 1883 ; comprenant notamment le village indigène de Mazouna, dont l’historique est affirmé. Ces premiers colons arrivent d’Alsace, de Lorraine, du Centre-ouest : Auvergne, Ariège, Aveyron. On note aussi la présence de quelques familles de notables musulmans. Ces pionniers sont donc les tout premiers à devoir mettre en valeur ce coin du Dahra. Selon Jaques Berque dans un chapitre « Une identité bien signalée » : « …Mazouna s’enorgueillit encore de 1400 points hagiographiques concentrés dans son paysage exigu. 
La ville se différencie en quartiers, Bou mata, Casbah, Bou Alloufa, etc., chacun de ceux-ci ayant sa mosquée à prône hebdomadaire. L’un de ces quartiers se profile au-delà de la ravine, sur la berge occidentale de l’Oued Ouarizan. Il y a aussi des sous quartiers, dont l’un fut jadis habité par des Turcs et l’autre par des Juifs. Quant à la médersa, elle fut entièrement reconstruite sous le Second Empire. 
La Commune Mixte est une circonscription administrative rurale de l'Algérie pendant la colonisation française, qui se situe au second niveau de division territoriale après le département, concurremment avec la Commune de Plein Exercice. 
Cette circonscription de grande taille englobe une population algérienne nombreuse et une population européenne réduite. Apparue dans les territoires sous administration militaire sous le Second Empire, elle fonctionne ensuite en territoire civil sous un statut inchangé de 1875 à 1956. Sa disparition est organisée par un décret du 28 juin 1956. 
C’est à Mazouna  également, qu’est située, sur une hauteur, la zaouïa qui fut le berceau des Senoussiya, confrérie musulmane très hostiles aux chrétiens et spécialement aux Français. 
De là est parti son fondateur, le Cheikh Mohammed Ben Ali Sennoussi, qui se constitua, dans les Oasis du désert libyque, une sorte de fief et s’y posa en adversaire irréductible des infidèles. Mort en 1859, il eut pour successeur un de ses fils, qui émigra dans la région du Tchad, où il se retrouva en présence de nos troupes ; il y mourut en 1902.

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