Ce vêtement blanc finement brodé qui faisait partie depuis
des siècles des coutumes vestimentaires notamment des Algériennes. Cet habit
qui faisait autrefois la fierté de la femme algérienne, faisant ressortir ainsi
sa beauté et sa grâce, disparaît petit à petit, à la faveur de la révolution du
« new look », adopté par la femme qui tenait pourtant, il y a quelques années,
au haïk "MREMA" et "LAADJAR" comme à la prunelle de ses
yeux. Cette tenue qui a résisté à travers les temps au vent du changement,
n’est désormais qu’un lointain souvenir pour les vieilles femmes d’Alger la
Blanche, et certaines régions du pays. Le haïk, vêtement traditionnel longtemps
porté par la femme algérienne, lui valant le qualificatif de "blanche
colombe", tend à disparaître du paysage, laissant le souvenir d'une belle
image associée à la nostalgie de la belle époque. Bien plus qu'un vêtement
traditionnel constitué d'une étoffe blanche enveloppant la totalité du corps de
la femme, le haïk était le symbole de la pudeur (soutra), mais également de
l'élégance féminine. Selon une première version, il serait apparu en Algérie
avec l'arrivée des Andalous au Maghreb au 16ème siècle. Selon une seconde
version, il aurait été introduit à Alger avec l'arrivée des Turcs, eu égard à
sa présence dans d'autres régions du pays.
Des études récentes établissent que le "haïk" est
instinctivement lié à la formation de la cité afin de protéger les femmes du
regard de l’étranger et ceci dès l’Antiquité. Platon décrit ce rapport de
protection de la femme dans tout le bassin méditerranéen.
En effet, outre le centre, le haïk était également présent
dans l'est, l'ouest et le sud du pays, sous des formes plus ou moins
différentes. Dans l'ouest, les femmes portaient "BOUAOUINA", un voile
qui recouvrait tout le corps, y compris le visage, ne laissant paraître qu'un
seul œil.
Alors qu'au centre les femmes optaient pour le haïk
"MREMA" qu'elles portaient avec "LAADJAR", une voilette qui
couvre le bas du visage, ne laissant apparaître que les yeux.
Dans l’Est algérien, les femmes portaient le haïk blanc
avant de le remplacer par la "MLAYA" noire, en référence et en signe
de deuil à l’assassinat du Bey
Salah Mohamed en 1792 qui gouverna Constantine durant 21 ans
dans le dernier tiers du 18ème siècle.
Le haïk (en arabe: الحايك ), vêtement féminin porté en Algérie. Ce
drapé blanc rectangulaire couvrant le corps à la dimension moyenne de 6 m sur
2,2 constitue le symbole de la vie citadine algérienne. Ce vêtement s’enroule
maintenue à la taille par une ceinture, couvre tout le corps et la chevelure
tandis que le visage peut être partiellement découvert. Le visage partiellement
masqué d'un petit triangle de dentelle brodée surnommé LAADJAR "لعجار "
Sa composition varie au gré du temps et des impératifs
climatologiques et peut aller de la soie à la laine, incrusté de filament d’or
à l’occasion des cérémonies de mariage. Le vêtement indiquait également la
catégorie sociale dans la matière de l’habit et la façon de le porter dans un
milieu urbain ou rural
Le sens du verbe "Haka" d’ou découle le mot
"haïk" a une racine dans (se cacher, s’envelopper, se protéger du
regard de l’étranger) est un héritage culturel et social présent dans toute la
Méditerranée.
Différents types de haïk furent adoptés, tels que haïk
"EL-KSSA", filé de laine fine, l’algéroise de jadis le portait en
hiver avec un petit voile blanc très fin, appelé LAADJAR, dont elle se couvrait
la partie inférieure du visage. Puis, il y eut haïk "MREMA" (ou la
Fouta blanche), qui est un voile plus léger que le précédent et plus précieux,
car tissé de soie pure et rayé de fils d’or et d’argent, pour les plus riches.
Il était, quant à la qualité, de premier choix et d’un prix élevé.
Ceci limitait la femme moyenne à s’acheter un haïk
"DEMI-MREMA", dénomination ayant trait au mélange de soie et de
satin, ce qui en faisait un tissu de second choix. Néanmoins, il en existait un
autre de moindre qualité encore, car tissé uniquement de satin et qu’on
appelait haïk "SOUSTI". Plus
tard, avec l’arrivée d’une nouvelle matière, un nouveau type
de haïk apparut sous l’appellation de haïk "POLYESTER". Il fit le
bonheur des Algéroises en hiver. Enfin, il y avait le "HOUIEK" fait
de soie, de "FTOULE" et de "GUERGUEFFE" (passé plat) et que
la jeune mariée portait la veille de ses noces. Dans l’histoire du haïk, il ne
faut pas considérer seulement son type et sa qualité, mais aussi l’art et la
manière de le porter qui se modifièrent avec les années.
Le "haïk" en Algérie est bien plus qu’un symbole
culturel, c’est également un symbole de résistance face à l’oppression
coloniale. Pendant la guerre d’Algérie et notamment lors de la bataille
d’Alger, le "haïk" a permis aux femmes de transporter au péril de
leur vie des armes mais également des bombes destinées aux combattants
algériens afin de mener plusieurs actions armées destinées à déstabiliser
l’ennemi. Ce vêtement a donc été un moyen d’émancipation pour les femmes
algériennes qui ont pleinement pris part au processus de libération du pays.
L’une des plus belles illustrations est immortalisée dans le film "La
Bataille d’Alger" montrant le courage de la femme Algérienne.
Les rues d’El Bahdja étaient en fête au passage de ces
silhouettes qui faisaient ressortir sa spécificité et accentuer la blancheur
D’ICOSIUM. Nos ainées regrettent la disparition de cet habit qui a accompagné
la femme algéroise depuis sa puberté. Il est rare de nos jours de croiser une
femme à Alger avec ce beau voile. Les nostalgiques se rappellent en fait, les
années soixante-dix et quatre-vingt où la gent féminine se promenait dans les
artères d’Alger avec son haïk avec lequel elle ne pouvait passer inaperçue.
Au printemps 2013, un groupe de femmes décide de défiler en
haïk dans les rues d’Alger. Mouvement spontané qui avait alors recueilli
l’approbation de nombreux passants, preuve que la société algérienne reste
attachée à son patrimoine culturel et à ses traditions.
L’héritage et les valeurs de l’Algérie sont au même titre
que notre drapeau national et notre hymne. Le "haïk" restera dans
l’histoire comme l’identité de la femme algérienne faite d’élégance, de beauté
et de courage.
………………
*www.liberté-algerie.com/societe/le-haik-a-travers-le-temps-
*www.aps.dz/belle-image-de-la-femme-algéroise-
*Photos issues de différentes sources
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