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12/02/2015

Oiseaux des villes....

On parle souvent des oiseaux des jardins et de ceux qui vivent dans la nature. En revanche, on parle moins des oiseaux des villes... Outre les pigeons, quelles espèces vivent et nichent en ville?
Comment s'adaptent-elles à ce milieu urbain apparemment hostile à la vie sauvage ?


La ville, un milieu favorable aux oiseaux ?

A première vue, la ville n'est pas l'environnement rêvé pour les oiseaux. Béton, pollution, voitures, foule... Et pourtant ! Dans nos villes, y compris les plus grosses agglomérations, nichent plus d'une cinquantaine d'espèces d'oiseaux. C'est considérable, et c'est même davantage que dans certains secteurs agricoles (les immenses zones de monoculture dépourvues d'arbres, de haies, de bosquets et traitées aux insecticides sont des quasi déserts en terme de biodiversité).

Depuis le milieu du 20eme siècle, la ville est peu à peu devenue un milieu relativement accueillant pour bon nombre d'animaux, et en particulier les oiseaux. 
L'impact de l'agriculture sur les milieux naturels et la bétonisation de zones péri-urbaines a eu pour effet de détruire ou morceller l'habitat de beaucoup d'oiseaux (raréfaction des zones de nidification et des sources de nourriture : lire Une trame verte et bleue pour favoriser la biodiversité). 
Cette avifaune a peu à peu gagné les villes, comme d'autres espèces animales, dans lesquelles elle a trouvé un milieu plus favorable : sources de nourriture faciles, prédateurs globalement moins présents (pas d'éperviers... mais de nombreux chats !), climat plus clément notamment en hiver, sites disponibles pour construire des nids...



Pour vivre en ville, l'oiseau doit savoir s'adapter

Les espèces d'oiseaux qui se sont le plus facilement implantées en milieu urbain sont celles qui ont le régime alimentaire le moins spécifique (le rougequeue noir, très présent en ville, a des goûts alimentaires très éclectiques), celles qui nidifient en des lieux variés (le moineau domestique est capable de s'installer à peu près partout), ou celles qui ont su s'adapter à leur nouvel habitat (le faucon crécerelle, habitué des falaises, a adopté les façades des monuments, des immeubles, les cheminées de chauffage ; quant au cochevis huppé, qui niche habituellement au sol, il a appris à faire son nid sur les toits...).


En revanche, les oiseaux qui nichent uniquement dans les buissons (fauvette, rouge-gorge, rossignol, pouillot) ont plus de difficulté à s'installer en centre ville, où la végétation basse se faire rare, et les espèces strictement insectivores peuvent peiner à y trouver leur nourriture (le gobe-mouche gris n'est par exemple présent que dans les parcs et les jardins).

La ville, un écosystème simplifié... et déséquilibré

En écologie, un écosystème se définit comme un ensemble formé par un environnement (le biotope) et par l'ensemble des espèces (la biocénose) qui y vivent, s'y nourrissent et s'y reproduisent. 

La ville est donc un écosystème, même si son biotope est très minéral, et sa biocénose à la fois peu abondante et simplifiée (on y rencontre moins d'espèces vivantes que dans un écosystème "naturel").

Les écosystèmes urbains (chaque ville représente un écosystème) sont également déséquilibrés. D'abord parce que l'homme, ses activités et ses déplacements ont un impact très important sur le milieu et les êtres vivants qui y vivent : nombre d'espèces vivant en ville y ont été introduites par l'homme, qu'elles soient animales (pigeons) ou, le plus souvent, végétales (plantes d'ornement échappées des jardins, plantes potagères retournées à l'état sauvage, graines véhiculées le long des multiples axes de transport ui convergent vers la cité...). 

En outre, contrairement à ce qui s'observe dans la nature, en ville, la biodiversité est trop pauvre et la biomasse trop peu abondante pour que les espèces vivantes se régulent mutuellement (non prédatées, certaines populations animales ont tendance à devenir envahissantes : pigeons, étourneaux, corneilles...).
Des espèces vivantes capables de s'adapter à un tel milieu

Le milieu urbain, façonné et largement dominé par l'homme, est donc si peu naturel qu'on en oublie qu'il abrite nombre d'êtres vivants "clandestins". Certaines espèces -souvent animales- trouvent à la ville plus d'avantages que d'inconvénients, elles s'y sont donc facilement implantées : températures plus douces, nourriture aisément disponible, quasi absence de prédateurs... Quelques-unes d'entre elles apprécient le voisinage de l'homme, ou du moins son habitat : ainsi, l'hirondelle de fenêtre trouve sous les toits un endroit parfaitement adapté à sa nidification, la chauve-souris trouve le gîte sous les ponts, dans les bâtiments, sous les combles, quant aux rats, ils ont toujours su profiter de la présence de l'homme. Autre exemple : plusieurs espèces de rapaces s'installent en haut des immeubles ou dans les clochers (faucon pèlerin, chouette effraie, faucon crécerelle).

Pour les plantes, les avantages de la ville sont moins évidents ; disons plutôt que celles qui arrivent à peupler l'espace urbain savent se contenter de peu (peu de terre, peu d'eau) et utilisent le vent plutôt que les animaux comme mode de dissémination de leur pollen et de leurs graines. 
Ce sont souvent des espèces pionnières, parfois même des espèces invasives (ces plantes opportunistes sont capables de coloniser très rapidement un milieu dégradé ou hostile : buddleia, renouée du Japon, ailante...). 
Les plantes sauvages sont plus nombreuses en ville qu'on ne le pense ; de nombreux observatoires et autres programmes de sciences participatives sont d'ailleurs dédiés à cette flore urbaine.



A chaque type d'habitat urbain ses populations d'oiseaux

Grands parcs urbains
Les parcs et jardins publics des centres urbains et les bois en périphérie des villes (par exemple, le bois de Boulogne et le bois de Vincennes à Paris) ainsi que, de manière plus inattendue, les vastes cimetières, offrent le gîte et le couvert à de nombreux oiseaux, notamment ceux qui nichent ou se nourrissent dans les buissons, les haies, les arbustes et les grands arbres : merle, accenteur mouchet, verdier d'Europe, pic épeiche, geai des chênes, corneille noire, pouillot véloce, chardonneret élégant, grimpereau des jardins, troglodyte mignon, sittelle torchepot, pinson des arbres...

Les plus grands parcs abritent une avifaune importante et variée du fait de la mixité des types d'habitats (secteurs boisés d'essences variées, pelouses, buissons), y compris des oiseaux d'eau : cygne tuberculé, canard colvert, et même héron cendré y sont devenus très courants.




Jardins privatifs et de copropriété

Les jardins citadins et de banlieue, les zones pavillonnaires, mais aussi les jardins de copropriétés, fréquents dans certains quartiers de centre ville, et, dans une moindre mesure, les toits végétalisés, les terrasses et les balcons "verts" sont autant de sites riches en espaces verts et en haies. Ces espaces accueillants pour les oiseaux présentent une biodiversité souvent équivalente à celle que l'on observe en lisière forestière.


Façades et toits du centre ville

Les espèces cavernicoles ou rupestres apprécient les anfractuosités des façades, les creux de murs, les espaces sur (ou sous) les toits, les réverbères, les rebords de fenêtre... Pour ces oiseaux, n'importe quel abri en hauteur, contre un bâtiment ou sur un toit, peut faire l'affaire pour y construire un nid ou y dormir. Hirondelles de fenêtre, pigeon biset, étourneau sansonnet, moineau domestique, rouge-queue noir, martinet noir, choucas des tours : tous ces oiseaux sont ainsi très présents dans les centres villes.



Les arbres des avenues sont également "habités" par les espèces qui y nichent et s'y nourrissent : mésange bleue, pie bavarde, pigeon colombin...

Homme et oiseau, une cohabitation fragile

En ville comme dans les zones agricoles, les pratiques humaines ont un impact direct sur les oiseaux, tant en diversité d'espèces qu'en nombre d'individus au sein d'une population : les débroussaillages et les élagages en période de nidification détruisent les couvées, l'emploi d'insecticides (lesquels seront bientôt interdits dans les espaces ouverts au public et les jardins privés) déciment les populations d'insectes et privent donc les oiseaux insectivores de nourriture, les fauchages répétés nuisent aux espèces granivores...

Cependant, de plus en plus de municipalités prennent conscience de la nécessité de protéger cette biodiversité, et les pratiques tendent à devenir plus respectueuses et plus favorables au maintien de cette vie sauvage en ville.





Pigeons et étourneaux, les mal-aimés des villes

Impossible de parler des oiseaux des villes sans évoquer la difficile cohabitation avec les pigeons et les étourneaux ! Les pigeons salissent les toits, les rebords de fenêtre, les monuments, les façades et les garde-corps de leurs fientes, et se montrent particulièrement envahissants, notamment au printemps, en période de nidification. Leurs roucoulements constituent aussi une gêne sonore pour le voisinage (très tôt le matin en été, parfois aussi durant la nuit, car la lumière des réverbères perturbe les cycles biologiques des oiseaux, lire : La pollution lumineuse et ses conséquences pour la faune sauvage). Les étourneaux, eux, se font remarquer en hiver : ils peuvent se rassembler par milliers dans les arbres, et se montrent particulièrement bruyants et salissants (gare aux voitures garées sous les arbres en question !).

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