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6/15/2014

la magnificence de l' Emir ABDELKADER.

Un témoignage sur la splendeur et la magnificence de l'Emir ABDELKADER.
 Jules Renard , un instituteur français ,effectua avec son père en 1885 lorsque il avait 6 ans un voyage de vacances à la région de l'oranie .Dans son livre intitulé ( LES ETAPES D'UN PETIT ALGERIEN ) il raconta tout ce qui l'a sublimé sur l'itinéraire allant d'Oran vers Mostaganem ,Sidi Bel Abbes ,Mascara ,Tlemcen.
 

A Mascara ,il a recueillis des renseignements sur l'Emir ABD EL KADER auprès des gens contemporains qui ont vécu la periode de l'Emir.
Ce chapitre si-dessous a été écrit par un français et destiné aux enfants français de l'époque coloniale,témoignant la grandeur et la splendeur de l'Emir Abdelkader qui a combatu pendant plusieures années  le colonialisme sous le drapeau d'un état Algerien moderne qu'il a fondé.
Aujourdhui on se pose des questions ! L'histoire a-t-elle suffisamment donné à cet homme tout ce qu'il merite?
Les Algeriens connaissent- ils bien leur EMIR ?........

signé : oueldserkhane Hadj Douar

Voici l'extrait du livre intitulé :
COMMENT ABD-EL-KADER FUT PROCLAMÉ ÉMIR ?

Les environs de Mascara, que nous parcourons depuis deux jours, sont tout pleins des souvenirs laissés par Abd-el-Kader. Ce que j'ai fait de questions au sujet de ce grand chef arabe est vraiment incroyable. Je vais maintenant tâcher de classer les renseignements que j'ai recueillis, car c'est, selon moi, quelque chose valant la peine d'être noté que l'enfance et les débuts de celui qui, pendant quinze ans, tint tête à la France.

Abd-el-Kader est né en 1808, à la Guetna.Sa famille appartenait à l'importante tribu des Hachem,qui occupe encore la contrée. Son père, le marabout Mahi-ed-Din, était réputé .à trente lieues à la ronde pour sa sainteté.
J'ai vu son tombeau ou koubba,situé à Cacherou, sur la route de Mascara à Frenda.Des arbres séculaires l'abritent, et les musulmans y viennent faire leurs dévotions. Ils racontent que les biens du père d'Abd-el-Kader étaient moins les siens que ceux des pauvres et que jamais ni l'infirme ni le voyageur ne frappèrent en vain à sa porte.

De ses quatre femmes, Mahi-ed-Dirr eut six enfants, cinq fils et une fille. Or, de ces six enfants,c'était Abd-el-Kader, fils de Zorah, que le marabout aimait le plus. Il lui fit faire ses premières études dans la zaouïa ou école qu'il avait établie près de sa demeure et qu'il dirigeait avec zèle. Il s'appliqua tout spécialement
à développer l'intelligence, à orner l'esprit et à former le coeur de ce fils préféré. Il eut également soin
de faire naître en lui le goût des exercices corporels, auxquels ABD-ELKader devint bientôt d'une adresse remarquable.

Quand le jeune homme eut suffisamment étudié le Coran, l'histoire, la jurisprudence musulmane,son père, accompagné d'autres marabouts et d'Arabes de grande tente, l'emmena en pèlerinage à la Mecque, à Médine et à Bagdad. Chemin faisant,Abd-el-Kader eut l'occasion de voir et d'observer de grandes villes, notamment Tunis, Alexandrie et le Caire.

C'est avec raison qu'on dit que les voyages forment la jeunesse.Il est donc certain que le passage d'Abd-el-Kader à travers l'Egypte et l'Orient lui permit d'étendre ses connaissances, d'élargir ses vues et peut-être décida de sa destinée.
En 1831, quand le général Damrémont se fut emparé d'Oran, à la puissance des Turcs succéda celle des Français, mais dans la ville seulement. A l'intérieur de la province s'agitait et se dressait le peuple arabe .Ce peuple composé de tribus rivales jusqu'ici maintenues dans l'ordre par la terreur que répondaient les turcs , tomba rapidement dans l'anarchie la plus complète. Il n'y avait plus de sécurité, les marchés étaient désertés, la disette menaçait. A part les moments où le fanatisme religieux les réunissait contre nous, les chefs se faisaient la guerre entre eux, et nulle situation ne pouvait être plus intolérable.C'est pourquoi, voulant à tout prix y mettre un terme, les chefs des Hachem, des Gharaba et des Beni-Amer vinrent, à différentes reprises, prier Mahi-ed-Din de rétablir l'ordre et d'organiser la guerre contre les Français.

« Je suis trop vieux, répondit le marabout, pour accepter le fardeau du commandement. Voyez, ma barbe est blanche, mes forces ne répondent plus aux nécessités de la situation. Ce qu'il vous faut,c'est un chef jeune, actif, brave, intelligent, qui sache et puisse mener les tribus à la guerre sainte;ce chef, je ne puis l'être.
— Eh bien! s'écrièrent ses interlocuteurs, puisque tu ne veux pas nous commander, donne-nous pour sultan, non pas ton fils aîné, qui n'est qu'un homme de livres, mais le fils de Zorah, qui est un homme de poudre. »

A cette demande, le vieux marabout fut très ému et des larmes coulèrent de ses yeux. Sans doute il était très flatté de la haute opinion qu'on avait de son fils, mais il objecta qu'Abd-el-Kader était bien jeune pour une mission si extraordinaire. Être un brave cavalier, un vaillant soldat, un esprit cultivé,cela ne suffisait pas. Où son fils avait-il appris la science du commandement?

Ceci se passait le 21 novembre 1832.Ce jour-là, rien de définitif ne fut arrêté.
Mais quand le lendemain Mahi-ed-Din vit revenir les mêmes chefs, entourés d'une foule immense et inquiète, parmi laquelle était un marabout centenaire qui déclara avoir vu dans un rêve Abd-el-Kader sur un siège d'honneur et rendant la justice, il fit appeler son fils et, après l'avoir mis au courant des démarches faites par les Hachem, les Gharaba et les Beni-Amer, il lui demanda :
 « Si tu étais appelé à commander aux Arabes, comment les gouvernerais-tu? »
Le jeune musulman répondit :
« Le livre de la loi à la main, et, si la loi me l'ordonnait, je ferais moi-même une saignée derrière le
cou de mon frère. »
A ces mots, Mahi-ed-Din, s'appuyant sur l'épaule de son fils, sortit de la tente, suivi des chefs qui
depuis deux jours avaient pris part aux délibérations,et présentant Abd-el-Kader à la foule assemblée :
 « Voici, dit-il, le sultan annoncé par les prophètes; c'est le fils de Zorah. Obéissez-lui comme
vous m'obéiriez à moi-même. Que Dieu vienne en aide au sultan! »

Une immense acclamation répondit à ces paroles,et voilà comment, à l'âge de vingt-quatre ans, le fils de Mahi-ed-Din fut salué émir dans cette plaine d'Eghris qui s'étend à mes pieds.
Pendant les nuits silencieuses, quand les Arabes de la tribu des Hachem s'attardent à prier près de leurs tentes à la clarté des étoiles, je me figure que plus d'un de ces rêveurs mystérieux doit voir passer
devant lui, encadrée dans son blanc burnous, la figure fine, pâle et austère d'Abd-el-Kader.

 



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