Cherchell, pas besoin de se déplacer pour connaître l’histoire de ses vestiges. Et son histoire se trouve au cœur de la ville. En bord de mer. Juste à l’orée de son petit port qui révèle les lignes tracées il y a des milliers d’années par les Phéniciens. La première escale choisie par Touring Club samedi dernier en un circuit touristique dans cette partie de la wilaya de Tipasa, offert aux membres du Touring Club et leurs familles.
Des enfants entre deux et dix ans découvrent pour la première fois la capitale de Juba II. Une manière de les tremper dans le mois du patrimoine (18 avril- 18 mai). Sur le petit port de plaisance et de pêche, un guide se joint au groupe. C’est le début du circuit qui s’amorce joyeusement, avec les cris enthousiasmés des tout-petits à la vue des vielles embarcations et des poissons qui frétillent dans l’eau. Les adultes, eux, sont d’abord saisis par les senteurs de la mer. Puis ébahis devant le grand phare qui s’impose à l’horizon. Le guide intervient dans ce flot d’admiration pour éclairer les touristes d’un jour et rappelle que le port remonte à l’époque phénicienne. Appelée à cette époque -là Iole, Cherchell s’adonnait alors au troc. Les Romains lui donneront par la suite une autre dimension commerciale avant que les Français ne prennent la relève et construisent, au XIXe siècle, le phare sur un petit îlot, à une trentaine de mètres du niveau de la mer et fonctionnel jusqu’à présent. Des arcs de triomphe sont également visibles à quelques mètres du port, dont l’architecture est en harmonie avec les restes de la cité antique. Qui recèle aussi quelques vestiges qui composent le rempart colonial pour protéger la ville des invasions en provenance de la mer. Après quelques photos souvenirs sur le port, le groupe se dirige, par un petit escalier creusé dans une colline, vers l’un des sites archéologiques qui font le plus la réputation de la ville. Il abrite les thermes romains publics. 2.000 ans sont passés depuis la construction de cet édifice et, pourtant, il est encore là, bien conservé. Ce qu’il en reste du moins. Si le site, explique le guide, n’avait pas été dévêtu de son marbre au fil des siècles, et ses pierres utilisées pour d’autres constructions par les différentes colonisations, les thermes romains seraient toujours tels qu’ils étaient il y a 2.000 ans ! En revanche, on peut apercevoir aisément la mosaïque qui orne le sol, bien que mal entretenue, hélas. La mosaïque, en fait, dispute le sol aux mauvaises herbes et à une végétation déterminée à envahir le plus d’espace possible. On peut tout de même imaginer le marbre qui recouvrait les pans de murs, bâtis avec des briques réfractaires pour conserver la chaleur. Ou encore l’eau qui coule sous les grands tunnels jusqu’à la chaufferie, en bon état toujours, avant de poursuivre son périple vers les salles chaudes, tièdes, froides, avant de finir dans les bouches d’évacuation, tellement couvertes de végétations qu’on a du mal à les repérer. Un monument qui reflète le génie du système d’eau acheminé d’une source située à 24 km du site, par des canalisations et des aqueducs.
Sur les traces de l’antiquité
A l’entrée de Cherchell, subsistent des vestiges des aqueducs qui servaient à l’alimentation en eau à l’antique cité romaine. « Les thermes, comme maintenant dans les hammams, étaient un lieu de rencontre et d’affaires. Les Turcs se sont inspirés des thermes romains pour la constitution de leurs bains ainsi que des nôtres, d’ailleurs, aujourd’hui », argumente le guide avant de d’orienter le groupe vers une montée qui aboutit à la salle des martyrs. Le poumon de Cherchell. Là, les tourismes archéologique, historique et écologique s’animent dans le même espace sans se heurter. Bien au contraire. La grande placette fait la fierté de la ville, un musée à ciel ouvert, lieu de rencontre des différentes civilisations. Toute l’histoire de Cherchell est là. Sous les arbres, belombra, centenaires que Cherchell préserve comme la prunelle de ses yeux, des chapiteaux, des colonnes et des pierres antiques y sont entreposés. Mais ils font tellement partie du décor que des jeunes les prennent pour des bancs, s’assoient allègrement. Il faut vraiment être touriste pour les remarquer ! Le flanc gauche de la grande placette se penche sur la mer, sur le petit port et d’où on peut voir l’ancien tracé de la jetée phénicienne. Un lieu de promenade idéal en été tellement il y fait frais, l’endroit étant bien à l’abri des rayons qui dardent de leur chaleur, presque suffocante en cette fin avril. Au milieu de la grande terrasse, une fontaine en marbre, en restauration actuellement, remonte à l’époque coloniale française, décorée de divinités marines grecques. Les originaux de ces divinités sont exposés à quelques pas de là, dans l’ancien musée de Cherchell. Ils reposent auprès d’autres dieux et déesses, tels Venus, Aphrodite et surtout Apollon, entouré de son python et de son faucon, dont la structure est tellement parfaite qu’on le croirait sur le point de parler. « Apollon est l’une des pièces maitresses du musée. L’art romain est connu pour la perfection des détails. C’est là un exemple parfait de leur savoir-faire », indique le guide. Les mosaïques ornent également des murs entiers du musée. Les trois grâces ou encore les travaux de champêtre qui décrivent la vie quotidienne des romains. Dans la salle royale, des sculptures de Juba II, de son épouse Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre, reine d’Egypte, et ses enfants, Ptolémée et Ursula. Quelques sculptures sombres égyptiennes, sur lesquelles sont inscrites des caractères de l’écriture hiéroglyphe sont exposées dans le hall, ô combien frais du musée. Comme pour prouver que Cléopâtre Séléné était bien l’épouse de Juba II. « Le musée, construit 1908, a été dessiné dans la même architecture qu’une maison romaine. Avec quatre galeries, un patio et une fontaine au milieu. C’est pour donner une image de ce qu’a été la vie à Cherchell durant la période antique », informe de nouveau le guide en précisant que toutes les pièces exposées à Cherchell, dans son musée ou ailleurs, ont été trouvées dans la région.
Un tableau idyllique, mais…
Le musée est doté d’un patio agrémenté de vestiges que le groupe n’a pas manqué d’immortaliser. A la sortie du musée, le regard est aussitôt attiré par un temple romain. Ou plutôt une mosquée, anciennement église, construite à l’époque coloniale en forme de temple avec les matériaux utilisés dans les constructions antiques. C’est là que le guide ponctue la visite. Il est l’heure de casser la croûte. Un grand pique-nique est prévu à quelques kilomètres de là, sur le rivage du barrage de Sidi Amer. Une fois sur place, les enfants, escortés de leurs parents, se dirigent directement vers les petits manèges. Direction les balançoires. Sur la rive du barrage, plusieurs familles sont déjà installées. Tandis que les uns distribuent des sandwiches confectionnés ou achetés, d’autres optent pour le barbecue. Les cerfs-volants que la brise du barrage balance apportent de la gaieté à ce lieu un peu défraichi. Il n’y a pas beaucoup d’arbres et peu de végétation. Mais cela n’a pas l’air de trop déranger les visiteurs et promeneurs qui s’abritent sous les parasols. A ce tableau presque idyllique, manque un peu « de propreté ». Les poubelles, surchargées, ne supportent plus le poids des ordures. Résultats : les déchets managers, gobelets, bouteilles et sacs en plastique jonchent le sol. L’air est irrespirable avec en plus la pollution dégagée par les véhicules qui transforment la rive du barrage en parking ! Et bien que cerné par ces voitures de toutes parts justement, le groupe de Touring Club fait honneur au pique-nique. Après le repas, place aux jeux pour adultes et pour enfants. Un moment de joie et de rire partagé. En fin d’après-midi, Touring Club donne le signal du départ. Les membres du groupe, fatigués mais détendus, jettent un dernier regard à l’eau scintillante et aux collines environnantes. Les enfants, quant à eux, se précipitent vers les marchands de glace et de barbe à papa avant de s’engouffrer dans les véhicules en direction d’Alger.
Farida Belkhiri
Des enfants entre deux et dix ans découvrent pour la première fois la capitale de Juba II. Une manière de les tremper dans le mois du patrimoine (18 avril- 18 mai). Sur le petit port de plaisance et de pêche, un guide se joint au groupe. C’est le début du circuit qui s’amorce joyeusement, avec les cris enthousiasmés des tout-petits à la vue des vielles embarcations et des poissons qui frétillent dans l’eau. Les adultes, eux, sont d’abord saisis par les senteurs de la mer. Puis ébahis devant le grand phare qui s’impose à l’horizon. Le guide intervient dans ce flot d’admiration pour éclairer les touristes d’un jour et rappelle que le port remonte à l’époque phénicienne. Appelée à cette époque -là Iole, Cherchell s’adonnait alors au troc. Les Romains lui donneront par la suite une autre dimension commerciale avant que les Français ne prennent la relève et construisent, au XIXe siècle, le phare sur un petit îlot, à une trentaine de mètres du niveau de la mer et fonctionnel jusqu’à présent. Des arcs de triomphe sont également visibles à quelques mètres du port, dont l’architecture est en harmonie avec les restes de la cité antique. Qui recèle aussi quelques vestiges qui composent le rempart colonial pour protéger la ville des invasions en provenance de la mer. Après quelques photos souvenirs sur le port, le groupe se dirige, par un petit escalier creusé dans une colline, vers l’un des sites archéologiques qui font le plus la réputation de la ville. Il abrite les thermes romains publics. 2.000 ans sont passés depuis la construction de cet édifice et, pourtant, il est encore là, bien conservé. Ce qu’il en reste du moins. Si le site, explique le guide, n’avait pas été dévêtu de son marbre au fil des siècles, et ses pierres utilisées pour d’autres constructions par les différentes colonisations, les thermes romains seraient toujours tels qu’ils étaient il y a 2.000 ans ! En revanche, on peut apercevoir aisément la mosaïque qui orne le sol, bien que mal entretenue, hélas. La mosaïque, en fait, dispute le sol aux mauvaises herbes et à une végétation déterminée à envahir le plus d’espace possible. On peut tout de même imaginer le marbre qui recouvrait les pans de murs, bâtis avec des briques réfractaires pour conserver la chaleur. Ou encore l’eau qui coule sous les grands tunnels jusqu’à la chaufferie, en bon état toujours, avant de poursuivre son périple vers les salles chaudes, tièdes, froides, avant de finir dans les bouches d’évacuation, tellement couvertes de végétations qu’on a du mal à les repérer. Un monument qui reflète le génie du système d’eau acheminé d’une source située à 24 km du site, par des canalisations et des aqueducs.
Sur les traces de l’antiquité
A l’entrée de Cherchell, subsistent des vestiges des aqueducs qui servaient à l’alimentation en eau à l’antique cité romaine. « Les thermes, comme maintenant dans les hammams, étaient un lieu de rencontre et d’affaires. Les Turcs se sont inspirés des thermes romains pour la constitution de leurs bains ainsi que des nôtres, d’ailleurs, aujourd’hui », argumente le guide avant de d’orienter le groupe vers une montée qui aboutit à la salle des martyrs. Le poumon de Cherchell. Là, les tourismes archéologique, historique et écologique s’animent dans le même espace sans se heurter. Bien au contraire. La grande placette fait la fierté de la ville, un musée à ciel ouvert, lieu de rencontre des différentes civilisations. Toute l’histoire de Cherchell est là. Sous les arbres, belombra, centenaires que Cherchell préserve comme la prunelle de ses yeux, des chapiteaux, des colonnes et des pierres antiques y sont entreposés. Mais ils font tellement partie du décor que des jeunes les prennent pour des bancs, s’assoient allègrement. Il faut vraiment être touriste pour les remarquer ! Le flanc gauche de la grande placette se penche sur la mer, sur le petit port et d’où on peut voir l’ancien tracé de la jetée phénicienne. Un lieu de promenade idéal en été tellement il y fait frais, l’endroit étant bien à l’abri des rayons qui dardent de leur chaleur, presque suffocante en cette fin avril. Au milieu de la grande terrasse, une fontaine en marbre, en restauration actuellement, remonte à l’époque coloniale française, décorée de divinités marines grecques. Les originaux de ces divinités sont exposés à quelques pas de là, dans l’ancien musée de Cherchell. Ils reposent auprès d’autres dieux et déesses, tels Venus, Aphrodite et surtout Apollon, entouré de son python et de son faucon, dont la structure est tellement parfaite qu’on le croirait sur le point de parler. « Apollon est l’une des pièces maitresses du musée. L’art romain est connu pour la perfection des détails. C’est là un exemple parfait de leur savoir-faire », indique le guide. Les mosaïques ornent également des murs entiers du musée. Les trois grâces ou encore les travaux de champêtre qui décrivent la vie quotidienne des romains. Dans la salle royale, des sculptures de Juba II, de son épouse Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre, reine d’Egypte, et ses enfants, Ptolémée et Ursula. Quelques sculptures sombres égyptiennes, sur lesquelles sont inscrites des caractères de l’écriture hiéroglyphe sont exposées dans le hall, ô combien frais du musée. Comme pour prouver que Cléopâtre Séléné était bien l’épouse de Juba II. « Le musée, construit 1908, a été dessiné dans la même architecture qu’une maison romaine. Avec quatre galeries, un patio et une fontaine au milieu. C’est pour donner une image de ce qu’a été la vie à Cherchell durant la période antique », informe de nouveau le guide en précisant que toutes les pièces exposées à Cherchell, dans son musée ou ailleurs, ont été trouvées dans la région.
Un tableau idyllique, mais…
Le musée est doté d’un patio agrémenté de vestiges que le groupe n’a pas manqué d’immortaliser. A la sortie du musée, le regard est aussitôt attiré par un temple romain. Ou plutôt une mosquée, anciennement église, construite à l’époque coloniale en forme de temple avec les matériaux utilisés dans les constructions antiques. C’est là que le guide ponctue la visite. Il est l’heure de casser la croûte. Un grand pique-nique est prévu à quelques kilomètres de là, sur le rivage du barrage de Sidi Amer. Une fois sur place, les enfants, escortés de leurs parents, se dirigent directement vers les petits manèges. Direction les balançoires. Sur la rive du barrage, plusieurs familles sont déjà installées. Tandis que les uns distribuent des sandwiches confectionnés ou achetés, d’autres optent pour le barbecue. Les cerfs-volants que la brise du barrage balance apportent de la gaieté à ce lieu un peu défraichi. Il n’y a pas beaucoup d’arbres et peu de végétation. Mais cela n’a pas l’air de trop déranger les visiteurs et promeneurs qui s’abritent sous les parasols. A ce tableau presque idyllique, manque un peu « de propreté ». Les poubelles, surchargées, ne supportent plus le poids des ordures. Résultats : les déchets managers, gobelets, bouteilles et sacs en plastique jonchent le sol. L’air est irrespirable avec en plus la pollution dégagée par les véhicules qui transforment la rive du barrage en parking ! Et bien que cerné par ces voitures de toutes parts justement, le groupe de Touring Club fait honneur au pique-nique. Après le repas, place aux jeux pour adultes et pour enfants. Un moment de joie et de rire partagé. En fin d’après-midi, Touring Club donne le signal du départ. Les membres du groupe, fatigués mais détendus, jettent un dernier regard à l’eau scintillante et aux collines environnantes. Les enfants, quant à eux, se précipitent vers les marchands de glace et de barbe à papa avant de s’engouffrer dans les véhicules en direction d’Alger.
Farida Belkhiri
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