Désormais, chez nous, à Tiaret comme ailleurs dans le pays, depuis quelques années, on ne peut évoquer le mois sacré du Ramadhan sans penser, non pas à nos concitoyens démunis mais surtout à nos immortels spéculateurs, une armée devenue invincible à toute attaque au fil des ans et avec le soutien indéniable d’un consommateur résigné.
Et comme de coutume, cette saison n’est pas différente des autres et ne fait pas exception, à croire que ces habitudes spéculatives sont ancrées maintenant dans nos murs et il sera difficile à l’avenir de les éradiquer à moins d’une véritable abondance de tous les produits de large consommation à commencer par les fruits et légumes. Et ce qui est déroutant et aberrant, c’est que ces hausses des prix touchent même les produits de saison dont généralement et habituellement les prix sont très bas de par l’offre qui dépasse de loin la demande tels que la tomate qui est à 80 DA, la pomme de terre (45), le poivron (80), les haricots verts (150) etc. A cet effet, il y a une dizaine de jours avant l’avènement du mois sacré dit de piété et de pardon où le coté spirituel devra primer sur le côté matériel et de consommation, les prix de ces seuls légumes étaient trois fois moins chers travers tous les points de vente informels ou non au niveau de la wilaya.
D’ailleurs, ce ne sont pas les pères de famille ou les ménagères qui vous contrediront parce que ce n’est nullement exagéré. Le prix des dattes qui ont été stockées et introuvables durant quelques jours avant le Ramadhan dont le prix affiché n’excédait pas les 200 dinars le kilo ont été cédées à près de 400 DA même avec leur qualité douteuse. L’ail, classé par ironie du sort dans la catégories des médicaments, est cédé à 700 dinars le kg ou souvent vendu avec d’autres produits, sinon rien. La vente concomitante revient au grand galop, rappelant certaines années de l’économie monopolisée par les Feu Galeries et autres Aswak car, durant la première semaine avant de connaître une certaine accalmie par la suite, comme à l’accoutumée, les produits restent inabordables pour le petit salarié et le « smigar » sans compter les sans revenus.
Il faudrait dépenser beaucoup d’argent pour prétendre remplir un couffin de tous les ingrédients qui garniront une vraie meïda de ramadhan. Comme par enchantement parce que la demande est un peu plus forte, le prix de la viande a vu une augmentation de 200 dinars en plus, par rapport au reste de l’année. La viande congelée d’importation dont la qualité reste un peu douteuse avec beaucoup de graisse est vendue jusqu’à 700 dinars le kilogramme pour la viande hachée. Un grand nombre de pères de familles se rabattent sur les marchés hebdomadaires lesquels sont cléments de par leurs prix mais très dangereux en raison du manque, voire de l’absence d’hygiène qui y règne. Sur les étals de ces marchés, tous les produits cohabitent, on ne fait pas de distinction entre des insecticides et des abats de poulets tués la veille par exemple. Enfin, dans tout cela, il ne faut pas oublier de parler du dindon, pas celui de chair évidemment mais celui de la farce, c’est-à-dire le brave consommateur qui, astreint à ce régime de spéculation, ne pourrait plus rien consommer un de ces quatre matins.
S.M.
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