Houari Boumediene et Boualem Bessaïh
C'est dans une atmosphère empreinte de piété, de ferveur et de recueillement que la ville d'El-Bayadh a rendu, ce jeudi dernier, un vibrant hommage à feu Si Boualem Bessayeh, l'enfant prodige qu'elle a enfanté en 1930 et a vu grandir, l'une des figures les emblématiques de la région et de notre époque, ayant sacrifié toute sa vie et son existence jusqu'à l'ultime moment où il a rendu son dernier souffle.
La salle de la grande maison paternelle du défunt, qui a eu l'honneur et le privilège d'accueillir sous son toit le cheikh et penseur Ibn Badis le 03 mai 1933, également le Commandant Si Mourad, lors de leurs séjours respectifs dans la ville garnison de Géryville, s'est avérée exiguë pour accueillir ces milliers, voire plus, de personnes de tous âges venus assister à la veillée funèbre du quarantième jour du défunt. La vaste salle de la maison familiale était pleine à craquer, bien avant le début de la cérémonie de recueillement et il fallait jouer des coudes pour gagner un strapontin, même les autorités locales et à leur tête le wali, qui avaient pris part à cette imposante cérémonie, avaient de la peine à se frayer un chemin au milieu d'une foule compacte, une cérémonie qui a débuté aux premières heures de la matinée.
Jeunes et vieux, anciens moudjahidine et anciens élèves aux cheveux blancs de ses classes primaires, venus de Sebdou, de Mascara, d'Oran et de Tiaret, et d'autres villes du pays, tous sans exception ont tenu à prendre part à la veillée du quarantième jour de son décès.
Fougueux et plein d'énergie, il a rejoint ses frères d'armes, ces combattants de la liberté, dès l'aube de la lutte, abandonnant tous les avantages et le confort matériel que lui procurait sa fonction d'instituteur à l'école communale de Géryville. Réunis telle une grande famille dans cette maison des Bessayeh, jeunes et vieux Bayedhis se sont longuement penchés sur le long itinéraire politique et l'œuvre littéraire de ce moudjahid de la première heure. Issu d'une grande et noble famille de la tribu des Guerraridj de la région du Sud-Oranais, laquelle a enfanté des sommités intellectuelles telle sa sœur la célèbre romancière Rabia Bessaih, cette illustre personnalité n'est pas passée inaperçue durant toute sa longue carrière d'homme politique, jalonnée par de nombreux actes de bravoure, de courage dans le combat libérateur, pour faire triompher l'idéal sacré de l'indépendance de l'Algérie.
Il était titulaire du Doctorat d'Etat en Lettres et Sciences humaines, obtenu à l'université de Lyon, lauréat de nombreux titres et distinctions et de diplômes supérieurs acquis à la sueur de son front, à la Médersa de Tlemcen et à l'Institut français islamique d'Alger en décrochant le titre de professeur en littérature arabe. Un parcours révolutionnaire entamé par son adhésion au Mouvement national, qui lui a servi comme tremplin pour s'engager pleinement dans le combat libérateur, au début de l'année 1957, dans la région VIII, Wilaya V, en occupant de très hautes fonctions dues à son rang d'intellectuel ayant le sens de l'organisation tout au début de l'année 1957, puis il fut nommé au sein du secrétariat général du Comité national de la révolution, sous le nom de guerre «le Commandant Si Lamine ».
Dès l'aube de l'indépendance, ce grand moudjahid fut appelé à assumer de très hautes fonctions dans la diplomatie en tant qu'ambassadeur de l'Algérie auprès du royaume de Belgique, de la Confédération helvétique et du Duché du Luxembourg, ensuite dans de nombreux pays arabes, puis successivement ministre de l'Information, des PTT et de la Culture, et grâce à son talent de fin diplomate, rompu dans l'exercice et l'art de la politique extérieure en tant qu'excellent défenseur des causes justes, principes de l'Etat algérien et de ses intérêts suprêmes sur la scène internationale à l'étranger, il fut propulsé au poste de ministre des Affaires étrangères.
La carrière de cet illustre homme d'Etat est une référence exemplaire et une école pour les jeunes diplomates du pays, un homme talentueux et digne d'éloges qui a réussi à escalader, tout seul grâce à son abnégation, une à une les marches de la haute sphère politique nationale et internationale, puisqu'il fut sollicité par M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, pour occuper de hautes fonctions au sommet de la pyramide de l'Etat en tant que président du Conseil constitutionnel et enfin désigné peu avant sa brutale disparition en tant que ministre d'Etat, conseiller spécial et représentant personnel du président de la République.
Comme souligné plus haut, ce diplomate de carrière et éminent homme de lettres savait également manier le verbe. Il a laissé derrière lui une véritable bibliothèque dans les deux langues, nationale et française, soit plus de 09 ouvrages, traduits dans plusieurs langues, dont deux scénario de deux films ayant pour thème l'épopée du Cheikh Bouamama, portés à l'écran, celui de l'Emir Abdelkader et du soulèvement des Zaatcha contre l'occupant français. L'homme s'est éteint en 2016 à l'âge de 86 ans et l'idéal qui l'a animé demeure inébranlable et inaltérable dans le cœur de tous les hommes de notre époque épris de justice et de liberté, il est en lui-même une très longue et passionnante épopée.
par Hadj Mostefaoui
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire