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7/17/2014

Dar Abdeltif, un joyau patrimonial revalorisé par le beau livre des Editions al Bayazin


Qui connait réellement Dar Abdeltif ? Nichée au Bois des Arcades, à quelques encablures du Musée des Beaux Arts, abritant des expositions et des résidences d’écritures et d’arts, ce joyau architectural datant du 18è siècle méritait une véritable halte historique.
Une escale faite par la maison d’édition al Bayazin qui lui a consacré un ouvrage de la série des beaux livres dont elle a amorcé l’édition.

Dar Abdeltif, est un beau livre qui ne raconte pas seulement l’Histoire d’un lieu mais qui recèle un ensemble de documents rares sur l’architecture des lieux. Le lecteur pourra y admirer les belles photographies réalisées par al Bayazin et Mounjia Abdeltif.


De nombreux croquis explicatifs des agencements des différents espaces et de leurs utilités et le système de partage des eaux ornent l’ouvrage et accroissent sa valeur.
Les trois siècles d’histoire de la bâtisse sont passionnément racontés par une descendante du dernier acquéreur de Dar Abdeltif avant sa réquisition par l’administration coloniale.

Ce beau livre est un réel voyage à travers le temps. Qu’y découvre-t-on à propos de ce joyau patrimonial de la capitale ?

Dar Abdeltif, une résidence, une histoire

Surplombant la baie d’Alger, Dar Abdellatif est un monument classé au patrimoine national. C'est une des résidences d’été typique des dignitaires de la régence d’Alger. Elle, a certainement servi, comme le veut les traditions de l’époque, comme résidence de villégiatures estivales à ses propriétaires.
Selon Mounjia Abdeltif, auteure de l’ouvrage, le plus ancien acte concernant la résidence remonte à 1715. Selon l’historien, Henri Klein repris par l’auteure, Mounjia Abdeltif, la villa compte parmi ses propriétaires Ali-Agha qui la vendit pour 325 Réaux d’argent.
Elle connaîtra d’autres illustres propriétaires à l’image de Mohamed-Agha, Hadj Mohamed Khodja ministre de la marine, la femme d’un secrétaire général de la Régence avant d’être acquise par Sidi Abdeltif, en 1795.
Ce dernier acheta le djenane pour 2000 dinars d’or. C’est son dernier acquéreur avant la colonisation. La résidence porte son nom et traverse les siècles pour témoigner du faste et du luxe des lieux.

Dès la chute de la ville d’Alger, l’armée coloniale réquisitionne Dar Abdeltif pour en faire un centre de convalescence de la légion étrangère. Ainsi le propriétaire de l’époque Sidi Mahmoud Ben Abdeltif ne pouvait plus faire valoir ses droits de propriétés aux premières années de la colonisation.


Le loyer de la maison, note un rapport militaire datant de l’époque, demeure assez longtemps impayé. Ce n’est qu’en 1834, que le propriétaire algérien fut rétabli dans ses droits suite à une lettre adressée au gouverneur général d’Alger en date du 4 octobre de la même année.
Si Mahmoud Ben Abdeltif déclare que sa villa dont la valeur était avant 1830 de 30 000 piastres d’Espagne avait été dégradée et que les arbres y ont été coupés. Les maisons de campagne, disait-il, ont été «évacué au début de 1834. La mienne ne l’est pas encore».
Peu de temps après, la villa reconnue propriété Abdeltif, devenait l’objet d’une location autorisée par le gouverneur général.
Après la résiliation du bail de location en 1836 et le départ de la légion étrangère pour l’Espagne, la résidence devient propriété de l’Etat français.

«Quelques années plus tard, l’Etat en devint acquéreur au prix de 75 000 francs. Elle demeura propriété du domaine qui la loua à la Compagnie fermière du Jardin d’Essai. Reprise par le Gouvernement général en 1905, elle a été restauré par M.Jonnart( à ses frais personnels), qui la mit gracieusement à la disposition des artistes peintres, boursiers du Ministère des Beaux Arts».
Dar Abdeltif devint monument historique dès 1922. Elle sera, ainsi, troisième Fondation nationale française, après la villa Médicis en Italie et la Casa Vélasquez en Espagne.


Elle accueillera entre 1907 et 1961 des artistes, à raison d’un à deux par an, pour des périodes de deux ans et parfois plus, avec prise en charge totale.
L’accès se faisait sur concours sanctionné par le "Prix Abd-el-Tif", la sélection étant assurée par la société des peintres orientalistes français fondée en 1883. La villa, apprend-on encore, reçu, ainsi, 87 pensionnaires.

A l’indépendance, Dar Abdeltif aurait accueilli quelques temps encore des artistes avant de devenir un lieu d’habitation de certains d’entre eux. Des employés du ministère de la culture sont également autorisés à y crécher. La transformation et la destruction des lieux commencèrent alors. Le séisme du 21 mai 2003 accentuera la dégradation des lieux.


Un sauvetage in extremis
La prise de conscience de la nécessité de la sauvegarde n’arrivera qu’en 2005. Le wali délégué d’Hussein Dey initie alors, une opération de réhabilitation, avant de céder l’entreprise à la direction de la culture de la wilaya d’Alger.


Depuis, Dar Abdeltif a retrouvé une seconde vie. Des résidences d’artistes et des expositions s’y déroulent. Le siège social de l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel (AARC) s’y trouve également.

Un sursaut qui a permis le sauvetage de ce joyau architectural. Il retrouve, désormais sa vocation première: abriter des résidences d’écriture et d’art.


L’ouvrage de Mounjia Abdeltif est un second sauvetage et une mise en valeur de l’héritage historique de ce monument national. Une lecture vivement recommandée.
Dar Abdeltif, Mounjia Abdelatif, al Bayazin, 124 pages, 1300 da


HuffPost Algérie  |  Par May Sammane

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