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12/14/2015

Taos Amrouche : une Grande Dame

Elle a écrit les douleurs de l’exil. Elle a chanté de sa voix gutturale la passion du terroir. Elle, c’est Taos Amrouche, romancière algérienne d’expression française. Trente-deux ans se sont déjà écoulés depuis sa disparition. Son souvenir reste inaltérable. Elle est souvent associée à l’interprétation de ses étranges litanies ancestrales berbères. Son héritage romanesque reste, cependant, peu connu. Issue d’une famille kabyle de confession chrétienne, Marguerite Taos Amrouche, fille de Fadhma Ath Mansour et de Belkacem Amrouche, est née, en Tunisie, le 4 mars 1913. Elle descend d’une lignée de récitants de la tradition orale kabyle, les «clairchants». Originaire d’Ighil Ali, en Petite Kabylie, sa famille émigre en terre tunisienne en quête de pitance. Baignée dans une double culture, berbère et française, Taos autant que son frère aîné Jean El Mouhoub Amrouche, lui aussi grand intellectuel, grandit entre le souvenir mythique du pays abandonné -toujours ravivé par ses parents- et la réalité douloureuse de la terre d’accueil. Elle obtient son brevet supérieur à Tunis, en 1934, avant de se rendre à Paris pour continuer ses études. L’internat de la IIIe République des jeunes filles de Fontenay-sous-Bois ne l’agrée guère. Elle rentre à Tunis, son vrai faux bercail. Taos, une voix profonde et mystique tttttt.jpg En 1937, la sœur de l’illustre Jean El Mouhoub Amrouche offre au public, à Paris, un répertoire de ses chants immémoriaux et mystiques. Le parcours ne fait que commencer. Deux ans plus tard, la providence lui ouvre une porte. Le directeur de la Casa Velazquez de Madrid, collège où se réunissent artistes et scientifiques français venus étudier la culture hispanique, ébloui par la voix éraillée de Taos au cours d’une présentation de ses chants à Fès (Maroc), lui propose d’intégrer l’école. Mission : étudier sur les chants de l’Alberca, survivances laissées par les Berbères d’Andalousie, entre les VIIIe et XVe siècles. Alors que Taos ne connaît pas un traître mot en espagnol, et encore moins les mystères du solfège, elle se laisse guider, entre 1940 et 1942, par son instinct et son ardeur pour la tradition orale. En terre ibérique, elle se marie avec le peintre André Bourdil pour donner naissance à Laurence Bourdil Amrouche, et elle part en France pour y résider en 1945. Dans la métropole parisienne, elle rencontre Jean Giono, grand écrivain, et travaille à Radio France, où elle anime des chroniques littéraires en langue kabyle intitulées «Chants sauvés de l’oubli», en 1949, et «Souvenons-nous du pays», de 1957 à 1963, ainsi que «l’Etoile de chance». Après 1954, Taos ne divorce pas d’avec la scène. Elle y consacre autant de ferveur que d’abnégation. Vient, ensuite, la consécration : Taos obtient le grand prix de l’Académie du disque pour son premier disque Chants berbères de Kabylie en 1967. Elle enregistre, également, la musique du film de Jean-Louis Bertucelli, Remparts d’argile, puis cinq autres disques entre 1968 et 1975.Des sommités littéraires
Comme Mohamed Dib, André Breton, Léopold Sedar Senghor, Jean Pélegri et Kateb Yacine lui expriment leur admiration. Le public ne fait qu’en redemander : spectacle et concerts à Venise, à Aix-en Provence, à la Havane, à Rabat et, enfin, à Dakar..


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