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8/25/2016

Tiaret : LE ROLE DES ZAOUIAS EN DEBAT A TIARET



TIARET - Le rôle des zaouïas dans la préservation des valeurs de la société et dans la construction de la personnalité algérienne a fait, lundi, à Tiaret, l’objet d’une journée d’étude, avec la participation de plusieurs universitaires et chercheurs.

Organisée par l’Association "Histoire et monuments" de la ville de Tiaret et la faculté des sciences humaines et sociales de l’Université "Ibn Khaldoun" de Tiaret, la rencontre a donné lieu à la projection d’un documentaire traitant du rôle des zaouïas de Tiaret et de Tissemsilt.
Des enseignants de l’Université de Tiaret ont également fait des communications sur les grandes figures religieuses et scientifiques de la région, sur la résistance populaire à la colonisation française, le soutien des zaouïas au mouvement réformiste et dans la fondation de l’école algérienne et la préservation du legs religieux et culturel.

Le doyen de la faculté des sciences humaines et sociales, Tadj Mohamed, a souligné l’intérêt particulier porté par les universitaires et chercheurs pour les zaouïas dans la wilaya de Tiaret, qui en recense 32 lieux de culte, selon les statistiques de la direction des affaires religieuses.
Le président de l’association organisatrice, Boudiza Laamouri, a souligné à l’APS que la rencontre vise à mettre en exergue la place des zaouïas dans la société ainsi que les mutations que ces institutions religieuses connaissent à travers la création de musées, de structures d’archivage etc.

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REGARDS SUR LA ZAOUIA DE TIARET PAR BOUDEBZA LAMOURI




Journée d'étude qu'a organisé l'association histoire et archéologie de Tiaret avec la collaboration de l'université Ibn Khaldoun dans le cadre du mois du patrimoine 2014. Le contenu, à vrai dire, est un documentaire sur la zaouïa que l'association a produit.    

Depuis son apparition pendant la période des mourabitines (el mourabitines) comme bâtisse fortifiée  à caractère militaire formée essentiellement par des  djihadistes  volontaires. 

        La Zaouïa s'est dotée d'une nouvelle  discipline qui est l'enseignement ou le mourabite, en plus de son rôle d'observer les assaillants et de les empêcher de s'infiltrer dans leurs territoires, dans son temps  libre, il apprend à lire et à écrire, bien  entendu, le coran  et la siira prophétique. Cette nouvelle discipline fait de lui un adepte qui remonte sa moralité  spirituelle et sa capacité physique pour faire face à toute éventualité. Au fil du temps où les institutions étatiques ont fait  leur apparition comme l'armée régulière et les casernes pour l'entrainement et stationnement des troupes, la Zaouïa a abandonné sa tâche militaire et s'est consacrée à l'enseignement  tout en préservant  son implantation dans les zones coupées du monde.
       Sa bâtisse a perdu son côté militaire fortifié et s'est contentée  d'une bâtisse simple et modeste dépourvue de tout caractère de vie aisée, elle s'est épanouie socialement au fil des ans et son rôle dans la vie sociale  est devenu nécessaire car elle est devenue une institution officielle sans qu'elle soit sous l'égide du pouvoir, présente avec son rôle socioculturel, juridique et  religieux ou le cheikh tient en main la gestion de la vie sociale, tous  les habitants le consultent dans leurs différends comme l'héritage, les mariages et obsèques, tous cherchent la baraka du vénérable cheikh,  même l 'appel au djihad pour rassembler les volontaires.
        Vu ce rôle important et son influence sur la population à la mobilisation, les officiels, depuis bien longtemps, craignent  la rupture avec elle, et ont cherché à garder le bon lien pour l'incorporer et l'insérer dans le bastion du pouvoir avec des legs et donations importantes pour garantir son appartenance et son soutien. 
         A l'arrivée des français, cette crainte est présente et ils  n' est pas exclu,  dans leur stratégie, où les mesures adéquates sont quasiment prêtes, dés 1847, le gouverneur général a installé des espions qui dressent des rapports périodiques sur les activités des Zaouïas, ces renseignements renferment  le nombre des adeptes, des étudiants et des pèlerins qui viennent  et  leurs souches sociales et leurs secteurs  d'habitation géographique et l'événement fêté, quoique certaines Zaouïas ont gardé  une certaine distance à l'appel au djihad  contre l'occupant, n'a pas empêché ce dernier  de la mettre  sous sa ligne de mire.
          La plupart des soulèvements et l'appel à la guerre sainte est signé par la voix de son cheikh  à la mobilisation où les tolbas forment les premiers rangs parmi d'autres nationalistes  à l'insurrection armée.
L'enseignement  depuis des siècles reste traditionnel ou le cheikh dicte à son élève le huitième du hizb (thoumoune : 1/8). 
        Une fois terminé,  le cheikh corrige l'ardoise dite (el laouha) après, l'élève se retire à la lecture et par répétition, il apprend le lendemain il récite ce qu'il a écrit à son cheikh qui l'autorise à effacer sa laouha pour une nouvelle dictée. Le régime des études est l'internat pour les tolbas venus d 'ailleurs, les plus proches regagnent leurs foyers familiaux pour minimiser les charges de restauration qui sont fournies par la famille de la Zaouïa et collectes de l'aumône et les dons  des bienfaiteurs. La discipline est très stricte, tout perturbateur ou indiscipliné  sera sanctionné par la « falaka »  qui est une punition corporelle où le puni, ligoté, recevra  des coups de fouet aux plantes de ses pieds par son cheikh. En plus de l'enseignement religieux qui est essentiellement le coran et la siira prophétique et le fiqh de l'imam malek  et ses élèves comme cheikh khalil ,elle dispense à ses élèves d'autres disciplines comme la littérature, l'histoire et les plus brillants des adeptes, approchés par leurs comportements envers le cheikh,  apprennent  l'astrologie et ses secrets, ce qui n'est pas à la portée de tous, les privilégiés apprennent comment guérir certaines maladies comme chez la femme, la fertilisation et d'autres maladies paranormales où la médecine n'a pas pu répondre.     
                     
       La Zaouïa est  la destinée de beaucoup de pèlerins et de sympathisants qui viennent en visite de courtoisie pour certains, mais surtout pour la plus part, cherchent une assistance pour leurs futurs projets (mariages, commerce ou intervention pour régler certains différends (divorce et partage d'héritage). Pour maintenir cette importante relation avec son entourage, elle organise chaque année un grand rassemblement  dit « el rakb » ou « el ouada » qui se transforme en véritable conférence socioculturelle pour ses pèlerins, cette festivité comprend un programme très riche des liseurs du saint coran en groupe et chants religieux jusqu'à la hadhra (danse spirituelle) et des cours en étiologie et conférence en Histoire mais ce rassemblement est aussi le renouvellement du pacte moral envers la Zaouïa et son cheikh   
                     
         La Zaouïa est un dépôt d'ouvrages et manuscrits écrits ou copiés par les Oulamas  et leurs élèves  qui ont suivi de longues années d'études et de recherches pour rassembler cet héritage du savoir, ce grand nombre de volumes préserve  une grande partie de notre histoire  littéraire qui reste malheureusement ignorée, il est temps de penser à mettre en service ce grand trésor entre  les mains des chercheurs et d'utiliser les moyens techniques pour profiter  de ce qu'ils renferment. 

        Ces manuscrits, lors de la chute de zmalat el émir en 1843, environ 6000 ouvrages, ont été déportés vers la France, sans compter le nombre détruit  après l'assaut des troupes françaises contre cette capitale de toile d'el émir  Abdelkader  qu'avait créée, après la chute de Tiaret, le Général  Lamoricière, le 25 mai 1841, l'Emir Abdelkader, dans son intention, projetait  de créer une école avec une grande bibliothèque au service des étudiants.
        La Zaouïa a préservé la langue arabe par le saint coran et l'a diffusé vers d'autres régions et pays africains qui, en grande majorité de sa population, se sont convertis à l'islam, elle a mis fin aux nombreux conflits tribaux et familiaux et les a unifiés vers l'intérêt commun et le bien être de tous dans différents secteurs de la vie sociale.
        La Zaouïa, depuis des siècles de sa création, n'a pas dévié de sa mission qui est, en premier lieu, la formation de l'homme positif envers  sa civilisation arabo musulmane et berbère, militant envers sa nation et un préservateur  des acquis de ses ancêtres malgré les critiques qualifiés des fois de trahison envers la patrie et la société, elle a vécu des changements, diverses apparitions des états avec de nouvelles frontières politiques et  des croisades des nouveaux occupants, elle a su combattre  ces mouvements et est resté fidèle à ses principes .                                          

 Boudebza Lamouri


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