Le patrimoine culturel est de nouveau à l'honneur. Un mois entier (18 avril-18 mai) de festivités entièrement dédiées aux «vieilles pierres», aux antiquités, aux arts et aux savoirs anciens. Dans tout le pays, l'activité culturelle et artistique bat son plein pour souligner l'importance de cet héritage et son inestimable valeur matérielle. Les grandes villes ont élaboré des programmes alléchants afin de mettre toute la lumière sur leurs trésors archéologiques et autres chefs-d'œuvre patrimoniaux.
Sous le thème «Patrimoine culturel : valeur économique», la ville d'Oran étale ses splendeurs à travers des expositions diverses sur le patrimoine oranais, des conférences thématiques, des visites guidées, des concours et des actions de vulgarisation et de promotion via les médias. Les vestiges romains Portus Magnus, dans la localité de Bethioua, font à l'occasion l'objet d'un programme de sensibilisation. El Bahia, qui accueillera les Jeux méditerranéens de 2021, s'emploie aussi à redorer et à restaurer ses sites les plus caractéristiques. La ville de M'sila met l'accent sur l'architecture et l'urbanisme à travers le lancement d'un atelier de réflexion intitulé : «Pour un patrimoine architectural durable». Cette rencontre a été organisée dans l'enceinte ancestrale de la Qalaâ de Beni Hamad, une merveille archéologique datant du moyen-âge, classée patrimoine mondial par l'Unesco. L'Université de Mostaganem et la fondation Djanatu-Al-Arif ont mis en exergue l'architecture de la terre et les méthodes anciennes de construction. Le même sujet a été retenu à Timimoun (Adrar) lors d'une conférence du Centre algérien du patrimoine bâti en terre (Capterre) à travers «l'expérience de la cité Tafilalt : utilisation de matériaux locaux». Béjaïa a ouvert les festivités par une journée d'information, d'orientation et d'initiation aux procédures de classement des monuments historiques à l'initiative de la direction de la culture en collaboration avec la circonscription archéologique. Une autre manifestation a également porté sur l'expérience de la reconstruction à l'identique de l'ancien palais de justice, en prévision de sa reconversion prochaine en école régionale des Beaux-Arts. Alger, Constantine, Annaba, Sétif, Tlemcen, Batna, Tipasa, parmi des dizaines d'autres villes, ont pareillement étalé de belles facettes de leur précieux patrimoine afin de sensibiliser la société sur sa portée civilisationnelle et son impact dans la promotion du tourisme et le développement local.
La sauvegarde, la protection, la restauration et la promotion des sites et objets patrimoniaux est un impératif de première importance. Une délicate mission qui, souvent, exige une coopération intersectorielle. L'objectif consiste à redonner son lustre au patrimoine et à le promouvoir pour en faire une source de revenus. Le ministère de la Culture, celui du Tourisme et de l'Artisanat ainsi que les Collectivités locales, les mécènes (institutionnels et privés) et le mouvement associatif ont, tous, un rôle à jouer dans ce registre afin d'encadrer et de développer ce concept cher du tourisme culturel. Les tours-opérateurs et les investisseurs doivent aussi s'impliquer pour la mise en place des structures d'accueil alentour des sites patrimoniaux, sans pour autant les «agresser». Le patrimoine serait, alors, en mesure de s'autofinancer, tout en assurant des recettes pour la Collectivité locale et des emplois divers pour les populations locales d’abord, et tout le pays ensuite. Pour concrétiser un tel projet, il va falloir revoir un tas de choses qui, dans la pratique, retarde l'intervention de sauvegarde et alourdit les procédures à chaque étape. De l'avis général, la centralisation de la protection et de la valorisation du patrimoine prive les autorités locales de leur pouvoir d'intervention, de participation et de contribution à l'entretien, à la vulgarisation et la gestion des sites. C'est une question, entre autres, à la quelle il va falloir répondre pour offrir aux sites, classés ou en voie de l'être, une patrimonialisation concrète et une prise en charge de tous les instants afin d'être mieux rentabilisés.
Par Kamel Amghar
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