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11/11/2015

Le jasmin avant d’être le symbole d’une révolution en Tunisie était un produit d’exportation en Algérie. Mais cela remonte à loin. Le jasmin a été emporté par les changements successifs de modèles agricoles. L’Algérie ne fait plus partie des pays qui le produisent et l’exportent. Retour sur une disparition liée à l’incohérence des politiques agricoles en Algérie.

L'Algérie ne fait plus partie des pays producteurs et exportateurs de jasmin,  avec lequel les grands parfumeurs fabriquent les grandes marques de parfum. 
Les différents modèles agricoles expérimentés depuis l'indépendance ont eu raison d'une culture pratiquée à grande échelle dans la plaine de la Mitidja, au pied de l'Atlas blidéen Le déclin de la culture du jasmin en Algérie illustre en fait les cruels aléas de l'agriculture algérienne qui, entre 1972 et 1990, avait basculé sur trois systèmes d'exploitation différents. Des anciennes coopératives agricoles de production de la révolution agraire (CAPRA), 
le secteur a basculé vers les domaines agricoles socialistes, puis, en 1987 vers les entreprises agricoles collectives (EAC) et les EAI. Le démembrement des terres agricoles sera total et sonnera ''le glas'' de la culture du jasmin, qui se pratiquait à une grande échelle dans la plaine de la Mitidja, à Boufarik, La Chiffa ou Mouzaia, selon une ingénieure en agronomie. Progressivement évincée du marché international, la production des plantes à parfum, dont le jasmin, a touché le fond en 1986 lorsque l'Algérie a dû importer d'Allemagne des essences de synthèse pour les parfumeurs et fabricants de cosmétiques locaux. Le retour des terres anciennement ''nationalisées'' à leurs propriétaires n'a pas profité à la culture du jasmin.
Un retour improbable
Rym B, agronome et spécialistes des huiles essentielles, estime que ''les coûts de financements de la production de plantes à parfum, dont le jasmin, sont trop élevés, et les agriculteurs préfèrent cultiver des légumes plutôt que des arbustes sans valeur ajoutée immédiate''. ''Il y a également la préférence des agriculteurs pour les cultures à rendements rapides'', ajoute-t-elle. 
Les banques ne jouant pas leur rôle, les agriculteurs ont opté pour des cultures à rendements rapides, comme le maraîchage qui n'exigent que des investissements limités à court terme. "Même si les agriculteurs savent que la culture des plantes à parfum rapporte énormément, ils n'ont pas les moyens de les développer, ni l'argent nécessaire pour rénover les anciennes installations d'irrigation" propres à la culture du jasmin estime l'ex-responsable de la distillerie de La Chiffa, reprise en main par un investisseur privé. Avec la fleur de jasmin, on fait la concrète de jasmin, une pâte obtenue à partir des fleurs traitées par un solvant, une substance qu'exportent les pays producteurs. 
Les fabricants tirent ensuite de la concrète de jasmin l'absolu de parfum,  une sorte d'âme liquide des fleurs et dont le kilogramme vaut jusqu'à 10.000 euros, pour les meilleures origines. Un marché très rentable, mais fort coûteux en main d'œuvre. Actuellement, les grands producteurs de jasmin sont l'Egypte et l'Inde, dont le coût de la main d’œuvre est le plus bas au monde, même si la production du Maroc est qualifiée par les spécialistes de bonne qualité. Pour autant, ''il y a longtemps que les grands parfumeurs européens ne s'approvisionnent plus sur le marché algérien des plantes à parfum'', résume Rym B. Depuis l'indépendance, l'agriculture algérienne a connu tellement d'expériences, souvent désastreuses, qu'elle a fini par perdre la piste de ses meilleures ''essences'', celles qu'affectionnaient les grandes franchises de parfums.
Source:  
 MAGHREBEMERGENT

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