De mémoire de kabyle, toute fête, mariage, baptême ou Waada, ne pouvait se faire sans la présence de cet orchestre ambulant formé généralement de quatre musiciens. « Idhebalen » étaient incontournables.
Certains, comme Kaci Abudrar avait une réputation quasi légendaire. Ils étaient bien connus et sillonnaient la Kabylie de fête en fête égayant de leurs rythmes et de leurs sonorités originales, les places des villages. L’orchestre se compose généralement de quatre instruments : le tambour « Tbel », le Bendir « Amendayer », l’ghaïta instrument proche de la trompette et thizemarine, une double trompette formée de roseaux et de cornes de vache.
Idhebalen accompagnaient surtout les cortèges nuptiaux. et partout où ces semeurs de joie à pleines poignées s’arrêtaient, les gens dansaient tout en leur mettant des billets d’argent dans leur turbans ( Archak). C’est ainsi que le veut a tradition. Souvent celui qui demande tel ou tel rythme accompagnait sa demande par un billet, pour motiver les musiciens. Parfois on assiste à de véritables enchères, au bonheur des artistes qui s’en mettent plein le turban.
Leur répertoire musical est souvent puisé du terroir kabyle, et certains d’entre eux allaient chercher de nouveaux rythmes et d’autres sonorités pour épater la galerie et se distinguer des concurrents. Et les concurrents sont légion. Deux écoles aussi existent, et si on est connaisseur, on distingue entre Idhebalen des Igawawen (Grande Kabylie) et ceux d’Ait Abbes (Petite Kabylie).
A Tizi-Ouzou, un lieu était connu pour être le rendez-vous de ses troubadours, « Lqahwa Idhebalen ». C’est un café qui forme un des angles de la Grand- rue en face de la mairie. Il suffisait de s’y rendre pour les trouver attablés en groupe. ils étaient facilement reconnaissables à leurs tenues : Turban blanc ou doré, burnous blanc, serwal loubia, babouches ou chaussures blanches. C’est autour d’un café, que vous payez généralement, que ce négocie le prix et que se prennent les rendez-vous.
Mais depuis quelques années, on ne les sollicite que rarement, et de moins en moins le Tbel et l’ghaita résonnent dans les fêtes, remplacés par les DJ et autre boites à rythmes. « Lqahwa Idhebalen » est devenu un magasin de vêtements et le peu d’entre eux qui restent ont changé de lieu. Seules quelques régions maintiennent la tradition. Avec un grand mérite , quelques associations culturelles œuvrent aussi à sortir de l’oubli ses troubadours d’un autre temps.
Hakim Metref
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