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1/25/2016

tamazight dans les établissements scolaire de Tiaret

Paradoxale situation que celle que vit la communauté éducative à Tiaret, ville à consonance amazighe qui a vu grandir le premier président du HCA, le militant Mohand Ou Idir Aït Amrane et auteur du fameux chant patriotique «Akker A mis Umazigh».


Dans ses projections pour l’année scolaire 2015/2016, la direction de l’éducation avait lancé 4 classes pilotes dans des collèges à Tiaret, Sougueur, Ksar Chellala et Ain kermes, mais il y a eu «désaffection des élèves pour cette langue facultative». Cet aveu d’échec est assorti de promesses de faire, de la prochaine année scolaire, le lancement véritable de Tamazight dans beaucoup d’établissements. Pourquoi en est-on arrivés là ? Pour y répondre, nous avons approché deux personnalités qui œuvrent, chacune à sa manière, à promouvoir cet acquis arraché de haute lutte et, désormais, consacré par le projet d’une nouvelle Constitution.
Pour Arab Hadj Lakhdar, enseignant universitaire, auteur et animateur de l’émission hebdomadaire en Tamazight sur radio Tiaret : «Il est exigé une demande pour l’enseignement de cette langue alors qu’il faudrait la provoquer parce qu’à mon avis les gens ne sont pas suffisamment conscients que le fait amazigh encourage la cohésion sociale, les gens ne savent pas comment s’y prendre, ils sont frustrés sur fond d’inertie. Normalement, le ministère de l’Education doit faire un travail de sensibilisation sérieux sur le terrain pour inciter les gens à adhérer à ce projet.
Pour l’instant, il n’y a pas eu d’amorce dans plusieurs wilayas et Tiaret en fait partie, les responsables de l’éducation devront intégrer dans leur plan de gestion un travail qui doit précéder chaque rentrée scolaire pour provoquer cette demande sociale afin d’avoir des données, procurer l’encadrement et le manuel scolaire. Les licenciés existent et ils sont en train de chômer». «Je trouve inacceptable que Tiaret, une région qui recèle des places dont les noms sont amazighs que ses enfants ne bénéficient pas de l’enseignement de Tamazight».
Le HCA devrait faire un geste symbolique pour que la ville de Tiaret ait ses classes car son S/G, Si Assad Hachemi, en a fait la promesse lors de la baptisation d’un collège du nom de Mohand Ou Idir Aït Amrane, celui-là même qui a été, pour plusieurs années, le directeur d’académie de Tiaret. Ce qui est positif, en 2015, c’est cette volonté affichée d’officialiser Tamazight et ces chiffres qui repartent à la hausse, après la dégringolade de 16 à 11 wilayas, pour atteindre 23 wilayas où tamazight est enseigné.
Aït Arab Abdelhamid, enseignant émérite à la retraite, après 48 ans d’exercice, major de promo et médaillé du mérite national et, surtout, linguiste, évoque les problèmes des langues : «Si le Tifinagh prétendûment venu avec les Phéniciens a été adopté par la société amazighe d’Algérie, il y eut ensuite le latin puis l’arabe et le turc bien sûr dans sa version originelle qui est la graphie de droite à gauche». «L’idée qu’osent certains est que tamazight soit écrite avec l’arabe inversé de gauche à droite et c’est une question d’habitude et d’ateliers (laboratoires de langues). Pour la graphie, le latin est revendiqué à travers le français.
Maintenant, si on arrive à escamoter le tifinagh, qui n’est pas à la portée de n’importe qui, ça se jouera entre l’arabe inversé et le latin car, l’urgence, c’est qu’il faut un alphabet pour l’application de lois et textes. Aujourd’hui, on est en train d’effacer les clivages entre ces deux langues (l’arabe et le tamazight) et c’est ce que nous recherchons en tant qu’intellectuels, algériens et nationalistes. L’urgence nous interpelle car il faudrait faire aboutir ce projet».
Fawzi Amellalel watan

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