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11/26/2017

Hammam Bou Hadjar, la ville des thermes



Hammam Bou Hadjar est une ville dans la wilaya d'Aïn Témouchent. Elle abrite une station thermale très réputée au pays. Le nom se compose de deux mots d’origine arabe d’où le mot hammam, (bain) accolé à un second mot ‘’bou’’ (père de), « qui tient la qualité de », « qui possède ») et ce qui donnerait littéralement « le bain (la source) de la pierre ».De fait la ville est connue pour ses eaux thermales bienfaisantes.



A l’ère romaine, le blé, le vin et l’huile étaient l’essentiel les plus importantes productions de la région, ce qui après la conquête du pays, les légionnaires des armées et la population romaine s’attachèrent pendant près de trois cents ans à cultiver les céréales, en particulier le blé et planter vignes et oliviers afin d’alimenter leurs marchés s’étendant sur une grande partie de l’Europe et de l’Afrique. 
La colonisation militaro-économique s’effectuant, une colonisation religieuse se développa en parallèle autour d’Ad Dracones (nom du camp romain) où légionnaires, civils et religieux participaient intimement à l’administration de la région. 
Ces congrégations mi-politico religieuses devaient contenir la pression des bandes vandales du roi Huméric qui allaient ruiner le pays. 
La fin de la domination romaine fut provoquée par l’invasion de bandes Vandales qui pillèrent et anéantirent les grands territoires agricoles de ce pays naissant, édifié par les légions romaines. 
Les premiers maghrébins habitant cette région avant l’ère romaine continuèrent à se loger dans les grottes des massifs de roches calcaires, habitués à utiliser les sources que les romains avaient exploitées. A l’époque de la civilisation arabe, une vie nomade et pastorale assura alors le peuplement qui s’effectua lentement au fil du temps. 
Quelques familles anciennes assuraient la représentativité du douar et une paix relative mit fin aux exactions de bandes qui venaient du Maroc, aidées d’une fraction de la puissante tribu des Béni-Ameur qui pouvait lever une véritable armée. 
Lors de l’invasion des Turcs puis des essais de colonisations espagnoles, cette tribu négocia avec les envahisseurs ce qui n’empêcha pas les conflits. Il en résulta contre les Turcs une bataille longue et féroce où les Béni-Ameur jetèrent dans la bataille toutes leurs forces de cavalerie et de fantassins qui vaincues furent anéanties près d’Hamman Bou Hadjar quand elles refluaient vers le Tessala. 
Le ressentiment des Musulmans fut profond envers les Turcs qui au lieu de s’allier à eux avaient choisi de les combattre. 
Après la reddition de l’Emir Abdelkader vingt cinq ans plus tard, suite au débarquement des forces françaises et aux combats qui suivirent, une paix essentielle mais relative vue sous l’angle du recul et du temps, s’ouvrait une nouvelle ère de colonisation qui devait être une ère de prospérité ! 
Au cours de la colonisation du pays, le lieu était un simple douar qui cependant était connu pour ses troupeaux d’élevages et un commerce de céréales provenant de ses terres cultivées. 
En dehors des terres cultivées, les troupeaux étaient regroupés sur les basses plaines recouvertes de lentisques et de palmiers nains. 
Par arrêté du 23 août 1859, le 4 novembre 1873, le nouveau village fut créé et pris le nom de Hamman Bou Hadjar signifiant en langue arabe ‘’Bains Chauds et Pierres’’, bains chauds provenant de la pierre. 
Sa situation administrative intervint officiellement le 11 mars 1874. Plantations et cultures s’étendent alors en un vaste horizon avec des maisons et fermes alignées le long de longues allées plantées d’oliviers ou d’eucalyptus.
 Au centre de l’agglomération s’alignent des villas et des jardins pleins de charme et on peut apercevoir de loin le beffroi de l’hôtel de ville et la flèche de l’église construite en 1878 qui dépassent les nombreuses constructions. Avec l’eau des thermes, la fraîcheur des jardins, lieux si réputés pour les Romains, Turcs et Arabes, cet endroit donne l’impression de calme des oasis du Sud. 
L’animation est néanmoins permanente avec l’activité des abattoirs à l’ancienne gare, la culture des céréales et de la vigne. Par la suite, la vie associative est développée. Fanfare, clubs omnisports, associations animent de nombreuses fêtes dans le village et une grande fête annuelle attendue par tous attire les foules par sa célèbre ambiance. Venant d’Oran, ces foules pouvaient emprunter le Bou You You le célèbre tortillard. 
Oran était la tête de ligne de ce tramway à vapeur sur route à voie de 1.055m et long de 72 Kms desservant la plaine de la Meta, zone de cultures qui s’étend au sud de la Sebkha d’Oran, vaste dépression marécageuse à sec en été et couverte en cette saison d’une croûte saline. Après 1949, le célèbre Bou You You était appelé à disparaître. 
Comme pour la plupart des villages, les évènements qui sévissaient en Algérie depuis 1954 dans les grandes villes et dans le bled avaient amené des regroupements de famille autour des agglomérations. Regroupement de la population isolée des villages afin de rendre plus facile le contrôle de zones et la protection de celles-ci facilitant les opérations militaires. Il avait fallu édifier de nouvelles constructions non seulement près des postes et des fermes tenues par la troupe mais aussi près des villages et en 1960, la population comptait plus de 16.000 habitants dont une bonne part dans le village même. 
Au début de la révolution armée, l’Oranie avait connu moins d’exactions que dans les autres régions comme celles d’Alger ou de Constantine mais bientôt, les menaces et les exactions se multipliaient faisant fuir la population européenne vers les grands centres ou la Métropole. 
Avec elle disparaissaient les entreprises et comme conséquence le chômage apparaissait entraînant peu à peu un certain nombre de familles ouvrières à aller se réfugier ailleurs d’autant plus que la volonté du pouvoir se faisant jour, en dépit des assurances amicales exercées pour les retenir, la perspective d’un état indépendant entamait le moral et hâtait le départ de ceux qui n’avaient que le choix d’aller gagner leur vie ailleurs abandonnant tout ce qui leur était cher. Au fil du temps, le village continua à se vider en allant en s’amplifiant en 1962 et 1963. 
A Hammam Bou Hadjar, la quasi-totalité des habitants de souche européenne avait quitté les lieux, pour céder la place à ceux qui l’ont libéré du joug colonial, après tant de sacrifice.

Réflexion

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