Nombre total de pages vues

11/23/2015

Bucorve du Sud : Bucorvus leadbeateri - l : أسليفوك ن ونزول

Asllifuk n unzul - Bucorve du Sud - أسليفوك ن ونزول
(أبو قرين الجنوبي)


Bucorve du Sud
Bucorvus leadbeateri

Ordre : Bucérotiformes
Famille : Bucorvidés
Taille : 0.9 - 1.3 m
Envergure : 1.8 - 2 m
Poid : 2.3 - 6.2 kg
Longévité : 45 ans 

(Zoo de Bâle) Octobre 2013
Vidéo Nacir Adhrar

Identification : 
Le bucorve du Sud est un oiseau qui, de par sa taille et son poids, surpasse tous les autres calaos, africains ou non. Les deux seules espèces de la famille des bucorvidés (bucorve du Sud et bucorve d'abyssinie) sont endémiques du continent africain. Cependant, leur aire de répartition n'est pas la même, le bucorve d'abyssinie se trouvant globalement plus au nord. C'est un oiseau diurne
En dehors de ses rémiges blanches, son plumage est entièrement noir. La face laisse apparaître une peau rouge vif dépourvue de plumes. La gorge a un aspect identique avec des caroncules dilatables. 
Chez la femelle, la région jugulaire présente également une zone colorée de bleu violacé. Dans certains cas, cette pigmentation peut remonter sur les parties 
inférieures de la face. 
Le mâle est plus grand et plus lourd que la femelle. Il pèse entre 3,5 et 6,2 kg pour un poids variant de 2,2 à 4,6 kg chez la femelle. 
Le bec incurvé vers le sol, puissant et imposant, est gris foncé noir. 
Bien qu'il semble lourd, il est creux dans l'ensemble. Un tissu osseux spongieux le renforce. La protubérance située à la base de son sommet, appelée casque, est plus proéminente chez le mâle. Elle est de taille variable selon les individus. 
Les iris, cernés par de longs cils noirs, sont de couleur gris-bleu clair. Le regard est vraiment singulier. 
Les tarses noirs sont protégés par d'épaisses écailles. Les 4 doigts, forts et courts, sont terminés par des ongles robustes. Les bucorves sont syndactyles, en effet, le doigt externe est soudé à celui du milieu jusqu'à la troisième articulation. 
Leurs ailes sont larges et puissantes, et ils ont une longue queue. 
Les juvéniles ont un plumage plus marron. Les zones de peau nue, varient du marron-gris clair au jaune grisâtre en fonction de l'âge et du développement. 
Pendant les différents stades d'évolution jusqu'à la maturité sexuelle (de 4 à 6 ans) leur apparence se modifie pour se rapprocher de celle des adultes. Pour voir les différents stades : 
Ils ont des taches noires sur les primairesLes côtés du bec sont d'un gris plus clair que chez l'adulte


Chant : Le bucorve du Sud émet un sorte de mugissement grave et retentissant. Un son proche 
de "ooomph ooomph-ooomph" souvent émis de façon répétée, le plus fréquemment tôt le matin, en soirée ou avant la pluie. Écoutez le chant du bucorve du Sud sur une vidéo du site Arkive. 
Les caroncules dilatables du cou sont utilisées pour générer et amplifier ces sons, dont on dit qu'ils ressemblent au rugissement d'un lion. Ils sont audibles à plus d'un kilomètre (Birds, A.H. Evans). 



Habitat : Le bucorve du Sud fréquente les prairies, les savanes herbeuses et boisées contiguës aux zones forestières. On peut le trouver jusqu'à 3000 m d'altitude dans certaines régions d'Afrique de l'Est. Il est à noter qu'il 
préfère généralement des zones plus humides que le bucorve d'abyssinie. 

Distribution : Le bucorve du Sud vit principalement en Afrique Australe. Il est présent du sud du Kenya et du Burundi, à l'est et au nord-est de l'Afrique du Sud. On peut également l'observer dans la zone au sud-ouest de l'Angola et au nord de la Namibie. Il peut être assez commun localement, mais subsiste surtout dans les zones protégées. 

Comportements : Le bucorve du Sud est un oiseau grégaire qui vit en petit groupe de 2 à 8 individus (plus rarement jusqu'à 12). L'organisation 
assez complexe du clan est structurée autour du mâle et de la femelle dominants, qui sont les seuls à se reproduire. Cette cohésion autour du couple alpha se retrouve dans toutes leurs activités : les autres adultes (en majorité des mâles) et immatures (des deux sexes) participent ensemble à la défense du territoire, au nourrissage de la femelle durant la période de couvaison, ainsi qu'à celui des jeunes. 
Essentiellement terrestres, ils occupent un vaste territoire d'environ 100 km2. Il peuvent parcourir plusieurs kilomètres à pieds 
à la recherche de nourriture. Leur démarche très solennelle et empreinte d'une certaine fierté, leur donne une attitude assez fascinante à observer. La façon de poser la patte au sol (les doigts ne reposant pas complètement) accentue le coté altier de leur allure. La plupart du temps, ils sont en mouvement, ne restant jamais très longtemps immobiles. Ils sont capables de courir à une vitesse d'environ 30 km/h. 
Durant la période de nourrissage des jeunes, leur façon de collecter la nourriture est elle aussi singulière. Ils ramassent les différentes proies dans 
leur bec. S'ils en trouvent une autre, ils déposent les premières sur le sol, tue la nouvelle prise, réorganise soigneusement le tout avant de reprendre l'ensemble avec leur bec, en vue de l'apporter à la femelle alpha ou à son jeune. 
Ils regagnent les arbres pour y passer la nuit. Comme beaucoup d'oiseaux ils prennent des bains de poussière. 



Vol : En vol, les rémiges blanches sont très nettes et caractéristiques. Les battements sont plutôt lents et puissants. Préférant marcher, il ne s'envole qu'en cas de dérangement ou pour aller se percher dans un arbre. Il n'hésite cependant
 pas à se lancer dans des poursuites aériennes en vue de chasser les intrus de son territoire, ou à rejoindre des zones récemment brûlées afin de s'assurer des proies faciles. Il est sédentaire et territorial. Les seuls mouvements observés ont lieu à la maturité lorsque les jeunes se dispersent. Ce sont alors surtout de jeunes femelles qui vont rejoindre un autre groupe. 
Le bucorve du Sud vole bien mais, contrairement aux autres grands oiseaux, il ne s'élève guère, restant à des altitudes assez proches du sol. 

Nidification : Le cycle de reproduction a lieu le plus souvent de septembre à décembre, généralement après les premières pluies. Les comportements grégaires du bucorve du Sud se retrouvent également pendant la reproduction. En effet, le couple dominant est assisté par les autres membres du groupe, adultes et juvéniles, pour le nourrissage. 
Contrairement aux calaos, et comme le bucorve d'abyssinie, la femelle dominante n'est pas emmurée dans la cavité où elle va pondre. Le nid est placé dans un tronc creux d'arbre mort (ou dans une cavité rocheuse située sur une falaise comme par exemple au KwaZulu Natal), à une hauteur de 2 à 5 mètres. Il est tapissé de feuilles et d'herbes sèches, et est construit par tout le groupe. Le même site de nidification sera utilisé plusieurs saisons de suite. 
Le diamètre minimum est de 40 cm ce qui limite de fait le nombre de sites potentiels. 
La 
femelle pond généralement deux œufs (dans environ 80 % des cas) blanchâtres et légèrement marbrés de brun clair. Il arrive quelques fois qu'elle n'en ponde qu'un, et rarement trois. L'intervalle entre les pontes est de 3 à 5 jours. Durant l'incubation, qui dure de 37 à 43 jours, la femelle dominante sera alimentée au nid par les autres membres du groupe. 
Le premier œuf à éclore donne naissance à un poussin qui va se développer assez rapidement. La différence de taille et de poids ainsi générée ne permettra pas au second poussin de rivaliser avec l'aîné. Il mourra d'inanition au bout d'une semaine (rarement plus longtemps après). À l'éclosion 
l'oisillon n'a pas de plume. Sa peau nue est rose, puis elle devient noire environ 3 jours plus tard. Regardez une vidéo réalisée dans un nid sur le site Arkive. 
Il va être nourri au rythme de 4 à 9 apports quotidiens. Les différentes proies sont apportées dans le bec. 
La femelle quitte le nid lorsque le jeune est âgé de 4 semaines environ. Il le quittera lui-même à l'âge d'environ 86 jours, complètement emplumé. Le juvénile reste avec le groupe parental au moins jusqu'à la maturité et dépend des adultes jusqu'à l'âge de 6 mois/1 an.
Une étude menée en Afrique du Sud (parc 
du Kruger) montre qu'un groupe familial ne produit en moyenne qu'un envol tous les 9,3 ans. Ailleurs, notamment au Botswana dans le delta de l'Okavango, les reproductions paraissent plus fréquentes (environ une reproduction fructueuse toutes les 2,6 années). 
La maturité sexuelle se situe vers la sixième année, mais on estime que les femelles réussissent une couvée vers l'âge de 15-17 ans (Morrison 2005). 

Régime : Le bucorve du Sud se nourrit au sol et est essentiellement carnivore. 
Son régime alimentaire est composé d'insectes (sauterelles, scarabées), de scorpions, de termites, et quand la possibilité lui est offerte, d'oiseaux ou d'œufs. Pendant la saison sèche, il mange aussi des larves d'insectes, des escargots, des grenouilles et des crapauds. 
Il s'attaque également à de plus grandes proies, comme les serpents, les lézards, les varans, les rats, les jeunes lièvres, les écureuils, 
les mangoustes et les tortues. Vous pouvez voir des photos d'une prédation de varan sur ce site . 
Bien que ne constituant pas la base de son régime, il ne dédaigne pas les graines et autres fruits. 
S'il trouve une carcasse, il n'hésitera pas à s'en repaître. (photo sur le site Arkive) En fait, il fait pitance de tout ce qui est à sa portée et qu'il peut attraper. Les plus
grandes proies sont pourchassées, attrapées et démembrées par plusieurs membres du groupe. 
Son bec puissant lui permet de tuer et de déchiqueter ses proies, mais aussi de fouiller la terre, les excréments ou le bois en décomposition. (Vidéo sur le site Arkive.) Lorsqu'il trouve quelque chose à manger, il le lance en l'air, bascule la tête en arrière en ouvrant le bec afin que la proie retombe dedans. Adulte, il maîtrise parfaitement cette technique. 
Le bucorve du Sud ne boit pas d'eau, l'apport de sa nourriture lui suffit. 

Protection / Menaces : 
Depuis l'année 2010, l'IUCN a classé le bucorve du Sud dans la catégorie vulnérable ; à l'avenir, son statut pourrait encore être amené à se dégrader et 
à passer dans la catégorie supérieure (en danger). Cette espèce est désormais principalement confinée dans les réserves et les parcs nationaux. Il semble que cette baisse des populations ne soit pas aussi rapide en Zambie que sur le reste de son aire de répartition. 
La destruction de son habitat, et les diverses persécutions sont plusieurs des principales causes de ce déclin rapide. Les appâts empoisonnés, destinés aux prédateurs et aux animaux porteurs de la rage, participent également à cette baisse. Les électrocutions ainsi que le commerce d'oiseaux exotiques, souvent pour fournir les zoos, ont également un impact. 
Du fait d'un comportement propre à l'espèce, ils sont également la cible de tirs directs. En effet, le bucorve du Sud est très territorial et ne supporte pas la vue d'un intrus. S'il est confronté à son reflet dans une vitre, pensant qu'il s'agit d'un autre oiseau, il peut lui arriver de la casser d'un coup de bec. Ce qui pourrait passer pour anecdotique ne l'est pas du tout car ce comportement, souvent propre aux mâles territoriaux, a un impact réel dans certains endroits. Plus d'informations sur ce comportement . 
Le bucorve du Sud est également utilisé dans la médecine "muti" (médecine traditionnelle à base de plantes, d'animaux ou de bois). 
Une croyance tribale lui attribue le pouvoir de favoriser la pluie, dans ce but, certains oiseaux sont tués pendant les périodes de sécheresse. 
Les Massaï considèrent, au contraire, qu'il ne faut pas le tuer 
sous peine de s'attirer le malheur ; si un bucorve du Sud vient à se poser sur le toit d'une maison, ils doivent la quitter car ils considèrent que cette présence est annonciatrice de mort pour les occupants. 
Par ailleurs, le rythme et le mode de reproduction de l'espèce ne favorisent pas le renouvellement des générations. 
De nombreux programmes d'études et de protections ont été mis en place en Afrique du Sud : 
- un programme d'implantation de nids artificiels est mené pour pallier la raréfaction des arbres susceptibles d'accueillir un nid. Page d'informations sur ce programme. 
- des prélèvements au nid du second poussin avant qu'il ne meure ont été mis en œuvre. Ils sont alors nourris et placés dans des couveuses en vue de réintroduction dans la nature. Entre  2000 et  2008 Mabula Project a ainsi relâché 13 oiseaux. 
- des études sur la dynamique des populations sont également menées afin de comprendre les différences importantes en termes de naissances selon les régions. 
- des campagnes importantes de sensibilisation sont organisées. 
- l'identification et la préservations des sites clés pour l'espèce. 

Sources :
BirdLife International, BirdLife International
ARKive, Christopher Parsons
Wikipédia, Wikipedia, The Free Encyclopedia
Mabula ground hornbill conservation project,
Vol. 6 - Handbook of the Birds of the World, Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal
Birds of Southern Africa, Ian Sinclair, Phil Hockey, Warwick Tarboton

IOC World Bird List (v4.3), Gill, F and D Donsker (Eds). 2014.

Aucun commentaire: