Après avoir revu en octobre dernier le dispositif d’aide aux éleveurs de manière à garantir un fonctionnement équitable de la filière lait en réponse aux contraintes liées à l’accès aux aliments de bétail, aux lenteurs enregistrées dans le paiement des primes de soutien aux producteurs du lait cru ainsi qu’à la révision du prix de cession du lait cru auprès des laiteries, le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche ( MADRP) passe à la mise en œuvre des décisions prises. Lesquelles coûteront à l’État, à titre indicatif, environ 200 milliards DA durant le quinquennat 2015-2019. L’une d’elles est entrée en vigueur début mai. Elle a trait à la décentralisation du dispositif de soutien aux éleveurs. Pour préparer ce basculement d’un système centralisé à un dispositif de proximité, le ministère de l’Agriculture a organisé des regroupements régionaux de formation au profit des responsables locaux en vue de s’imprégner du mode de fonctionnement du paiement des subventions. Ainsi, les aides à la production de lait cru ne sont plus accordées par l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) mais par les Directions des services agricoles des wilayas. Mais, à une condition, délivrer l’agrément sanitaire nécessaire, à contrario de ce se faisait auparavant lorsque les subventions étaient distribuées sans conditions au préalable. Avec l’amenuisement des ressources financières, le gouvernement a décidé de revoir sa copie en commençant par exiger un agrément sanitaire aux éleveurs pour prétendre à une partie de l’aide étatique. Ces derniers ont jusqu’au 2 novembre prochain pour répondre à une telle condition. Une manière de réduire la liste des bénéficiaires et de cibler les véritables producteurs en cette période de crise. Pour Mohamed Amokrane Nouad, expert agricole c’est plutôt une volonté de décentraliser la gestion d’une filière déjà assujettie aux crises. Mais il est clair que c’est un début de révision du système des subventions décrié à maintes reprises étant source de gaspillage dans de nombreux cas. D’ailleurs, la décentralisation du système de paiement était prévisible. Et ce, d’autant que c’est au niveau local que les éleveurs qui bénéficient pour rappel depuis novembre dernier d’une prime de 14 DA par litre contre 12 DA/ (en plus des 36 DA / litre) représentant le prix de cession aux laitiers qui sont répertoriés auparavant. Ils sont au total près de 40.000 éleveurs sur le territoire national avec un million de vaches laitières dont 3.000 sont des Bovins laitiers modernes (BLM), dotées d’un haut potentiel de rendement laitier. Mais combien seront –ils en novembre prochain, ces éleveurs à répondre aux conditions imposées par le MADRP ?
En tout cas, il certain que l’on se dirige vers un tri rigoureux dans cette filière. De même qu’il est prévu d’arrêter l’approvisionnement en poudre de lait au profit des transformateurs laitiers qui boudent le lait cru local. Objectif : réduire la facture des importations en encourageant l’intégration du lait cru dans le processus de transformation. Une décision expliquée par le refus des laiteries de prendre la totalité du lait produit par les éleveurs avec lesquels elles sont conventionnées, et ce, du fait de l’insuffisance de leurs capacités de transformation et de stockage alors qu’elles ont bénéficié d’un quota mensuel de poudre de lait. Le problème se pose surtout en période de forte lactation comme c’est le cas durant le printemps.
Pour mémoire, l’Algérie importe en moyenne 350.000 tonnes de poudre de lait annuellement dont 50% sont importés par l’Onil qui les redistribue aux laiteries sous forme de quotas subventionnés, pour produire du lait pasteurisé conditionné en sachet vendu au prix administré de 25 DA/litre. Pour le premier trimestre de l’année en cours, la facture d’importation du lait et matières premières a reculé à 207,08 millions de dollars (usd), contre 316,38 millions usd à la même période de 2015, soit une baisse de 34,55 %. Les quantités importées de lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières, utilisées comme intrants dans la filière laitière, ont également baissé à 82,67 tonnes (t) contre 103,44 t, en recul de 20% entre les deux périodes de comparaison.
La facture du lait a baissé en raison non seulement de la réduction des quantités importées par l’Algérie mais aussi de la baisse des prix à l’importation. Mais avec le rebond des cours des matières premières laitières sur le marché international ces dernières semaines, la valeur des importations risque de repartir à la hausse.
Lila Tam
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