Un nouveau livre «les chemins de la mémoire- 1833-1962» qui met sous les feux du projecteur la barbarie coloniale française en Algérie par l’image, vient d’enrichir la bibliothèque algérienne.
Cette œuvre relatant par plus de cent quatre vingt photographies la page la plus sombre de l’histoire de France, est le fruit de douze années d’efforts, caractérisés par des recherches, des contacts, des discussions et des prises de vues de lieux sinistres et lugubres de torture, camps de concentration et prisons, éparpillés à travers l’Algérie, de l’est à l’ouest et du nord au sud, où des hommes, des femmes et des enfants ont été suppliciés. On trouvera dans ce livre de Mostefa Abderrahmane, photographe et réalisateur documentariste, né en 1947 à Mostaganem, prix UNESCO de la photographie 1993, des photos de rescapés, hommes et femmes desdits lieux de la mort, avec leurs témoignages.
La préface, introduction et légendes sont Amar Belkhodja, journaliste et historien. Les textes sont de Abderazak Hellal, cinéaste et écrivain et de Djelfaoui, auteur. En ce qui concerne la wilaya de Mostaganem, Mostefa Abderrahmane cite le mausolée de Sidi Lakhal, situé à quelques kilomètres de Sidi Lakhdar où le capitaine Hardoin et ses soldats français, tuèrent de nombreux Algériens de la tribu des Beni-Zeroual et furent plus de sept cents prisonniers le 19 mars 1843 des femmes et des enfants sont jetés dans la citadelle des cigognes , un ancien palais datant du quinzième siècle, actuellement centre de rééducation. Ils vivaient dans des conditions insalubres et leurs enfants étaient baptisés par un curé. De nombreux enfants et de femmes sont morts à la suite de maladies. La grande grotte de Nekmaria où le 19 juin 1845, le colonel Pélissier et sa soldatesque tuèrent par enfumades plus de mille deux cents personnes, hommes, femmes et enfants, de la tribu de Ouled R’Hiah .
Le camp de concentration de Sidi Ali où plusieurs milliers de patriotes furent tués. La ferme Jeanson, où des patriotes furent jetés dans des cuves à vin certains sont morts par diverses asphyxies. Le camp de concentration de point zéro prés de Oued El Kheir, où plus de sept cents patriotes morts sous la torture ou agonisant, ont été jetés dans deux puits. Des rescapés de ces lieux livrent leurs témoignages. A Laghouat Mostefa Abderrahmane montre une tombe collective où des restes de plus de trois cents résistants algériens brûlés vifs.
Le deux décembre 1852, le général Pélissier et ses soldats font pour la première fois l’expérience de la bombe à base de chloroforme, tuant deux milles huit cents habitants de Laghouat. A in Ekker dans le Hoggar, où du 7 novembre 1961 au 16 février 1966, treize explosions nucléaires souterraines françaises ont eu lieu, des vestiges sont montrés dans ledit livre. Le four à chaux, situé à trois kilomètres de Guelma sur les terres ayant appartenu au colon Marcel Laker, où les pieds noirs jetaient en mai 1945 des Algériens comme dans un four crématoire est montré dans le livre «les chemins de la mémoire», de même que d’autres sinistres dans d’autres coins du pays. Il convient de rappeler, qu’inlassablement caractérisés par une dépravation morale et intellectuelle, les soldats, politiciens et civils français en Algérie durant la période coloniale, ont inscrit les plus sanglantes pages de l’histoire du vingtième siècle. En effet, l’attitude des colonialistes se situait dans une structure de domination policière, de racisme systématique et de déshumanisation, poursuivie de façon rationnelle. La torture, inhérente à l’ensemble colonialiste, sera érigée en système de combat avec ses théoriciens, ses spécialistes policiers et amateurs, aussi même des déséquilibrés y avaient recours pour y prendre plaisir.
De nos jours, des milliers d’Algériens souffrent encore des séquelles de la torture dont ils furent l’objet de la part des colonialistes français. «La réalisation de ce livre et sa publication n’auraient pas été possibles sans le concours du ministre de la Culture. J’exprime ma profonde gratitude à Madame Hayet Maméri, directrice de la bibliothèque principale de lecture publique «Docteur Moulay Belhamissi» de Mostaganem, qui a accepté de lire le manuscrit et d’y apporter les conseils nécessaires pour faire aboutir ce projet en consacrant tant d’efforts et de talent. Je présente mes sincères remerciements au ministère de la Défense nationale et au ministère de la justice pour les encouragements et l’aide qu’ils m’ont apportés. Je remercie vivement MM : Amar Blekhodja, Djelfaoui Abderrahmane, Abderrazak Hellal, Mostefa Bentami pour leur contribution et leurs encouragements qui m’ont réchauffé le cœur de même qu’à Mohamed Ouled Maâmar pour sa collaboration. Une pensée toute particulière à tous ceux qui ont bien voulu m’aider dans mes recherches: Djamal Mégharia, Omar Fellah, Madani Labter, Karsi Abdelkader, Hachemi Ameur, Ahmed Aïci, Lali Bélaïdouni, Abderrahim Legat, Miloud Badredine, Mohamed Hedaïli, Belkacem Meftah, Ziani Ameur, Djilali Bélaïdouni, Lazhari Labter, Ammar Mokrani, Mohamed Habib Chami, Brahim Henine, Jilani Kadiri, Saïd Berrached (note de l’auteur)». Ceci, pour dire l’immense importance que revêt le livre «Les chemins de la mémoire» de Mostefa Abderrahmane en matière de conscience populaire pour mieux éclairer le chemin balisé par la grande révolution armée du premier Novembre 1954 qui a fait l’admiration du monde entier, aux générations qui viendront l’une après l’autre. C’est cultiver la mémoire pour prémunir les effets néfastes de l’oubli afin de préserver la personnalité et l’identité du peuple algérien. D’ailleurs, c’est dans cet ordre d’idées que Mostafa Abderrahmane œuvre. Il a déjà réalisé des documentaires sur la période coloniale, notamment les massacres d’Algériens «les enfumades du Dahra, le barrage de Beni Bahdel entre autres» et a exposé ses photographies en Algérie et à l’étranger. (Festival transphotographique de Lille 2003. (Retour aux sources Evian 2005). (Maxilli sur Leman 2005). A la roche sur Foran 2005. Regard croisé en Haute Savoie «femmes algériennes- Traditions- Mausolées d’Awlias Allah Salihine- Fêtes Pragmatiques. Mostefa Abderrahmane, septuagénaire, armé d’une caméra et d’un appareil photos, continue de faire des recherches pour réaliser des films documentaires. Mostéfa mérite tous les encouragements.
Charef.N
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