A l’entrée nord de la commune de Sefiane, dans la wilaya de Batna, des autruches gambadent librement dans la petite ferme du jeune Younes Bareche qui a relevé, à 27 ans, le défi de réussir et de faire prospérer l’élevage du plus grand oiseau vivant actuellement sur Terre.
Armé de patience et d’une volonté inébranlable, le jeune éleveur a réalisé, dans la foulée, un rêve qu’il caresse, dit-il, depuis de nombreuses années.
Sa ferme est devenue, au fil des jours, la grande attraction des Batnéens, mais aussi des habitants des wilayas limitrophes.
En cette fin de mois de novembre, l’hiver s’annonce encore une fois rude dans la commune de Sefiane et dans toute la région des Aurès, mais le jeune Younes, savourant le succès de son pari fou ne semble pas trop se soucier de la dégringolade du mercure. Entouré de ses cinq autruches, gracieuses avec leur long cou et leurs longues pattes, Younes admire la chorégraphie des ses "protégées" qui s’adonnent à des mouvements séduisants, telles des ballerines sur une piste de danse.
Caressant une de ses autruches, une espèce dont il est tombé amoureux il y a quelques années dans un zoo de Sétif, le jeune homme avoue à l’APS que l’admiration qu’il lit sur le visage des visiteurs de sa ferme, des enfants et de leurs parents, les tentatives des tout-petits, émerveillés de toucher, furtivement, à travers l’enclos, des autruches, lui procure "énormément de plaisir".
La passion pour le plus grand oiseau au monde à l’origine de l’idée de l’élever
Au début de l’aventure, confie Younes, "j’étais surtout fasciné devant la grâce du plus grand des oiseaux coureurs". Animé par la passion de l’élevage depuis ses plus tendres années, Younes décide de se lancer. C’était en 2007, une année au cours de laquelle il a pu se procurer, dans la wilaya de Bechar, des œufs d’autruche qu’il a placé dans une couveuse pour poussins. Mais l’expérience a échoué.
De caractère pugnace, Younes relance l’expérience en 2010 avec six bébés autruchons. Avec beaucoup d’émotion Younes "retombe’"dans cette période : "c’était très dur au début, mais j’ai veillé avec acharnement à réunir toutes les conditions aux autruchons pour les voir pousser". Il confie aussi avoir passé "de longues heures et des nuits entières aux côtés des autruchons, dans une période considérée comme étant la plus critique de leur vie, durant laquelle il a fini par les voir se développer au fil des jours et des semaines.
Toujours émerveillé devant ses autruches, Younes souligne que celles-ci ont aujourd’hui trois années et sont belles et pleines de vie. La passion toujours aussi vivace, le jeune éleveur avoue "naviguer" sur la toile, de site en site, pour s’imprégner des techniques d’élevage des oiseaux originaires d’Afrique subsaharienne.
Des renseignements précis sur l’adaptation de ces oiseaux aux divers climats, dénichés sur le net, lui servent pour assurer la rentabilité.
Un "escadron" de 100 autruches, un défi à relever, un pari à gagner
Younes, mû par une étonnante rage de réussir, se projette pleinement dans le futur. "Mon plus grand rêve, aujourd’hui, est d’avoir un +escadron+ de 100 autruches dans ma petite ferme", lance-t-il les yeux pétillants de combativité, signalant attendre avec impatience la période d’éclosion d’autres autruchons prévue au prochain printemps.
De jour en jour, de semaine en semaine et de mois en mois, Younes a appris à "apprivoiser ses animaux et à mieux les comprendre", ce qui lui permet d’expliquer leur comportement pouvant paraître parfois agressif.
Il a même érigé une clôture autour de la ferme pour protéger et les autruches et les visiteurs. "Croyez-moi, dit-il, l’élevage des autruches est un monde merveilleux". Younes a développé une grande relation avec ses oiseaux. "Il fallait me voir le jour où j’ai découvert une de mes autruches morte (à) j’étais abattu", lance-t-il avec un brin d’amertume.
Le jeune éleveur, ne déviant point de son objectif, souligne avoir découvert "les secrets de l’élevage de cette espèce d’oiseaux". Il a notamment appris à différencier entre le mâle et la femelle, à maîtriser le processus d’incubation et avoue aujourd’hui son "étonnement" devant le nombre d’œufs pondus, "jusqu’à 50 !", s’extasie-t-il.
Au lieudit Djenane El Bahloula, dans la commune de Sefiane, connue pour la bonne qualité de ses oliviers et de ses abricotiers, le jeune Younes Bareche a réussi à ajouter "un plus" à sa région.
L’élevage d’autruches à Sefiane risque même de faire, dans quelques années, de l’ombre aux oliviers et aux abricotiers de la région, la volonté, l’enthousiasme et la rage de réussir de Younes semblant irréfragables.
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