La wilaya de Tiaret a aafiché, depuis avant-hier dès minuit, sur son site web officiel, trois listes distinctes de 2600 bénéficiaires de logements sociaux, dont celle additive comprenant 80 noms.
L’affichage de ces listes a fait autant de satisfaits que de mécontents. Abordés hier matin, certains heureux bénéficiaires, à l’exemple de K. Blal, la quarantenaire, ne cache pas sa joie, lui qui vivait au cœur de la ville de Tiaret, route Khouidmi, dans un cloaque de quelques mètres carrés.
Son «gourbi» relooké grâce à la contribution de généreux bienfaiteurs n’arrive toujours pas à contenir sa nombreuse famille composée d’une vingtaine de membres, dont sa mère et son frère malades.
Abdelkader, dans la catégorie des moins de 35 ans, s’est dit «soulagé», car il pourra désormais se consacrer à sa petite famille réduite dans une minuscule pièce qu’il partageait avec son frère. B. Hadj, la cinquantaine bien entamée, qui, lui, a déposé son dossier il y a 13 ans, a pleuré de joie et envisage des jours meilleurs pour ses cinq enfants vivant sous son toit chez sa marâtre, dans un réduit à Oued Ettolba, un quartier populaire qui cristallise presque tous les maux et tares d’une ville en plein boom démographique.
De la contestation, il y en avait, mais contenue. Mme T.R., veuve, nous a apostrophés en pleurs, car son nom n’y figure pas.
Elle croit savoir que «la commission aurait confondu entre deux dossiers de la même famille». «Idem pour le jeune Mohamed de Village Sbagnoul». Bitchou, un jeune journalier qui touche à tous les métiers pour survivre, était également difficilement consolable, mais dut «implorer Dieu qu’il ne sera pas oublié longtemps, lui qui a tant souffert».
Les plaignants ont d’ailleurs organisé un imposant sit-in devant le siège de la daïra qui était, pour la circonstance, bien quadrillée par les forces antiémeute pour parer à un éventuel dérapage.
Le chef de daïra, Gacemi Mohamed, qui n’a pas fermé l’œil depuis la veille, s’affaire à réorienter ses concitoyens vers la commission de daïra. «Tout au long de l’année, nous avons fait preuve de sérieux et je suis prêt à fournir des explications à tout demandeur mécontent».
Globalement, il s’est dit très satisfait que «la liste était à plus de 95% concoctée dans la transparence et bien accueillie par la population en dépit des protestations». A l’heure où nous rédigions cet article, le wali venait de recevoir certains représentants de différents quartiers de la ville pour «réexpliquer sa démarche et affirmer sa volonté de ne léser personne à l’aune d’un ambitieux programme de 6900 logements à distribuer avant la fin de l’année», dira un haut cadre.
Les commerçants alentour, une dizaine, avaient fermé boutique, d’autres téméraires ont rouvert leur commerce, alors que les citoyens vaquaient à leurs occupations. En dépit donc de la frustration pour les 10 000 autres éligibles soustraits d’une première liste de 47000 demandes, il y avait de la résignation. M. Bentouati, wali de Tiaret, a réitéré, hier matin, à travers les ondes de Radio-Tiaret «sa volonté d’écouter et surtout de rétablir tout un chacun dans ses droits pour peu que les textes soient appliqués à la lettre», ajoutant que «distribuer un quota de 2600 logements n’est pas une mince affaire bien qu’un calendrier de distribution pour d’autres opérations soit arrêté».
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