HISTOIRE – RESISTANCE – CHEIKH EL HADDAD
Le 8 avril 1871. Cheikh El-Haddad, un homme de 80 ans, appelle à l’insurrection contre le colonisateur français, lors d'un rassemblement à Seddouk. L’appel à la lutte contre l’occupant est marqué par une phrase et un geste devenus : «Ad-nṭeyer irrumiyen ɣef ullel am ṭiyreɣ taεakkazt-agi ɣer wakkal», «Nous jetterons les Français en mer comme je jette ce bâton par terre !»
Le nom exact est Mohamed Ameziane Belhaddad. Le nom de Belhaddad vient du fait que son père exerçait le métier de «hadad» (forgeron). 250 tribus répondirent à son appel.L’homme qui n’était pas guerrier, était connu et jouissait d’un grand charisme, car, en 1857, il était élu khalife, cheikh suprême de la tariqa Rahmania. Le cheikh Belhaddad avait fait de la Zaouia, un centre de rayonnement. Devenu figure de proue de cette confrérie, il avait pris en charge les maux sociaux engendrés par la colonisation telles l’ignorance, les maladies et la pauvreté. C’est ainsi qu’il avait pu asseoir son autorité morale sur la population. Sa rencontre avec Mohamed El-Mokrani fut un signe du destin.
Les deux hommes, deux personnalités charismatiques qui avaient des contacts secrets depuis janvier 1871, avaient décidé de s’unir dans leur combat contre l’armée française. Avec une grande fierté patriotique, il dit que «seule la résistance permettra au peuple algérien de recouvrer sa dignité». Il chargea alors ses deux fils d’inviter tous les «Moqadam» des Zaouias à conférer avec lui, et mena des consultations élargies aux notables. Le 8 avril 1871, il se rend au marché de Seddouk où une foule immense l’attendait. Après son discours où il avait longuement évoqué la noblesse du combat, il avait réussi à lever une armée de 300.000 hommes. Le commandement des troupes a été confié à ses deux fils. Le chef de la confrérie Rahmaniya, considéré par la France comme un ennemi de naissance, fut mis en résidence surveillée , le 13 juillet 1871. Le 18 juillet de la même année, il fut conduit à Bordj Moussa (actuel musée de Béjaïa), puis au tribunal de Constantine. Malade et âgé, la cour le condamna tout de même à 5 ans de prison. Un verdict qui n’ébranla pas le cheikh qui décéda le 29 avril 1873 à la prison d’El-Koudiat (Constantine) à l’âge de 83 ans. En dépit de son vœu d’être enterré dans son village natal, il fut privé de sa dernière volonté. Il fut enterré par les adeptes de la tariqa Rahmania au cimetière central de Constantine. Cependant, le 2 juillet 2009, cheikh El-Haddad est rentré chez lui. En présence de 16.000 personnes, et comme il l’avait souhaité, sa ré-inhumation a eu lieu lors d'une cérémonie à Seddouk-Ouffella.
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