A 56 ans, Hamid Baroudi est sans doute l'un des chanteurs algériens les plus doués de sa génération. Artiste polyvalent et créatif qui puise son inspiration dans son riche bagage multiculturel, l'enfant de Tiaret, installé en Allemagne depuis 37 ans, a longtemps marqué les esprits durant les années 1990 à travers des tubes célèbres tels que Caravane to Bagdad, Hakmat Laqdar ou Salama.
Après une longue absence sur le paysage musical algérien, il revient cet été avec un nouvel album pour le plus grand bonheur de ses milliers de fans.
Le Temps d'Algérie : Il y a longtemps qu'on n'a pas vu Hamid Baroudi en Algérie…
Hamid Baroudi : Je suis venu pour le tournage de quelques séquences pour mon prochain clip qui sort cet été. En fait, je suis en train de préparer une chanson qui parle de l'influence du football sur la musique et vice-versa. Tous les stades du monde vibrent au rythme de la musique. Un match sans musique, c'est parfois ennuyeux.
Pourquoi avoir choisi spécialement comme thème le football ?
Parce que ce sport est comme une religion en Algérie. Je veux rendre hommage à travers cette chanson à tous les mordus du football de mon pays. C'est une idée qui germe dans mon esprit depuis plusieurs années. J'ai commencé même à m'investir dans ce domaine par le biais du parrainage d'une académie de football à Tiaret, ma ville natale, qui se nomme Noudjoum Tiaret. D'ailleurs, je suis le président d'honneur de cette académie. Je suis venu aussi spécialement pour un événement qui aura lieu ce mercredi 1er juin à l'occasion du lancement du concours Le maillot d'or destiné à promouvoir les champions de demain.
Que verra-t-on dans le clip ?
On ne peut pas faire quelque chose de nouveau sans toucher à l'histoire. Et l'histoire du football algérien, c'est les Mekhloufi, Amara, Madjer, Belloumi, Assad, et d'autres anciennes gloires que je ne peux toutes citer. La dernière génération qui a disputé les coupes du monde 2010 et 2014 a aussi écrit sa propre page dans l'histoire de ce sport. Un footballeur, c'est comme un rappeur, sa carrière est très limitée, c'est pourquoi je voudrais faire participer un maximum d'acteurs du football national à mon clip, une manière de leur rendre hommage.
On ne savait pas que Hamid Baroudi est un mordu du foot...
Ah oui, j'adore le football ! Je suis même un grand amoureux de la sélection du Brésil qui me fait vibrer comme la samba. J'aime aussi regarder les grandes équipes jouer comme le Barça, le Real, le Bayern
ou le Borussia Dortmund. J'ai même suivi plusieurs matches cette saison de Leicester en championnat d'Angleterre et en tant qu'algérien, j'étais très fier pour tout ce qu'a accompli notre Mahrez national avec cette équipe.
ou le Borussia Dortmund. J'ai même suivi plusieurs matches cette saison de Leicester en championnat d'Angleterre et en tant qu'algérien, j'étais très fier pour tout ce qu'a accompli notre Mahrez national avec cette équipe.
Revenons à la musique. Vous êtes ce chanteur qui a marqué l’esprit des algériens durant les années 1990 à travers des tubes célèbres comme Caravane to Bagdad, Hakmat Laqdar ou Salama. Mais depuis plusieurs années, vous avez carrément disparu de la scène musicale algérienne… Pourquoi ?
Tout simplement parce que je ne chante pas uniquement pour l'argent. Si c'était le cas, j'aurais pu produire un album tous les mois comme le font certains chanteurs. La musique, c'est avant tout ma passion. Si je ne la sens pas en moi, je ne la fais pas. J'ai toujours voulu réaliser des produits qui restent dans les annales de la chanson algérienne. Je suis un peu comme un Idir qui a marqué les esprits avec son tube Avava Inouva, un Hadj El Anka avec Sobhane Allah Ya Ltif ou un Guerouabi avec El Barah. Ces grands maîtres sont d'ailleurs mes références. Je préfère prendre tout mon temps avant de sortir un album. D'ailleurs, j'ai mis cinq ans pour produire mon nouvel album de douze chansons qui sort fin juillet. Mais il y aura d'abord le lancement du clip du single qui sera mon tube de l'été.
Ce tube sera-t-il aussi original que les précédents ?
Oui, puisque c'est un clip qui retrace le parcours d'un algérien voyageant dans le temps à la recherche de l'influence culturelle de ses ancêtres et ses compatriotes dans plusieurs coins du globe. Je suis allé filmer en Andalousie, en Egypte, en Allemagne, à Londres et même en Australie. Mon but est de montrer qu'on peut être moderne tout en s'attachant à son patrimoine culturel.
Et quel sera le titre de votre nouvel album ?
Je n'ai pas encore pris une décision finale quant au nom de cet album. En fait, j'hésite pour le moment entre trois titres, mais je trancherai une fois que tout sera bouclé.
Les chanteurs ne produisent plus de la bonne musique comme autrefois. Pourquoi ?
Je pense que l'avènement de l'internet précisément dans les années 2004-2005 a tué la créativité artistique. Ça a même fini par décourager les artistes qui ne sont pas bien protégés par les droits d'auteur. Parfois, un chanteur se casse la tête durant plusieurs années pour produire un album avec toutes les charges que cela implique, pour le retrouver finalement téléchargeable gratuitement sur Youtube dès les premiers jours de sa sortie. Il faut dire aussi qu'il y a une saturation dans le domaine de la musique. D'ailleurs en Europe, ils sont obligés de partir dans les pays exotiques pour essayer de trouver de nouveaux sons et les introduire à leur musique. Quand vous constatez qu'actuellement les DJ sont devenus des stars alors qu'ils se contentaient dans les années 1980 et 90 de faire tourner les platines, cela veut tout dire.
Comment voyez-vous l'avenir de la chanson en Algérie ?
Le problème en Algérie, c'est qu'on vit de plus en plus dans une société assistée. On a créé avec le temps une génération fainéante qui ne produit pas, elle consomme. A l'époque, les caisses de l'Etat étaient vides mais il y a avait de la créativité. Actuellement, tout est à portée de main, mais point de créativité. Les artistes qui jouent sur scène ne maîtrisent pas leurs instruments. Quand tu les vois à l'œuvre on croirait qu'ils font de l'aérobic. Parfois, on arrive à dénicher quelques talents à travers l'émission Alhane Wa Chabab sans qu'il y ait une suite. A mon avis, il faut que les anciens enseignent aux nouveaux les bases et les fondements de la musique pour les aider à suivre la bonne voie.
O. M
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire