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5/15/2016

La famine dans le Sersou: III -Le Colon, La Secheresse Et La Misere






Mais pendant que l’on palabre dans les journaux dont la position est souvent versatile et paternaliste, les algériens continuent à mourir dans les rues de Tiaret. « Le 10 février 1927 au matin, le cadavre d’une cinquantaine d’années a été découvert près de la pépinière Bouscarin » (6).  Le drame de la misère est quotidien. Une femme abandonne un enfant de 15 jours sur le trottoir. Privée elle-même de nourriture, elle avait les seins taris. Elle proposa son enfant à une coreligionnaire qui ayant déjà plusieurs enfants à sa charge, refusa le bébé.
La mendicité s’installe définitivement à Tiaret. Ce n’est pas pour autant que l’administration coloniale abandonne le refoulement. Les meskines sont traqués par la misère et par la répression. On leur donne la chasse sans répit.
Le maire de la ville de Tiaret ordonne au commissaire de procéder au ramassage de mendiants de jour et de nuit et de les enfermer dans la halle à grains avant de les expulser manu- militari vers leurs douars d’origine (7). 
Les mendiants «constituent pour la commune de Tiaret et pour le bureau de bienfaisance une lourde charge. Et le danger que présente pour l’hygiène publique le séjour dans les rues et dans les maisons de tous les porteurs de microbes, justifie les protestations énergiques qui se sont déjà élevées» (8).
Pour la paysannerie algérienne des zones montagneuses, les années se suivent et se ressemblent. « Le nommé Tahar Ben Mohamed, 65 ans, est trouvé mort sur la voie publique »(9). « Les sans – abri », affaiblis par le manque de nourriture, sont pour la plupart, achevés par la congestion. Le 28 octobre 1928, une femme est trouvée morte près de l’infirmerie «indigène».
Quoique faiblement structurée en Algérie, l’«Etoile Nord–Africaine » dénonce le système colonial en appelant que « depuis la conquête, onze millions d’hectares des meilleurs terres ont été volés et les indigènes, refoulés vers le Sud aride, sont décimés par les famines  périodiques. Les amendes collectives frappent des tribus entières, les séquestres finissent de ruiner le peuple algérien qui est plongé dans la misère » (10).
Nous sommes à la veille de la célébration du centenaire de la colonisation. L’œuvre «civilisatrice» de la France est éloquente : après un siècle de présence française, le peuple algérien se débat dans un extrême misère. C’est l’asphyxie.
Les colons, eux, vivent dans l’opulence. Tout ce qui s’était réalisé dans le pays, ne l’a été que dans leur intérêt et celui du capitalisme français. Terriens implantés dans la colonie et industriels de la « métropole » exploitent sol et sous- sol. Ils se sont partagé le butin d’un pays conquis au prix du massacre, de l’enfumage, du génocide.
La paysannerie algérienne se trouve dans l’étau. Elle repose sur l’enclume de la misère. Puis deux marteaux s’abattent sur elle : la colonisation et la féodalité. Alors, tout est malheur, tout est désarroi, incertitude. La famine provoquée par la sécheresse cyclique constitue pour ainsi dire un coup de grâce qui achève un peuple dépossédée et vilement exploité.
Adroitement, les historiens de la colonisation affirment que «  la misère est la cause incontestablement la plus active de la criminalité … C’est pourquoi toute année où la récolte est mauvaise est marquée invariablement par une recrudescence de la criminalité » (11).
Pour tenter de prouver quelques raison sociale à l’occupation française, les historiens français, soutiennent sans pudeur des thèses fantaisistes que seul le profane (celui qui ne vit pas en Algérie) est prédisposée à assimiler où à admettre :
« Il n’y a plus de sans travail en Algérie : tout le monde trouve à s’occuper, les salaires des ouvriers musulmans sont devenus rémunérateurs, un grand nombre d’arabes et surtout Kabyles vont chercher en France un travail largement payé. Dans les villes, les femmes indigènes qui veulent s’occuper trouvent aisément à s’employer comme femmes de ménage, et toutes ces causes réunies font que la misère a notablement diminué » (sic) (12). 
M. Norès affiche un optimisme gratuit teinté de contractions à savoir que la misère, comme le naturel , quand en veut la chasser, elle revient au galop dans des écrits destinés à justifier – avec beaucoup d’efforts- la présence française et énumérer ses «bienfaits» que seul une plume malhonnête est en mesure d’inventer.
Pour fêter le centenaire, l’administration coloniale a commandé des ouvrages. Les plumes se sont mises alors à écrire des choses qui ne s’adressent pas évidemment aux algériens. Les auteurs, tous engagés pour la cause coloniale, peignent des tableaux aux mille et une couleurs pour occulter la misère que les algériens subissent tous les jours.
On écrit à qui veut lire que le régime colonial a apporté des bienfaits. Il est fort difficile de faire admettre des mensonges. Le régime colonial vit d’une nature tissée de contradictions. Car la misère du peuple algérien, personne n’osera la nier. Les algériens la subissent quotidiennement.
Au lendemain de la célébration du centenaire de la colonisation, contrairement à ce que soutenaient la veille les Norès et les Depont, les Algériens vivent toujours sous l’embrigadement du régime de l’exploitation et de l’oppression. La circulation est sévèrement contrôlée. Le refoulement pratiqué à grande échelle. En mars 1931, le Gouverneur général ordonne aux préfets d’empêcher les «indigènes» miséreux de l’extrême Sud à se rendre dans le Nord du pays.

5/05/2016

Plus de 3.000 oiseaux migrateurs dénombrés dans les Aurès cette année

Au total, 3.352 oiseaux migrateurs ont été dénombrés par les ornithologues, cette année, à travers les différents plans d’eau des wilayas du pays chaoui . Selon Saïd Fritas, membre du réseau et chef du bureau des espèces protégées à la conservation des forêts de Batna, ce dénombrement d’oiseaux effectuant une halte migratoire ou nidifiant dans la région des Aurès, située sur l’axe migratoire entre l’Europe et l’Afrique, a été effectué dans le cadre du recensement international des oiseaux migrateurs organisé annuellement durant le mois de janvier. M. Fritas a souligné, dans ce contexte, que la migration annuelle, dans le monde, de quelque 50 milliards d’oiseaux de différentes espèces, constitue ‘‘une des grandes merveilles naturelles de notre planète’’. Le comptage, opéré avec la collaboration de la conservation des forêts et de nombreux bénévoles, a permis de faire ressortir une régression « inquiétante » d’oiseaux migrateurs, tout en identifiant trente-trois (33) d’espèces avifaunes, ayant séjourné dans les vingt-trois (23) zones humides de la région, et dont la majorité a été aperçue sur les plans d’eau de Tazougaghet (Khenchela), et de Gadaïne (Batna), a-t-il ajouté. Des nuées en nombre inhabituellement élevé d’érismatures à tête blanche et de tadornes casarca ont constitué la nouveauté de cette année, a fait savoir M. Fritas, mettant cependant l’accent sur les pressions résultant d’une population humaine en pleine croissance, d’une urbanisation rapide et de la pollution, qui sont à l’origine de la perte, de la fragmentation et de la dégradation des habitats naturels de ces oiseaux. Parmi les espèces identifiées figurent également des anatidés (canard souchet et pilet, fuligule milouin, sarcelle marbrée et tadorne) ainsi que d’autres espèces telles que le foulque macroule, l’aigrette, la poule d’eau, le flamand rose, le héron cendré, la pie grièche, le busard des roseaux et le petit gravelot, a-t-on également indiqué. L’observation des espèces avifaunes nicheuses dans ces aires humides, telles que le tadorne casarca et le fuligule, inscrites sur la liste des oiseaux menacés élaborée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), illustre « son intérêt et son importance biologique riche en faune aquatique qu’il faut préserver à travers des mesures de protection », a aussi indiqué le responsable. 

La rédaction (avec l’APS)


Les cédraies de l’Aurès à la merci des trafiquants

Le cèdre de l’Atlas « idhguel » en chaoui , cette essence rare et protégée , qui , en plus d’être confrontée à un phénomène de dépérissement accéléré , fait l’objet d’un véritable pillage de la part de trafiquants sans scrupules. Les éléments de la brigade mobile des douanes algériennes viennent de saisir 350 pièces semi-finies confectionnées à partir de cet arbre, au niveau du carrefour desservant, sur la RN 3, les villes de Batna, de Constantine et de Boumia. Il s’agit , d’après un responsable des douanes , d’écuelles ( ziwa , plur. Thizizawin) , sorte de plat légèrement creux taillé dans du bois massif, servant à rouler le couscous, grossièrement débitées dans l’attente de leur finition. Le conducteur du petit camion transportant cette marchandise a pris la fuite à la vue des douaniers, abandonnant le véhicule et sa cargaison, a encore indiqué le même responsable. Le cèdre occupe dans l’Aurès une superficie estimée à 12022 ha, ce qui représente à peu près 66 % de la superficie globale du cèdre en Algérie. Elle est répartie en deux massifs principaux : la forêt de Belezma (Batna) sur les flancs de mont Thouggourt (7000 ha), l’autre dans le territoire de la wilaya de Khenchela , dans le massif des Aïth Oudjana sur 3000 ha (Mont Chélia) et des Aïth aâqoub (3000 ha, mont Feroun et Aïdhel) . Les cédraies des Aurès dont la régénération est très faible, sont menacées de disparition à cause de la coupe illicite, le surpâturage et les incendies souvent d’origine criminelle. 

Jugurtha Hanachi

Tiaret, une capitale aux origines amazighes...

Dans cette deuxième partie du dossier consacré aux villes de l’ouest du pays, nous allons découvrir les origines des noms de Tiaret, Mostaganem, Mascara et Saïda.

Evoquer Tiaret renvoie indubitablement dans l’esprit de beaucoup de citoyens aux Rostomides (761-909 de l’Hégire) et à cette cité musulmane dont on ne retrouve aujourd’hui que peu de traces. A un degré moindre, certains citoyens interrogés lient cette toponymie au nom de Tihert qui signifie la lionne. «Tiyarat», terme en usage actuellement, serait donc la dialectisation arabe d’une forme francisée d’un vocable amazigh à l’origine.
La confusion est exacerbée, d’autant que l’Emir Abdelkader Ibn Mahieddine avait bâti, non loin de la capitale des Rostémides, à Tagdempt, à 7 km de l’actuelle ville, sa propre capitale. Pour Farid Benramdane, enfant de la ville et professeur des universités, chef de la division toponymie au Crasc, auteur de plusieurs publications sur les noms propres en Algérie et au Maghreb, «Tiaret ou Tihart, Tahart, Tihârt, Tâhart, Téhert, Tiharet, Tiyaret, comme Wihran, Wahran, Ouaran, Ouarân, Wahrân, Wihrayn, Ouadaharan, Horan, Oran, sont les formes multiples que prennent les mêmes noms de lieux (toponymes) à travers des périodes historiques précises et en fonction des langues en usage, aussi différentes que tamazight (avec ses variantes), les parlers locaux (arabe algérien ou maghrébin) et même le grec, le latin, le punique, l’arabe, l’espagnol ou le français».
Sollicité, l’actuel conseiller de la ministre de l’Education trouve que «les deux noms Wahran et Tihart sont cités au haut Moyen-Age (Ibn Haouqal, Abbou Zakkariya, El Bekri, Ibn Saghîr…)», mais explique t-il : «Nous supposons que les deux toponymes existaient avant l’arrivée des Arabes au Maghreb central car Tahert, capitale du premier Etat musulman au Maghreb central, était la cité florissante par ses produits agricoles, son commerce avec l’Afrique et ses constructions, nous dit El Muqaddasi».
«Tahert aussi fut renommée pour son goût du savoir, sa passion des problèmes théologiques et son degré de tolérance vis-à-vis des autres communautés religieuses et ethniques installées sur son propre territoire», ajoute Ahmed Bouziane, écrivain-historien et président de la commission culture à l’APW. C’est également le cas de l’articulation tihart/tahart. Al Idrissi, Ibn Khaldoun et El Bekri écrivaient Tîhart, Ibn Saghîr et Aboul Fodha notaient Tâhart. Quant à «Tiaret», il s’agit d’une francisation à la fois de Tihert et de Tahert.         
               
A. F.
EL WATAN