Leur vie en Nouvelle Calédonie
Il existe peu de documents sur les Algériens envoyés en Nouvelle-Calédonie, hormis les documents militaires et de l’administration pénitentiaire, et les témoignages des anciens communards déportés avec eux. Alors que les communards ont pu bénéficier d’une amnistie en 1880, les Algériens du Pacifique restent exilés à des milliers de kilomètres de leur terre malgré les campagnes de sensibilisation de l’opinion française auxquelles participent les communards de retour à Paris. Cette amnistie intervient le 1er février
895, toutefois ils demeurent assignés à résidence. Ils ne sont autorisés à rentrer en Algérie qu’en 1904.
Deux types de peines différentes ont été appliquées aux Algériens, le séjour en enceinte fortifiée dans la presqu’île Ducos à Nouméa et la déportation simple à l’île des Pins (dans la 5e commune appelée « camp des arabes »), mesure touchant la plupart d’entre eux. Le Camp Brun a abrité les récidivistes ou « transportés » jugés dangereux. Y furent condamnés les insurgés de 1882 membres de la confrérie Rahmania (insurrection dite des Ouled Sidi Cheikh).
Les Algériens participèrent à la colonisation et au défrichement des nouvelles terres ou au travail
dans les mines de cobalt et d’étain, la construction des routes, et aussi dans l’agriculture et l’horticulture. Ils logent dans des baraquements et disposent d’une salle commune destinée aux prières. Les contacts entre Français et Algériens étaient interdits, de même qu’il fut interdit à ces derniers de donner des prénoms musulmans à leurs enfants.
Les déportés Algériens sont à l’origine de l’introduction du palmier dattier en Nouvelle-Calédonie, certains avaient emporté avec eux des noyaux qu’ils ont semés à leur arrivée.
Une fois libérés, les plus « méritants » des déportés et transportés se voient octroyer des concessions de terres de 4 à 5 hectares qu’ils pouvaient cultiver. Ils se regroupent dans les vallées fertiles de Boghen et de Nessadiou appelée aussi « vallée des arabes ». En 1895, on comptait à Bourail 41 cultivateurs algériens. Le premier Algérien à y bénéficier d’une concession fut Isa Khamenza. Miloud Ben Abdellah, originaire d’Aïn Tedeles et libéré le 9 juin 1877, bénéficia d’une concession à Nessadiou et fut le premier de tous les concessionnaires à avoir entrepris la culture du café.
En 1878, Ataï dirige une importante insurrection des Canaques qui luttent contre la spoliation de leurs terres. Avec une quarantaine d’Algériens commandés par Boumezrag El Mokrani, ils participèrent à la répression. Deux cents Canaques sont tués. Caledoun est la transcription de la façon dont les anciens Arabes prononçaient Calédonie avec leur accent.
L’amnistie, les grâces et les évasions
Les lois d’amnistie du 3 mars 1879 (loi d’amnistie partielle) et du 11 juillet 1880, devaient concerner tous les déportés, dans les faits, elles ne furent appliquées qu’aux communards mais pas aux Algériens. Pourtant la loi de 1879 stipule : « L’amnistie est accordée à tous les condamnés pour faits relatifs aux insurrections de 1871 et à tous les condamnés pour crimes et délits relatifs à des faits politiques».
Après leur libération, des communards dont Louise Michel, Henri Rochefort et Jean Allemane ont milité pour l’application des lois d’amnistie et la dénonciation des conditions de détention des déportés algériens. Ce n’est qu’en 1895 que l’amnistie est enfin reconnue et la résidence obligatoire levée. Toutefois Boumezrag El Mokrani, gracié « sur place »dès 1878, n’en bénéficie qu’en 1904.
Quelques Algériens seront graciés à titre individuel pour services rendus, comme ce fut le cas pour certains de ceux qui participèrent à la répression de la révolte des Canaques. Mais la décision du retour en Algérie dépendait de l’avis émis par le gouverneur d’Algérie.
Parmi les graciés à la suite de la révolte des Canaques, 18 s’évaderont. Certains furent capturés en Algérie puis renvoyés en Nouvelle-Calédonie dont Si Raham Ben Mohamed Ou El Hadj, Ali Ou Saïd et Amar Ben El Ouenoughi. Quant à Mohamed Ben Belkassem évadé lui aussi, il sera relaxé le 8 juillet 1888.
L’évasion la plus célèbre est celle de Aziz Ben cheikh Al Haddad en 1881. Il parvient à s’enfuir de l’île des Pins, de rejoindre à bord de petites embarcations la Nouvelle-Zélande, puis Sydney en Australie, et enfin le Hedjaz en Arabie saoudite.
Les descendants de déportés et de transportés
On estime à quelque 15 000 les descendants des déportés et des transportés qui continuent à vivre en Nouvelle-Calédonie. Parmi ceux-ci figurent les descendants de ces Algériens exilés à la « Nouvelle ». Ils utilisent le terme de « Vieux-Arabes » en parlant de leurs ancêtres. Près de 10 000 familles ont retrouvé leurs racines. Beaucoup des descendants d’Arabes peinent à remonter jusqu’à leurs origines en raison de la pratique de l’administration coloniale consistant à altérer les noms des déportés et des transportés. Souvent, ceux-ci ne savaient ni lire ni écrire. Les noms et prénoms étaient donc inversés, c’était une orthographe aléatoire. Il existe trois associations regroupant des descendants de déportés : l’Association des Arabes et des amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie créée en 1969, l’Association des Descendants d’Algériens et des Maghrébins de Nouvelle Calédonie (ADAM.NC), l’Association des musulmans de Nouvelle Calédonie créée en 1975 regroupe des descendants d’Arabes ainsi que des Indonésiens de Nouvelle-Calédonie venus sur l’île dans le cadre du travail engagé.
Le descendant le plus connu de cette diaspora est Jean-Pierre Aïfa prénommé aussi Taïeb, né le 31 octobre 1938, était surnommé « le calife ». Il était un descendant de déportés originaires d’El Eulma. Il a été maire de Bourail de 1977 à 2001 puis a été réélu en 2008 ; il a également été président de l’Assemblée territoriale de Nouvelle-Calédonie à plusieurs reprises. Il a aussi été président de l’Association des Arabes et amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie. Il faut aussi citer Christophe Sand, chercheur spécialiste de l’archéologie calédonienne et Mélica Ouennoughi docteur en anthropologie historique. Témoignage de la présence algérienne en Nouvelle-Calédonie, le cimetière des Arabes de Nessadiou dans la commune de Nessadiou longtemps surnommée la « petite Afrique », au sud de Bourail.
Hommages
La chanson El Menfi (le banni) devenue célèbre et reprise en Algérie par entre autres Akli Yahyaten, Rachid Taha (en solo dans son album Diwân) ainsi qu’en trio avec Cheb Khaled et Faudel (dans l’album 1,2,3 Soleil) a été composée par l’un d’eux, elle était chantée, accompagnée d’une flûte (Gasba) fabriquée avec du bois de sagaie.
Il existe peu de documents sur les Algériens envoyés en Nouvelle-Calédonie, hormis les documents militaires et de l’administration pénitentiaire, et les témoignages des anciens communards déportés avec eux. Alors que les communards ont pu bénéficier d’une amnistie en 1880, les Algériens du Pacifique restent exilés à des milliers de kilomètres de leur terre malgré les campagnes de sensibilisation de l’opinion française auxquelles participent les communards de retour à Paris. Cette amnistie intervient le 1er février
895, toutefois ils demeurent assignés à résidence. Ils ne sont autorisés à rentrer en Algérie qu’en 1904.
Deux types de peines différentes ont été appliquées aux Algériens, le séjour en enceinte fortifiée dans la presqu’île Ducos à Nouméa et la déportation simple à l’île des Pins (dans la 5e commune appelée « camp des arabes »), mesure touchant la plupart d’entre eux. Le Camp Brun a abrité les récidivistes ou « transportés » jugés dangereux. Y furent condamnés les insurgés de 1882 membres de la confrérie Rahmania (insurrection dite des Ouled Sidi Cheikh).
Les Algériens participèrent à la colonisation et au défrichement des nouvelles terres ou au travail
dans les mines de cobalt et d’étain, la construction des routes, et aussi dans l’agriculture et l’horticulture. Ils logent dans des baraquements et disposent d’une salle commune destinée aux prières. Les contacts entre Français et Algériens étaient interdits, de même qu’il fut interdit à ces derniers de donner des prénoms musulmans à leurs enfants.
Les déportés Algériens sont à l’origine de l’introduction du palmier dattier en Nouvelle-Calédonie, certains avaient emporté avec eux des noyaux qu’ils ont semés à leur arrivée.
Une fois libérés, les plus « méritants » des déportés et transportés se voient octroyer des concessions de terres de 4 à 5 hectares qu’ils pouvaient cultiver. Ils se regroupent dans les vallées fertiles de Boghen et de Nessadiou appelée aussi « vallée des arabes ». En 1895, on comptait à Bourail 41 cultivateurs algériens. Le premier Algérien à y bénéficier d’une concession fut Isa Khamenza. Miloud Ben Abdellah, originaire d’Aïn Tedeles et libéré le 9 juin 1877, bénéficia d’une concession à Nessadiou et fut le premier de tous les concessionnaires à avoir entrepris la culture du café.
En 1878, Ataï dirige une importante insurrection des Canaques qui luttent contre la spoliation de leurs terres. Avec une quarantaine d’Algériens commandés par Boumezrag El Mokrani, ils participèrent à la répression. Deux cents Canaques sont tués. Caledoun est la transcription de la façon dont les anciens Arabes prononçaient Calédonie avec leur accent.
L’amnistie, les grâces et les évasions
Les lois d’amnistie du 3 mars 1879 (loi d’amnistie partielle) et du 11 juillet 1880, devaient concerner tous les déportés, dans les faits, elles ne furent appliquées qu’aux communards mais pas aux Algériens. Pourtant la loi de 1879 stipule : « L’amnistie est accordée à tous les condamnés pour faits relatifs aux insurrections de 1871 et à tous les condamnés pour crimes et délits relatifs à des faits politiques».
Après leur libération, des communards dont Louise Michel, Henri Rochefort et Jean Allemane ont milité pour l’application des lois d’amnistie et la dénonciation des conditions de détention des déportés algériens. Ce n’est qu’en 1895 que l’amnistie est enfin reconnue et la résidence obligatoire levée. Toutefois Boumezrag El Mokrani, gracié « sur place »dès 1878, n’en bénéficie qu’en 1904.
Quelques Algériens seront graciés à titre individuel pour services rendus, comme ce fut le cas pour certains de ceux qui participèrent à la répression de la révolte des Canaques. Mais la décision du retour en Algérie dépendait de l’avis émis par le gouverneur d’Algérie.
Parmi les graciés à la suite de la révolte des Canaques, 18 s’évaderont. Certains furent capturés en Algérie puis renvoyés en Nouvelle-Calédonie dont Si Raham Ben Mohamed Ou El Hadj, Ali Ou Saïd et Amar Ben El Ouenoughi. Quant à Mohamed Ben Belkassem évadé lui aussi, il sera relaxé le 8 juillet 1888.
L’évasion la plus célèbre est celle de Aziz Ben cheikh Al Haddad en 1881. Il parvient à s’enfuir de l’île des Pins, de rejoindre à bord de petites embarcations la Nouvelle-Zélande, puis Sydney en Australie, et enfin le Hedjaz en Arabie saoudite.
Les descendants de déportés et de transportés
On estime à quelque 15 000 les descendants des déportés et des transportés qui continuent à vivre en Nouvelle-Calédonie. Parmi ceux-ci figurent les descendants de ces Algériens exilés à la « Nouvelle ». Ils utilisent le terme de « Vieux-Arabes » en parlant de leurs ancêtres. Près de 10 000 familles ont retrouvé leurs racines. Beaucoup des descendants d’Arabes peinent à remonter jusqu’à leurs origines en raison de la pratique de l’administration coloniale consistant à altérer les noms des déportés et des transportés. Souvent, ceux-ci ne savaient ni lire ni écrire. Les noms et prénoms étaient donc inversés, c’était une orthographe aléatoire. Il existe trois associations regroupant des descendants de déportés : l’Association des Arabes et des amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie créée en 1969, l’Association des Descendants d’Algériens et des Maghrébins de Nouvelle Calédonie (ADAM.NC), l’Association des musulmans de Nouvelle Calédonie créée en 1975 regroupe des descendants d’Arabes ainsi que des Indonésiens de Nouvelle-Calédonie venus sur l’île dans le cadre du travail engagé.
Le descendant le plus connu de cette diaspora est Jean-Pierre Aïfa prénommé aussi Taïeb, né le 31 octobre 1938, était surnommé « le calife ». Il était un descendant de déportés originaires d’El Eulma. Il a été maire de Bourail de 1977 à 2001 puis a été réélu en 2008 ; il a également été président de l’Assemblée territoriale de Nouvelle-Calédonie à plusieurs reprises. Il a aussi été président de l’Association des Arabes et amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie. Il faut aussi citer Christophe Sand, chercheur spécialiste de l’archéologie calédonienne et Mélica Ouennoughi docteur en anthropologie historique. Témoignage de la présence algérienne en Nouvelle-Calédonie, le cimetière des Arabes de Nessadiou dans la commune de Nessadiou longtemps surnommée la « petite Afrique », au sud de Bourail.
Hommages
La chanson El Menfi (le banni) devenue célèbre et reprise en Algérie par entre autres Akli Yahyaten, Rachid Taha (en solo dans son album Diwân) ainsi qu’en trio avec Cheb Khaled et Faudel (dans l’album 1,2,3 Soleil) a été composée par l’un d’eux, elle était chantée, accompagnée d’une flûte (Gasba) fabriquée avec du bois de sagaie.
Début 1986, le ministère des Affaires Religieuses d’Algérie, invite une douzaine de descendants Algériens en Algérie. En 2005, c’est le ministère des Moudjahidines (anciens combattants de la guerre de libération) qui organise une autre visite. D’autres suivront, la dernière en date a lieu en novembre 2011.
source wikipedia .org
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voila un très bon reportage Sur les traces du passé des algérien de Nouvelle-Calédonie
Magazine de l'histoire calédonienne présenté par Mathieu LE BARBIER.
Copyright © NCTV 2014
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