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11/14/2015

Un Documentaire sur le clips de Min Djibalina de Hamid Baroudi



Hamid Baroudi. Chanteur, compositeur et producteur  «Je veux rendre à mon pays ce qu’il m’a donné»

A la faveur de la tenue de la cinquième édition du festival «L’été en musique», l’artiste Hamid Baroudi a présenté son nouveau projet artistique. Dans cet entretien, le chantre de la world music n’a pas oublié d’où il vient, tout en se fondant avec une belle détermination, celle d’être à l’écoute des talents en herbe.


Propos recueillis par Nacima Chabani

Vous revenez à Alger en l’espace d’un mois, mais cette fois-ci pour la présentation d’un nouveau projet artistique...

C’est ma première participation officielle au festival de «L’été en musique» d’Alger. Je suis venu avec un tout nouveau projet artistique ayant pour slogan «L’Algérie, unie par la musique». J’ai voulu donner la possibilité à des talents qui émergent de se produire sur une vraie et belle scène. Je l’avais promis depuis des années. L’opportunité ne s’est pas présentée pour que je puisse réaliser cela.

Mais maintenant nous sommes en train de commencer ce travail. Pour rappel, je suis passé par cette phase-là.

J’étais jeune et je n’avais pas cette possibilité. Je n’avais même pas les moyens d’acheter les fils de ma guitare. Mieux encore, je n’avais même pas les moyens de prendre un taxi pour aller à Djanet pour monter un clip. J’ai réussi à réaliser l’ensemble de mes projets avec des moyens rudimentaires.

A l’époque, les caisses de l’Algérie étaient vides, mais il y avait de la création. On dit que quand un artiste a faim, il crée. Aujourd’hui, on a faim, c’est pour cela qu’on crée.

Si, habituellement vous venez avec vos propres musiciens, là vous êtes venu seul puisque vous mettez en avant plein de graines de star. Justement, comment s’est effectuée cette rencontre avec ces jeunes issus de six wilayas du pays ?

J’ai parcouru l’Algérie pendant cinq à six ans. En effet, pour les besoins de ce projet, j’ai sillonné toute l’Algérie à la recherche de nouveaux jeunes talents. Je peux assurer qu’il en existe. Il y a un grand potentiel qu’il faut entretenir. Il y a une pépinière qu’il faut faire fructifier. Sinon, je ne suis pas quelqu’un qui reste cloîtré dans un hôtel en train de bouffer et qui attend de passer à la télévision.

Car passer à la télévision juste pour que les gens me voient et ne rien dire cela ne m’intéresse pas. C’est la raison pour laquelle j’ai rencontré plein de gens. Je vais vous donner une idée.

Quand vous approchez de jeunes musiciens et qu’ils vous disent que la musique est leur dernière chance et que s’ils n’ont pas la chance d’en faire ils risquent de monter au djebel ou bien emprunter la voie de la «harga», je pense que c’est très grave. Je ne suis pas un ministère.

Je n’ai pas les moyens, mais j’ai cette opportunité d’aller à leur rencontre. Je pense qu’avec l’installation du nouveau ministre de la culture, il va y avoir un élan qui va commencer. Je trouve cela assez bien. Imaginez-vous ce qui me faisait le plus mal quand j’étais plus jeune ? Parce que j’ai vécu cette période. J’étais en Egypte.

J’ai produit les plus grands musiciens d’Egypte. Je n’étais pas le musicien, mais le producteur de Mohamed Mounir, ou encore de Youcef Chahine. Nous avons produit des albums.

Quand vous voyez qu’ils reçoivent des coups de fil et qu’on les paye avec des sommes phénoménales, alors que les Algériens n’ont même pas de quoi s’acheter des médicaments.

Certains hommes de culture sont morts dans l’indifférence. Beaucoup n’avaient aucune ressource. Les gens oublient, mais moi je n’ai pas la mémoire courte. Il y a des gens qui ont payé de leur sang pour que l’Algérie reste debout. Moi je n’abandonnerai pas ces gens-là.

Ma mère m’a appris deux choses : le drapeau algérien et le peuple. Quand je parcours l’Algérie, je n’ai pas besoin d’hôtel ou encore de carte d’identité. Je peux partir là où je veux, en Kabylie ou à Ghardaïa. Je suis chez moi partout dans mon pays. Je suis le fils de l’Algérie. J’appartiens à toute l’Algérie.

C’est pour cela que je veux rendre à mon pays ce qu’il m’a donné. Par ailleurs, je voudrais préciser que je vis en Allemagne depuis trente-quatre ans et que je possède toujours le passeport algérien. J’ai refusé d’acquérir le passeport allemand, car je joue un rôle dans la société. Je suis nationaliste et je n’aime pas le régionalisme. Si je change de passeport, cela voudrait dire que je crache sur la tombe des martyrs.

Quel est votre regard sur cette nouvelle vague de jeunes musiciens algériens ?

Ils sont extraordinaires. A notre époque, nous n’avions pas tous ces outils modernes. Aujourd’hui, nous vivons à l’ère de la révolution technologique.

On trouve de tout, entre autres les smartphones, youtube, Facebook et Twitter. Aujourd hui, ces jeunes peuvent s’exprimer. Ils sont écoutés via les réseaux sociaux. A notre époque, nous n’avions qu’une seule chaîne, en l’occurrence la Télévision algérienne. Il faut avoir des appuis très forts. Je trouve que ces moyens technologiques libèrent le pays et les esprits.

Maintenant, l’information est l’arme la plus redoutable. Savez-vous ce qui m’est arrivé une fois ? Alors que j’étais dans un train entre Colombes et Berlin, des néo-nazis sont montés. Tout le monde a pris peur. J’ai d’ailleurs déjà réalisé un clip sur cela. Quand on vient pour vous faire du mal et qu’on se rend compte que vous maîtrisez la langue mieux que les autochtones, on vous respecte.

Donc, l’information c’est l’arme la plus redoutable qu’on puisse avoir. Une société sans sa culture n’existe pas. C’est la raison pour laquelle Daech est en train de détruire tous les patrimoines culturels.


Pourquoi ? Parce qu’en détruisant ce précieux patrimoine, on détruit un peuple. Nos grands-parents se sont battus contre le colonialisme, et nous nous continuerons à utiliser internet.

Selon vous, la Toile est à même de permettre à l’artiste d’avoir une meilleure visibilité de son travail à travers le monde ?


Mais bien sûr, vous pouvez faire votre analyse. Cela dépend. Il y a des personnes qui gardent l’information et d’autres qui traitent l’information. C’est-à-dire que si je veux communiquer une information, je vais sur Wikipédia.

A l’époque, nous n’avions pas ces moyens-là. A l’époque, nous ne pouvions pas nous connecter pour consulter la biographie du mythique groupe britannique les Beatles.

On apprenait plutôt tous les textes. Je vais vous faire une confidence. J’ai appris l’anglais grâce aux Beatles et à Bob Dylan. Ce sont des gens qui m’ont bercé durant ma jeunesse. Le symbole d’un pays, ce sont les icônes.

Ces jeunes-là, on les a rendus esclaves intelligemment. Je parle là de l’Occident qui utilise des images telles que celles d’Arnold Schwarzenegger ou d’autres héros. Les jeunes s’habillent comme des américains. Ils ne sont pas obligés d’envoyer leurs soldats. C’est bon, ils ont colonisé les crânes des jeunes. Il faudrait que nous on utilise la même arme redoutable contre eux, mais d’une façon intelligente.

Hamid Baroudi revient au cinéma avec un long métrage...

Il est tout à fait juste que je reviens au cinéma avec un long métrage. Il ne faut pas oublier que j’ai suivi une formation cinématographique, spécialité réalisateur en dessins animés à l’université de Cassel en Allemagne.

Je suis parmi les premiers artistes algériens à avoir fait un clip. J’attendais pour écrire un scénario, mais la conjoncture du monde m’a donné des idées pour préparer quelque chose. Ceci étant, je ne vais pas attendre la subvention de l’Etat pour faire mon long métrage.

Je veux être indépendant et maître de mon œuvre. Je vais tourner dans quatre pays, à savoir en Algérie, en Allemagne, en France et en Espagne. Je voudrais montrer l’influence de la musique algérienne au-delà de nos frontières. Je n’en dirai pas plus. C’est trop tôt.

Nacima Chabani





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