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9/15/2017

Au cœur de l’Akfadou, la divine surprise


L’Akfadou recèle un site féerique. Le Lac Noir, appelé communément Agoulmim Aberkane est une  étendue d’eau qui abrite une faune et une flore très riche. Ce site découvert  récemment par le grand public est très fréquenté.  L’association écologique « Les Amis de la nature » d’Addekar, (wilaya de Béjaia)  appelle  même  les pouvoirs publics à classer la forêt d’Akfadou comme parc national  ou réserve naturelle  pour  y limiter ou carrément interdire l’activité humaine. 
Et lancer ensuite des recherches scientifiques sur la conservation des paysages et des écosystèmes, la gestion des ressources naturelles et l’impact des activités humaines.

Invitée à une randonnée par Les Amis de la nature, une dizaine de jeunes (16 à 20 ans) a voulu vivre une aventure au cœur de la verdoyante Akfadou. Deux membres de l’association, Yacine Lazib et Merzouk Khoukhi, se sont proposés comme guides. Les deux « amoureux » de la nature n’ont pas hésité à faire découvrir aux jeunes  les moindres coins et recoins.
Le vendredi dernier, tôt le matin, le groupe s’est réuni dans un  café du chef-lieu de la commune d’Addekar, appelé aussi Toukbil. Munis de sacs-à-dos, l’ascension vers le lac noir en  le long d’une route sinueuse qui s’étale sur 12 km est entamée. « Ce n’est pas une mince affaire », avertit Yacine qui donne des consignes aux apprentis randonneurs  enthousiastes.
Vers 6h du matin, l’équipe se met en marche en file indienne. Les guides  prennent la tête du groupe. Merzouk revient sur le rôle de ce massif pendant la guerre de libération. « L’Akfadou a été le bastion du colonel Amirouche, le QG de la wilaya III. C’est Un lieu d’histoire et de mémoire », dira-t-il, à l’adresse de marcheurs attentifs.  Arrivés sur la route serpentée qui traverse la forêt, l’  « historien » insiste sur l’existence de la  voie remontant au IIIe siècle. « Cet axe a été ouvert par les Romains. Il mène  jusqu’à l’aqueduc  de Toudja à Ifrène. Et sur  l’autre versant, vers le col de Tagma, dans la wilaya de Tizi Ouzou », affirme-t-il, tout en invitant les touristes à prendre de grand bol d’air pour ne pas se  fatiguer.
Yacine  lui, veille sur le bon déroulement de cette randonnée et le bien être de ces jeunes. Après une heure de marche, on marque  une pause. Du  café, de l’eau et  des gâteaux sont servis. Chacun a ramené son  goûter.
Epuisés, les marcheurs se laissent se reposent  à l’ombre des chênes zen. « Cela fait un bail que je n’ai pas marché de cette manière. Mes jambes commencent à me faire mal », s’exclame Omar. Kamel, venu de la ville d’Oran, s’exclame  « je respire à pleins poumons. La pollution nous a intoxiqués ». « Je suis heureux d’être dans cet endroit féerique et en bonne compagnie. Le bonheur », ajoute-t-il. A un  geste de Yacine  bras, tout le monde se met debout. « Le chemin est encore long.», rappelle t-il. Le groupe s’ébranle de nouveau .
Sur le bord de la piste, un amas de pierres a les apparences de  ruines. « ses pierres ne sont pas arrivées ici toutes seules », fait remarquer Fayçal, venu tout droit des Aurès. « C’était un fort romain pour sécuriser la route. Les caravanes qui passaient par là étaient souvent attaquées et pillées », explique  Merzouk « nous appelons cet endroit Ksar Kibouche.», ajoute t-il

Réintroduction du cerf de Berbérie
Sur les routes nationales 34, ou touristiques, un enclos est vite repéré.  « Depuis 2005, la réintroduction des cerfs de Berbérie qui vivait en Afrique du Nord  est menée par le centre cynégétique de Zéralda. La Conservation des forêts de Béjaïa est chargée de la  surveillance et protection du site  », rappelle Merzouk. « L’opération est réussie. On peut observer des femelles avec leurs petits », se félicite-t-il. Samir, un curieux, demande au groupe de rester un moment pour voir un cerf. « Il te faut beaucoup de patience. Ils se cachent dans les bois. Ce sont des animaux sauvages, méfiants et insaisissables », explique Souad, une étudiante à l’université Mira de Béjaia. « Tu dois  campes ici pour avoir une chance sur mille de les apercevoir », ironise-t-elle.
Sur le chemin, des vaches sauvages se promènent en toute liberté. Elles se regroupent devant les points d’eau aménagés depuis l’époque coloniale. D’autres animaux y sont recensés entre autres le singe magot, le sanglier, le lièvre, le chacal, le rat roux. Le vautour fauve, l’aigle fauve, l’alouette Lulu sont des oiseaux endémiques.  S’agissant de la flore,  « Le chêne zen est l’essence la plus répandue. On compte aussi l’aune, le chêne afares, l’érable  et le houx. D’autres espèces ont été introduites vers 1900 tels le cèdre de l’Atlas, le pin noir, le pin Colter… », détaille Merzouk, désignant chaque arbre et son nom. 

Agulmime Averkane,
Après 3 heures de marche, à 1500 m d’altitude, un lac, nappé de fleurs et ceinturé par des arbres et avec la présence de ses 50% d’espèces méditerranéennes de flore et de faune constitue la divine surprise.
Le lac qui, en saison hivernale, double de superficie est  un lieu de détente propice  au repos et à la méditation. Des sentiments de plénitude et d’émerveillement  vous prennent.  Omar, assis se dit impressionné    : « Il y a de petites bêtes dans l’eau. Des plantes aussi. Ces arbres autour sont comme des gardiens. On a l’impression qu’ils protègent cet espace de tout intrus. » Yasmine, debout, fait un petit tour sur elle-même. « Je ne pouvais pas imaginer qu’un tel lac existe. C’est magique », clame-t-elle, les yeux écarquillés.
Chacun s’affaire de son côté. Certains préparent un pique-nique sous l’ombre des arbres, d’autres visitent les lieux. « Je préfère découvrir  la forêt», affirme Salim, un biologiste.
Une cédraie « blessée »
A quelques mètres du lac, des cèdres de l’Atlas  occupent une grande superficie. « Ils colonisent de plus en plus la forêt vu que cette essence est résistante », explique le biologiste.   « Des personnes inconscientes ont hélas  sculpté leurs initiales sur les troncs de ces arbres majestueux. La bêtise humaine n’a pas de limites », regrette-t-il en caressant   les arbres. « Des irresponsables portent atteinte à la forêt. Ils tuent tout ce qui est vivant », deplore Merzouk .La forêt reste  relativement propre. « Un travail de longue haleine  est effectué par l’association et les gens de la région. Nous organisons des sorties avec les écoles et les habitants pour ramasser les détritus laissés par des gens qui ne respectent pas la nature », soupire  Yacine, qui a organisé sur place une collecte d’ordures.

Un reportage de Karima Dehiles

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