Le berger dans la région du Hodna cumulant plusieurs années d’expérience professionnelle, lorsqu’il parle de conduites à tenir en cas de bête malade ou souffrant de problèmes spécifiques, semble maîtriser tout l’art du vétérinaire sans pour autant avoir fréquenté une université ou même savoir lire.
Un pasteur chevronné saura bien faire face à l’urgence d’un ovin dont le ventre gonfle démesurément en réalisant une injection qui aide l’animal à se débarrasser de ces gaz qui seraient autrement mortels.
Bien conscient que ce gonflement est un effet collatéral d’une consommation excessive de fourrage vert, le berger redouble de vigilance quand il fait paître son troupeau sur un pré bien verdoyant.
Ainsi, un bon berger sait qu’il est préférable de ne donner l’orge à ses animaux qu’en fin d’après-midi pour s’assurer qu’ils ne boiraient pas car la réaction de l’orge à l’eau dégage de grandes quantités de flatulences pouvant même tuer la bête, affirme un vieux berger de la région d’Ain Errich.
Un des conseils d’experts que les bergers se passent l’un à l’autre consiste à donner à la brebis qui met bas un mélange de son et d’orge concassée qui favorise le processus de lactation et augmente la qualité et la quantité de lait secrété.
Un bon berger est avant tout, assure-t-on, un vaillant observateur qui n’hésite pas à faire appel au vétérinaire lorsqu’il détecte un comportement anormal chez un de ses animaux comme un boitement ou une démarche chancelante.
Soin spécial pour l’agneau nouveau-né
Un pâtre rompu à son métier saura aussi que les premières tétées sont vitales pour une bonne croissance de l’agneau nouveau-né en raison de la richesse nutritionnelle de ce premier lait dont la consistance est plus épaisse que le lait ordinaire et que l’on appelle "Elleba" dans la région. Il n’hésitera pas, de ce fait, à assister le petit à téter.
Selon certains bergers, ce lait est très important pour la santé du jeune agneau et lui évite la contraction de plusieurs maladies auxquelles sont souvent exposés les agneaux nouveau-nés.
Quand un animal est malade, le pasteur le place aussitôt en quarantaine pour parer à une éventuelle contagion du reste du troupeau. La bête est ensuite soignée lorsque la maladie est guérissable ou abattue, quand ce n’est pas le cas.
Les pasteurs occupant les terres mitoyennes aux marais salées recourent parfois à une pratique qu’ils appellent "Tahmadh" qui consiste à faire boire aux bêtes de l’eau des marées salées ou à leur faire consommer des herbes des zones salées. L’objectif, affirment-ils, est de prémunir certaines maladies liées au manque de sel.
Les éleveurs préfèrent, en outre, faire paître leurs troupeaux sur les étendues steppiques lorsque l’herbe sèche y pousse pour, d’un côté, réduire les coûts d’entretien de leurs troupeaux et, d’autre côté, renforcer l’immunité naturelle de leurs bêtes.
Pour Mohamed Mebrouki, vétérinaire exerçant à titre privé, les bergers expérimentés ont acquis leur savoir-faire en observant des vétérinaires en action comme lorsqu’ils administrent à l’animal l’injection spéciale contre le gonflement.
Concernant le régime alimentaire assuré aux troupeaux, le même praticien a souligné que le fourrage sec et le fourrage vert ont chacun des bienfaits spéciaux mais, recommande-t-il, il faut savoir quand et comment les prendre pour éviter les risques sur la santé de l’animal et cela, note-t-il, les pasteurs avertis l’ont appris par expérience.
La race la plus élevée dans la région de M’sila est le mouton d’Ouled Djellal connue pour la qualité de sa viande et sa croissance rapide qui, avec une moyenne de 200 grammes par jour, permet au mouton de peser 40 kg au bout de quatre mois, souligne-t-on.
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