Le thème mérite réflexion et interrogations par ces temps où les grandes villes du pays, dont une grande majorité peuvent être considérées comme un héritage colonial à facette occidentale qui pendant un siècle et presque une décade a dû s’imprégner un peu maladroitement de la culture locale.
Le thème mérite réflexion et interrogations par ces temps où les grandes villes du pays, dont une grande majorité peuvent être considérées comme un héritage colonial à facette occidentale qui pendant un siècle et presque une décade a dû s’imprégner un peu maladroitement de la culture locale.
Il faut dire que depuis l’indépendance, l’ancien bâti n’a pas subi de modification de sa structure initiale pour des raisons sans doute de conservation d’un patrimoine qui atteste d’une histoire, et d’autre part, parce que la gestation architecturale des biens immobiliers n’était pas une priorité pour le futur état naissant.
Force est de constater, qu' aujourd’hui, une bonne partie des immeubles construits pendant la période coloniale ont subi, pour les plus anciens, une dégradation visible à l’œil nu et qui altère l’image architecturale des bâtisses en dehors bien entendu des sept sites archéologiques classés par l’Unesco, comme patrimoine mondiale de l’humanité et qui font actuellement l’objet d’une sérieuse et étroite rénovation. Ces sites relèvent des différentes périodes historiques et civilisationnelles de l’Algérie. Par ces temps de changements tous azimuts n’importe quel citadin dans l’Algérois en passant dans les principales artères de la ville et parfois jusqu’aux quartiers les plus reculés, aura constaté une volonté affichée des pouvoirs publics de restaurer sans endommager le paysage originel d’une capitale qui veut faire peau neuve. Il ne s’agit pas seulement d’embellissement des édifices touchés par l’usure du temps mais d’un véritable travail de rafraichissement des espaces qui donnent l’impression d’une ville en perpétuel chantier comme en témoignent les travaux sur les vieilles constructions avec l’intention de retrouver le lustre d’antan à travers une tradition culturelle faite d’un mélange d’histoire et de civilisations qui faisaient autrefois la particularité des villes portuaires.
Dans un article paru dans la revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales Insaniyat, on a pu découvrir le point de vue à la fois critique et intéressant d’un spécialiste en la matière. L’étude insérée s’intitule «La question du patrimoine urbain et architectural en Algérie», elle est signée Tewfik Guerroudj. Sa recherche qui part d’un constat alarmant de la dévalorisation du patrimoine urbain et analyse les causes, propose quelques éléments de réponse avec dans un premier temps la notion de patrimoine qui détermine selon cet auteur un constat de situation. Mais ce qui nous intéresse ici est de reprendre certains passages clefs qui nous éclairent sur le raisonnement de ce spécialiste sur en premier lieu la notion de patrimoine comme un élément d’un passé vivant tributaire d’une continuité qui permet l’innovation, de certaines valeurs d’usage et enfin d’une notion liée au marché. Connaissant le regain d’intérêt international pour cette notion de patrimoine matériel et immatériel qui n’est pas sans préoccuper les pays dans la valorisation de leur histoire culturelle, Tewfik Guerroudj donne d’abord la définition du terme selon le Petit Larousse de 1992 selon l’acception unanimement admise comme héritage commun d’une collectivité, d’un groupe humain. Mais comme cette analyse se fonde sur le patrimoine urbain et architectural qui fait partie intégrante du patrimoine culturel algérien, elle ne conçoit ce même patrimoine que comme un héritage culturel que chaque génération a reçu de celle qui l’a précédée et qui à son tour devra transmettre aux générations futures un patrimoine sensiblement différent dans la mesure où il est inévitablement valorisé et actualisé.
L’auteur s’interroge sur les liens qui peuvent exister entre la valeur d’un patrimoine et la qualité des réalisations présentes. Une question judicieuse à notre avis puisque qu’elle implique pour lui, une nouvelle interrogation qui est celle de réfléchir sur la possibilité d’accroître le patrimoine présent tout en négligeant l’héritage et sans innovation et pour les urbanistes d’aujourd’hui, de savoir concilier l’ancien et le nouveau, le passé avec le présent voire le futur, la tradition et la modernité. Il faut donc trouver un équilibre qui nous permettrait d’osciller, entre l’ancien et le nouveau en prenant compte de cette notion de patrimoine relativement récente, selon lui, et surtout susceptible d’évoluer car elle ne peut être saisie que mise en relation avec certaines mutations sociales : «Les sociétés traditionnelles avaient en général des cultures, des modes de vie, qui faisaient que la préservation ne se posait pas en tant que question.
La volonté de durer dans le temps, de transmettre un patrimoine, d’une valeur, si possible équivalente à celle reçue, était telle que, sauf désastre, la valeur du patrimoine était maintenue», explique cet auteur qui définit quant à lui le patrimoine bâti, urbain et architectural comme étant constitué d’un héritage dont les qualités particulières confèrent une ou des valeurs qui peuvent être symboliques, de repère, d’usage, économique etc., car beaucoup de lieux et de constructions sont chargés d’histoire et acquièrent de ce fait une dimension symbolique et servent de support à la mémoire collective : «Un bâtiment ou un ensemble de bâtiments peuvent servir de repère spatial ou historique. Leurs particularités les rendent remarquables, ils deviennent ainsi des points de repère dans la ville, des signaux qui confirment des cheminements, des lieux de rencontres. Ils peuvent témoigner d’un temps passé, de l’évolution des modes de vie, rendre sensible l’épaisseur historique d’une ville» écrit cet auteur à juste titre qui ajoute plus loin : « La tendance est au renforcement de l’importance accordée au patrimoine, comme à tous les biens non renouvelables. Poser la question en termes d’enrichissement dans l’esprit de G. Giovannoni, peut être plus réaliste et productif. L’enrichissement implique sauvegarde, valorisation et production, dans une perspective durable».
PAR Lynda Graba
EL MOUDJAHID
Le thème mérite réflexion et interrogations par ces temps où les grandes villes du pays, dont une grande majorité peuvent être considérées comme un héritage colonial à facette occidentale qui pendant un siècle et presque une décade a dû s’imprégner un peu maladroitement de la culture locale.
Il faut dire que depuis l’indépendance, l’ancien bâti n’a pas subi de modification de sa structure initiale pour des raisons sans doute de conservation d’un patrimoine qui atteste d’une histoire, et d’autre part, parce que la gestation architecturale des biens immobiliers n’était pas une priorité pour le futur état naissant.
Force est de constater, qu' aujourd’hui, une bonne partie des immeubles construits pendant la période coloniale ont subi, pour les plus anciens, une dégradation visible à l’œil nu et qui altère l’image architecturale des bâtisses en dehors bien entendu des sept sites archéologiques classés par l’Unesco, comme patrimoine mondiale de l’humanité et qui font actuellement l’objet d’une sérieuse et étroite rénovation. Ces sites relèvent des différentes périodes historiques et civilisationnelles de l’Algérie. Par ces temps de changements tous azimuts n’importe quel citadin dans l’Algérois en passant dans les principales artères de la ville et parfois jusqu’aux quartiers les plus reculés, aura constaté une volonté affichée des pouvoirs publics de restaurer sans endommager le paysage originel d’une capitale qui veut faire peau neuve. Il ne s’agit pas seulement d’embellissement des édifices touchés par l’usure du temps mais d’un véritable travail de rafraichissement des espaces qui donnent l’impression d’une ville en perpétuel chantier comme en témoignent les travaux sur les vieilles constructions avec l’intention de retrouver le lustre d’antan à travers une tradition culturelle faite d’un mélange d’histoire et de civilisations qui faisaient autrefois la particularité des villes portuaires.
Dans un article paru dans la revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales Insaniyat, on a pu découvrir le point de vue à la fois critique et intéressant d’un spécialiste en la matière. L’étude insérée s’intitule «La question du patrimoine urbain et architectural en Algérie», elle est signée Tewfik Guerroudj. Sa recherche qui part d’un constat alarmant de la dévalorisation du patrimoine urbain et analyse les causes, propose quelques éléments de réponse avec dans un premier temps la notion de patrimoine qui détermine selon cet auteur un constat de situation. Mais ce qui nous intéresse ici est de reprendre certains passages clefs qui nous éclairent sur le raisonnement de ce spécialiste sur en premier lieu la notion de patrimoine comme un élément d’un passé vivant tributaire d’une continuité qui permet l’innovation, de certaines valeurs d’usage et enfin d’une notion liée au marché. Connaissant le regain d’intérêt international pour cette notion de patrimoine matériel et immatériel qui n’est pas sans préoccuper les pays dans la valorisation de leur histoire culturelle, Tewfik Guerroudj donne d’abord la définition du terme selon le Petit Larousse de 1992 selon l’acception unanimement admise comme héritage commun d’une collectivité, d’un groupe humain. Mais comme cette analyse se fonde sur le patrimoine urbain et architectural qui fait partie intégrante du patrimoine culturel algérien, elle ne conçoit ce même patrimoine que comme un héritage culturel que chaque génération a reçu de celle qui l’a précédée et qui à son tour devra transmettre aux générations futures un patrimoine sensiblement différent dans la mesure où il est inévitablement valorisé et actualisé.
L’auteur s’interroge sur les liens qui peuvent exister entre la valeur d’un patrimoine et la qualité des réalisations présentes. Une question judicieuse à notre avis puisque qu’elle implique pour lui, une nouvelle interrogation qui est celle de réfléchir sur la possibilité d’accroître le patrimoine présent tout en négligeant l’héritage et sans innovation et pour les urbanistes d’aujourd’hui, de savoir concilier l’ancien et le nouveau, le passé avec le présent voire le futur, la tradition et la modernité. Il faut donc trouver un équilibre qui nous permettrait d’osciller, entre l’ancien et le nouveau en prenant compte de cette notion de patrimoine relativement récente, selon lui, et surtout susceptible d’évoluer car elle ne peut être saisie que mise en relation avec certaines mutations sociales : «Les sociétés traditionnelles avaient en général des cultures, des modes de vie, qui faisaient que la préservation ne se posait pas en tant que question.
La volonté de durer dans le temps, de transmettre un patrimoine, d’une valeur, si possible équivalente à celle reçue, était telle que, sauf désastre, la valeur du patrimoine était maintenue», explique cet auteur qui définit quant à lui le patrimoine bâti, urbain et architectural comme étant constitué d’un héritage dont les qualités particulières confèrent une ou des valeurs qui peuvent être symboliques, de repère, d’usage, économique etc., car beaucoup de lieux et de constructions sont chargés d’histoire et acquièrent de ce fait une dimension symbolique et servent de support à la mémoire collective : «Un bâtiment ou un ensemble de bâtiments peuvent servir de repère spatial ou historique. Leurs particularités les rendent remarquables, ils deviennent ainsi des points de repère dans la ville, des signaux qui confirment des cheminements, des lieux de rencontres. Ils peuvent témoigner d’un temps passé, de l’évolution des modes de vie, rendre sensible l’épaisseur historique d’une ville» écrit cet auteur à juste titre qui ajoute plus loin : « La tendance est au renforcement de l’importance accordée au patrimoine, comme à tous les biens non renouvelables. Poser la question en termes d’enrichissement dans l’esprit de G. Giovannoni, peut être plus réaliste et productif. L’enrichissement implique sauvegarde, valorisation et production, dans une perspective durable».
PAR Lynda Graba
EL MOUDJAHID
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