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11/30/2015

Ali El Hammami, 1902-1949 : Toute une vie pour l’Algérie, de Amar Belkhodja

Lundi 15 Novembre 2010 -- Ils sont des centaines, voire des milliers, à avoir contribué à la libération de l’Algérie et chacun à sa manière. L’auteur a choisi de mettre au parfum du jour un illustre personnage qui a participé aux premiers balbutiements du nationalisme algérien. Amar Belkhodja a, ainsi, entrepris la lourde tâche de revenir sur le parcours du moudjahid Ali El Hammami, né en 1902 à Tiaret. «Sa non inscription sur les registres de l’état civil de la commune de Tiaret s’expliquerait par le refus de certaines familles algériennes d’inscrire leurs enfants. La famille El Hammami, qui choisit d’ailleurs de s’installer au Moyen-Orient, aurait boycotté les registres de l’état civil pour diverses raisons, entre autres celle d’éviter la transcription», écrit l’auteur en page 10.

Ali El Hammami obtient son certificat d’études primaires à l’âge de 15 ans. Très jeune, il accompagne ses parents à La Mecque. Au retour des Lieux saints de l’Islam, sa famille fait escale en Egypte. À l’issue de son séjour au Caire, entre 1947 et 1949, Ali El Hammami parlait très souvent de sa ville, Tiaret, en soutenant qu’elle fût la capitale du premier Etat musulman du Maghreb, fondé par Abderrahmane Ibn Roustoum en 761 de l’ère chrétienne. La famille s’installa quelque temps en Egypte avant de regagner Tiaret. Ali El Hammami fréquentait dans sa ville natale un cercle d’intellectuels, tels que les frères Mohamed et Ahmed Laïmèche, originaires de Laghouat. Ses parents retournèrent à Alexandrie. Ils moururent et furent inhumés là-bas. Peu d’éléments sont donnés sur l’adolescence de Ali El Hammami, il n’en demeure pas moins qu’il s’ouvrit sur un éveil nationaliste précoce. Après la mort de ses parents, il s’engagea sur un cargo en prenant soin d’emmener ses livres qu’il se plaisait à lire à la lumière des chaudières. Autodidacte par excellence, il s’initie à certaines grandes œuvres signées par d’éminents auteurs d’Occident et d’Orient, particulièrement aux écrits d’Ibn Khaldoun. Il quitte Alexandrie et fait escale à Tanger. Le Maroc était alors secoué par des troubles.

La lutte anticoloniale avait alors déjà commencé dans ce pays d’accueil. Malgré son jeune âge, Ali El Hammami a eu l’honneur de servir sous la bannière de l’un des fils de l’Emir Abdelkader, l’Emir Abdelmalek qui le compte parmi ses collaborateurs et confidents, alors qu’il avait à peine 20 ans. Ali rejoindra ensuite le Rif en 1925, où il se battra aux côtés d’un autre résistant : l’Emir Abdelkrim El Khettabi. Après avoir participé à la première lutte anticoloniale du début du XXe siècle, le jeune Hammami quitte le champ de bataille pour un autre combat car Il n’était pas seulement un tireur díélite, mais aussi maniait très bien la plume pour dénoncer les atrocités des régimes coloniaux. Il fait ses premières armes journalistiques dans Le Trait d’Union de Victor Splielmann, grand ami de l’Emir Kkaled. En 1924, Ali El Hammami rencontre à Paris les pionniers du nationalisme algérien, futurs cadres et fondateurs de L’Etoile nord-africaine. C’est au cours de cette même année que l’Emir Khaled désigne Ali à la tête d’une délégation qui se rendit à Moscou. Au cours de ce séjour, il y rencontre Ho Chi Minh, un des leaders du mouvement de libération nationale du Vietnam. Après avoir séjourné quelque temps à Moscou, Ali El Hammami parcourt d’autres capitales dont, entre autres, Madrid, Rome, Istanbul, Genève. Lors de ces déplacements à travers le monde, il rencontre d’illustres leaders de mouvements nationalistes arabes. Il est le porte-parole de la nation maghrébine. Il plaide pour la cause de la patrie algérienne colonisée, écrit dans les revues et journaux, fait le procès du système colonial. En 1935, il fait l’objet de persécution de la part de l’administration française.

Durant six mois, il voyagera à bord d’un bateau italien. Les pays arabes refusent de lui octroyer l’asile. Il a fallu l’intervention du haut responsable qu’était Chakib Arslane auprès des autorités arabes, pour que Ali El Hammami séjourne au Moyen-Orient. Il s’installe à Baghdad où il enseignera l’histoire et la géographie pendant onze ans. En 1947, il regagne le Caire. Durant ces trois années d’exil, Ali El Hammami vouera un amour sans faille à son pays. Durant son exil, il a beaucoup écrit sur l’histoire de son pays. El Hammami est désigné pour représenter l’Algérie aux premières assises économiques islamiques de Karachi. Il est à noter que l’ouvrage de Amar Belkhodja a été édité, la toute première fois, par les éditions Dahleb en 1991 sous le titre Ali El Hammami et la montée du nationalisme algérien. Le stock épuisé rapidement, il est réédité en 2008 par le ministère des Moudjahidine sous le titre Ali El Hammami. Toute une vie au service de l’Algérie. À l’occasion de la 15e édition du Salon international du livre d’Alger (SILA), qui s’est tenu du 6 au 13 novembre, la maison d’édition a réédité l’ouvrage en question une troisième fois. C’est dire limportance de ce livre pour la mémoire collective.


Ali El Hammami, 1902-1949 : Toute une vie pour l’Algérie de Amar Belkhodja. 316 pages. Editions Dahleb. Alger 2008
par Nacima Chabani

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