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1/29/2016

L'avenir de la steppe algérienne est-il compromis ?


Introduction. 

La gestion des ressources naturelles est devenue en l’espace de quelques années l’une des principales préoccupations des Pouvoirs Publics des pays développés. Dès lors, les recherches dans le domaine se sont multipliées et les méthodes appropriées de plus en plus diversifiées. 
Cependant, dans les pays en voie de développement ou encore ceux sous développés qui font face à une multitude et une diversité de problèmes, la place de la gestion des ressources naturelles se trouve en queue de liste des objectifs des Pouvoirs Publics. 

En Algérie, la gestion des ressources naturelles est marquée par un retard immense. D’un côté, les méthodes utilisées sont dépassées et de l’autre, le manque de suivi et la marginalisation des premiers concernés du fait que la décision se prend au niveau central. 

En outre, la nécessité d’intervenir en Algérie concerne les zones fragiles arides et semi-arides, c’est-à-dire, les zones steppiques qui sont soumises à la dégradation de leurs ressources naturelles, notamment le sol et le couvert végétal (S. BEDRANI, 1994 ). En effet, le bilan établi en 1984 par le Ministère de l’Agriculture montre que 5 millions d’hectares parmi les 20 millions d’hectares qui constituent le territoire steppique algérien, se trouvent dans un état avancé de dégradation. La nécessité d’intervenir dans ces zones se pose avec acuité si on veut éviter leur désertification et ne pas compromettre l’avenir des populations qui y vivent. 

« Le pays du mouton »( A. AIDOUD, 1994 ) 
se trouve donc soumis à une dégradation de ses parcours. Cette dégradation s’est réalisée sous l’action combinée des facteurs du milieu physique et ceux de l’environnement socio-économique. En effet, si les premiers se traduisent à travers la fragilité de l’écosystème steppique, les deuxièmes montrent que la dégradation des parcours est imputée à la pauvreté en milieu rural, elle-même due à la croissance démographique. Cet état de fait a favorisé l’augmentation de la pression sur les ressources et donc une intervention anarchique de l’homme. 

La gestion de l’espace pastoral en Algérien n’obéit à aucune règle, sauf peut-être celle du plus fort. La nécessité de trouver un modèle de gestion approprié, implique au préalable une connaissance approfondie du terrain et des données statistiques fiables et affinées. 

Bien que divers projets étaient menés dans ce sens, les résultats escomptés pour ces espaces marginaux tardent à voir le jour. A l’aube de troisième millénaire et quatre décennies après l’indépendance du pays, la steppe est toujours cet espace d’une paupérisation structurelle d’un point de vue socio-économique et une dégradation du milieu naturelle du point de vue milieu physique. 


Données sommaires sur le térritoire algérien dans son ensemble. 
Relief 
L'Algérie du nord - moins de 1/6 du territoire - est formée de 3 zones parallèles au rivage, 
s'étageant du nord au sud : l'Atlas tellien, long de 1 000 km et large de 125 km, entre mer et hautes plaines, est composé 
des monts de Tlemcen, l'Ouarsenis, les monts du Sahel d'Alger, le massif du Djurdjura avec le 
Lalla Khadidja qui culmine à 2 308 mètres, les monts du Constantinois. Ces chaînes sont 
entrelacées et coupées de vallées et de plaines : plaine du Sig, vallée de l'oued Chélif, plaine de 
la Mitidja au sud d'Alger, plaine côtière d'Annaba drainée par l'oued Seybouse. 
les Hautes plaines de Sétif et de Constantine où coule le Rummel ; les Hauts plateaux, vastes 
zones steppiques qui présentent des dépressions comme celles des chotts el-Chergui et 
el-Hodna. 
enfin l'Atlas saharien formé lui aussi d'une succession de monts : massif des Ksours (1 200 
mètres d'altitude), le Djebel Amour, les monts des Ouled Naïl (1 500 mètres), les Aurès, les 
Ziban. 
Ces reliefs dominent le Sahara, soit 2 millions de Km2 faits de vallées sèches telle que celle de 
l'oued Saoura, des immensités sablonneuses du Grand Erg occidental et du Grand Erg oriental, 
de plateaux comme le Tademaït, le Tassili, le Tanezrouft, de montagnes telle que le Hoggar, 
massif volcanique culminant au mont Tahat à 3 010 mètres. 

Climat 
Les aires climatiques sont très diversifiées et le climat varie du type méditerranéen au type 
saharien. 
Au nord, les hivers sont pluvieux et froids, les étés chauds et secs. Le climat, le long de la côte, 
est adouci par la présence de la mer. L'Est algérien est une région plus pluvieuse que l'Ouest, 
avec ses 2 mètres de pluie par an et des sommets enneigés d'octobre à juillet. 
Le pied sud de l'Atlas tellien marque la limite du climat aride : sec et tropical, avec de grands 
écarts de températures en hiver : la température moyenne est de 36°C le jour et 5°C la nuit. 



Données sur l’étude. 
La steppe, espace des nomades et de l’élevage ovin par excellence change de visage et donne de plus en plus une image nouvelle. Cette nouveauté peut être résumé en deux principaux points à savoir, une société préalablement nomade qui se disloque et qui tend vers une sédentarisation massive et un paysage dégradé offrant aux observateurs des espaces rocailleux à avenir pas du tout promoteur. 
Plusieurs questions se posent alors. Quelles sont les causes de cet état ? qui est responsable ? pourquoi ce changement ? et bien beaucoup d’autres questions. 

En ce qui nous concerne et dans un premier temps, nous partons de l’hypothèse que la dégradation est essentiellement liée à la pauvreté en milieu rural, elle-même due à la croissance démographique et au manque de création d’emplois non agricoles. 

L’étude que nous avons eu le soin de mener a porter sur une zone appartenant à l’une des principales wilayate steppiques algérienne en l’occurrence la région de Djebel Amour ayant comme centre urbain la commune d’Aflou. 


Localisation de la zone d’étude 

Le choix des dates de l’étude multitemporelle a été fait en fonction des images satellitaires dont nous disposons, mais aussi en fonction des dates des recensements exhaustifs de la population. En effet, les statistiques utilisées dans l’étude ont été puisés du Recensement Général de la Population et de l’Habitat ( R.G.P.H ) effectués par l’Office National des Statistiques (O.N.S) en 1977 et 1987, et des documents de la Direction de la Planification et de l’Aménagement du Territoire ( D.P.A.T ) de la wilaya de Laghouat pour les années de 1991 et 1994. 

Cependant, il faut noter que certaines conclusions restent stériles du fait du manque flagrant des données statistiques plus affinées, surtout pour ce qui est du secteur de l’emploi ainsi que la répartition de la population par catégorie socioprofessionnelle. 

La société pastorale : entre paupérisation et dislocation 
La crise de l’économie pastorale est tellement profonde et complexe, qu’elle remonte loin dans le temps. Elle est caractérisée par l’interdépendance de deux environnements non moins importants l’un de l’autre. Un environnement physique composé sommairement par les conditions du milieu naturel, et un environnement socio-économique représenté par l’homme et son milieu social. 
L’étude de l’environnement socio-économique nous permettra, en comparant les activités de la population à différents moments, de déterminer les caractères-clés sur lesquels repose l’activité pastorale. 

L’analyse de la situation des populations pastorales et agro-pastorales doit partir du fait le plus important concernant ces populations: celui de la diminution rapide de leur nombre et de la proportion qu’elles forment désormais dans la population totale ( S. BEDRANI, 1987. ). Cette diminution est suivie par la réduction des ressources disponibles. Ceci à provoquer une anarchie véritable dans l’exploitation de ces dernières, car non seulement les différents acteurs ne respectent plus les règles de présence, mais leur comportement met en péril la pérennité des ressources ( U.N.S.O, 1993.). 

Il serait donc nécessaire, en premier lieu, de déterminer les causes socio-économiques responsables de la dégradation des parcours steppiques de la région Nord-Ouest de la wilaya de Laghouat en l’occurrence les Daïrate de Gueltet Sidi Saâd, de Brida et d'Aflou. Ces causes semblent être liées à la pauvreté elle-même due à la concurrence pour la subsistance et à l’accroissement de la population. 

Sous les effets combinés des facteurs naturels, notamment les sécheresses structurelles, et les facteurs socio-économiques, qui se manifestent entre autres à travers le défrichement des parcours et l’extension des espaces céréaliers, la steppe se trouve aujourd’hui face à un problème dont il urge de trouver une solution. 

Les raisons de cet état de dégradation sont multiples, tandis que la cause est unique : une dégradation sans équivoque et fort probablement irréversible si les mesures nécessaires ne sont pas prises dans le moment opportun. 

Les causes socio-économiques principales à relever sont la diminution de la mobilité des hommes et des animaux , l’émergence de nouveau mode de gestion de l’espace et de la même un rédecoupage de l’espace. 


La diminution de la mobilité 
est caractérisée par le passage d’un mode de vie essentiellement nomade à un mode essentiellement sédentaire. En effet, le temps des grandes caravanes est révolu, la place est actuellement au déplacement motorisé, bien qu’une vision moins pessimiste nous permet de constater que certains éleveurs continuent à se déplacer à pieds ne serai ce que pour des distances négligeables. La sédentarisation de la population et la disparition progressive mais certaine du nomadisme sont aussi à l'origine de ces modifications. 

L’émergence de nouveau mode de gestion de l’espace est comme résultat de l’intensification de la course vers la maîtrise des ressources notamment les parcours. Le souci d’avoir plus d’espace approprié en privé l’emporte actuellement sur le mode traditionnel où l’accès et la gestion des parcours relevait des fonctions de la tribu. L’intérêt individuel l’emporte sur l’intérêt collectif. La mise en culture des parcours est l’un des moyens les plus sur pour s’approprier de l’espace. Or, cette mise en culture sous entend au préalable, un défrichement, lui-même à l’origine de la diminution de la superficie de parcours palatables et de même la dégradation certaine des terres mises en culture, car présentant des caractères physiques favorisant une déperdition au moindre aléa externe. 
Le nouveau mode de gestion de l’espace a eu, entre autres comme conséquences, le rédécoupage de ce même espace. En effet, l’individualisation du procès de production et le nouveau mode de gestion des parcours font que les gros éleveurs se sont accaparés des meilleurs parcours ne laissant aux autres petits et moyens éleveurs, majoritaire en nombre, que les parcours les plus médiocre en terme de qualité. Ceci est d’autant vrai que les petits et moyens éleveurs ne se déplacent plus comme avant et préfèrent pâturer sur les parcours limitrophes et dotés de points d’eau alors que les gros possèdent des moyens motorisés qui leur permettent d’effectuer de grands déplacements. 

Enfin, loin de cerner tous les problèmes des espaces pastoraux, nous avons voulu dans cette note, éveiller l’esprit des lecteurs sur quelques problèmes que rencontrent les espaces pastoraux nord africain en général. Cependant, nous restons à la disposition des lecteurs qui veulent approfondir leur connaissance sur le sujet, car, nous menons nous-mêmes une recherche très poussée sur ce sujet qui a déjà fait l’objet de notre étude au moins à deux reprises. 

Parcours à alfa en voie de dégradation, région de Malâab, commune de Hadj Mecheri (Mai 1996). 

Espace céréalier avec rendement aléatoire de l’ordre de 3 Qx/ha.Région de Massine - Commune de Hadj Mecheri (Mai 1996). 

Si dans la première et la seconde recherche, nous nous sommes intéressé à la relation homme - écosystème steppique, dans celle qui est encours actuellement nous nous sommes plutôt intéressé au coté sociologique de cette relation homme - écosystème, espérant bien sûr trouvé plus de réponses à nos questionnements. 



Conclusion: 
Entre dégradation du milieux naturel et pauopérisation des populations, la steppe se trouve dans une situation problématique. D'un coté, il est nécessaire de trouver les mécanismes pour diminuer de cette paupérisation et de l'autre, et en l'absence des investissements dans des secteurs créateurs d'emplois, nous assistons au recours à l'activité ancestrale, en l'occurence l'élevage ovin. De cette façon, l'accroissement au dessus de la normale du cheptel présent sur les parcours steppiques est maintenue et ce face à une diminution considérable des ressources pastorales. Déja au début de la décennie 1990 un imménent chercheur (LE HEOUROU H. N.) sur les espaces steppiques affirmait que le potentiel réel de la steppe à diminuer de plus de 10 fois par rapport aux années 1970. Cependant, ceci n'est que la face visible du problème car la situation est beaucoup plus compliquée que cela. En effet, il est vrai qu'il y a dégradation que ça soit naturelle ou socio-économique, mais cette dégradation a été causée par les acteurs qui interviennent dans la steppe. Bien évidement, à travers un concours de circonstances, la réalité des espaces pastoraux algériens, comme d'ailleurs ceux du Maroc, est aujourd'hui tout à fait autre chose de ce que nous connaissons de la steppe est des sociétés pastorales en générale. Ainsi, si les moyens et les finalités sont plus ou moins les même, la manière d'agir à carrement changer de cap. notons tous simplement à titre indicatif, la montée de l'individualisme dans cette société connue pourtant par le collectivisme. C'est en effet à ce niveau que nous pensons approffondir nos connaissances et apporter des réponses aux questionnement qui se posent sans cesse sur les transformations de la société pastorale. Transformation qui est pour une grande part responsable de l'état naturel et même de l'environnement socio-économique que nous constatons de nos jours dans la steppe et chez les sociétés pastorles. 
Bien évidement, nous ne défendons pas l'hypothèse de retour à zéro, c'est-à-dire, le ramener la société pastorale à un mode de vie des sciecles précedents. Néanmoins, nous voulons trouver dans les réponses et les explications des ébauches pour un développement intégré et durable de ces zones vitales au moment où le monde entier parle de mondialisation. Aussi, et dans un objectif purement environnemental, nous voulons trouver des réponses scientifiques sur la base des explications fouurnie, pour sauvegarder ces espace et de ce fait assuer l'avenir des générations futures.

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