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7/05/2016

Circoncision, boukalat et kaâdat, un rituel ancré dans la société algérienne

Les familles algériennes célèbrent la veille de la 27e nuit du Ramadhan (Leilat El Kadr) (la nuit du Destin). Une nuit riche en traditions qui la distinguent des autres jours de ce mois sacré. La vie religieuse prend tout son sens durant cette nuit et les foyers organisent pour cette occasion une kaâda spéciale. Pour cette circonstance bénie, mets et plats savoureux sont préparés et les proches sont conviés à partager le délicieux festin de l’iftar et à passer une soirée conviviale. 
Lors de cette nuit, la nouvelle belle-fille, est invitée, pour une soirée organisée en son honneur et lors de laquelle du henné est appliqué sur sa main droite pour bénir son adhésion à la famille qui lui offre, par la même occasion, un présent symbolique. Les familles algéroises, notamment celles de La Casbah, restent profondément attachées à ces traditions séculaires et veillent à les perpétuer pour les préserver et les empêcher de tomber dans l’oubli. Les veillées du Ramadhan sont mises à profit pour inculquer ces traditions aux nouvelles générations. Plats particuliers pour célébrer le premier jour de jeûne de l’enfant qui attend avec impatience l’engouement de la famille pour le féliciter et lui offrir des cadeaux après avoir rompu son premier jeûne avec « charbet », une citronnade préparée à base d’eau et de sucre, dans un récipient où une bague d’or ou d’argent est placée préalablement. On dit que cette pratique rend le jeûne plus facile ; elle est aussi une marque d’attention qui encourage l’enfant à se conformer petit à petit à ce pilier de l’Islam. La célébration du premier jeûne de l’enfant se déroule dans une ambiance festive pour laquelle la grande famille et des voisins sont invités. L’enfant porte, ce jour-là, la tenue traditionnelle de sa région d’origine. 
Pour cette veillée du 27e jour du Ramadhan, l’application du henné sur les mains des enfants, proches, amis, ceux des voisins ou des invités, est une habitude qui se perpétue. La « Bouqala » ou « el-fel » est de mise lors de la « qaâda ». Etant la nuit du destin, il est primordial d’optimiser et faire des vœux, comme par exemple souhaiter une naissance, un mariage, une guérison, la réalisation d’un projet ou autre chose qui tient à cœur. La bouqala consiste en des dictons ou adages populaires que récitent les femmes et sont souvent de bon augure. Les femmes, plus particulièrement les jeunes filles, font, chacune à son tour, un nœud à leur foulard ou mouchoir et formulent un vœu, avant d’écouter leur fel l’interpréter, suivi de youyous. Les rites religieux ne sont pas en reste des activités des familles algériennes en cette nuit dont une partie est consacrée à l’accomplissement de la prière des tarawih et à la récitation du Coran. 
Cette nuit sacrée constitue souvent une aubaine pour organiser des cérémonies de circoncision. En effet, en Algérie, il est de tradition de circoncire les petits garçons la nuit du 27e jour du Ramadhan. Une nuit choisie par beaucoup de parents pour célébrer comme il se doit cette recommandation du Prophète Mohamed (QSSSL). 
Un véritable rush est créé dans les structures hospitalières en cette dernière semaine du mois de Ramadhan pour que l’enfant soit guéri et prêt à porter sa gandoura et sa chéchia à l’occasion de la grande nuit du destin ou de la Révélation. Un moment qui conserve sa singularité et dont le souvenir reste ineffaçable de la mémoire des garçons. 
Rym Harhoura

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