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7/23/2017

Les fontaines d’eau à Médéa : Témoin d’un acte solidaire qui se perpétue depuis des lustres


Les fontaines d’eau de Médéa ont une vocation singulière qui va au-delà du simple objet décoratif qui orne les ruelles de la ville. 
Elles sont le témoin d’un acte solidaire qui se perpétue depuis des lustres, d’autant qu’elles garantissent, hiver comme été, le libre accès à des milliers de foyers à cette source de vie vitale, qu’est l’eau. 
Le partage de l’eau est derrière la profusion de ces fontaines et, en quelque sorte, leur raison d’être. Les fontaines d’eau font partie du patrimoine de l’ancienne capitale du Titteri qui a résisté, non seulement à la sédentarité, mais à préserver une vocation sociale que même la modernisation du système de distribution d’eau domestique n’a pu l’empêcher de se développer davantage. Il n’y a pas un quartier ou une ruelle qui soit dépourvu d’une fontaine d’eau. 
Leur nombre ne cesse d’augmenter grâce aux actions des particuliers, notamment les propriétaires de puits qui, dans un esprit d’accomplir un acte de solidarité envers les citoyens, réalisent, sur leur propre budget, ce type de fontaine. 
L’existence de ces fontaines est soumise, toutefois, à une réglementation très stricte, affirme le président de l’APC de Médéa, Yacine Birane, d’autant qu’il s’agit d’une question de santé publique et requiert, à cet égard, la conformité de ces bienfaiteurs à certaines règles à même de garantir, dit-il, la bonne qualité de l’eau à laquelle ont accès directement les citoyens et la préservation de l’environnement immédiat des fontaines que ces particuliers comptent faire exploiter. 
Avant l’octroi de toute autorisation des services de la commune, une analyse bactériologique et chimique est effectuée sur l’eau des puits ou sources qui va alimenter la fontaine en question, explique le même responsable, dans le but de s’assurer que l’eau est potable et ne représente aucun risque sur la santé des citoyens. 
La construction de la fontaine doit respecter, en outre, des critères bien précis, tant sur le plan esthétique que celui environnementale, assure-t-il, ajoutant que la réglementation fait obligation aux demandeurs d’utiliser des matériaux adaptés à ce type d’ouvrage, en l’occurrence le marbre et la faïence, dans un souci d’esthétique, et la réalisation de système d’avaloir destiné à l’évacuation des eaux des fontaines.
La construction de fontaine est synonyme d’aumône permanente 
Pour nombre de “donateurs”, ce geste (la construction d’une fontaine) ayant valeur de partage et dont les bienfaits vont se perpétuer à l’infini, est un bien mis à la disposition exclusive des citoyens. C’est cette façon de concevoir les choses qui pousse ces particuliers à partager l’eau, source de vie, avec les autres. Pour Mourad, un habitant de la cité Ahmed Sari, centre-ville de Médéa, la présence de ces fontaines offre la possibilité aux gens, transitant par la ville, d’étancher leur soif ou de se rafraîchir, notamment quand il fait chaud, comme elles permettent de faire face aux pénuries d’eau qui peuvent survenir, assurant que lui-même s’alimente régulièrement dans l’une des deux fontaines qui trônent dans les deux entrées de cette cité, vu la qualité de l’eau et sa disponibilité à longueur de journée. Nombre de citoyens comme Mourad recourent à l’eau de ces fontaines qu’ils préfèrent de loin à l’eau du robinet. 
Celle-ci est souvent utilisée pour le nettoyage ou la vaisselle en raison, explique Nacer, un habitant du quartier de Tniet-El-Hdjar, du taux élevé de chlore contenu dans l’eau du robinet, ce qui donne, selon lui, un goût particulier à cette eau et nécessite un temps de cuisson plus long, par rapport à l’eau puisée dans les fontaines. 
Une idée, d’ailleurs, très répandue à Médéa où une majorité de familles ont tendance à s’alimenter directement au niveau des fontaines pour leur besoin d’eau et consacrent celle du robinet aux seuls taches ménagères. Kamel, un fonctionnaire, résidant à Ktiten, quartier périphérique de Médéa, fait régulièrement le déplacement jusqu’à la fontaine séculaire de Tala Aich, ancienne-ville de Médéa, pour faire le stock de la journée. Ce qui le pousse à venir ici, c’est la qualité de cette eau pure qui provient des tréfonds du sous sol de la ville, sa fraîcheur et la valeur symbolique de ce lieu, qui a vu déferler, depuis plus d’un siècle d’existence, des milliers de citoyens en quête d’une eau vivifiante et rafraîchissante.
Suivre l’évolution des besoins de la population 
Ainsi, à mesure que la population grandissait et ses besoins en eau avec, le partage de ce “bien” entre l’ensemble de la communauté s’est accompagné par une profusion de fontaines d’où pouvait s’alimenter librement le voisinage. La ville de Médéa et ses environs compte un nombre important de puits et de sources d’eau qui profitent, à longueur d’année, aux citoyens. 
Beaucoup de quartiers du vieux Médéa portent aujourd’hui le nom de fontaines séculaires qui font partie de ce patrimoine jalousement gardé, telles que Ain-Takbou, Ain-Larais, Tala Aiche, qui sont non seulement une source de vie, mais aussi, un point de rencontre où les citoyens discutent et s’échangent quelques nouvelles, le temps de faire le plein de jerricans. 
En sus des fontaines publiques, nombre de patios d’anciennes résidences et de “haouchs”, maisons traditionnelles, érigés à l’intérieur de l’ancien noyau urbain de la ville de Médéa ou sa périphérie, sont également ornés d’une fontaine, d’allure simple ou décorée de faïences. 
Ces cours sont l’endroit où les familles ont pris l’habitude de se réunir, que ce soit à l’occasion des fêtes religieuses, traditionnelles ou nuptiales, ou encore durant les longues veillées estivales. 
Côté convivialité, la fontaine est l’endroit indiqué pour siroter un café ou partager un mets traditionnel avec des convives, à l’ombre des feuilles de vigne ou de fleurs de jasmins, autre élément décoratif de cet intérieur de maison qui fait rêver les habitants des cités.

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