Ces derniers jours, une délégation qatarie est venue prospecter les zones favorables à l’installation d’un centre d’élevage de l’outarde et autres volatiles du même genre, entre la commune de Kasdir et celle de Laricha. Du côté d’El Bayadh, plus exactement dans la région de Lebnoud, une autre délégation, saoudienne celle-là, a installé son campement dans la steppe afin de s’adonner à son sport favori, la chasse à la fameuse outarde houbara. En effet, la semaine dernière, à l’aéroport de Béchar, un avion cargo saoudien a déchargé des équipements et des voyageurs. Certains ont été vus à leur arrivée à l’hôtel Antar de la capitale de la Saoura, mais il ne s’agissait en fait que du personnel chargé de la logistique.
Il y a cinq jours, ce personnel, au demeurant très discret, a été aperçu à l’hôtel de l’Oasis à Taghit, à 100 km au sud. Le campement, lui, a été installé aux alentours de l’oasis. Aussitôt arrivés, les chasseurs saoudiens se sont mis à l’œuvre en se déplaçant à une centaine de kilomètres plus au sud, le long de l’oued Zousfana, vers Igli. Ensuite, ils ont rebroussé chemin pour remonter vers la zone de Oued Namous, à 250 km de là, toujours à la recherche de la proie royale. Cette région limitrophe avec la wilaya d’El Bayadh est devenue l’espace de prédilection de l’outarde et autres gibiers très recherchés, devenus très abondants du fait que durant la décennie noire, la présence terroriste l’avait faite déserter des prédateurs humains. Maintenant que la région a été sécurisée, ce ne sont plus des émirs autoproclamés qui la hantent, mais bien des têtes couronnées intéressées spécialement, selon la population autochtone, par le cœur et le foie du gibier convoité. Or l’outarde, elle, bien « sédentaire », est actuellement en période de ponte. L’éclosion de ses œufs aura lieu en mars prochain. Pour elle – et non pas pour la truffe qu’ils apprécient tout autant – ces touristes de luxe saoudiens et quataris sont de retour, même s’ils se sont faits extrêmement discrets.
De mémoire d’homme, on n’a jamais vu un aussi verdoyant et précoce printemps dans le sud-ouest du pays. Les dhayas et les rocailleuses montagnes sont couvertes d’une végétation jamais observée. Les oiseaux migrateurs n’ont pas manqué l’occasion, après des années d’absence, de revenir visiter les zones humides débordant d’eau cette année. La luxuriance de la végétation est ponctuée à perte de vue par le violet de fleurs d’el harra et le jaune de celles du jerjir, sur les flancs des rugueux espaces. La truffe foisonne même à des endroits inaccoutumés. La cueillette de etterfas bat son plein. Dans le même ordre d’idées, il y a quinze jours de cela, un investisseur du groupe saoudien El-Maraii a été reçu à la wilaya de Béchar pour semble-t-il, un projet de complexe laitier intégré. Cependant, une question se pose : est-ce qu’on n’aurait pas dissimulé à dessein la venue des chasseurs saoudiens sous ce prétexte qui ne convainc du reste personne dans la mesure où un tel projet repose d’abord sur l’aliment du bétail, un aliment qui ne peut être produit sur place ? Pour remonter un peu plus loin, un autre Saoudien avait acquis, il y a 5 ans, un terrain de 5 hectares situé face au nouveau complexe universitaire, sur la route de Lahmer. L’espace a été délimité par une clôture grillagée mais reste à ce jour abandonné.
Pour revenir à la chasse à l’outarde, rappelons-nous des braconniers venant régulièrement, ces dernières années, des pays du Golfe. Ils s’installent dans les vastes zones steppiques du sud-ouest oranais avec armes, bagages, guides locaux et attirail complet de cynégétique. Ces touristes bien particuliers sont pourvus d’une extraordinaire logistique et d’un fastueux campement royal, pour le dépaysement et l’aventure. Par les privilèges dus à leur majesté, ces émirs pétris du talent de la chasse au faucon s’adonnent à un « braconnage de luxe » en dressant leurs tentes dans d’immenses espaces dévolus à leur plaisir. Des lieux qui se situent entre les wilayas d’El Bayadh, Naâma et Béchar, aux lieudits Lebnoud et Oued Namous. Une déplorable déprédation d’un milieu déjà éprouvé par une impitoyable désertification. A l’image de véritables prédateurs, leur choix se porte principalement sur la splendide et fragile gazelle dorcas et l’outarde houbara, un superbe volatile de l’ordre des échassiers, très apprécié pour sa chair extrêmement savoureuse et son foie aux vertus aphrodisiaques avérées. Or, pour la préservation de nos richesses environnementales et dans le souci de maintenir l’équilibre de la biocénose existante, ces espèces animales convoitées pour la distraction des princes sont étroitement protégées par la loi. Entre autres par le décret n°509/83 du 20 août 1983. Mais pour ces messieurs venus de loin et qui participent amplement à l’extermination de ces espèces, nos lois sont mises aux oubliettes.
Par D. Smaili, M. Kali, M. Nadjah
Il y a cinq jours, ce personnel, au demeurant très discret, a été aperçu à l’hôtel de l’Oasis à Taghit, à 100 km au sud. Le campement, lui, a été installé aux alentours de l’oasis. Aussitôt arrivés, les chasseurs saoudiens se sont mis à l’œuvre en se déplaçant à une centaine de kilomètres plus au sud, le long de l’oued Zousfana, vers Igli. Ensuite, ils ont rebroussé chemin pour remonter vers la zone de Oued Namous, à 250 km de là, toujours à la recherche de la proie royale. Cette région limitrophe avec la wilaya d’El Bayadh est devenue l’espace de prédilection de l’outarde et autres gibiers très recherchés, devenus très abondants du fait que durant la décennie noire, la présence terroriste l’avait faite déserter des prédateurs humains. Maintenant que la région a été sécurisée, ce ne sont plus des émirs autoproclamés qui la hantent, mais bien des têtes couronnées intéressées spécialement, selon la population autochtone, par le cœur et le foie du gibier convoité. Or l’outarde, elle, bien « sédentaire », est actuellement en période de ponte. L’éclosion de ses œufs aura lieu en mars prochain. Pour elle – et non pas pour la truffe qu’ils apprécient tout autant – ces touristes de luxe saoudiens et quataris sont de retour, même s’ils se sont faits extrêmement discrets.
De mémoire d’homme, on n’a jamais vu un aussi verdoyant et précoce printemps dans le sud-ouest du pays. Les dhayas et les rocailleuses montagnes sont couvertes d’une végétation jamais observée. Les oiseaux migrateurs n’ont pas manqué l’occasion, après des années d’absence, de revenir visiter les zones humides débordant d’eau cette année. La luxuriance de la végétation est ponctuée à perte de vue par le violet de fleurs d’el harra et le jaune de celles du jerjir, sur les flancs des rugueux espaces. La truffe foisonne même à des endroits inaccoutumés. La cueillette de etterfas bat son plein. Dans le même ordre d’idées, il y a quinze jours de cela, un investisseur du groupe saoudien El-Maraii a été reçu à la wilaya de Béchar pour semble-t-il, un projet de complexe laitier intégré. Cependant, une question se pose : est-ce qu’on n’aurait pas dissimulé à dessein la venue des chasseurs saoudiens sous ce prétexte qui ne convainc du reste personne dans la mesure où un tel projet repose d’abord sur l’aliment du bétail, un aliment qui ne peut être produit sur place ? Pour remonter un peu plus loin, un autre Saoudien avait acquis, il y a 5 ans, un terrain de 5 hectares situé face au nouveau complexe universitaire, sur la route de Lahmer. L’espace a été délimité par une clôture grillagée mais reste à ce jour abandonné.
Pour revenir à la chasse à l’outarde, rappelons-nous des braconniers venant régulièrement, ces dernières années, des pays du Golfe. Ils s’installent dans les vastes zones steppiques du sud-ouest oranais avec armes, bagages, guides locaux et attirail complet de cynégétique. Ces touristes bien particuliers sont pourvus d’une extraordinaire logistique et d’un fastueux campement royal, pour le dépaysement et l’aventure. Par les privilèges dus à leur majesté, ces émirs pétris du talent de la chasse au faucon s’adonnent à un « braconnage de luxe » en dressant leurs tentes dans d’immenses espaces dévolus à leur plaisir. Des lieux qui se situent entre les wilayas d’El Bayadh, Naâma et Béchar, aux lieudits Lebnoud et Oued Namous. Une déplorable déprédation d’un milieu déjà éprouvé par une impitoyable désertification. A l’image de véritables prédateurs, leur choix se porte principalement sur la splendide et fragile gazelle dorcas et l’outarde houbara, un superbe volatile de l’ordre des échassiers, très apprécié pour sa chair extrêmement savoureuse et son foie aux vertus aphrodisiaques avérées. Or, pour la préservation de nos richesses environnementales et dans le souci de maintenir l’équilibre de la biocénose existante, ces espèces animales convoitées pour la distraction des princes sont étroitement protégées par la loi. Entre autres par le décret n°509/83 du 20 août 1983. Mais pour ces messieurs venus de loin et qui participent amplement à l’extermination de ces espèces, nos lois sont mises aux oubliettes.
Par D. Smaili, M. Kali, M. Nadjah
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