Il y a déjà 3 ans, jour pour jour, disparaissait Missoum Boumediene, laissant l'antique Tingartia orpheline de l'un de ses meilleurs enfants. Décédé le 3 avril 2013 à l'âge de 67 ans, le défunt était un journaliste talentueux, un sacerdoce qu'il a patiemment mené aux côtés de son amour de toujours : le cinéma. Sous sa houlette en tant que directeur de la cinémathèque de Tiaret dans les années quatre-vingt, la vie culturelle et artistique dans l'antique Tihert connaîtra un rayonnement sans pareil jusqu'à son départ en exil «forcé».
Rentré au pays en janvier 2013 où il retrouva ses amis de toujours, Missoum Boumediene s'était très vite retrempé dans l'ambiance de sa ville natale, jusqu'à ce fatidique jeudi 3 avril où il fut terrassé par un AVC. Egalement membre fondateur de la Ligue algérienne des droits de l'homme, Missoum Boumediene était un infatigable militant des sans voix et des laissés-pour-compte, en Algérie comme à l'étranger. Missoum, en véritable cheville ouvrière de l'activité culturelle et artistique locale, et après son retour au bercail, avait des projets plein la tête pour redorer le blason d'une ville devenue orpheline d'hommes de la trempe de celui qui milita toute sa vie pour la dignité de sa ville et de son pays : l'Algérie. Né il y a 68 ans dans la ville de Tlemcen, Missoum, « Boum » pour les intimes, grandira dans le giron de sa ville bien-aimée : Tiaret. Selon l'un de ses amis d'enfance, Missoum fit montre d'une intelligence rare à un âge précoce ; il s'est très jeune ouvert à la langue de Shakespeare qu'il maîtrisait à la perfection, « à un point tel qu'avec son teint clair, ses cheveux presque blonds et sa silhouette élancée, il donnait l'impression d'être un anglais, avec son flegme british. Personnalité au gout raffiné, il était toujours tiré à quatre épingles, un parapluie à la main, et l'écharpe rouge autour du cou », témoigne son ami, la voix encore nouée par l'émotion. Ses amis proches se souviennet : Le défunt Missoum Boumediene avait aussi l'âme mélomane, rares sont ceux qui savent qu'il aimait la soul musique, le rock ou encore le blues. La main toujours sur le cœur, « Boum » avait toujours un billet ou une pièce de monnaie qu'il glissait dans la poche de tel ou tel copain qu'il savait dans le besoin.
Un homme d'une bonté reconnue par tous, d'une bravoure et d'un courage exceptionnels, l'alter ego de Boudjemâa Karèche était surtout un humaniste, un militant clairvoyant, un symbole de combat pour la démocratie, la liberté, la promotion des droits de l'homme et la défense de l'idéal républicain. Avec plusieurs cordes à son arc, Missoum fut membre fondateur et animateur du club de Tiaret qui a vu le jour en 1969, membre fondateur de l'université populaire de la même ville en 1973, élu à l'assemblée populaire communale de Tiaret en 1975, membre fondateur du comité d'organisation de la 1ère équipe de foot féminin en Algérie en 1978 toujours à Tiaret, avant d'occuper le poste de directeur de la Cinémathèque de la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest de 1984 à 1994. «Boum» fut aussi une plume engagée et a exercé au sein de plusieurs journaux comme Alger Républicain ou encore Le Matin. Comme un terrible signe du destin, Missoum a voulu se souvenir de ses frères et amis emportés par la grande faucheuse lors de la décennie noire, en contribuant, une semaine avant sa disparition, à l'organisation d'une journée contre l'oubli.
par El-Houari Dilmi
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