Un livre essentiel pour l’histoire de l’Algérie coloniale et post-coloniale vient de
paraître aux éditions des Presses universitaires de Rennes. Il sera bientôt
disponible à Alger aux éditions El Ijtihad. Dans Le camp des oliviers-Parcours
d’un communiste algérien, William Sportisse, Pierre-Jean Le Foll-Luciani
donne la parole au militant algérien né en 1923 à Constantine dans une famille
juive autochtone.
Pierre-Jean Le Foll-Luciani. Historien :
«C’est une chance, en histoire, de pouvoir
interroger des témoins» .
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la personnalité de William Sportisse ? J’ai rencontré William Sportisse dans le cadre d’une thèse d’histoire sur la petite minorité de juifs algériens qui ont participé au mouvement anticolonialiste en Algérie. William Sportisse était gêné par cette catégorisation : il ne souhaitait pas que son engagement soit perçu comme un engagement «en tant que juif». C’est en effet en tant que communiste, et en tant qu’Algérien, qu’il a toujours dit militer. De mon côté, il n’y avait pas de volonté de réduire ses engagements à une question d’«identité» ou d’«origine». Mais partant du constat que les juifs d’Algérie, dans leur diversité, avaient une place et un vécu particuliers dans une société coloniale fortement marquée par des différenciations communautaires et par l’antisémitisme européen, il m’a semblé intéressant de questionner les possibles implications de ce vécu particulier dans des trajectoires politiques. A ce titre, comme on peut s’en rendre compte à la lecture du Camp des oliviers, la trajectoire personnelle et familiale de William Sportisse est très riche. Cependant, l’ouvrage n’est pas centré sur la problématique de ma thèse, mais bien sur une vie de militant. Il s’agit avant tout d’une traversée du siècle algérien par le biais d’une expérience bien particulière : celle d’un homme profondément engagé, dès l’âge de 16 ans et à la suite de ses frères, dans les rangs du mouvement communiste algérien. -Vous avez procédé en deux temps. D’abord un riche travail de recherche en archives, puis confrontation de vos résultats avec une mémoire, celle de M. Sportisse. En quoi ce procédé éclaire-t-il l’histoire d’un œil neuf ? C’est une chance, lorsqu’on mène des recherches en histoire, de pouvoir interroger des témoins, surtout lorsque leurs souvenirs sont aussi riches, précis et vivants.
Le témoignage permet non seulement de nuancer et de donner de la chair à des documents produits par l’administration, mais aussi d’appréhender en partie ce que les documents d’archives ne peuvent pas permettre de reconstituer, depuis la vie affective jusqu’aux actions clandestines. William Sportisse a également pu retrouver par mon travail en archives des journaux, des tracts et des discours parfois oubliés, mais il a aussi découvert le regard porté sur ses activités par les services de police. Dans l’ouvrage, le travail d’archives permet de contextualiser, de documenter, d’attester ou de nuancer par diverses sources les souvenirs et les points de vue de William Sportisse, et c’est en ce sens qu’il s’agit d’autre chose que d’un livre de mémoires. Mais il ne s’agit pas non plus d’un livre d’histoire au sens académique, puisque je ne propose pas d’analyse historique du parcours de William Sportisse à partir de la confrontation de sources : pour moi, il s’agissait surtout de valoriser un témoignage exceptionnel, en le provoquant et en le mettant en forme, mais sans chercher à le neutraliser ni à l’objectiver. Nous espérons que cette «méthode» permette à ce livre d’être une porte d’entrée originale sur une partie de l’histoire de l’Algérie, et que sa forme en rende la lecture accessible. -Votre travail est trop riche pour pouvoir être résumé à un feuillet journalistique. Pouvez-vous donc dire à nos lecteurs les aspects les plus nouveaux quant au champ de recherche qu’est l’Algérie ? Sans doute l’existence même d’un parcours comme celui de William Sportisse, qui entre difficilement dans les «cases» des récits dominants de l’histoire de l’Algérie, sera-t-il une découverte pour certains lecteurs, en Algérie comme ailleurs. Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du mouvement anticolonialiste algérien, un certain nombre d’éléments sont apportés à propos du Parti communiste algérien (PCA), dont l’histoire souffre sans doute, des deux côtés de la Méditerranée, d’un certain nombre de préjugés. En ce sens, les pages consacrées à l’expérience de William Sportisse, au sein de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne (UJDA) et du PCA dans le Constantinois, après la Seconde Guerre mondiale, fournissent des informations nouvelles sur les relations entre militants communistes et nationalistes, sur l’implantation et les actions du PCA dans le monde rural, ou encore sur la radicalité de militants communistes comme William Sportisse qui, à partir de la fin des années 1940, revendiquaient sans équivoque l’indépendance nationale de l’Algérie et s’exprimaient, quelles que soient leurs origines, en tant que «patriotes algériens». -La question juive n’a pas encore été suffisamment écrite en Algérie, bien qu’elle soit une des données importantes manipulées par la colonisation dès le décret Crémieux de 1870. Quel regard portez-vous sur cette question ?
. A mon sens, l’histoire des juifs d’Algérie, telle qu’elle est le plus souvent écrite, souffre de deux écueils principaux. D’une part, en ce qui concerne l’histoire du XIXe siècle, la vision demeure souvent présente de juifs d’Algérie qui auraient unanimement accueilli à bras ouverts la conquête française comme une libération puis se seraient jetés à corps perdu, hormis une minorité jugée «conservatrice», dans une «assimilation» linéaire, rapide et salvatrice. Dans Le Camp des oliviers, William Sportisse rapporte le refus de son grand-père paternel, dans les années 1880, de voir ses enfants scolarisés à l’école française et dit combien sa mère, pourtant née citoyenne française par filiation dans les années 1880, était loin, dans les années 1930, du standard «français» proposé aux juifs d’Algérie : arabophone, habillée «à l’indigène», profondément religieuse, elle est celle par qui une algérianité inséparablement juive et arabo-berbère a été transmise à William Sportisse, qui se la réappropriera et la réinvestira plus tard comme composante de son identité politique. De tels témoignages, qui ne sont pas isolés, viennent remettre en cause une certaine vision assimilationniste de l’histoire, également contredite par des travaux historiques récents, comme ceux de Joshua Schreier, qui met en avant la diversité des réactions des juifs d’Algérie face à la «mission civilisatrice» menée à leur égard au XIXe siècle et réinscrit cette politique dans son contexte et ses enjeux proprement coloniaux.
D'Autre part, l’histoire des juifs d’Algérie souffre par moments de l’absence de différenciations faites au sein du groupe «juif», dont on sous-entend parfois qu’il serait un acteur historique homogène. La diversité interne aux juifs d’Algérie est sans doute en partie occultée par une vision communautaire de l’histoire et par le destin commun qui fut celui de la grande majorité d’entre eux dans les dernières années de la guerre d’indépendance : l’exil en France. Mais il n’est pas justifié de caractériser en bloc les juifs d’Algérie, particulièrement dans le domaine politique, où l’éventail des positionnements (ou des nonpositionnements) fut nécessairement large durant toute la période coloniale, et ne se résume ni à une opposition binaire entre colonialistes et anticolonialistes ni à l’idée vague d’une position «intermédiaire». Dans Le camp des oliviers, les archives et les souvenirs de William Sportisse donnent un aperçu de cette diversité politique à l’échelle de Constantine, des années 1930 à l’indépendance. -Les pages concernant les lendemains de l’indépendance retiennent l’attention sur l’histoire du PCA notamment. Quel est pour vous le fait saillant inédit de ce récit des années 62 à 70, en passant bien sûr par le coup d’Etat de 1965 ? Quelle est la partie la plus difficile que vous ayez eu à recouper avec vos recherches ? Dans la partie de l’ouvrage qui court de l’indépendance aux années 1990, j’ai, pour ma part, avancé prudemment, ne disposant pas d’archives et n’ayant que peu travaillé sur l’Algérie indépendante, si ce n’est sur la question du Code de la nationalité de 1963. Le témoignage prend alors largement le dessus, et William Sportisse apporte des éléments essentiels sur l’histoire de l’opposition au coup d’Etat de 1965, sur la répression que ses camarades et lui ont subie pour leur engagement au sein de l’Organisation de la résistance populaire (ORP), mais aussi sur les luttes menées en prison, collectivement ou seuls, entre 1965 et 1968. Ces luttes témoignent d’une grande combativité, mais aussi du fait qu’il est encore possible, même dans des conditions extrêmement difficiles, de se trouver des alliés. Les pages consacrées à la constitution d’une modeste section du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) à Tiaret, où William Sportisse était assigné à résidence après 1968, apportent également des données nouvelles sur les reconfigurations du militantisme communiste à cette période : il s’agissait alors, pour les quelques militants de Tiaret, réduits à la clandestinité, d’organiser au grand jour des espaces de sociabilité, d’éducation et de culture autonomes qui furent fréquentés en nombre par la jeunesse de la ville. -Dans cet ouvrage, quel est pour vous le moment le plus émouvant ? . Les pages les plus émouvantes sont pour moi celles consacrées par William Sportisse, à sa mère, décédée en 1936 du typhus, maladie dont les victimes étaient majoritairement des Algériens colonisés, ainsi qu’à son frère aîné, Lucien, pionnier du communisme algérien, constamment harcelé par la police dans l’Algérie des années 1930 et assassiné par des agents français de la Gestapo à Lyon en 1944. Leur force de caractère, l’amour que l’une comme l’autre lui portaient et les décès précoces ont profondément marqué William Sportisse, dont la vie a sans doute également été guidée par la volonté constante d’honorer leur mémoire.
Walid Mebarek
el watan
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la personnalité de William Sportisse ? J’ai rencontré William Sportisse dans le cadre d’une thèse d’histoire sur la petite minorité de juifs algériens qui ont participé au mouvement anticolonialiste en Algérie. William Sportisse était gêné par cette catégorisation : il ne souhaitait pas que son engagement soit perçu comme un engagement «en tant que juif». C’est en effet en tant que communiste, et en tant qu’Algérien, qu’il a toujours dit militer. De mon côté, il n’y avait pas de volonté de réduire ses engagements à une question d’«identité» ou d’«origine». Mais partant du constat que les juifs d’Algérie, dans leur diversité, avaient une place et un vécu particuliers dans une société coloniale fortement marquée par des différenciations communautaires et par l’antisémitisme européen, il m’a semblé intéressant de questionner les possibles implications de ce vécu particulier dans des trajectoires politiques. A ce titre, comme on peut s’en rendre compte à la lecture du Camp des oliviers, la trajectoire personnelle et familiale de William Sportisse est très riche. Cependant, l’ouvrage n’est pas centré sur la problématique de ma thèse, mais bien sur une vie de militant. Il s’agit avant tout d’une traversée du siècle algérien par le biais d’une expérience bien particulière : celle d’un homme profondément engagé, dès l’âge de 16 ans et à la suite de ses frères, dans les rangs du mouvement communiste algérien. -Vous avez procédé en deux temps. D’abord un riche travail de recherche en archives, puis confrontation de vos résultats avec une mémoire, celle de M. Sportisse. En quoi ce procédé éclaire-t-il l’histoire d’un œil neuf ? C’est une chance, lorsqu’on mène des recherches en histoire, de pouvoir interroger des témoins, surtout lorsque leurs souvenirs sont aussi riches, précis et vivants.
Le témoignage permet non seulement de nuancer et de donner de la chair à des documents produits par l’administration, mais aussi d’appréhender en partie ce que les documents d’archives ne peuvent pas permettre de reconstituer, depuis la vie affective jusqu’aux actions clandestines. William Sportisse a également pu retrouver par mon travail en archives des journaux, des tracts et des discours parfois oubliés, mais il a aussi découvert le regard porté sur ses activités par les services de police. Dans l’ouvrage, le travail d’archives permet de contextualiser, de documenter, d’attester ou de nuancer par diverses sources les souvenirs et les points de vue de William Sportisse, et c’est en ce sens qu’il s’agit d’autre chose que d’un livre de mémoires. Mais il ne s’agit pas non plus d’un livre d’histoire au sens académique, puisque je ne propose pas d’analyse historique du parcours de William Sportisse à partir de la confrontation de sources : pour moi, il s’agissait surtout de valoriser un témoignage exceptionnel, en le provoquant et en le mettant en forme, mais sans chercher à le neutraliser ni à l’objectiver. Nous espérons que cette «méthode» permette à ce livre d’être une porte d’entrée originale sur une partie de l’histoire de l’Algérie, et que sa forme en rende la lecture accessible. -Votre travail est trop riche pour pouvoir être résumé à un feuillet journalistique. Pouvez-vous donc dire à nos lecteurs les aspects les plus nouveaux quant au champ de recherche qu’est l’Algérie ? Sans doute l’existence même d’un parcours comme celui de William Sportisse, qui entre difficilement dans les «cases» des récits dominants de l’histoire de l’Algérie, sera-t-il une découverte pour certains lecteurs, en Algérie comme ailleurs. Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du mouvement anticolonialiste algérien, un certain nombre d’éléments sont apportés à propos du Parti communiste algérien (PCA), dont l’histoire souffre sans doute, des deux côtés de la Méditerranée, d’un certain nombre de préjugés. En ce sens, les pages consacrées à l’expérience de William Sportisse, au sein de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne (UJDA) et du PCA dans le Constantinois, après la Seconde Guerre mondiale, fournissent des informations nouvelles sur les relations entre militants communistes et nationalistes, sur l’implantation et les actions du PCA dans le monde rural, ou encore sur la radicalité de militants communistes comme William Sportisse qui, à partir de la fin des années 1940, revendiquaient sans équivoque l’indépendance nationale de l’Algérie et s’exprimaient, quelles que soient leurs origines, en tant que «patriotes algériens». -La question juive n’a pas encore été suffisamment écrite en Algérie, bien qu’elle soit une des données importantes manipulées par la colonisation dès le décret Crémieux de 1870. Quel regard portez-vous sur cette question ?
. A mon sens, l’histoire des juifs d’Algérie, telle qu’elle est le plus souvent écrite, souffre de deux écueils principaux. D’une part, en ce qui concerne l’histoire du XIXe siècle, la vision demeure souvent présente de juifs d’Algérie qui auraient unanimement accueilli à bras ouverts la conquête française comme une libération puis se seraient jetés à corps perdu, hormis une minorité jugée «conservatrice», dans une «assimilation» linéaire, rapide et salvatrice. Dans Le Camp des oliviers, William Sportisse rapporte le refus de son grand-père paternel, dans les années 1880, de voir ses enfants scolarisés à l’école française et dit combien sa mère, pourtant née citoyenne française par filiation dans les années 1880, était loin, dans les années 1930, du standard «français» proposé aux juifs d’Algérie : arabophone, habillée «à l’indigène», profondément religieuse, elle est celle par qui une algérianité inséparablement juive et arabo-berbère a été transmise à William Sportisse, qui se la réappropriera et la réinvestira plus tard comme composante de son identité politique. De tels témoignages, qui ne sont pas isolés, viennent remettre en cause une certaine vision assimilationniste de l’histoire, également contredite par des travaux historiques récents, comme ceux de Joshua Schreier, qui met en avant la diversité des réactions des juifs d’Algérie face à la «mission civilisatrice» menée à leur égard au XIXe siècle et réinscrit cette politique dans son contexte et ses enjeux proprement coloniaux.
D'Autre part, l’histoire des juifs d’Algérie souffre par moments de l’absence de différenciations faites au sein du groupe «juif», dont on sous-entend parfois qu’il serait un acteur historique homogène. La diversité interne aux juifs d’Algérie est sans doute en partie occultée par une vision communautaire de l’histoire et par le destin commun qui fut celui de la grande majorité d’entre eux dans les dernières années de la guerre d’indépendance : l’exil en France. Mais il n’est pas justifié de caractériser en bloc les juifs d’Algérie, particulièrement dans le domaine politique, où l’éventail des positionnements (ou des nonpositionnements) fut nécessairement large durant toute la période coloniale, et ne se résume ni à une opposition binaire entre colonialistes et anticolonialistes ni à l’idée vague d’une position «intermédiaire». Dans Le camp des oliviers, les archives et les souvenirs de William Sportisse donnent un aperçu de cette diversité politique à l’échelle de Constantine, des années 1930 à l’indépendance. -Les pages concernant les lendemains de l’indépendance retiennent l’attention sur l’histoire du PCA notamment. Quel est pour vous le fait saillant inédit de ce récit des années 62 à 70, en passant bien sûr par le coup d’Etat de 1965 ? Quelle est la partie la plus difficile que vous ayez eu à recouper avec vos recherches ? Dans la partie de l’ouvrage qui court de l’indépendance aux années 1990, j’ai, pour ma part, avancé prudemment, ne disposant pas d’archives et n’ayant que peu travaillé sur l’Algérie indépendante, si ce n’est sur la question du Code de la nationalité de 1963. Le témoignage prend alors largement le dessus, et William Sportisse apporte des éléments essentiels sur l’histoire de l’opposition au coup d’Etat de 1965, sur la répression que ses camarades et lui ont subie pour leur engagement au sein de l’Organisation de la résistance populaire (ORP), mais aussi sur les luttes menées en prison, collectivement ou seuls, entre 1965 et 1968. Ces luttes témoignent d’une grande combativité, mais aussi du fait qu’il est encore possible, même dans des conditions extrêmement difficiles, de se trouver des alliés. Les pages consacrées à la constitution d’une modeste section du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) à Tiaret, où William Sportisse était assigné à résidence après 1968, apportent également des données nouvelles sur les reconfigurations du militantisme communiste à cette période : il s’agissait alors, pour les quelques militants de Tiaret, réduits à la clandestinité, d’organiser au grand jour des espaces de sociabilité, d’éducation et de culture autonomes qui furent fréquentés en nombre par la jeunesse de la ville. -Dans cet ouvrage, quel est pour vous le moment le plus émouvant ? . Les pages les plus émouvantes sont pour moi celles consacrées par William Sportisse, à sa mère, décédée en 1936 du typhus, maladie dont les victimes étaient majoritairement des Algériens colonisés, ainsi qu’à son frère aîné, Lucien, pionnier du communisme algérien, constamment harcelé par la police dans l’Algérie des années 1930 et assassiné par des agents français de la Gestapo à Lyon en 1944. Leur force de caractère, l’amour que l’une comme l’autre lui portaient et les décès précoces ont profondément marqué William Sportisse, dont la vie a sans doute également été guidée par la volonté constante d’honorer leur mémoire.
Walid Mebarek
el watan
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