Par Abdenour Si hadj Mohand
“Mes frères, si je vous réunis aujourd’hui, c’est parce que la situation est grave. Un complot organisé par l’ennemi et qui vise à noyauter la Révolution vient d’être découvert. Des traîtres sont parmi nous. Notre Révolution est en danger. Vous savez que nous n’avons pas les moyens de garder longtemps les détenus, étant donné la situation de guerre dans laquelle nous nous trouvons. Il importe de traiter donc le problème avec la rigueur et la fermeté qui s’imposent, en prenant soins de juger chaque cas avec équité. Il y va du salut de notre Révolution. Nous n’avons pas le droit de trahir les martyrs qui ont versé leur sang pour ce pays, ni de décevoir ce peuple qui a misé tous ses espoirs sur nous pour retrouver sa liberté et sa dignité. Prenez vos responsabilités ! Je ne veux être accusé demain devant l’Histoire, d’être un criminel. Nous sommes la génération sacrifiée. Nous sommes condamnés à triompher ou à mourir. Mais si nous mourons, d’autres viendront à notre place pour continuer notre combat sacré. Une chose est sûre, cependant, c’est que l’Algérie sera indépendante, tôt ou tard. La lutte sera encore plus difficile, mais l’issue sera inéluctable. Il faut que vous sachiez que la situation ne restera pas, comme elle est, actuellement. L’ennemi est en train de se préparer pour une offensive de grande envergure avec une nouvelle stratégie. De Gaulle fera tout son possible pour détruire notre potentiel militaire afin de nous rendre vulnérable pour nous imposer "ses offres de paix". Il voudra créer une troisième force avec laquelle il envisagera de négocier la paix et nous reléguer au même titre que les Messalistes, les pieds noirs et ceux qu’il appellent les "amis de la France", tels que bachagha Boualem, Mlle Sid Cara et autres. Ainsi, le rôle du FLN sera dilué à travers ces autres représentations fantoches pour le déposséder de la place d’interlocuteur valable et incontournable. Jusqu’à présent, les grandes opérations de ratissage avec des milliers d’hommes, n’ont fait que décevoir les états-majors français pour les faibles résultats obtenus. D’ailleurs, il ne faut jamais négliger mes instructions à ce sujet. Pas d’affrontements avec l’ennemi durant les ratissages ,mais au retour lorsque les soldats ont perdu leur vigilance, qu’ils sont fatigués, il faut les attaquer à l’entrée des camps, aux portes des casernes, sur les routes. L’ennemi doit subir nos coups ; au moment où il s’y attend le moins. Cette stratégie permet non seulement de lui porter des coups durs, mais aussi de détruire le moral des soldats. En effet, ces derniers ne rencontrant pas de résistance tout au long de leur progression en force avec couverture aérienne, finiront par baisser de vigilance ; c’est au moment où ils s’attendent le moins qu’il faut attaquer. L’ennemi est en train de préparer des forces militaires considérables et prépare d’autres plans d’attaque. Devant d’éventualité de cette nouvelle stratégie il faut d’ores et déjà vous préparer à stocker les denrées alimentaires, les médicaments et l’habillement dans le plus grand secret”.
A.S.H.M
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